Avec la rentrée scolaire et le retour du temps frais, les contacts à l’intérieur vont se multiplier dans les semaines à venir et les risques de contracter un virus respiratoire vont augmenter. Le ministre québécois de la Santé, Christian Dubé, a déjà annoncé qu’il y aurait une campagne de vaccination contre la COVID à l’automne, dont les modalités seront rendues publiques dans les prochains jours.
Où en est-on avec la COVID-19 ?
Comme on pouvait s’y attendre, le virus de la COVID n’a pas disparu. Pour l’instant, rien n’indique qu’il soit devenu plus dangereux ou transmissible que les versions qui circulaient l’hiver dernier. Il existe maintenant sous la forme de dizaines de sous-lignées descendantes du variant Omicron, issues pour la plupart des lignées XBB. En mai, l’Organisation mondiale de la santé a recommandé que des vaccins ciblant une sous-lignée de XBB soient proposés pour cet automne, en remplacement des vaccins bivalents offerts l’hiver dernier, qui ont perdu un peu de leur efficacité face à ces nouvelles formes du virus. Pfizer et Moderna ont donc adapté leur recette et déposé des demandes d’approbation pour un vaccin ciblant XBB.1.5, puisque celui-ci était alors la sous-lignée qui circulait le plus. Si tout se passe comme prévu, cette nouvelle formule devrait être approuvée dans le courant du mois de septembre au Canada.
Faut-il un nouveau rappel de vaccin ?
Le Comité sur l’immunisation du Québec (CIQ) recommande une nouvelle dose de rappel avec ce vaccin ciblant XBB.1.5 pour les plus de 60 ans, les personnes immunodéprimées, en dialyse ou qui ont une maladie chronique, les femmes enceintes, les travailleurs de la santé, les résidants des RPA et des CHSLD et, selon les décisions des communautés locales, les adultes vivant en région éloignée, comme au Nunavik. Parmi toutes ces personnes à risque, celles qui n’ont jamais eu la COVID ont encore plus à gagner à recevoir ce rappel.
Le CIQ emboîte ainsi le pas au Comité consultatif national de l’immunisation, qui conseille Santé Canada et les provinces, et qui a recommandé la même chose en juillet.
Comme pour les précédentes campagnes de vaccination contre la COVID, le vaccin n’est déconseillé à personne, à condition que plus de six mois se soient écoulés depuis la dernière dose ou la dernière infection. Il n’y a aucun risque particulier à recevoir une dose de rappel de plus. Même si vous ne faites pas partie des groupes visés, si vous vous sentez rassuré par une dose de plus, prenez-la. Elle reste gratuite pour tous.
« On sait qu’avoir les deux premières doses de vaccin diminue environ de moitié le risque de COVID longue, mais on n’a pas encore de données sur l’effet des doses de rappel sur ce risque », explique le Dr Nicholas Brousseau, membre du Comité sur l’immunisation du Québec.
Un bilan publié le 14 août par les chercheurs du Groupe de travail sur l’immunité face à la COVID-19 montre que fin avril, près de 80 % des Canadiens avaient déjà eu au moins une fois la COVID-19. Compte tenu des taux de vaccination, les chercheurs pensent que la majorité de la population jouit désormais d’une immunité hybride face au virus. Celle-ci risque toutefois de décroître avec le temps si elle n’est pas réactivée par une nouvelle dose de vaccin ou une nouvelle infection. Cependant, les risques de complications ont beaucoup diminué, car l’immunité ne disparaît pas complètement.
Attendre ou pas avant de se faire vacciner ?
Certains indices laissent croire que le nombre de cas de COVID a peut-être déjà recommencé à augmenter après l’accalmie du début de l’été. Malgré cela, les personnes à risque qui ont reçu leur dernière dose il y a plus de six mois devraient attendre le nouveau vaccin (qui sera offert dans le courant de septembre, rappelons-le) avant de relever leur manche, selon le Dr Brousseau. D’abord, la nouvelle formule a de bonnes chances d’être plus efficace, parce que mieux adaptée aux souches actuelles et probablement à celles à venir. Ensuite, mieux vaut être bien protégé vers la fin de l’automne et durant l’hiver (notamment à l’approche des Fêtes), quand la circulation des virus respiratoires, dont celui de la COVID, risque d’être à son maximum. En se faisant vacciner en octobre, par exemple, on s’assure que la dose de rappel sera à sa pleine efficacité 10 jours plus tard et pour au moins cinq mois. « À cause du délai à respecter entre deux doses, une personne qui se ferait vacciner maintenant ne pourrait pas recevoir le nouveau vaccin à l’automne », prévient le spécialiste.
Devrait-on se faire vacciner contre la grippe ?
Après avoir été chamboulé par la pandémie de COVID-19, le cycle annuel de la grippe semble avoir retrouvé son rythme habituel l’an dernier, avec une hausse des infections qui débute en novembre et atteint son maximum autour des Fêtes. « Dans l’hémisphère Sud, la saison de la grippe qui vient de se terminer a aussi été dans la moyenne prépandémique cette année », note Nicholas Brousseau.
Le ministre Christian Dubé a déjà annoncé que le vaccin serait gratuit pour tout le monde cet automne. Il reste cependant surtout conseillé aux personnes qui présentent un risque élevé de complications (ce qui inclut les gens de 75 ans et plus, les femmes enceintes au deuxième ou troisième trimestre de grossesse et les personnes de plus de six mois atteintes de certaines maladies chroniques comme l’asthme sévère), aux proches de ces personnes et aux travailleurs de la santé. « On n’a pas encore de données sur l’efficacité du vaccin de cette année dans l’hémisphère Sud », ajoute le Dr Brousseau, qui estime que, bon an mal an, celle-ci tourne autour de 50 % en moyenne. Si les gens âgés sont nombreux à relever leur manche, les plus jeunes qui font partie des personnes à risque boudent encore trop souvent ce vaccin qu’ils jugent trop peu efficace, selon le spécialiste.
Seule nouveauté cette année : le CIQ a récemment recommandé qu’un nouveau vaccin plus fortement dosé soit offert aux gens de 75 ans et plus atteints de maladies chroniques, car il augmente l’efficacité d’environ 25 % par rapport à la dose standard dans cette population.
Les vaccins contre la COVID-19 et contre la grippe peuvent être pris la même journée, sans risque accru d’effets secondaires.
Peut-on être vacciné contre le virus respiratoire syncytial (VRS) ?
Après des décennies de recherche, un premier vaccin a finalement été mis au point contre le VRS, qui cause des pneumonies et des bronchiolites. L’Arexvy, de l’entreprise GSK, n’est pour l’instant destiné qu’aux personnes de 60 ans et plus, chez qui, selon les essais cliniques, il diminue les risques de maladies dues au VRS de plus de 80 %. Ce vaccin, approuvé en août au Canada, ne présente pas de risque particulier. Mais le petit nombre de doses dont on dispose actuellement au pays et des incertitudes sur la durée de la protection qu’il confère ont poussé le Comité sur l’immunisation du Québec à continuer de l’évaluer avant de l’offrir gratuitement à certains groupes.
L’an dernier, le VRS avait fait un retour en force, provoquant beaucoup d’infections chez les enfants. Rien n’indique que ce sera le cas cette année, mais les parents posséderont un atout. Santé Canada a approuvé en avril un nouveau médicament préventif destiné aux bébés qui présentent un risque élevé d’infections graves par le VRS, parce qu’ils sont nés prématurément, souffrent de certaines maladies ou vivent loin de services d’urgence. Le nirsévimab (de marque Beyfortus) n’est pas un vaccin qui entraîne le système immunitaire à reconnaître le virus, mais un anticorps monoclonal qui le combat advenant une infection. L’Institut national d’excellence en santé et en services sociaux (INESSS) se prononcera en septembre sur la pertinence de l’offrir gratuitement à certains groupes de la population.
Ce serait une bonne nouvelle, car il pourrait remplacer le palivizumab, un médicament du même type, mais qui est loin d’être idéal, selon une évaluation publiée l’an dernier : son efficacité semble très variable, il doit être donné une fois par mois pendant la saison du VRS et coûte très cher à l’État, qui rembourse les doses administrées aux enfants admissibles.
Et sinon, quoi d’autre ?
Depuis peu, les Québécois de 80 ans et plus et les adultes immunodéprimés ont — enfin ! — accès gratuitement au vaccin contre le zona, le Shingrix, qui est efficace à 90 %. Cette maladie causée par une réactivation du virus de la varicelle touche une personne sur trois au cours de sa vie et peut provoquer de fortes douleurs pendant des mois, voire des années. La réactivation du virus de la varicelle se produit souvent lorsque le système immunitaire est aux prises avec une autre infection. Se faire vacciner avant la saison des virus est donc une bonne idée.
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Merci pour Infolettre .
Le vaccin Shingrix est-il efficace à vie ou s’il faut le renouveler aux 5-10 ans?
Merci!
Excellent article informatif. Il fait le point sur la vaccination en fournissant de l’information claire et précise. Bonne synthèse.
Bravo!