Ne laissez pas vos hamburgers vous terrasser

Une contamination à la bactérie E. coli est aisément évitable. La prévention passe par la bonne préparation des aliments, rappelle Alain Vadeboncoeur.

(Photo: iStockphoto)

Sur votre barbecue, faites-vous toujours bien cuire la viande hachée ? C’est important, pour éviter de souffrir des complications de la maladie « du hamburger ». Qui n’est d’ailleurs pas seulement causée par les boulettes, mais aussi bien d’autres aliments.

La maladie du hamburger, c’est une diarrhée hémorragique (mélangée avec du sang) causée par certaines souches de la bactérie Escherichia coli. Les souches coupables produisent alors une toxine appelée « Shigatoxine », qui va entrainer des symptômes sévères puisqu’elle entraine une érosion de la muqueuse intestinale.

La souche dite « O157:H7 », reconnue en 1982, est le plus souvent retrouvée, mais d’autres peuvent également sévir.

Trois jours après

Typiquement, les symptômes, qui apparaîssent entre 3 à 4 jours après la contamination, sont constitués d’une diarrhée sanglante et de douleur abdominale, mais généralement sans fièvre. Lorsqu’elle est importante, la diarrhée peut entrainer l’hospitalisation d’environ un tiers des patients.

La mortalité grimpe à environ 2 %, plus élevée chez les personnes âgées et ceux qui sont atteints de la principale complication de la maladie, qu’on appelle le syndrome hémolytique-urémique (SHU). Ce syndrome affecte environ un adulte sur 12, et jusqu’à un enfant de moins de 10 ans sur six.

Le SHU se présente sous forme d’insuffisance rénale (chute de la fonction du rein), d’une anémie et d’une baisse des plaquettes sanguines (cellules du sang favorisant la coagulation), et survient généralement de 5 à 10 jours après la diarrhée. De la fièvre et des symptômes neurologiques peuvent également être retrouvés.

Jusqu’à la moitié des patients affectés par le SHU vont requérir une dialyse (thérapie de remplacement de la fonction rénale). On peut même avoir des séquelles à long terme, tant au rein qu’au cerveau.

Une diarrhée hémorragique à E. coli doit être soupçonnée chez les patients qui ont une diarrhée ou une telle histoire de diarrhée suivie d’une atteinte rénale. Une analyse simple des selles permet de diagnostiquer les souches à E. coli à risque.

Un traitement de support

Il est d’abord important d’éviter les médicaments qui ralentissent le transit intestinal comme l’Imodium, parce que les complications peuvent alors être augmentées.

Essentiellement, le traitement consiste à soulager les symptômes, prévenir la déshydratation et prévenir la détérioration. C’est ce qu’on appelle un traitement de support, visant à corriger les anomalies constatées.

Bien que certaines diarrhées hémorragiques peuvent répondre aux antibiotiques, ils sont généralement peu efficaces et donc peu utiles. Ils accroissent aussi le risque de SHU et ne sont pas recommandés dans ce contexte. Alors si vous avez des comprimés de ciprofloxacine pour la diarrhée du voyageur et que vous présentez une diarrhée hémorragique, mieux vaut consulter pour diagnostiquer le problème exact.

Notez que la bactérie peut aussi être transmise par les mains. Si on est affecté par une telle diarrhée hémorragique, mieux vaut se laver fréquemment les mains et bien éviter de cuisiner. Prendre une pause de travail, pour ne pas y propager les bactéries, n’est pas une mauvaise idée.

Comment prévenir

La bonne nouvelle, c’est que la maladie est aisément évitable. La prévention est d’ailleurs surtout liée au choix et à la préparation des aliments. Il est donc conseillé:

  • de garder le réfrigérateur à moins de 4 degrés Celsius pour éviter la multiplication des bactéries
  • de laver les fruits et ses légumes
  • de se laver les mains, nettoyer les couteaux et les planches à couper après avoir préparé de la nourriture avec des aliments à risque
  • de bien cuire les viandes, les fruits de mer et le poulet sur le barbecue
  • d’éviter le lait non pasteurisé

En appliquant ces sages précautions, vous resterez loin des urgences, qui ne sont jamais le meilleur endroit pour terminer ses vacances d’été. Une solution pourrait aussi être de devenir végétarien, mais c’est un autre débat.

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Le sujet ne m’intéressait pas tellement mais j’ai tout de même lu l’article car j’adore votre style, scientifique et humoristique. Merci et longue vie à vous!

Bah, c’est bien beau devenir végétarien, mais les légumes aussi peuvent être vecteurs de e coli. Y’avait pas une énorme éclosion propagée par des concombres il y a quelques années?