
Enfiler bottes, tuque, mitaines, sac à dos et partir à l’aventure, les jeunes qui fréquentent le Centre de la petite enfance (CPE) populaire Saint-Michel, à Montréal, en prennent doucement l’habitude. Chaque semaine, les trois à cinq ans passent une à deux journées à jouer à l’extérieur ou à explorer les parcs urbains environnants, le Vieux-Montréal et son fleuve, les boisés du mont Royal, le tout en prenant le métro comme des grands.
« Ce n’est pas parce qu’on est en ville, collés sur le boulevard Métropolitain, qu’on doit rester coincés à l’intérieur et se priver des bienfaits de la nature », dit Isabelle Leblanc, adjointe pédagogique au CPE populaire Saint-Michel, à l’installation des Caracoles. Voilà la nouvelle philosophie du personnel de cet établissement, qui, depuis un an, privilégie le plus possible les activités à l’extérieur, en partenariat avec Enfant Nature, qui veut réapprendre aux enfants à jouer dehors comme dans le bon vieux temps.
« On redécouvre que les enfants adorent explorer les parcs et les bois, se rouler par terre, jouer avec des bâtons, grimper sur des troncs d’arbre ou sur des roches, observer des insectes dans leur milieu… C’est naturel pour eux », ajoute Isabelle Leblanc.
Des statistiques alarmantes
Derrière les initiatives quotidiennes de ce CPE se cachent de grands objectifs : faire bouger davantage les petits, les reconnecter avec la nature et les éloigner des multiples écrans qui envahissent leur petite enfance. En effet, les trois quarts des enfants de trois à cinq ans ne respectent pas les directives canadiennes en matière de temps passé devant un écran, révèle le Portrait annuel 2017 de l’Observatoire des tout-petits, un projet mis sur pied en 2016 par la Fondation Lucie et André Chagnon, qui vise à placer le bien-être des tout-petits au cœur des priorités de la société québécoise. Cette sédentarité galopante a pour conséquence que plus du tiers des enfants de trois à cinq ans ne font plus assez d’activité physique et sont à risque d’embonpoint, en surpoids, ou souffrent d’obésité.
« La tendance à la sédentarité qu’on observe depuis longtemps chez les jeunes du primaire, du secondaire, de même que chez les adultes, se voit aussi chez nos tout-petits, qui se divertissent de plus en plus avec une tablette ou le téléphone de leurs parents », explique Fannie Dagenais, directrice de l’Observatoire des tout-petits.
Or, les méfaits de la sédentarité peuvent être dévastateurs pour le développement des jeunes enfants sur le plan moteur, bien sûr, mais aussi cognitif, social et affectif, affirme Marie-Claude Rivard, professeure de sciences de l’activité physique à l’UQTR et spécialisée dans l’étude des bienfaits du jeu extérieur sur le développement des enfants.
Plusieurs études montrent que le jeu extérieur favorise notamment la créativité, la concentration, le sens de l’observation et de la coopération, de même qu’une plus grande empathie envers les autres et les animaux.
Les services de garde au front
De pair avec les parents, plusieurs acteurs de la société peuvent pousser les tout-petits à être plus actifs. Étant donné que de nombreux enfants passent plus de huit heures par jour en service de garde, ces milieux de vie sont des endroits clés pour favoriser l’adoption de saines habitudes. C’est d’ailleurs dans cette optique que le ministère de la Famille a créé, en 2014, le cadre de référence Gazelle et Potiron, qui soutient les intervenants en petite enfance dans la mise en place d’initiatives concrètes.
Mais favoriser le jeu libre et actif à l’extérieur, c’est-à-dire laisser les enfants s’inventer leurs propres jeux dehors avec ce qui leur tombe sous la main, comme des feuilles d’arbre, un morceau de bois ou un ver de terre, demeure un défi majeur pour notre société, qui tend à surprotéger ses tout-petits pour minimiser les risques de blessures, entre autres, poursuit Marie-Claude Rivard. « Il reste beaucoup de sensibilisation à faire, car laisser les enfants jouer plus librement dehors exige de revoir la gestion du risque, tant pour les parents que pour les intervenants en petite enfance. »
C’est en effet un apprentissage pour tout le monde, confirme Isabelle Leblanc. « Par exemple, au début, on ne savait pas si laisser les enfants jouer avec des branches allait provoquer des batailles ou si c’était dangereux de les laisser sauter d’une roche, par exemple. Il a fallu les laisser faire et voir ce qui se passerait. Résultat : il n’y a pas plus d’accidents ou de blessures qu’avant, car les enfants apprennent à prendre des risques à leur mesure. »
Le CPE populaire Saint-Michel a aussi une politique alimentaire stricte qui limite la consommation de produits transformés et favorise la popote à base de produits locaux. Les tout-petits mangent une fois par semaine de la viande bio et des repas végétariens le reste du temps, goûtant donc à de nombreux aliments. Des ateliers de cuisine sont également offerts et un potager artisanal éducatif a été aménagé dans la cour du CPE. « Avant, quand on demandait aux enfants d’où viennent les pommes de terre ou les carottes, ils répondaient : du supermarché ! Maintenant, ils savent qu’elles viennent de la terre », se réjouit Isabelle Leblanc.
Autant de petits pas en avant pour une jeunesse allumée et en santé !
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