Reconnaître le stress et l’anxiété pour mieux les combattre

Plus de 15 mois de crise ont laissé des traces, non seulement dans l’économie et le tissu social, mais aussi en chacun de nous. La lassitude vous a gagné ? Vous n’êtes pas seul.

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La pandémie ne fut pas qu’un casse-tête de santé publique et un défi pour la science. Son caractère imprévisible et sa durée indéterminée ont représenté une grande source de stress pour les uns et une cause de profonde anxiété pour les autres. Peu à peu, la vie reprend son cours, grâce à l’efficacité des mesures sanitaires et surtout à la vaccination. Or, nombreux sont ceux et celles qui ont besoin d’aide pour bien comprendre le mal qui les afflige et la solution appropriée. Le psychologue Marc-André Bernard différencie les concepts de stress et d’anxiété, et explique ce qu’il faut faire pour en atténuer les effets.

Comment distinguez-vous le stress de l’anxiété ?

Le stress est une réponse physiologique du corps à un état de perturbation, un danger réel ou perçu. Nous devenons stressés lorsqu’une nouveauté se produit dans notre environnement et provoque un sentiment de perte de contrôle ou une peur pour notre personne. Cela dit, le stress peut être très bénéfique : il nous force à être attentifs, nous aide à fonctionner, à rassembler toute notre concentration. Mais à une trop grande intensité, il affaiblit nos facultés.

L’anxiété est une émotion tout aussi normale, que tout le monde vit, devant un danger futur, appréhendé. L’imagination s’emballe, les inquiétudes s’accumulent, et la personne se met à vivre une situation menaçante dans sa tête… mais pas dans la réalité.

Qu’il s’agisse du stress ou de l’anxiété, dans les deux cas, ça peut devenir très insidieux. Un horaire de travail de plus en plus chargé peut installer tranquillement un sentiment de perte de contrôle, et faire que la personne est plus stressée sans nécessairement voir le danger. Quant à l’anxiété, elle provoque différents troubles : certains vont faire des crises de panique, ou des attaques, sans raison apparente. Une anxiété mal gérée peut être très dommageable.

La pandémie fut donc encore plus douloureuse pour tous ces gens qui souffraient déjà de stress et d’anxiété ?

En effet ! Et c’était d’autant plus éprouvant que les mesures de confinement isolaient davantage les personnes seules, limitant le réseau social alors qu’il s’agit d’un ingrédient essentiel pour contrer les effets négatifs. On ne dira jamais à quel point les relations interpersonnelles sont importantes pour apprendre à gérer les situations de stress et d’anxiété.

Au fond, personne ne sort indemne de cet épisode sans précédent ?

Cela nous a tous isolés, avec nos fragilités et nos vulnérabilités. Et s’il est vrai que la crise a fait ressortir ce que nous sommes, dans ce que nous avons de bon et de moins bon, toute structure a un point de rupture. Imaginez une table couverte de livres : même si elle est solide, un livre de trop et elle peut céder sous le poids. Nous avons été sollicités comme jamais auparavant : certaines choses fonctionnaient dans un contexte routinier, mais beaucoup moins quand la pression a augmenté.   

Certains expliquent la montée du stress et des troubles anxieux par le fait que notre cerveau est plus mobilisé que nos bras. Bref, nous « travaillons de la tête », et ce ne serait pas à notre avantage.

Travailler uniquement de la tête, ça favorise l’anxiété. En imaginant une idée, un scénario, on lui donne alors plus de place dans notre esprit. C’est pourquoi il est essentiel d’avoir une bonne hygiène de vie et de faire de l’exercice physique. Tout cela a été réduit pendant la pandémie parce que nous nous sommes retrouvés enfermés, isolés.

Un autre entraînement à reprendre, c’est celui vers la vie sociale. Pour toutes sortes de raisons (peur de la maladie, timidité, complexes, etc.), ce retour à une certaine normalité est perçu avec crainte.

Nous avons tous perdu l’habitude de certaines choses, et au moment de les retrouver, nous ressentons de l’inconfort. Mais éviter ce que l’on redoute n’est pas toujours une bonne solution. Il faut comprendre que le corps écoute le scénario que l’on fabrique. Si on se répète que c’est stressant ou intimidant d’aller à un party, le corps va adhérer à cette réalité. En se forçant à y aller, on pourrait constater que c’est moins épouvantable que notre scénario, et l’inconfort serait moins grand la prochaine fois. Dans certains cas, il pourrait même disparaître.