Le glyphosate, l’herbicide le plus vendu au monde, est de nouveau dans l’actualité ces jours-ci, car la Commission européenne a ajourné le vote par lequel elle doit statuer sur le renouvellement de son homologation, qui arrive à échéance le 15 décembre. En avril dernier, Santé Canada a de son côté reconduit son approbation pour 15 ans, jugeant que tel qu’il est actuellement utilisé, le glyphosate ne présente pas de risque pour la santé humaine ni pour l’environnement. A-t-on fait fausse route ?
Inventé par Monsanto, mais présent dans de nombreux herbicides depuis que son brevet est tombé dans le domaine public en 2000, le glyphosate a été classé en 2015 comme génotoxique et « cancérogène probable » par le Centre international de recherche sur le cancer, une agence de l’Organisation mondiale de la santé. Cet avis a par la suite été contesté par l’Autorité européenne de sécurité des aliments, puis par l’Agence européenne des produits chimiques.
Depuis, le débat fait rage, en Europe surtout, entre partisans et opposants à l’interdiction du glyphosate, d’autant plus qu’un procès intenté par des travailleurs agricoles californiens contre Monsanto a mené dans les derniers mois au dévoilement de documents internes, surnommés Monsanto Papers. On y fait état des efforts investis par l’entreprise pour influencer scientifiques et autorités réglementaires en faveur du glyphosate.
Difficile de rester indifférent à la lecture de ces documents, qui montrent par exemple comment Monsanto a tenté de manipuler James Parry, professeur à l’Université de Swansea, au Royaume-Uni, et spécialiste reconnu de la génotoxicité, en lui commandant un rapport sur le glyphosate en 1999. Le scientifique avait conclu au potentiel possiblement mutagène du glyphosate et avait suggéré à Monsanto de mener plus d’études à ce sujet. La multinationale, jugeant l’effort trop coûteux, a renoncé à miser sur ce chercheur pour défendre son produit phare. Et a vite enterré ses conclusions. Plus de détails dans cet article du quotidien Le Monde.
Même si les effets du glyphosate n’ont pas été étudiés que par Monsanto, la multinationale a tellement le bras long et a si peu de scrupules qu’elle a réussi à semer un doute quant à la validité des études sur lesquelles s’appuient les autorités réglementaires qui ont réapprouvé le glyphosate. Pour sa dernière révision, Santé Canada s’est basé en grande partie sur les conclusions de l’Agence américaine de protection de l’environnement, au sein de laquelle on sait maintenant que Monsanto comptait des alliés.
Tout cela est-il suffisant pour interdire le glyphosate ? Il faut comprendre que quand bien même un produit serait génotoxique et cancérogène, cela ne signifie pas qu’il est dangereux. Tout dépend en effet de la dose à laquelle on l’utilise. On n’a par exemple aucun doute sur le fait que l’éthanol est à la fois cancérogène et même tératogène (c’est-à-dire susceptible d’engendrer des malformations fœtales), et pourtant, les boissons alcoolisées, qui contiennent toutes de l’éthanol, ne sont pas interdites. Consommé en quantités limitées, l’alcool n’est pas dangereux.
Selon Santé Canada et d’autres, les doses de glyphosate auxquelles les travailleurs agricoles sont exposés lorsque le produit est utilisé correctement ne sont pas dangereuses. La santé des consommateurs est encore moins à risque, du fait que ce sont des quantités infimes de résidus de glyphosate qui se retrouvent dans les aliments.
Reste que le glyphosate est aujourd’hui un produit omniprésent dans notre environnement. De 1994 à 2014, les quantités épandues dans le monde par année sont passées de 56 à 825 millions de kilogrammes. Au Québec seulement, selon le bilan des pesticides du ministère de l’Environnement, les quantités d’« acides phosphoniques et dérivés » épandues dans les champs (une catégorie très largement dominée par le glyphosate) sont passées de 1 million de kilogrammes en 2006 à 1,66 million de kilogrammes en 2015, après avoir atteint un record de 1,86 million de kilogrammes en 2014. Dans le même temps, les superficies cultivées, elles, ont très légèrement diminué, passant de 1,9 à 1,83 million d’hectares de 2006 à 2015. L’agriculture québécoise est donc globalement de plus en plus accro au glyphosate.
Même s’il est loin d’être le pesticide le plus dangereux que les agriculteurs utilisent, selon le Ministère, il pose un risque environnemental et de santé croissant.
Encore une fois, cela ne veut pas obligatoirement dire que nous sommes en train de nous empoisonner au glyphosate. Mais à cause de toutes les magouilles de Monsanto, le doute persiste. Et une partie croissante de la population ne fait tout simplement plus confiance aux gouvernements pour leur gestion des pesticides.
L’herbicide glyphosate ou les insecticides néonicotinoïdes nous rendent de plus en plus méfiants et désabusés vis-à-vis de la capacité des gouvernements à préserver l’environnement et notre santé. Pas étonnant qu’une partie de la population ne les croie plus quand ils parlent de lutte contre les changements climatiques ou de vaccination !
L’acceptabilité sociale du glyphosate est en chute libre particulièrement en France. Le président Emmanuel Macron a promis de répondre à cette inquiétude lors de sa campagne électorale. Il s’est opposé à la réautorisation européenne du glyphosate pour une période de 10 ans, la jugeant trop longue étant donné l’incertitude sur la sûreté de ce produit.
Fin septembre, le gouvernement français a demandé à ses fonctionnaires de présenter, avant la fin de l’année, un « plan de sortie du glyphosate, compte tenu de l’état de la recherche et des alternatives disponibles pour les agriculteurs ». Il ne s’agit pas d’interdire ce produit du jour au lendemain, mais de trouver des solutions de rechange et des moyens efficaces d’en réduire progressivement l’utilisation au profit de techniques agronomiques plus sûres.
Même si l’usage actuel du glyphosate était sécuritaire, cela ne voudrait pas dire qu’on ne peut faire mieux !
En raison des incertitudes qui persistent et des craintes de la population, l’initiative française est très pertinente, surtout qu’elle s’inscrit dans un plan de cinq milliards d’euros de modernisation des pratiques agricoles sous le quinquennat Macron. Le gouvernement du Québec aurait tout intérêt à la suivre de près : avec sa Stratégie sur les pesticides, il veut diminuer du quart l’usage des pesticides d’ici 2021 comparativement au niveau de 2011. Sauf que pour l’instant, les ventes continuent d’augmenter !
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les doses sont infimes mais leur accumulation + celle d’autres produits « potentiellement cancérigènes », là est le danger surtout quand on sait que la quantité de produits poluants s’accumule de génération en génération dans le corps….votre bébé à naître arrive avec votre propre taux de toxines chimiques.
Faites votre enquête et je peux vous assurer que vous trouverez des cancers chez tous les commerçants qui vendent les produits chimiques dont on arrose notre agriculture.
Se référer au film » le monde selon monsanto » pour y constater le chassé croisé depersonnes nommées à des postes influents entre les gouvernements et les cadres de monsanto. (je n’utilise pas la majuscule intentionnellement).
En bref l’adage « dans le doute on s’abstient » me paraît parfaitement adapté à la situation.
Merci pour ces infos, on y voit plus clair. En effet, c’est bien beau d’interdire le glyphosate, mais quelles sont les alternatives? Peut-être qu’en le surtaxant, cela rendrait l’agriculture biologique plus competitive.
remplacer par un alternatif écologique , utilisation purement économique.
On parle de la nocivité du produit qu’en lien avec le cancer chez l’humain, qui n’en ingérerait qu’une quantité jugée bénigne, voir bénéfique . Le débat est en fait beaucoup plus large, tout comme le spectre de son utilisation qui touche plus qu’un écosystème isolé. Il n’y a rien de bénin dans la disparition des abeilles, des insectes et des oiseaux au Quebec et en Amérique. Pour Monsanto, exterminer,tourner en rond ou arrondir les coins, en parlant d’environnement n’a jamais fait autant de sens : »Round Up »!
Je ne fais vraiment plus confiance aux gouvernements pour la gestion de l’utilisation des pesticides au Québec et au Canada. Les politiciens se font influencer par les lobbyistes des Monsanto, Bayer, etc… et sont parfois littéralement achetés par celles-ci. L’utilisation de ces poisons nous mène vers tout plein de problèmes de santé inconnus auparavant. Juste à voir combien d’enfants naissent avec des problèmes neurologiques et/ou physiques dus à la bio-accumulation d’une panoplie de ces produits toxiques, on devrait tous être debout, s’insurger et exiger leur retrait complet immédiatement. Les abeilles meurent par milliers et notre nourriture et les cours d’eau sont empoisonnés par cette soupe chimique qui finira tôt ou tard par nous tuer ou, pire encore, par tuer notre cerveau!
Et quand on tombe malade: Pourquoi moi? Pourquoi moi?
Ces produits sont en vente libre dans les départements saisonniers. On se fie au bon sens des utilisateurs alors que la plupart ne lisent pas les étiquettes correctement.
Le poison à rat et les munitions sont sous clé mais pas ces produits toxiques.
Et c’est marqué où sur les aliments qu’on achète au IGA qu’ils contiennent du glyphosate?
Le lobby Monsanto est aussi puissant comme celui du Nucleaire et Santé Canada je leur fais aucune confiance. Je suis allergique au Chloride de Calcium et Potaasium Sorbate. En Janvier 2015 je fallais mourir avec un empoissonnement de Calcium Chloride j’averti Sante Canada. J’avais mangé des Champignons tranchés de la firme Higlander en Ontario. Alors je me suis adressé à Highlander eux m’ont dit par écrit que leurs champignons sont lavés 3 fois avec du Chloride de Calcium et cela ne parait pas sur l’enveloppe. Santé Canada selon moi est just un bras du Lobby Chimique j’étais moi même lobbyist pour le secteur Telecom alors je sais comment cela marche à Ottawa, Québec, Washington. Le plus qu’on fait du lobby le plus qu’on recoit des gouvernement. La France est contre le glyphosate pour des bonnes raisons une chercheuse dit qu’en 2025 —- 50 % des enfants vont être Autistes grace à Monsanto.
Non mais qu’elle gestion de site de merde . Ça fait trop fois que je remplis les exigences pour prouver que je ne suis pas un robot et ça ne fonctionne pas , mon commentaire ne s’affiche toujours pas et en plus il disparait !
Je ne crois pas que vous allez augmenter vos abonnements avec une aussi minable gestion de votre section commentaire .
Nous sommes dirigé par un médecin, donc ne soyons pas surpris qu’il préfère nous empoisonné…cela justifiera une fois de plus des augmentations substantielles pour ses compères plus occupés!!!