Mal de tête : est-ce une migraine ou une céphalée ?

Qu’est-ce qui différencie un mal de tête ordinaire d’une migraine ? Comment soigner l’un et l’autre ? Et, surtout, quand consulter ? Une neurologue répond à ces questions.

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«Est-ce un simple mal de tête ou une migraine ? » Quiconque a déjà ressenti une douleur lui vriller les tempes s’est un jour posé cette question. La plupart du temps, le « mal de bloc » passe sans trop de conséquences. 

Mais si l’inconfort est tel qu’il nous empêche de fonctionner au quotidien ou s’il revient fréquemment, mieux vaut consulter un médecin. Il pourrait s’agir de migraine, un problème neurologique qui se soigne autrement qu’avec une aspirine. 

« La migraine est une maladie qui se décline selon différents symptômes [à part le mal de tête], différents degrés de sévérité et différentes réponses aux traitements prescrits », précise la Dre Elizabeth Leroux, neurologue spécialisée en médecine des céphalées. Cette médecin a participé à la fondation de Migraine Québec, un organisme offrant du soutien et de l’information aux personnes qui vivent avec cette douleur, en plus de siéger à la direction de la Société canadienne des céphalées.

Les maux de tête portent aussi le nom scientifique de céphalées. On peut les séparer en deux catégories : les céphalées primaires, qui ne sont pas causées par un autre trouble (le mal de tête « ordinaire » et la migraine font tous deux partie de ce groupe) ; et les céphalées secondaires, qui sont dues à un autre problème de santé, comme la sinusite, la grippe ou un traumatisme crânien.

Quels sont les symptômes d’un « simple » mal de tête (céphalée de tension) ?

Le « simple » mal de tête est appelé céphalée de tension. Cette dernière se manifeste par des douleurs à la tête, surtout à l’avant du crâne ou autour des yeux, d’une intensité légère à modérée, expliquent différentes sources médicales, dont le Manuel Merck. Elle dure généralement de 30 minutes à plusieurs heures. 

On parle de céphalées épisodiques lorsqu’elles surviennent moins de 15 jours par mois. Dans les cas, plus rares, où elles se produisent plus de 15 jours par mois, on les désigne alors sous le nom de céphalées chroniques. 

La céphalée de tension peut être causée par de multiples facteurs : stress, anxiété, fatigue, douleurs à la nuque ou à la mâchoire qui irradient dans la tête, tension oculaire ou prise de médicaments. 

Comment soulager ce type de mal de tête ?

Le repos et la relaxation sont les remèdes de prédilection pour combattre les céphalées de tension. Si la douleur persiste, la prise d’un analgésique en vente libre comme l’ibuprofène, l’acétaminophène ou l’acide acétylsalicylique (aspirine) est recommandée.

Quels sont les symptômes d’une migraine ?

La migraine est une maladie neurologique dont l’ampleur dépasse le simple mal de tête. L’intensité des douleurs varie de modérée à forte, et un épisode dure plusieurs heures, voire des jours. Ces douleurs se manifestent sous forme de pulsations ou de palpitations et sont accompagnées d’autres symptômes, comme la sensibilité aux sons, à la lumière et aux odeurs, des nausées et des vomissements, des difficultés de concentration ou encore des étourdissements.

La migraine se définit aussi par sa récurrence : les épisodes migraineux se répètent dans le temps, de quelques fois par année à plusieurs fois par semaine.

Quelles sont les causes de la migraine ?

La migraine survient « chez des personnes dont le système nerveux est plus sensible que chez les autres », selon le Manuel Merck. Elle résulte donc de facteurs génétiques qui prédisposent la personne touchée, combinés à des déclencheurs environnementaux. 

Plusieurs déclencheurs physiologiques peuvent provoquer un « orage électrique et chimique » dans le cerveau des malades. Cette cascade chimique mène à l’inflammation des nerfs des méninges et des artères du cerveau, explique Elizabeth Leroux. La variation hormonale, l’alimentation, le manque de sommeil et la surstimulation des sens comptent parmi ces déclencheurs.

« Avec la migraine, le mot d’ordre est diversité : les symptômes varient, les déclencheurs et les traitements aussi », précise la Dre Leroux. Le site de Migraine Québec répertorie plusieurs types de migraines, dont la migraine menstruelle, qui survient avant les règles, ou la migraine avec aura, qui s’accompagne de troubles visuels. 

L’organisme Migraine Canada estime que 12 % des Canadiens, soit 4,3 millions de personnes, vivent avec cette maladie. Elle affecte deux fois plus de femmes que d’hommes et peut se manifester dès l’adolescence.

Dans quels cas devrait-on consulter un professionnel de la santé ?

Elizabeth Leroux recommande de consulter dès que les douleurs perturbent la vie quotidienne. « Beaucoup de gens vivent avec des migraines et ne le savent même pas. Ils pensent que ce sont seulement des maux de tête », dit-elle.

Les céphalées de tension, même si elles ne sont pas accompagnées des symptômes de la migraine comme les étourdissements et la nausée, peuvent également être invalidantes lorsqu’elles deviennent chroniques. 

Il est suggéré d’en parler à son médecin de famille, qui pourra prescrire les traitements appropriés ou soumettre le cas à un neurologue. 

Comment soulager la migraine ?

La migraine est une maladie chronique, au même titre que l’asthme, le diabète ou l’épilepsie. On ne guérit donc pas la migraine, mais on peut la maîtriser.

Il n’existe pas d’examens pour la diagnostiquer : on ne la voit ni sur les examens de tomodensitométrie (scans) ou les IRM ni par prise de sang. Le diagnostic est plutôt basé sur un questionnaire. 

La première étape de la gestion de la migraine est d’évaluer son environnement et ses habitudes de vie, avec l’aide d’un professionnel de la santé, pour repérer les déclencheurs potentiels. Il est recommandé de privilégier un mode de vie sain en ce qui a trait au sommeil, à l’exercice, à l’alimentation, à la consommation d’alcool et à la santé générale. La tenue d’un « journal de migraines », dans lequel on note les circonstances entourant les épisodes migraineux, permet également de mieux comprendre ce qui provoque les crises.

La deuxième étape est de gérer le cerveau lui-même. Il existe des traitements médicamenteux pour stopper les crises et limiter la douleur, ainsi que des traitements préventifs qui, pris régulièrement, diminuent le nombre d’épisodes migraineux et leur sévérité.

De nombreux types de médicaments peuvent être utilisés pour lutter contre la migraine. Les plus récents, comme les gépants et les anticorps inhibiteurs, s’avèrent très prometteurs.

« Pour la première fois, on voit apparaître des traitements qui sont basés sur la recherche et une compréhension scientifique de la migraine, et non des médicaments pour d’autres maladies dont on découvre par hasard qu’ils ont un effet sur la migraine », observe la Dre Leroux.

Il n’existe toutefois pas de traitement unique qui pourrait aider tous les migraineux. Puisque chaque malade est différent, il faut souvent bien des essais et erreurs avant de trouver le remède et la dose nécessaires pour stabiliser l’état du patient.

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