Mon chien tousse, a-t-il la grippe ?

Il n’y a pas eu d’éclosion au Canada depuis des années, il est donc très, très peu probable que votre chien ait la grippe. Alors de quoi souffre-t-il… et que faire ?

Tetu / Getty Images / montage : L’actualité

L’auteure est médecin vétérinaire et éthicienne. Ex-présidente de l’Ordre des médecins vétérinaires du Québec, elle travaille au Groupe de recherche en épidémiologie des zoonoses et santé publique, offre des formations et intervient régulièrement sur les relations humains-animaux et l’approche Une seule santé.

Votre chien tousse depuis quelques jours, il éternue et son appétit a diminué. Au début, vous n’étiez pas trop inquiet, mais vous avez commencé à vous demander ce qui provoque ces symptômes. Et ce qu’il faut faire pour soulager pitou. 

Après quelques recherches sur Internet, vous êtes confus. Sur plusieurs sites, on parle de grippe canine causée par un agent infectieux (virus et bactéries). Ailleurs, on évoque une influenza canine peu répandue, donnant parfois naissance à des éclosions. Il existe même un vaccin, dont vous n’aviez jamais entendu parler ! Plus vous lisez, plus vous êtes mêlé. Une grippe n’est-elle pas toujours causée par un virus influenza? Est-ce que votre chien pourrait devenir très malade ? Vous commencez aussi à vous demander si des membres de votre famille risquent d’attraper la grippe de votre fidèle compagnon. Bref, l’inquiétude monte…

La toux de chenil : très probable

Si votre chien n’a pas voyagé, selon toute probabilité, il n’est pas atteint de l’influenza canine. Il n’y a pas eu d’éclosion au Canada depuis plus de cinq ans. Ce dont votre ami poilu souffre probablement, c’est la « toux de chenil ». 

Si on utilise généralement le terme « toux de chenil », c’est parce que les chiens attrapent souvent le microbe responsable de leurs symptômes à des endroits où se rencontrent un grand nombre de leurs congénères (parc canin, compétition, concours de conformation, pension dans un chenil, etc.). Plusieurs agents infectieux, virus et bactéries, peuvent être impliqués, et comme pour les humains, la plupart du temps, on ne sait pas lequel de ces agents est en cause. De plus, il peut y avoir plus d’un microbe concerné. 

La toux de chenil peut provoquer beaucoup de désagréments et d’inconfort — et parfois des complications sérieuses. Alors si votre chien tousse, gardez-le à l’écart des autres chiens pendant la durée de ses symptômes afin qu’il ne propage pas la maladie. Pour aider votre animal, évitez les situations qui favorisent la toux et irritent ses voies respiratoires. Autrement dit, pas trop d’excitation ! Il devrait se remettre en une à deux semaines, quoique les symptômes s’étirent parfois. Votre famille humaine ne risque rien. 

Ne donnez pas de médicaments pour humains à votre chien. En cas de doute, appelez chez votre vétérinaire, son équipe pourra vous conseiller pour les soins à la maison. Ou encore vous recommander une consultation. En tout temps, contactez votre vétérinaire si les symptômes sont importants ou si l’état général est atteint (si votre animal est apathique, mange moins, ne se comporte pas normalement).

La « vraie » grippe canine ? Peu probable

On appelle « influenza canine » les virus influenza ayant une affinité particulière pour nos amis les chiens (les souches H3N8 et H3N2). Tous les virus influenza ont une affinité pour certaines espèces, ce qui ne les empêche pas parfois d’en infecter d’autres. Aucun cas humain de l’influenza canine n’a été signalé.

La grippe canine a été identifiée pour la première fois aux États-Unis en 2004. Il y a eu plusieurs éclosions aux États-Unis depuis, mais une seule au Canada depuis 2004, soit celle de 2017-2018. Lors de cet épisode canadien, le taux de mortalité a atteint 2 %.

Le fait qu’il n’y ait pas eu d’éclosion au Canada depuis des années permet de croire que si votre chien n’a pas voyagé, il ne souffre pas de l’influenza canine.

Toutefois, le milieu de la santé animale est toujours à l’affût. Car comme chez les humains, un vaccin existe, mais il doit s’attaquer aux souches problématiques. S’il n’est pas dirigé vers les bonnes souches, il est beaucoup moins efficace. Le vaccin n’est pas recommandé pour tous les chiens présentement ; on l’utilise généralement dans les régions où ont lieu les éclosions.

La grippe aviaire ? Encore moins probable

Il est très peu probable, quoique pas impossible, que votre chien soit infecté par l’influenza aviaire. Cette grippe touche actuellement de nombreuses espèces d’oiseaux sauvages et, transportée par les migrations, s’est étendue géographiquement. Elle a aussi infecté des élevages. On a récemment découvert la capacité de A H5N1, la souche qui donne la grippe aviaire, à infecter des mammifères, entre autres des visons, des loutres et des renards. Aucun cas de mammifère n’a été signalé au Canada. Le potentiel de H5N1 à infecter l’humain semble jusqu’à maintenant assez faible, et aucun cas n’a encore été recensé.

Bien qu’on ne connaisse à ce jour aucun cas de transmission de l’actuelle grippe aviaire à un chien ou un humain, votre animal de compagnie et vous devriez éviter les contacts avec des oiseaux morts ; il s’agit d’une prudence élémentaire. 

Les vaccins

Si vous suivez le programme de vaccination suggéré par votre vétérinaire, votre chien est certainement vacciné contre plusieurs des virus pouvant causer la toux de chenil. Ils font partie de ce qu’on appelle les vaccins « de base ». Un grand nombre de chiens sont vaccinés, et cela explique le taux de mortalité faible de la toux de chenil. Il existe aussi un vaccin contre une des bactéries (Bordetella bronchiseptica). Celui-ci est généralement offert pour les chiens plus à risque. Ce vaccin n’empêche pas nécessairement la maladie de se développer, mais il en réduit la gravité, un concept que vous connaissez bien depuis la COVID-19, n’est-ce pas ?

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