Je terminais mes études secondaires vers la fin du dernier siècle lorsque la découverte de la première exoplanète a été annoncée. Déjà intéressé par l’astronomie et l’exploration spatiale, je me suis demandé : « Mais… qu’est-ce qu’une exoplanète ? »
Le mot « exoplanète » ne figurait pas dans le dictionnaire que je traînais dans mes cours de français. Internet en était à ses débuts, alors les réponses ne se trouvaient pas nécessairement à quelques clics près.
J’ai fini par apprendre que les exoplanètes sont… de simples planètes. La différence ? Elles orbitent autour d’une autre étoile que notre Soleil, voilà tout.
Si cette distinction vous laisse sur votre appétit, c’est peut-être parce que vous n’avez pas conscience du défi colossal que représente le fait de détecter des grains de poussière sombre à côté de ces lampes éblouissantes et gargantuesques que sont les étoiles, elles-mêmes situées à des années-lumière de nous.
Car « poussière sombre » est une description tout à fait adéquate pour la plupart des planètes. Au sein de notre système solaire, les huit planètes combinées ne constituent qu’environ 0,13 % de toute la masse connue, et Jupiter occupe 0,10 % de ce total. Il ne reste donc que 0,03 % pour Saturne, Uranus, Neptune, la Terre, Vénus, Mars et Mercure. Et considérez ceci : observer une planète de la taille de la Terre à une distance modeste de 10 années-lumière serait l’équivalent d’observer une puce posée sur la croix du mont Royal à partir de… Vancouver.
Lors de sa descente vers Titan, la sonde Huygens a observé des continents, des montagnes, des vallées et des rivières de méthane liquide s’écoulant jusqu’à des océans.
Il y a quelques mois, au moment où nous entamions le début de l’an 3 E.C. (ère COVID), je lisais dans mon salon, minette ronronnant sur mes cuisses. Contre les conseils de mes proches, je « morbidéfilais » (du verbe « morbidéfiler » [doomscroll] : faire défiler les mauvaises nouvelles à l’écran) sur ma tablette : des camionneurs antivax financés par des intérêts étrangers criant liberté à Ottawa ; des étincelles russes à proximité de la poudrière d’une guerre mondiale en Ukraine ; une société incapable de reconnaître le gouffre climatique à l’horizon.
Et puis je suis tombé sur cette nouvelle : des astronomes ont récemment découvert une potentielle… exolune. Une lune qui tourne autour d’une exoplanète. Une lune dans un autre système solaire que le nôtre.
Peut-être sous l’effet combiné du poids covidien et de l’actualité des deux dernières années, j’ai eu les larmes aux yeux. Bien sûr que les exolunes existent ! Et sûrement qu’il existe aussi des exocomètes et des exoastéroïdes ! Mais ça ne m’avait pas traversé l’esprit, car jamais je n’aurais cru que c’était possible d’en observer. J’ai pourtant passé ma vie à étudier l’astronomie, cette discipline scientifique qui a la capacité de faire rêver plus que toute autre.
Des exolunes !
Pourquoi est-ce si fascinant ? À ce jour, nous avons répertorié plus de 200 lunes dans notre système solaire, dont bon nombre présentent un impressionnant éventail de propriétés. Par exemple, la plus grosse lune de Saturne, Titan, possède une atmosphère dense d’azote et de méthane qui rend possible l’existence de mers d’hydrocarbures glaciales. Lors de sa descente vers Titan, la sonde Huygens, qui s’y est posée en 2005, a observé des continents, des montagnes, des vallées et des rivières de méthane liquide s’écoulant jusqu’à des océans. Je me rappelle m’être demandé de quoi auraient l’air des plages sur Titan : du sable et des cailloux gelés (la température de surface avoisine les –180 °C), arrosés par des vagues de méthane liquide qui s’écrasent sur le rivage ?
Nous connaissons aussi des lunes complètement glacées, comme Europe autour de Jupiter et Encelade autour de Saturne, qui sont de petites boules de neige cachant probablement des océans souterrains d’eau salée où pourraient se trouver des formes de vie encore inconnues.
D’autres lunes, comme la nôtre, ressemblent plutôt à de vastes terres arides et géologiquement mortes, de « magnifiques désolations », pour reprendre les mots de l’astronaute Buzz Aldrin, qui a marché sur la Lune aux côtés de Neil Armstrong en juillet 1969.
J’ai retrouvé mes esprits et continué ma lecture. La monstruosité de la guerre qui plane sur nos têtes ; la fonte accélérée des glaces en Antarctique ; ces multimilliardaires ayant la capacité d’éliminer la pauvreté dans le monde, mais qui préfèrent thésauriser leur fortune… Et, en même temps, des scientifiques qui commencent à cataloguer des exolunes.
Nous sommes capables de tant de beauté et de tant d’horreur à la fois. Peut-être que la « magnifique désolation » est celle que nous observons dans le miroir, jour après jour.
Cette chronique a été publiée dans le numéro de juillet-août 2022 de L’actualité.
«l’an 3 E.C. (ère COVID)» et «morbidéfiler» : pas très joyeux sur le plan moral, mais quelles belles trouvaille linguistiques! Merci pour votre style accrocheur, c’est toujours agréable de vous lire pour découvrir les mystères de notre univers.
Quand je parle de ces découvertes à des proches « croyants, religieux… », j’essaie de leur faire comprendre, voir à quel point il est prétentieux, inconscient, « stupide », … de s’attribuer comme étre vivant sur cette planète une telle importance, au point de penser qu’un « être supérieur » supervise, contrôle, régente notre existence, nous attend à quelque part après notre mort … comme les « vierges » des islamistes.
Mais, on le voit avec Poutine, le cerveau humain est capable de folies, de chimères incroyables … et, si leur fait du bien à eux d’y croire, pourquoi pas, dit-on!!! Mais ça crée autour d’eux plein de victimes innocentes … comme le curé de mon village natal qui a refusé à mon père le « droit d’arrêter les grossesses de ma mère – peu importe les dangers pour sa santé, sa vie – » … « tu n’auras qu’à en prendre une autre » avait il répondu à mon père.
Et vous pourriez sans doute en raconter d’autres. 2022, voyez ce qu’on fait subir aux femmes afghanes depuis le départ des américains et dans tous les pays régentés par les islamistes du monde. Et on ne pourra pas mettre fin à ces situations … dites « anormales » pour nous mais pas pour eux qui considèrent notre mode de vie « anormal » , condamnable, à détruire. Et que fait notre, le créateur, celui de mes amis croyants, de cet étre fou, « créé à son image et à sa ressemblance », a écrit quelqu’un. Et on répondra qu’il n’est pas responsable de ce qu’il est devenu. On en ressort pas!