L’Assemblée parlementaire du Conseil de l’Europe a adopté hier une résolution et des recommandations sur le rôle de l’Organisation mondiale de la santé dans la gestion de la pandémie, suite au rapport accablant déposé par l’eurodéputé britannique Paul Flynn le 4 juin dernier.
Selon l’Assemblée, la gestion de la pandémie par l’Organisation mondiale de la santé (OMS), les institutions sanitaires de l’UE et les gouvernements nationaux a conduit à un gaspillage de fonds publics importants et à des peurs injustifiées relatives aux risques de santé encourus par la population européenne.
Le texte adopté le 24 juin par l’Assemblée fait état de l’évidence écrasante que la gravité de la pandémie a été largement surestimée par l’OMS, ce qui a provoqué une distorsion des priorités en matière de santé publique. L’Assemblée a formulé une série de recommandations urgentes, en faveur d’une plus grande transparence et d’une meilleure gouvernance en matière de santé publique. Elle a préconisé de mettre en place des garanties contre «l’influence d’intérêts particuliers» et d’envisager l’établissement d’un fonds public pour soutenir des études, des essais et des avis d’experts indépendants, qui pourraient être financés par le biais d’une contribution obligatoire de l’industrie pharmaceutique.
Mais le magazine scientifique Nature est a peu près aussi dur avec le Conseil de l’Europe que celui-ci avec l’OMS !
Dans son dernier éditorial, il nous met en garde contre les conclusions a posteriori et les récriminations qui ne sauraient faire office de leçons à tirer de la pandémie.
Nature a fait critiquer le rapport de Paul Flynn par une douzaine de spécialistes de la grippe répartis dans plusieurs pays. Les scientifiques interrogés ont soulevé de nombreuses objections.
Le magazine rapporte notamment l’avis d’un chercheur du European Centre for Disease Prevention and Control, selon lequel « les conclusions du rapport ne collent pas aux faits tels que nous les percevons et tels que la science les explique ».
Selon Nature, il aurait été irresponsable d’exclure les plus grands experts académiques des prises de décisions au sujet de A(H1N1) seulement parce qu’ils collaborent avec l’industrie, ce qui ne signifie pas forcément qu’ils se placent en conflit d’intérêt.
« Les critiques ont aussi tendance à oublier qu’au printemps 2009 l’OMS et les autorités nationales étaient aux prises avec d’importantes incertitudes scientifiques au sujet du virus et de sa propagation, et avec la possibilité que des millions de gens meurent à cause d’une réponse sanitaire inadéquate (une réalité que reconnaît le Conseil de l’Europe). »
Pour Nature, les vraies réponses viendront l’an prochain avec la publication du rapport d’un panel indépendant de 29 membres dirigé par Harvey Fineberg, président du US Institute of Medicine, la branche médicale des National Academies.
Je suis bien d’accord: un examen en profondeur des faits, mené par des experts indépendants, donnera certainement une vision plus juste de ce qui s’est passé que le rapport d’un député en exercice basé sur une série d’entrevues menées a posteriori.
Entre temps, Nature nous invite aussi à surveiller les rapports qui sortiront dans plusieurs pays sur la prise en charge de la pandémie par les autorités nationales.
Dans les pays riches, celles-ci ont joué un rôle au moins sinon plus important que l’OMS dans la gestion de la crise.
Et pour avoir une vison plus complète, on pourrait aussi analyser le rôle de certains médias irresponsables, qui ont tout fait pour faire peur et semer la zizanie…
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« Et pour avoir une vison plus complète, on pourrait aussi analyser le rôle de certains médias irresponsables, qui ont tout fait pour faire peur et semer la zizanie… »
Une personne risque d’être très fâchée contre son médecin si ce dernier lui dit qu’elle est malade.
Par contre si elle paye un charlatan pour lui dire qu’elle n’est pas malade, même si c’est faux, elle sera très heureuse de l’entendre.
Vendre de la peur et la désinformation que les gens veulent entendre c’est PAYANT, très payant.
Bizarre, il y a quelques mois, les gens qui soulevaient des objections sur les campagnes de vaccination massive étaient considérés comme des hérétiques. Maintenant, on condamne ceux qui ont pris trop de précautions.
@ M. Fleurent:
Votre commentaire est tellement représentatif de notre culture de la santé! En fait, on ne s’occupe plus de notre santé; on la remet entre les mains de quelqu’un d’autre! Votre raisonnement est curieux: pourquoi serais-je fâchée que mon médecin m’annonce que je suis malade; ce n’est en rien de sa faute. Si je veux accuser quelqu’un, que j’accuse mon mode de vie, mon alimentation, la pollution dont moi et tout le monde se rend coupable. Pourquoi serais-je fâchée contre le messager? Avons-nous oublié que notre santé, c’est notre responsabilité personnelle aussi et pas seulement celle de nos professionnels? Pourtant, une majorité de gens se sont déresponsabilisé face à la grippe AH1N1: ils ont accepté le vaccin sans y penser et maintenant, ils hurlent contre le surplus de précautions: c’est pitoyable! Est-ce si difficile de s’assumer une fois de temps en temps?