Vous terminez une étude clinique qui portait sur un nouveau protocole de traitement du TAG. Qu’avez-vous testé ?
Mon équipe a élaboré, il y a plusieurs années, un traitement comportant différentes interventions psychologiques. En examinant nos données, on s’est rendu compte qu’il y avait une intervention qui semblait plus importante : le traitement de l’intolérance à l’incertitude. On a donc décidé de concevoir un protocole qui ciblerait uniquement cette composante.
Comment avez-vous fait ?
Une personne qui a une phobie des chiens va devoir s’y exposer si elle veut diminuer sa peur. C’est pareil pour l’incertitude. On a travaillé à exposer graduellement la personne anxieuse à cet état. Concrètement, ça pourrait vouloir dire de demander à une personne excessivement inquiète pour sa santé et qui a remarqué une tache sur sa peau d’attendre deux jours avant d’appeler son médecin plutôt que de l’appeler immédiatement.
Le nouveau traitement est-il aussi efficace que l’ancien ?
On est en train d’analyser nos données. De façon générale, les résultats ressemblent beaucoup à ceux qu’on avait obtenus avec le traitement à plusieurs composantes, sauf qu’au lieu de nécessiter de 12 à 16 rencontres, il en faut de 8 à 12. On croit donc qu’il pourrait être offert à plus de personnes.
Peut-on s’attendre à ce que ce traitement soit bientôt prescrit à grande échelle ?
Difficile à dire. On espère publier nos résultats l’année prochaine. On pense quand même que l’étude sera bien reçue, entre autres parce que la théorie sur laquelle le traitement repose est reconnue depuis une soixantaine d’années. (C.C.)
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Thérapie par la nature

Des hôpitaux norvégiens se sont récemment dotés d’installations étonnantes dans un contexte médical : des chalets situés en terrain boisé, où les patients peuvent passer quelques heures avec leurs proches ou simplement profiter d’une pause entre deux traitements. Une initiative lancée par une psychologue pour enfants et une fondation, qui a été facilitée par le fait qu’en Norvège, les hôpitaux se trouvent souvent hors des centres urbains. (C.S.-G.)
Cet article a été publié dans le numéro de janvier 2020 de L’actualité.
Pour l’avoir vécu je sais ce que c’est. J’ai déjà formulé cette idée parce c’est ce que je ressentais. Ayant vécu dans l’incertitude dans mon enfance, quand je suis devenue adulte j’ai juré que ça ne m’arriverait plus jamais. Hélas je suis devenue intolérante donc encore plus sensible. J’ai essayé de m’entourer de certitudes mais je n’avais aucun contrôle sur les autres à qui je ne faisais pas confiance. Le cercle vicieux finalement.
J’ai voici une douzaine d’années été diagnostiqué souffrir de troubles anxieux. J’ai suivi une thérapie et très objectivement je déplore que 12 à 16 rencontres soient techniquement complètement insuffisantes. J’ai d’ailleurs demandé et obtenu des prolongations auprès de mon psy.
J’ai été membre quelques temps de l’association Revivre, j’ai rencontré un non négligeable contingent d’anxieuses et d’anxieux. Je me suis documenté sur la question. J’ai assisté à des conférences… je peux me considérer comme « très chanceux » de ne pas être médicamenté.
Je suis de ceux qui attendent volontiers deux jours avant d’aller consulter un médecin, à telle enseigne que je n’en consulte plus du tout, car j’ai pris conscience qu’il y a une pléthore de gens qui souffrent beaucoup plus que moi et ne s’en rendent pratiquement pas compte.
Il y a un travail important à faire sur soi-même, comprendre que la lutte est constante. En bon instrumentiste, il faut apprendre à faire face à la musique.
Bref, j’en connais un rayon sur cette question. Et… franchement, je me demande comment on peut faire pour traiter en 8 à 12 rencontres une personne qui souffre d’anxiété quand les facteurs anxiogènes sont multiples et difficilement contrôlables.
Plus encore, l’anxiété est souvent une manifestation élémentaire de problématiques plus complexes. Elle peut s’avérer utile dans le processus de survie, pour prévenir des situations plus graves. Il n’est pas certain que tous les professionnels qui œuvrent dans le domaine, qu’ils disposent de tous les outils pour pouvoir assurer un suivi efficace de chaque patient.
Ainsi, nous sommes aux antipodes d’une médecine holistique. D’un processus curatif durable dans le temps. De la transformation de l’anxiété en énergie positive plutôt que destructrice. Il y a un risque d’aggravation des problèmes faute de soins adéquats.
Le « taylorisme thérapeutique » tel que proposé par le professeur Dugas ne me semble honnêtement pas être une sérieuse option. Il faut prendre en considération un ensemble de pistes de solutions ; ne jamais négliger le pouvoir analytique du thérapeute comme celui du patient. C’est par ce genre de transferts de compétences qu’on devient efficient.
La plus belle chose encore serait d’imaginer, de concevoir et de bâtir une société plus humaine qui contribue à faire de l’angoisse une chose du passé. — Appel aux rêveurs !