Les érables commencent à peine à couler que votre nez fait de même. Et ça peut durer des mois… Que ce soit en raison du pollen des arbres au printemps, celui des graminées à l’été ou de l’herbe à poux à l’automne, les allergies saisonnières frappent chaque année une personne sur cinq au Québec, estime le ministère de la Santé et des Services sociaux.
Mais qu’est-ce qu’une allergie aux pollens ? Aussi connue sous les noms de rhume des foins ou de rhinite saisonnière, il s’agit d’une réaction aux pollens libérés par divers végétaux. Bien que le pollen ne soit pas dangereux pour la santé, votre corps peut le percevoir autrement. Par conséquent, votre système immunitaire déclenchera une série de réactions lorsqu’il y sera exposé. En bref, ce processus libérera de l’histamine qui, une fois fixée sur les récepteurs de certaines cellules de votre organisme, provoquera vos symptômes d’allergie. Heureusement, il est possible de les soulager par la prise d’antihistaminiques.
Comment fonctionnent les antihistaminiques ?
Les antihistaminiques empêchent l’histamine produite par notre corps de se fixer aux récepteurs des cellules. Ils bloquent ou réduisent ainsi les symptômes tels que les démangeaisons ou l’écoulement nasal, résume le Dr Rémi Gagnon, président de l’Association des allergologues et immunologues du Québec et allergologue au CHUL–CHU de Québec.
Quels en sont les différents types et comment agissent-ils ?
Les différents types d’antihistaminiques ont le même mécanisme d’action, c’est-à-dire bloquer l’histamine pour soulager les symptômes d’allergie, explique Yann Gosselin-Gaudreault, pharmacien propriétaire. On retrouve deux grands types d’antihistaminiques : ceux de première génération et les plus récents, de deuxième génération.
La diphénhydramine, bien connue sous son nom commercial Benadryl, fait partie de la première génération. Les antihistaminiques de cette génération sont caractérisés par leur action de courte durée (de 4 à 6 heures) et par leurs effets indésirables importants, notamment la somnolence, qui peut entraîner des blessures ou de mauvaises performances scolaires, rapporte le Journal de l’Association médicale canadienne.
Ils ont aussi des effets secondaires nommés « effets anticholinergiques », qui comprennent la sécheresse buccale, la constipation, de la difficulté à uriner, de la confusion, une vision trouble et une sensation de vertige. Les personnes plus âgées y sont plus sensibles, ajoute le pharmacien. En cas de surdosage, les effets peuvent être sérieux et même potentiellement mortels.
Des revues systématiques portant sur des essais cliniques randomisés contrôlés ont prouvé que les antihistaminiques plus récents, comme la desloratadine (Aerius) ou la loratadine (Claritin), sont plus sécuritaires, font effet plus rapidement et durent plus longtemps (de 12 à 24 heures). Il existe peu de différences parmi les antihistaminiques de deuxième génération, mais certains auraient un effet plus léger sur la congestion nasale, comme la cétirizine (Reactine) et la desloratadine (Aerius), ou seraient plus indiqués pour les femmes enceintes, tels que la cétirizine (Reactine) ou la loratadine (Claritin). L’Association pulmonaire du Québec recommande la prise de ces antihistaminiques récents pour atténuer les symptômes liés aux allergies saisonnières.
Pourquoi ne réagit-on pas tous de la même manière aux antihistaminiques ?
Une des premières raisons est que « des gens sont plus ou moins sensibles à certains médicaments », explique le pharmacien. Aucun des antihistaminiques de deuxième génération en vente libre actuellement n’a montré un effet supérieur à celui d’un autre, affirme-t-il. Si on en trouve un qui fonctionne bien, ça ne sert à rien de changer. « L’effet arrive en 30 minutes, mais l’effet maximal se produit après quelques jours » d’utilisation, souligne le pharmacien.
On ne réagit pas tous de la même manière aux allergènes, note aussi l’allergologue Rémi Gagnon. Certaines personnes ont tout simplement des allergies plus fortes que d’autres, ce qui peut expliquer que les antihistaminiques leur semblent moins efficaces.
Pourquoi l’efficacité de ces médicaments peut-elle diminuer au fil du temps ?
Cela peut être en raison d’une plus grande exposition aux allergènes, répond Yann Gosselin-Gaudreault. « Une semaine d’été où il fait chaud et venteux, si on va dehors et qu’on fait sécher le linge sur la corde, tout est bourré d’allergènes », illustre-t-il. Bien que le médicament bloque les symptômes provoqués par l’histamine, le corps continue de la produire. Et si l’exposition à l’allergène est augmentée, la production d’histamine le sera aussi.
Ce n’est donc pas que l’antihistaminique n’est plus efficace, dit le Dr Gagnon. C’est qu’on doit revoir sa gestion des symptômes.
Que faire lorsque cela se produit ?
En tout premier lieu, le Dr Gagnon recommande fortement d’avoir une bonne hygiène nasale : « Il faut voir notre nez comme un filtre à air, qui sert à filtrer, réchauffer et humidifier l’air. En période d’allergie, il y a de l’inflammation, de la congestion et plus d’écoulement. ll faut alors le traiter, mais aussi le nettoyer. » D’abord, différentes solutions salines vendues en pharmacie (telles qu’hydraSense ou Sinus Rinse) vont permettre d’éliminer les allergènes logés dans le nez, comme les pollens, explique l’allergologue.
Puis, on va traiter l’inflammation avec un corticostéroïde intranasal en pulvérisateur, en vente libre, comme Nasonex, Omnaris ou Avamys. « Et on ajoute les antihistaminiques si ce n’est pas assez », recommande le Dr Gagnon. Autrement dit, on devrait toujours commencer par nettoyer le nez et utiliser un corticostéroïde en pulvérisateur avant même de se tourner vers les antihistaminiques.
Vous avez les yeux rouges qui démangent ? Des gouttes pour les yeux peuvent réduire l’irritation. Il est aussi suggéré d’éviter le port de lentilles de contact pendant cette période, selon le Manuel Merck.
Vous avez tout essayé sans succès ? Une discussion avec votre médecin s’impose pour évaluer la possibilité de consulter un allergologue et d’entamer un processus de désensibilisation.
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Personnellement, j’ai fait de désensibilisation pendant 5 ans (incluant 2 chocs anaphylactiques dus aux vaccins) et ça n’a éliminé qu’un seul symptôme, soit le picotement et larmoiement des yeux. Nous réagissons tous différemment et il faut parfois juste apprendre à vivre avec les symptômes.
Pourquoi vous ne parlez jamais d’acupuncture qui pourtant donne souvent de très bons résultats sans effet secondaire. En plus les patients retrouvent de l’énergie! De plus en plus de personnes cherchent des solutions naturelles il est grand temps de les informer sur tout ce qui existe et qui peut les soulager. Merci.
Petite précision, aucun des vaporisateurs de corticostéroïdes mentionnés dans l’article n’est en vente libre, seul Flonase l’est, derrière le comptoir des ordonnances. Vous pourrez vous le faire prescrire si approprié, après consultation avec un pharmacien 😉.