L’auteure est médecin vétérinaire et éthicienne. Ex-présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, elle travaille au Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique, offre des formations et intervient régulièrement sur les relations humains-animaux et l’approche Une seule santé.
«Caroline, j’ai besoin de tes conseils pour mon “rescue” ! » Plusieurs fois par année, des gens que je connais font appel à moi au sujet d’un animal qu’ils ont ramené de voyage pour le sauver d’une vie d’errance. Ou après qu’ils eurent craqué pour un toutou condamné à un destin tragique dans son pays et importé au Canada par une organisation humanitaire. Je suis toujours heureuse d’aider les autres, mais l’ennui dans ce cas est qu’ils me demandent conseil après coup, une fois l’animal arrivé au Québec, lorsque les problèmes commencent à surgir.
Ces maîtres adoptifs ont agi par empathie et sont pleins de bonnes intentions, mais ils n’ont pas toujours mesuré les conséquences de leur décision. Parfois, ils se rendent compte à retardement de la lourdeur de l’engagement à long terme qu’ils viennent de prendre. Mais parfois aussi, ce sont les difficultés d’adaptation de l’animal à son nouvel environnement ou ses problèmes de santé qui les laissent désemparés.
Je mets cette fois mon expérience à votre service avant que vous preniez une décision semblable. Parce que, malheureusement, l’importation de chiens présente des risques méconnus.
La vie avec un animal
À la base, adopter un animal d’un autre pays n’est pas différent de le faire au Québec : la décision devrait être mûrement réfléchie. La première question à se poser est : « Est-ce que ma famille et moi sommes vraiment prêts ? » On ne le répétera jamais trop : adopter un animal est un engagement pour 10, 15, parfois 20 ans.
Je recommande fréquemment aux gens de garder régulièrement les chiens de leurs amis ou membres de leur famille avant de décider d’en adopter un. Cela permet de côtoyer différentes personnalités et de vivre le quotidien d’un gardien de chien. Malheureusement, c’est encore trop souvent une décision impulsive. Je connais un couple généralement très raisonnable qui a récemment été attendri par un chien errant en Floride. Les conjoints l’ont ramené au Québec, pour conclure quelques semaines plus tard que leur mode de vie n’était pas compatible avec les exigences d’un chien. Et ce n’est qu’un exemple parmi tant d’autres.
La vie d’animal de compagnie
La deuxième question à se poser : ce chien est-il un bon candidat au rôle d’animal de compagnie ? Est-ce que cette nouvelle vie serait vraiment bénéfique à son bien-être ? Évidemment, il n’y a pas de réponse unique à cette question, mais elle mérite réflexion. Un chien ayant toujours été en liberté, par exemple, pourrait avoir de la difficulté à s’adapter à la vie d’animal de compagnie.
De même, les chiens destinés dans leur pays d’origine à la production de viande, et que certaines organisations humanitaires importent, ont toujours été tenus en cage et n’ont pas été bien socialisés, c’est-à-dire qu’ils n’ont pas appris à apprécier les contacts avec les humains. Vivre dans une maison, un nouvel environnement et, qui plus est, avec des humains représente tout un changement et cela pourrait leur causer de l’anxiété.
L’anxiété, par définition, fait que le chien se sent plus facilement menacé, ce qui peut mener à des agressions de défense face aux dangers perçus. Ne pas traiter son anxiété met donc des personnes (souvent des enfants) et d’autres animaux à risque.
Aura-t-on les ressources professionnelles et financières ainsi que le temps requis pour remédier à l’anxiété de l’animal ? C’est très exigeant de prendre soin d’un tel chien. Si on n’a pas toutes les ressources, cet animal anxieux sera mal à l’aise et n’aura pas une belle qualité de vie. On peut raisonnablement se demander si son sort se sera vraiment amélioré depuis l’époque où il errait librement dans une ville…
Des maladies dans les bagages
L’Agence canadienne d’inspection des aliments (ACIA) est responsable des règles d’importation des animaux, y compris le nouvel ami à quatre pattes ramené de voyage. Elle impose des restrictions à l’importation, notamment pour prévenir la propagation de maladies. Ces exigences vous mettent-elles à l’abri de tous les risques ? Non. L’importation d’animaux n’est jamais sans risque, même quand les règles sont respectées.
Premièrement, il est difficile de vérifier la conformité des actes et documents produits à l’étranger, par exemple le dossier vétérinaire et le carnet de vaccins de l’animal. Difficile aussi, quand on fait affaire avec un organisme de secours, de s’assurer qu’il tiendra ses engagements en matière de transport. Malgré les règlements canadiens, en 2020, des chiots ont été importés au Canada de manière non conforme dans un conteneur et 38 en sont morts. Depuis, l’ACIA a resserré ses règles d’importation de chiens de moins de huit mois.
L’ACIA a aussi interdit l’importation commerciale de chiens provenant de plus de 100 pays à risque, afin d’éviter d’introduire la rage canine au Québec. La rage de la chauve-souris, celle du raton laveur et celle du renard arctique y sont présentes et peuvent infecter tous les animaux à sang chaud, y compris les chiens, mais le variant canin du virus de la rage (également appelé rage canine), lui, est absent.
En gros, cette interdiction veut dire que vous pouvez entrer au Canada avec un chien en provenance de l’un de ces pays, mais l’importation à des fins commerciales est proscrite, et cela inclut les chiens destinés à des refuges.
Je tiens particulièrement à vous mettre en garde contre des organismes à vocation humanitaire qui invitent les gens à contourner les règles en allant chercher à l’étranger quelques animaux à la fois, afin d’éviter de se retrouver dans la catégorie « commerciale ». Ces organismes mettent la population à risque, autant les animaux que les humains. La rage entraîne, encore aujourd’hui, la mort de 40 000 à 50 000 personnes par année dans le monde. Et elle engendre des coûts importants, en raison des vaccins qui doivent être administrés à toutes les personnes exposées pour empêcher la progression de la maladie, celle-ci étant toujours mortelle.
L’anaplasmose, la babésiose et la leishmaniose sont d’autres maladies qu’on risque de transporter involontairement. À l’heure actuelle, nous n’avons pas de vaccins ni de tests pour garantir que l’animal arrivé de l’étranger en est exempt. Des vétérinaires de mon entourage ont vu des clients avoir de bien mauvaises surprises après avoir importé des chiens. Le coût des soins vétérinaires s’est avéré beaucoup plus élevé qu’ils ne l’avaient prévu, en plus des inquiétudes importantes pour leur famille. Ces trois maladies sont en effet des zoonoses, c’est-à-dire qu’elles peuvent aussi infecter des humains. Les deux premières sont transmises par les tiques, alors que la leishmaniose provient des phlébotomes, des insectes qui ressemblent à de petits moustiques. Ce sont des maladies graves et difficiles à traiter.
Avant de ramener à la maison un chien rencontré sur une plage du Sud ou de financer le sauvetage d’un chien blessé et abandonné au Maroc, il faut penser à son futur bien-être et considérer sa capacité à devenir un bon chien de famille. Importer un animal n’est pas un geste banal et sûr, même quand on suit les règles sanitaires d’importation. Quand il s’agit d’un chien dont les conditions sanitaires antérieures sont mal connues, le risque est encore plus grand.
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Et si l’on transposait à l »humain ce qui est recommandé pour les chiens dans cet article ? Faux papiers, apport de maladies .. Le Canada devrait suivre l’exemple de la France avec le certificat d,’engagement et de connaissance. Article désuet qui semble ignorer les dispositions sanitaires préventives,
notamment contrôles de maladies et protocoles de vaccinations, mises en place dans chaque pays pour le transfert d’animaux.
Adopter un chien à l’étranger décuple les problèmes d’adaptation avec notre compagnon canin. On a vu l’engouement pour les chiens pendant la pandémie et bien des familles sont prises maintenant avec un chien qu’ils aimeraient bien se débarrasser mais ce n’est pas si facile. Le chien d’ici est un membre de la famille et doit être traité selon la loi.
Si on veut aller marcher avec son chien, il faut qu’il soit en laisse, c’est la loi partout sur le territoire du Québec, et ce n’est pas toujours facile surtout si on a eu la bonne idée d’adopter un gros chien qui tire et qui fait à sa tête. Beaucoup de propriétaires de chiens détachent leur chien mais les risques décuplent car le chien peut facilement devenir incontrôlable surtout les chiens «covid» qui n’ont pas subi l’éducation canine requise pour avoir un bon chien pas anxieux et non agressif. Si votre chien mord quelqu’un ou part après un autre chien ou un animal sauvage comme un porc-épic, vos problèmes viennent de se compliquer considérablement et ça peut vous coûter très cher; c’est la même chose si votre chien est agressé par un autre chien et est blessé, les frais de vétérinaires sont souvent astronomiques.
Il faut aussi savoir qu’on a beaucoup de difficultés à aller camper dans les parcs nationaux du Québec car la SÉPAQ a peu de sites qui permettent les chiens et ils sont souvent pris par des gens qui n’ont pas de chien. Pendant l’été c’est impossible de trouver un site de camping dans ces parcs si on a pas réservé des mois à l’avance. Si vous aimez le camping mais vous n’êtes pas prêts à sacrifier les visites à ces parcs, n’adoptez pas de chien! En fait, le Québec est probablement l’état d’Amérique du Nord le plus rébarbatif aux chiens et cela augmente les difficultés d’avoir un compagnon canin.