Au cinéma comme dans la vie, les enfants ont souvent un papa plus vieux que leur maman. Ça ne date pas d’hier : c’est ainsi depuis 250 000 ans, révèle une étude publiée dans Science. Des chercheurs de l’Université de l’Indiana estiment que, depuis qu’Homo sapiens existe, les hommes ont leur premier enfant à 30,7 ans en moyenne, et les femmes à 23,2 ans.
L’intervalle entre les générations a toujours été plus court chez les femmes tout au long de l’histoire humaine, d’après ces scientifiques. « Cela s’explique avant tout par la biologie de l’espèce », croit le biologiste et chercheur principal Matthew Hahn. Les hommes ayant plus de temps devant eux pour enfanter, cela fait augmenter la moyenne d’âge des nouveaux papas.
L’organisation patriarcale des sociétés a aussi joué un rôle, souligne Emmanuel Milot, professeur de génétique évolutive à l’Université du Québec à Trois-Rivières (UQTR). « Même quand les deux parents sont jeunes, l’homme a souvent dû attendre d’avoir accumulé du capital — sous forme de savoir-faire ou de ressources — avant de fonder une famille. » Ce n’est que très récemment que cela s’est mis à changer dans certaines sociétés.
L’âge moyen des nouvelles mères semble être resté assez constant au fil du temps, selon Matthew Hahn. Celui des pères, en revanche, a fluctué. « Il a notamment baissé quand les humains sont sortis d’Afrique, il y a 2 700 générations [soit environ 72 500 ans]. Ces nouveaux territoires ont donné accès à des ressources qui n’avaient pas déjà été accaparées par d’autres », explique-t-il.
C’est la génétique qui a permis à son équipe de faire ces découvertes. Plus un futur parent est âgé lors de la conception, plus il risque de transmettre un grand nombre de mutations (inoffensives pour la plupart) à sa progéniture. Grâce à l’ADN de 1 300 Islandais de trois générations successives, les chercheurs ont construit un modèle mathématique capable d’estimer l’âge des parents au moment de la fécondation en fonction de la présence de certaines mutations chez leurs rejetons.
Pour remonter plus loin dans le temps, l’équipe s’est tournée vers la biobanque internationale 1 000 génomes, catalogue d’ADN de gens de partout dans le monde. Puisque l’on connaît déjà l’histoire des grandes migrations humaines, on a pu dater l’apparition de mutations fréquentes dans certaines populations, mais pas dans d’autres. Il ne restait plus qu’à appliquer le modèle mathématique à cette biobanque pour estimer l’intervalle entre les générations.
D’autres facteurs que l’âge des parents peuvent influencer le rythme d’apparition des mutations, fait remarquer le professeur de l’UQTR Emmanuel Milot, qui a quelques réserves sur la méthodologie. Mais les estimations lui semblent plausibles.
Cette tendance mondiale cache cependant bien des phénomènes démographiques locaux. Au début de la colonisation du Québec, par exemple, les femmes avaient souvent 15 ans au premier mariage, contre 24 ans pour les hommes. « Ce n’est pas étonnant : la population comptait alors six fois plus d’hommes que de femmes ! » raconte Alain Gagnon, spécialiste de la démographie historique à l’Université de Montréal.
Aujourd’hui, les Québécoises deviennent mamans à 29,5 ans en moyenne, selon le bilan démographique produit par l’Institut de la statistique du Québec en 2021. Les nouveaux pères, quant à eux, auraient en moyenne 33,5 ans, selon une estimation d’Alain Gagnon, puisque les chiffres permettant d’établir cette statistique ne sont pas compilés officiellement. Eh oui ! quatre ans d’écart, encore de nos jours…
Cet article a été publié dans le numéro de mai 2023 de L’actualité, sous le titre « Des pères tardifs ».
N’a-t-on pas oublié un autre phénomène dans cette analyse ? Celui des bouleversements sociétaux tels l’émancipation féminine qui a fait reculer l’âge d’enfanter des femmes autant que celle des hommes qui sont devenus plus frileux à la paternité.
On ne peut combattre un recul démographique en commençant une famille à trente ans. En tout cas, si on veut disparaître comme société, c’est le bon moyen… continuons !
Vous avez raison M. d’Anjou, nous sommes un petit peuple en voie de disparition. Je ne suis pas contre l’égalité des femmes et des hommes ni du féminisme de bon aloi, mais j’ai remarqué que le déclin de notre peuple coincide avec la montée du féminisme. On peut en dire autant de l’occident dans une moindre mesure.
La surpopulation sur Terre est telle que les ressources ne suffisent plus à combler les besoins essentiels de chaque personne. Pourquoi se presser à faire des enfants?
La belle excuse; ce ne sont pas les canadiens français qui surpeuplent la terre.
@ Pierre Desrochers. Et alors? À ce que je sache, le Québec n’est pas en soi une planète autonome : il fait partie de la Terre et les décisions prises ici auront également des conséquences ailleurs.
@ Yann :
1- Si on ne gaspillait pas 40% de l’alimentation mondiale produite, tout le monde comblerait ses besoins de ce côté.
2- Les famines sont principalement causées par les conflits armés et non par le manque de capacité de production.
Et pour terminer, ¨ Pourquoi se presser à faire des enfants? ¨, parce que le peuple québécois est en train de disparaître à petit feu, voila pour le ¨pourquoi¨ et, en ce qui a trait à votre conclusion ¨les décisions prises ici auront également des conséquences ailleurs ¨, vous croyez vraiment que 1/1000 de la population mondiale que représente le Québec peut avoir de telles conséquences ? C’est beau de rêver.
@ Christian d’Anjou
C’est justement à cause de raisonnements comme le vôtre que la situation mondiale s’est détériorée au fil des ans. Au Canada, trop de gens consomment et gaspillent à qui mieux-mieux sans se soucier des conséquences, car ils estiment que leur poids démographique est négligeable par rapport au reste de la planète. Or, si tous les êtres humains adoptaient le train de vie des Canadiens, il faudrait plusieurs planètes pour combler leurs besoins. Un sérieux examen de conscience s’impose à cet égard.
Par ailleurs, l’indépendance du Québec demeure à mon sens le meilleur moyen d’assurer la survie de la nation québécoise. Rien ne sert de faire plein d’enfants et d’avoir un paquet de bouches à nourrir (dans un contexte où les ressources se tarissent) si le Québec ne maîtrise pas tous les leviers essentiels à sa pérennité.
@ Yan:
Il faut savoir lire entre les lignes monsieur Yan. Vous avez parfaitement raison pour ce qui est du gaspillage des ressources (c’est ce que je laisse entendre d’ailleurs), mais je ne crois absolument pas que les décisions prises par le Québec changera quoi que ce soit dans la lancée mondiale (c’est ça que je dis).
Quant à votre dernier paragraphe, je ne sais pas comment vous définissez la ¨nation québécoise¨. Si une immigration massive et excessive qui risque de faire disparaître cette ¨nation québécoise¨ d’origine, avec tous ses us et coutumes, je n’embarque pas dans votre bateau. Et pourtant, je suis pour un Québec pays à 100%, mais pas pour nous voir disparaître. Voila pourquoi chaque famille québécoise devrait avoir plus de deux enfants (et je comprends dans cela, les immigrants de deuxième et troisième génération qui ont adopté NOTRE mode de vie. Non pas ceux qui continuent de vivre comme dans leur ex pays et qui nous crachent au visage comme on le voit aujourd’hui).
@ Christian d’Anjou
Si le Québec devient un État en bonne et due forme et qu’il maîtrise les leviers essentiels à sa pérennité, il n’y aura justement pas d’immigration massive et excessive : le gouvernement aura tout le loisir d’encadrer l’immigration selon ses besoins et les immigrants sauront qu’ils émigrent au Québec, alors qu’à l’heure actuelle, ils émigrent dans le Canada de Justin Trudeau. Ce dernier souhaite que le Canada ait 100 millions d’habitants. De quoi noyer la nation québécoise. Bref, à mon sens, la survie de la nation québécoise passe par son indépendance plutôt que par une autre hypothétique revanche des berceaux. Au plaisir de débattre avec vous de nouveau!
@ Yan:
100% d’accord avec vous, mais un peu différent sur votre dernier point de vue. Sans pour autant avoir une autre hypothétique revanche des berceaux, juste avoir 3-4 enfants au lieu de 1½ et non pas 10-12-14 enfants comme nos mères ou grand-mères qui y ont été obligées par l’Église (quoi que c’est paradoxalement grâce à cela que nous avons survécu comme peuple canadiens français). Cela limiterait la nécessité ou le besoin d’avoir recours à une immigration plus élevée .
Comme vous dites, au plaisir de discuter intelligemment avec vous encore.
Bonne fin de semaine.
La « structure patriarchal » … comme si tous les hommes y participaient, au lieu de le subir … ou de composer avec (si on veut être plus positifs).
Ce ne sont pas les hommes qui contrôlent la naissance … ce sont les femmes. Les hommes, en général, trouvent les femmes, en général, intéressantes. L’inverse n’est pas nécessairement vrai. Les femmes cherchent un géniteur qui a les moyens et le caractère requis pour assurer la survie des enfants à venir. Elles sont donc plus attirés par ceux qui ont démontrés cette capacité de pourvoir aux besoins de la famille. Un homme de trente ans a déjà un parcours derrière lui, pas un homme de vingt ans.
On a enlevé mes commentaires qui reflètent la réalité. Et je ne suis pas surpris. Je ne renouvellerai pas mon abonnement.
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