Prévenir et traiter le cancer de la peau

Le carcinome basocellulaire est le plus courant, mais on doit aussi se méfier du carcinome épidermoïde et du mélanome. Le Dr Alain Vadeboncœur explique ce qu’il faut surveiller.

Photo : Daphné Caron pour L’actualité

L’auteur est urgentologue, ex-chef du Département de médecine d’urgence de l’Institut de cardiologie de Montréal. Professeur titulaire à l’Université de Montréal, il enseigne, participe à des recherches en médecine d’urgence et intervient fréquemment sur les enjeux de santé.

La sympathique cheffe d’antenne Sophie Thibault souffre malheureusement d’un cancer de la peau, comme elle nous l’a annoncé récemment. Après avoir reçu divers traitements, sa tumeur a nécessité une intervention chirurgicale, qui semble s’être bien déroulée.

Il s’agit d’un carcinome basocellulaire. Ce type de cancer se développe dans les cellules qui produisent de la kératine, une protéine qui rend la peau plus résistante. Le plus souvent, la lésion se forme sur les parties du corps exposées au soleil, telles que le visage, le cou ou les bras.

C’est le cancer cutané le plus courant : il affecte, selon les données américaines, près d’une personne sur cinq au cours de sa vie. Il est rarement mortel, et certaines formes infiltrent parfois les tissus environnants, surtout lorsque le traitement est retardé.

Des signes à déceler

L’apparence est variée, puisqu’il existe 26 types de ce cancer. Elle inclut des plaies qui ne guérissent pas, des bosses, des nodules perlés ou des zones de couleurs inhabituelles, surtout rouges ou brunâtres.

Les taches forment parfois des croûtes ou des lésions qui démangent ou qui saignent. Le site suivant donne une bonne idée de l’apparence de ce cancer. Je vous invite à aller voir ces images.

Si vous remarquez quelque chose d’inhabituel sur votre peau, il est recommandé de consulter votre médecin, qui vous enverra au besoin en dermatologie, pour un examen plus approfondi.

Pour confirmer le diagnostic, le dermatologue effectuera (si indiqué) une biopsie, petite intervention locale qui consiste à prélever un échantillon de tissu de la lésion pour l’analyser en laboratoire. 

Une propagation lente

Le carcinome basocellulaire se développe lentement. En général, la dissémination s’effectue en surface, localement, et parfois de la zone touchée vers les tissus environnants.

Dans les cas plus avancés, le cancer s’infiltre en profondeur et affecte ainsi les nerfs, les os et les muscles, causant alors de sérieux dommages.

Parfois, une propagation à distance par les voies lymphatiques (les canaux qui transportent la lymphe) ou le sang survient, et donne des métastases, ces tumeurs à distance, mais cela reste rare pour ce type de cancer, soit moins de 1 % des cas.

Des causes connues

Le carcinome basocellulaire se développe à tout âge, mais il culmine chez les personnes de plus de 50 ans. Le principal facteur de risque est l’exposition prolongée aux rayons UV du soleil, en particulier si la peau n’est pas suffisamment protégée.

C’est que les rayonnements UV endommagent l’ADN des cellules de la peau, ce qui cause parfois des mutations, et la formation conséquente d’un cancer. Parce que les cellules cancéreuses mutent génétiquement, ce qui leur confère la propriété si indésirable d’envahir sans relâche autour et de se propager à distance.

D’autres facteurs de risque jouent également un rôle, comme l’âge, le tabagisme, les antécédents familiaux de cancer de la peau et certaines maladies. Les personnes ayant une peau pâle, des cheveux blonds ou roux et des yeux clairs restent plus susceptibles de développer ce type de cancer.

Traiter tôt

Si le diagnostic de carcinome basocellulaire est corroboré, le dermatologue conseillera un traitement approprié. Il existe plusieurs options, le choix dépendant de la localisation, du type, de la taille et de la profondeur de la tumeur.

On applique habituellement une combinaison de traitements qui inclut les interventions chirurgicales, la cryothérapie, la radiothérapie, les crèmes médicamenteuses de chimiothérapie et certains médicaments systémiques.

Le pronostic découle de nombreux facteurs, mais comme le cancer est souvent détecté tôt et soigné rapidement, les chances de guérison sont généralement très élevées.

Deux autres types de cancer

Outre le carcinome basocellulaire, on retrouve aussi dans la famille des cancers de la peau le carcinome épidermoïde et le mélanome. Bien qu’ils proviennent tous des cellules de la peau, ils présentent des différences dans leur apparence, leur propagation et leur traitement.

Le carcinome épidermoïde se développe aussi dans les zones exposées au soleil. Il apparaît souvent sous la forme d’une tache rouge ou brunâtre avec une surface écailleuse ou croûteuse.

Peu susceptible de se répandre à d’autres parties du corps, il prolifère surtout localement et cause des dommages aux tissus environnants.

Le mélanome, quant à lui, demeure moins fréquent, bien qu’il touche environ 1 personne sur 50 au cours de sa vie, mais il est toutefois plus agressif. Il se développe à partir de n’importe quelle cellule pigmentaire de la peau, d’où sa coloration particulière, habituellement foncée, parfois même noire.

Apparaissant sous la forme d’une petite tache ou une bosse foncée avec des bords irréguliers, le mélanome peut se propager, parfois rapidement, à d’autres parties du corps, notamment les ganglions lymphatiques et les organes internes, formant ainsi des métastases.

Cette vidéo illustre comment progressent trois types de cancer, dont le carcinome basocellulaire (à gauche), sur plusieurs années. (Source : le Dr Christopher Chang, de Fauquier ENT Consultants)

Prévenir les cancers de la peau

La prévention permet de réduire le risque de développer un cancer de la peau. Sans compter la préservation de la santé générale de la peau.

Les mesures les plus efficaces incluent la diminution de l’exposition aux rayons UV, principale cause de ce type de cancer. Éviter le soleil direct, surtout pendant les heures les plus chaudes de la journée (10 h à 16 h), est donc un bon point de départ.

On doit aussi porter des vêtements de protection, tels que des chapeaux à large bord, des chemises à manches longues et des pantalons longs.

L’application d’un écran solaire à spectre étendu avec un FPS d’au moins 30, à répéter toutes les deux heures, plus souvent en cas de transpiration ou de baignade, représente une autre habitude pertinente.

Éviter les cabines de bronzage, cette invention parfaitement nuisible qui émet des rayons UV nocifs, est également une excellente chose.

Mieux vaut prévenir

Le carcinome basocellulaire constitue une menace fréquente, mais ses conséquences les plus sérieuses restent le plus souvent évitables grâce à une protection solaire adéquate et à une surveillance régulière de votre peau.

Si vous remarquez quelque chose d’inhabituel sur votre peau, n’hésitez pas à consulter votre médecin ou un dermatologue.

En attendant, on souhaite surtout une bonne convalescence à Sophie Thibault, nos pensées l’accompagnent. Au plaisir de la revoir sur les ondes après cette épreuve.

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J’ai moi-même subi cette forme de cancer dernièrement dans sa forme la moins sévère toutefois de kératose actinique. Ce sont tous les dommages causés par les coups de soleil subis aussi loin qu’il y a 50 ou ou 60 ans qui ressortent lorsqu’on avance en âge. A cette époque, on utilisait malheureusement aucun écran solaire lorsque l’on s’exposait directement au soleil.
C’est maintenant guéri grâce à un traitement avec une crème médicamenteuse de chimiothérapie. Le traitement est un peu ardu, il dure environ un mois mais ça en vaut la peine. Les rougeurs, zones brunes et surfaces desséchées disparaissent et la peau rajeunit.
Il ne faut pas hésiter à consulter un dermatologue si on constate des lésions anormales et surtout, il faut utiliser de l’écran solaire avant de s’exposer au soleil.

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…si jamais quelqu’un sait comment faire pour rencontrer un dermatologue svp appelez CLIC santé pour les informer car ils m’ont informé de ne pas attendre après eux car ils n’avaient aucune possibilité donc débrouilliez vous pour trouver quelqu’un au privé!
…article intéressant qui ne fait que accroître l’anxiété en regard de la réalité québécoise !
F Mayer

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Il faut en effet aller au privé, sinon c’est le parcours du combattant pour trouver un dermatologue dans le système public. Ça vaut la peine de dépenser quelques centaines de dollars pour être traité rapidement et efficacement dans une clinique privée. Je ne veux pas faire de publicité mais il y a plusieurs cliniques où on peut avoir les services d’un dermatologue sans attendre indûment.