Manque d’énergie : et si c’était l’hypothyroïdie ?

Vous êtes fatigué de manière persistante, malgré de longues nuits de sommeil ? C’est peut-être votre glande thyroïde qui est en cause. Il existe heureusement des traitements pour se sentir mieux.

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L’hypothyroïdie est une maladie beaucoup plus fréquente qu’on le croit. « C’est même l’un des premiers diagnostics auxquels on pense quand les gens consultent pour de la fatigue », confirme le Dr Frédéric Bernier, endocrinologue au CIUSSS de l’Estrie-CHUS et président de l’Association des médecins endocrinologues du Québec.

Selon la Fondation canadienne de la thyroïde, l’hypothyroïdie affecte environ 2 personnes sur 100 et le risque d’en souffrir augmente avec l’âge. Par ailleurs, cette maladie est sept fois plus courante chez les femmes que chez les hommes, souligne un article publié en 2021 dans le journal de l’Académie américaine des médecins de famille.

Qu’est-ce que l’hypothyroïdie et pourquoi cause-t-elle de la fatigue ?

La thyroïde est une petite glande d’environ cinq centimètres de diamètre située dans le cou qui produit deux hormones, la thyroxine (T4) et la triiodothyronine (T3). On parle d’hypothyroïdie lorsque ces deux hormones ne sont pas produites en quantité suffisante pour que le corps puisse fonctionner normalement. 

« Les hormones thyroïdiennes sont un peu comme l’accélérateur de notre corps, illustre le Dr Bernier. Si nous n’avons pas assez d’hormones thyroïdiennes, plusieurs processus du corps ralentissent. » Ces hormones influencent notamment la fréquence cardiaque, l’utilisation des calories, l’intégrité de la peau, la croissance, la production de chaleur, la fertilité et la digestion. 

Si la thyroïde n’est plus en mesure de produire assez de ces hormones, la rapidité de ces réactions physiologiques diminue, ce qui entraîne une moins grande production d’énergie et, donc, de la fatigue.

Les gens souffrant d’hypothyroïdie chercheront d’ailleurs à dormir davantage. « Cependant, ils se sentiront fatigués malgré le fait qu’ils aient dormi plus longtemps », constate le Dr Bernier.

Quelles sont les causes de cette maladie ? 

La cause la plus courante d’hypothyroïdie est la destruction progressive de la glande thyroïde par le système immunitaire de la personne malade. « Il s’agit d’une atteinte auto-immune de la thyroïde qui va nuire à son fonctionnement », explique l’endocrinologue. Les causes exactes de son déclenchement ne sont pas claires, mais certaines personnes semblent y être davantage sujettes en raison d’une prédisposition génétique. Si un membre de votre famille a déjà connu des problèmes de thyroïde ou souffert d’une autre maladie auto-immune, comme la polyarthrite rhumatoïde, le diabète de type 1 ou le lupus, vous courez ainsi un risque plus élevé d’être atteint.

Le cancer de la thyroïde, le traitement de l’hyperthyroïdie et la radiothérapie lors du traitement d’un cancer peuvent provoquer de l’hypothyroïdie puisque cela nuit à la production de T3 et de T4, ajoute Le manuel Merck, qui rassemble une foule d’informations médicales. Une hypothyroïdie temporaire peut aussi s’installer si la thyroïde s’enflamme en raison d’une infection virale. Parfois, cette inflammation temporaire peut également se produire après un accouchement. 

Quels sont les autres symptômes de l’hypothyroïdie ?

Comme les hormones thyroïdiennes influencent de nombreux processus dans le corps, les symptômes de l’hypothyroïdie sont variés. Ils sont également peu spécifiques, c’est-à-dire qu’ils peuvent être présents dans le contexte de plusieurs autres maladies.

« Certains patients se retrouvent avec des symptômes comme de la constipation, de la peau sèche ou un gain de poids », note le Dr Bernier. D’autres symptômes courants incluent l’intolérance au froid, une voix rauque, le visage qui prend un air abattu et des crampes musculaires.

Si vous expérimentez l’un de ces symptômes, vous devriez d’ailleurs consulter votre médecin. Toutefois, afin d’établir un diagnostic, des prises de sang seront nécessaires pour mesurer le taux d’une autre hormone, la thyréostimuline, communément appelée TSH (thyroid stimulating hormone).

La TSH est une molécule produite par une glande située dans le cerveau, l’hypophyse. Cette hormone incite la thyroïde à produire les hormones T3 et T4. « Quand la thyroïde ne produit pas assez d’hormones, l’hypophyse sécrète davantage de TSH pour essayer de la stimuler », explique le Dr Bernier. Par conséquent, lorsque la thyroïde fonctionne au ralenti, la quantité de TSH dans le sang sera élevée. C’est pourquoi on mesure le taux de TSH pour poser le diagnostic d’hypothyroïdie.

Comment surmonter la fatigue due à l’hypothyroïdie ?

Le traitement de l’hypothyroïdie consiste simplement à prendre des hormones thyroïdiennes sous la forme d’un comprimé, une fois par jour. « On donne habituellement aux patients seulement une des deux hormones thyroïdiennes, la T4 », souligne l’endocrinologue. Dans le corps, elle sera ensuite transformée en T3, qui est l’hormone active dans l’organisme. L’utilisation de la T4 permet donc au corps d’exercer lui-même une régulation.

Les hormones thyroïdiennes mettent toutefois un certain temps à bien s’équilibrer dans le sang. « Pour cette raison, on attend six à huit semaines après le début du traitement pour mesurer à nouveau les taux de TSH », précise le Dr Bernier. Par contre, les patients n’ont pas à attendre aussi longtemps pour observer une réduction de leurs symptômes. Au bout d’une à deux semaines, les gens commencent généralement à se porter mieux, et le plein effet se fait sentir après quatre semaines, selon l’endocrinologue.

Certains patients ont besoin de quelques ajustements de dose avant de voir leurs symptômes se résorber. Cependant, à partir du moment où les niveaux de TSH sont revenus à la normale, le traitement demeure plutôt stable. Si vous gagnez ou perdez du poids pour une raison ou une autre, il pourrait toutefois être nécessaire d’effectuer un réajustement. 

« Il faut également veiller à ne pas prendre du fer ou du calcium dans les deux heures précédant et les deux heures suivant la prise de la T4 », met en garde le Dr Bernier. En effet, ces suppléments, ou les multivitamines qui en contiennent, peuvent s’accrocher à la T4 et l’empêcher d’être absorbée par le corps. Il est aussi recommandé de prendre cette hormone 30 à 60 minutes avant un repas.

Le Dr Bernier note enfin que ce traitement ne peut pas guérir l’hypothyroïdie. « Il s’agit d’une maladie chronique », dit-il. Sauf dans les cas d’hypothyroïdie temporaire, les personnes en souffrant devront donc prendre ce supplément d’hormone thyroïdienne pour le reste de leur vie.

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Les commentaires sont fermés.

Article très clair et très bien écrit… merci…et bravo si je peux me permettre..

Plutôt une question concernant l’hypothyroïdie dont je souffre.
Je suis traitée depuis plusieurs année et mon médecin diminue la dose de syntroid m’informant que l’on diminue cette dose à partir de 70 ans. J’ai des tests sanguins au 6 mois.
Cela me laisse perplexe
Merci de me lire
Monique Bélisle

Étrangement, le milieu médical considère que la TSH peut être plus élevée pour les gens âgés, nonobstant ce qu’on ressent. Toutes les cellules de notre corps ont des récepteurs thyroïdiens, Peut-on se permettre d’avoir une carence d’hormones?