Mieux gérer son diabète en étant « dans la cible » ?

Avec l’arrivée des lecteurs de glycémie en continu, qui permettent de surveiller en temps réel le taux de sucre dans le sang, il est possible de gérer plus précisément le diabète avec la méthode du « temps dans la cible ».

AndreyPopov / Getty Images

Vous avez peut-être déjà vu des personnes de votre entourage ou encore le joueur de hockey Max Domi porter un petit dispositif blanc collé sur leur bras ou leur abdomen ? Il s’agit d’un lecteur de glycémie en continu, une technologie qui vient alléger une partie du fardeau des diabétiques.

Vivre avec le diabète est un travail quotidien très prenant : les diabétiques doivent mesurer plusieurs fois par jour leur taux de sucre dans le sang, ou glycémie, pour éviter qu’il soit trop haut (hyperglycémie) ou trop bas (hypoglycémie).

Mais depuis cinq ans, ils peuvent troquer les trop nombreuses glycémies capillaires, réalisées en se piquant le bout d’un doigt, contre un lecteur de glycémie en continu. Constitué d’un capteur et d’un émetteur, il s’installe généralement sur la peau du bras ou du ventre, et mesure le taux de sucre en temps réel 24 heures sur 24. Ce petit bidule permet aux médecins et aux patients de suivre plus finement la glycémie, pour tenter de la garder le plus possible entre des valeurs cibles, en ajustant notamment les doses d’insuline (par injection ou par une pompe) ou de médicaments.

Avoir trop ou pas assez de sucre dans le sang malgré les traitements, et rester longtemps dans cet état, est mauvais pour un diabétique. D’où l’intérêt de cette technique qui permet d’analyser plus facilement quand la glycémie est hors des « valeurs cibles » et pour quelles raisons.

Qu’est-ce que le temps dans la cible ?

C’est le pourcentage de temps, sur 24 heures, pendant lequel la concentration de sucre par litre de sang, soit la glycémie, se situe entre 4 mmol/L (millimoles par litre) et 10 mmol/L — d’où l’expression « temps dans la cible ». Des études ont montré que cette approche diminue les complications à long terme du diabète : atteinte aux reins et à la rétine, accident vasculaire cérébral (AVC), crise cardiaque, lésions nerveuses, etc. 

Depuis 2020, les experts de l’organisme Diabète Canada ont établi des lignes directrices pour l’utilisation du temps dans la cible. Pour la majorité des diabétiques, les médecins recommandent de passer au moins 70 % de la journée dans cette plage (près de 17 heures sur 24). 

Un diabétique doit aussi tenter de limiter les périodes en hypoglycémie (sous 4 mmol/L) à 4 % de sa journée, et en hyperglycémie (au-dessus de 10 mmol/L) à 25 %, pour éviter les effets liés à ces variations du taux de sucre (nausées, maux de ventre, étourdissements, risque de chute, coma et même décès) ainsi que les complications à long terme.

Pour les personnes âgées, les médecins recommandent le moins d’hypoglycémies possible (moins de 1 % du temps) en raison du risque plus élevé de chute lorsqu’elles ont des étourdissements par exemple. En contrepartie, plus d’hyperglycémies (jusqu’à 50 % du temps) est toléré.

« Pour les femmes enceintes, les glycémies devraient idéalement se trouver 70 % du temps entre 4 et 7,8 mmol/L afin de protéger le bébé », précise la Dre Anne Marie MacDonald, directrice nationale des programmes de recherche et des communications à la Fondation de recherche sur le diabète juvénile (FRDJ), et diabétique de type 1.

Les avantages de la techno

Traditionnellement, la vérification de la glycémie se fait par une piqûre au bout d’un doigt : la personne dépose une goutte de sang sur une bandelette insérée dans un glucomètre qui, tel un minilaboratoire, analyse le sang et affiche le taux de sucre sur l’écran. Cela peut devenir fastidieux et douloureux, surtout pour les diabétiques traités à l’insuline. Ceux-ci doivent obligatoirement se piquer le doigt avant chaque repas afin d’ajuster la quantité d’insuline à s’injecter. Une telle méthode donne un aperçu ponctuel du taux de sucre dans le sang. 

Pour avoir une estimation de la glycémie sur une longue période et évaluer l’effet des traitements eux-mêmes, le seul outil était l’hémoglobine glyquée. Il s’agit de la valeur moyenne du taux de sucre sanguin sur trois mois, révélée par une prise de sang. 

« L’hémoglobine glyquée ne reflète toutefois pas le temps passé en hypoglycémie ou en hyperglycémie », explique la Dre Marie-Andrée Corbeil, endocrinologue au CISSS de la Montérégie-Centre. « Une belle hémoglobine glyquée peut cacher beaucoup d’hyperglycémies contrebalancées par des hypoglycémies, par exemple », poursuit la spécialiste. Le lecteur de glycémie en continu, dit-elle, surpasse l’hémoglobine glyquée. 

En mesurant la glycémie toutes les cinq minutes et en présentant les données sous forme de graphiques dans une application, les lecteurs de glycémie permettent de suivre les variations du taux de sucre dans le sang pour mieux évaluer l’effet des dizaines de facteurs (alimentation, médication, virus, exercice physique, etc.) pouvant influencer la glycémie.

Chez les personnes atteintes de diabète de type 1, le recours à cette technologie et à la méthode dans la cible favorise des glycémies plus stables et réduit le nombre et la durée des hypoglycémies par rapport à la méthode de glycémie capillaire. Chez les diabétiques de type 2 traités par insuline, les glycémies sont plus stables et les patients font moins d’hyperglycémies.

Du côté des femmes enceintes, diabétiques avant leur grossesse ou qui se retrouvent avec un diabète gestationnel, il y a plus de glycémies dans la zone cible et moins d’hyperglycémies. Leur santé globale est meilleure, elles ont moins de risques d’avoir un gros bébé ou de faire des hypoglycémies lors de l’accouchement.

« Grâce à la technologie, on a accès à une vidéo quotidienne des glycémies, même la nuit, alors que la méthode capillaire ne donne qu’une photo à quelques moments de la journée, ce qui ne permet pas d’analyser la proportion de belles glycémies », soutient la Dre Corbeil.

L’endocrinologue note aussi que les données en continu sont également très utiles pour tester de nouvelles insulines ou de nouveaux médicaments pour diabétiques.

Est-ce pour tout le monde ?

La méthode fait de plus en plus d’adeptes, surtout depuis que les lecteurs de glycémie en continu sont en partie couverts par la RAMQ pour les diabétiques de type 1 (2019 pour le premier FreeStyle Libre et 2021 pour le Dexcom) et pour les diabétiques de type 2 (FreeStyle Libre seulement) traités avec au moins trois doses d’insuline. Pour les personnes non couvertes, un capteur FreeStyle Libre coûte en moyenne 115 dollars et il doit être changé tous les 14 jours. Un capteur Dexcom vaut 100 dollars et sa durée est de 10 jours. 

Selon les observations de la Dre Marie-Andrée Corbeil, de 50 % à 70 % des diabétiques de type 1 exploitent le temps dans la cible pour gérer leur maladie. La proportion est moindre chez les diabétiques de type 2 : un sur deux a adopté ce principe, principalement ceux qui sont traités à l’insuline. « Il faut dire aussi que les lecteurs de glycémie en continu sont moins accessibles pour eux. Le médecin doit justifier auprès de la RAMQ ou de l’assureur privé l’importance de recourir à cette technologie, par exemple par des épisodes fréquents d’hypoglycémie », explique-t-elle. Précisons que 7 % des diabétiques souffrent du type 1 et 90 % du type 2.

La technologie ne convient néanmoins pas à tous. Certaines personnes ne veulent pas porter de capteurs à cause d’un inconfort, d’allergies cutanées ou même parce qu’elles en sont gênées, selon l’endocrinologue. D’autres se trouvent submergées par l’abondance de données, entre autres certaines personnes âgées. « Ça ne sert pas à grand-chose d’avoir un capteur si on ne sait pas comment exploiter les données et lire les graphiques », conclut la Dre Anne Marie MacDonald. Les deux spécialistes recommandent aux diabétiques d’aborder le sujet avec leur équipe de soins, qui pourra voir avec eux si la technologie leur convient. 

Laisser un commentaire

Les commentaires sont modérés par l’équipe de L’actualité et approuvés seulement s’ils respectent les règles de la nétiquette en vigueur. Veuillez nous allouer du temps pour vérifier la validité de votre commentaire.

Ce dispositif est extrêmement précieux pour l’éducation des diabétiques de type 1 mais aussi de type 2 dans leur préparation au jeûne du ramadan. Malheureusement non disponible dans la majorité des pays musulmans. Grosse frustration pour nous autres diabétologues! Nous avons qq patients sous freestyle c les mieux équilibrés.

Répondre

Bonjour madame monsieur je voudrais avoir plus d’informations concernant mon diabète type 1 de jeunes mais sur un sujet précis, explications ci dessous :
Il y à maintenant beaucoup de personnes qui ont du diabète et je voudrais signaler que les personnes qui on pas de carte vitale, donc il peu pas ce faire rembourser car il on rond pas les moyen de payer au prix fort sa c’est une chose à améliorer par la suite merci de votre attention bonne journée cordialement Jonathan Richard. (PS : comme moi j’ai payer un lecteur dexcom qui coûte très cher mais j’ai pas le reste car sa coûte beaucoup plus alors que c’est une maladie grave on peut en mourir. Merci de votre attention, ).

Répondre

Bonjour en France tous le monde a une carte vital. Sauf se qui son en situation irrégulier. Quand on et diagnostiqué diabétique on et pris à 100%pare la sécurité sociale. Bonne journée à vous