
Un simple constat, que le nous majoritaire est au centre, au cœur de la nation, que cet état lui confère droits et devoirs.
Le refus de ce constat mène à l’égalité des langues, donc au trépas de la loi 101, à l’égalité des histoires, donc à la marginalisation du récit québécois s’affirmant malgré les aléas et les conflits, ramené à une histoire parmi d’autres de tous les immigrants venus s’installer sur notre quadrant d’Amérique. Le refus de ce constat mènerait soit à enlever la croix sur le Mont-Royal, soit à y ajouter une étoile de David et un croissant illuminés, en faisant une rotation annuelle pour qu’aucun d’entre eux ne détienne en permanence la place centrale, et en dégageant de l’espace pour les futures demandes. Les amis de la montagne ne seront pas contents.
À grands traits: le Québec existe parce que sa majorité a vécu une histoire singulière, qu’elle parle le français et qu’elle est porteuse d’une tradition religieuse. Évacuer ou dévaluer cette réalité, c’est perdre l’estime de soi et, à terme, détester l’autre. La majorité franco-québécoise doit donc réaffirmer ses repères et en établir la prédominance sur ces trois plans : l’histoire, la langue et la religion.
L’histoire. Les fortes ventes de fictions historiques, le succès des grands spectacles historiques ou de chansons sur les aïeux démontrent l’appétit renouvelé du Québec pour ses racines. Il faut célébrer et faire partager cette histoire. Celle de nos contacts avec les premiers habitants. Celle de notre passé parfois trouble avec l’esclavage, l’antisémitisme et le duplessisme. Celle de la transformation de nos rapports notre minorité anglophone – hier conquérante, aujourd’hui coexistante – et de notre voisinage avec les communautés culturelles. Mais notre histoire à nous, au centre. L’histoire de ce qui nous fait uniques et non, comme le propose l’inacceptable réforme en cours, l’histoire de ce qui ne nous différencie de personne d’autre. On nous fabrique une histoire vide d’identité, pour un peuple qui doit au contraire la célébrer et construire sur elle.
La langue. On a fait de grands progrès depuis les années 1960. Mais on sent depuis 10 ans une série de petits reculs: dans la langue de travail, dans la proportion d’élèves inscrits au primaire en français, dans le choix de la langue au cégep, dans l’affichage. Si on veut des accommodements fructueux, la garantie de pouvoir parler une langue commune est une condition essentielle. Et sait-on que, 30 ans après la loi 101, lorsque les allophones abandonnent leur langue d’origine, ils choisissent toujours majoritairement l’anglais (à 54%) ? Ailleurs, on répond avec détermination à de moindres inquiétudes. Au Royaume-Uni, un des derniers gestes de Tony Blair fut de réclamer que désormais 100% des nouveaux immigrants connaissent l’anglais au point d’entrée. La France réclame maintenant que 100% de ses futurs immigrants sachent le français avant de franchir sa frontière, y compris pour les réunifications familiales. Les élus américains proposent de réclamer des futurs immigrants mexicains la connaissance de l’histoire des États-Unis et de sa langue avant de faire le voyage. Tous veulent empêcher la formation sur leur territoire de groupes trop refermés sur eux-mêmes. Alors, pourquoi le ministère de l’Immigration et des Communautés culturelles du Québec se contente-t-il du fait qu’une proportion de 57% des nouveaux arrivants connaissent le français?
La religion. C’est le cœur de l’affaire au Québec, comme sur la planète, en 2007. Après avoir vécu une surdose de catholicisme jusqu’en 1960, les Québécois avaient traversé une période de rejet, puis vivaient la laïcisation des institutions, tout en prodiguant, pour la plupart, un attachement plus cordial que spirituel envers les églises, curés et évêques, donc envers toute cette partie d’histoire et d’identité. Relation tourmentée, maintenant apaisée. La grande majorité des Québécois (88%) se déclarent chrétiens, croyants plus ou moins pratiquants, vivant une religion soft: baptêmes, mariages, enterrements, Noël et inscription des bambins à la pastorale de l’école. Nous n’entretenons que de lointains rapports avec Benoît XVI. Mais la croix sur le mont Royal, dans les villages et à l’Assemblée nationale sont des marques à la fois de notre passé et du fil qui nous y lie. On le tend à sa guise. On peut le lâcher, mais pas le couper.

COMPLÉMENT :
Kirpan, Niquab, Érouv
par Jean-François Lisée
Équipés de la nouvelle constitution que je propose, nos juges et nos administrateurs publics pourront voir venir de façon plus cohérente – et convergente avec les vœux de la majorité des Québécois – les demandes d’accommodements qui deviendront d’autant plus raisonnables que les demandeurs seront avertis du cadre qui leur est désormais bien légitimement indiqué.
Qu’auraient fait nos juges avec le Kirpan ? Je n’en suis pas certain. Mais la tentation de laisser passer ce jeune Sikh pour la seule raison de l’intégrer ne jouerait plus. Il n’aurait d’autre endroit où aller qu’à l’école laïque. Peut-être pourrait-il porter son Kirpan pendant son heure d’enseignement religieux ? Aller, va. Le voile ? Franchement je m’y suis habitué et ce qu’on met sur sa tête ne devrait pas soulever l’ire nationale. On a plus urgent. Idem pour l’Érouv, ce fil qui crée un périmètre dans un quartier, comme à Outremont, pour permettre aux juifs pratiquants de se déplacer pendant le Sabbat. Il ne dérange personne. Seuls ceux qui voudraient faire tomber la croix sur le Mont-Royal, donc laïciser jusqu’à plus soif, peuvent s’offusquer d’un signe aussi invisible de présence religieuse. Mais comme le gouvernement travailliste britannique et comme le grand Mufti d’Égypte, je pense que la Burka, le Nikab ou toute pratique couvrant le visage ne devrait pas être tolérée dans les tractations avec les institutions publiques (écoles, fonction publique, justice et, bien sûr, bureau de vote) et que la loi devrait permettre aux institutions privées – commerces et autres – d’en refuser le port. « C’est vraiment le simple gros bon sens, disait Tony Blair, que lorsqu’une partie essentielle de son emploi est de communiquer avec les gens, il est important de voir le visage. »

Jacques Cayouette, Bonaventure
Pierre Minville, Oka
“À grands traits: le Québec existe parce que sa majorité a vécu une histoire singulière, qu’elle parle le français et qu’elle est porteuse d’une tradition religieuse. Évacuer ou dévaluer cette réalité, c’est perdre l’estime de soi et, à terme, détester l’autre. La majorité franco-québécoise doit donc réaffirmer ses repères et en établir la prédominance sur ces trois plans : l’histoire, la langue et la religion. »
Eh oui! Tout est, ici, dit!
Le Québec est une terre d’accueil, et de tolérance, les québécois sont des gens accueillants et tolérants, Montréal est une ville multiculturelle où il fait bon vivre même pour ceux qui viennent d’ailleurs et en tant que française « tombée en amour » du Québec il y a deux ans, au point d’y avoir établi mon coin à moi, j’atteste que ce sont ces raisons qui font que tant de jeunes de tous les pays veulent y immigrer, mais de grâce, gardez votre spécificité, acceptez l’autre avec ses différences et « enrichissez-vous de ces différences », certes oui, mais restez vous-mêmes avec ce qui fait votre richesse, votre identité, résultat d’une histoire belle mais souvent douloureuse, conservez votre langue québécoise dont vous pouvez être fiers car elle a su maintenir la truculence qui fait le sel de la langue de Rabelais notre lointain ancêtre, ne gommez pas au prétexte de la rendre plus « pure » plus proche de sa cousine germaine, le français contemporain, les métaphores, les mots désuets, les tournures fleuries, tout ce qu’on aime enfin lorsque l’on vous aime d’un amour sincère… et que ceux qui ont choisi de venir « chez vous » acceptent aussi, sans pour autant renoncer à leurs croyances, les marqueurs de votre appartenance à la chrétienté qui rendent vos fêtes de Noël si « festives » et si magiques.
Merci de rester « vous » et de savoir si bien nous accueillir chez vous!!!
Gisèle Bettan-Marteau, Marseille, France
M. Lisée est contre les subventions des écoles confessionnelles comme il le signalait dans un article récent de L’Actualité :
« dans ma proposition, aucune école confessionnelle ne sera financée par l’État – ni publique, ni privée – ni chrétienne, ni juive, ni musulmane. »
Mais comment justifie-t-il que les parents religieux qui voudront envoyer leurs enfants dans l’école de leur choix devront payer deux fois pour l’enseignement de ceux-ci ? Une éducation religieuse pour de nombreux parents ne se limite pas à un cours hebdomadaire à l’école laïque, M. Lisée. On discriminera donc en défaveur des parents les plus croyants en raison de leurs convictions.
M. Lisée préconise-t-il, au moins, en échange de la fin de cette subvention que le Monopole de l’Éducation du Québec n’impose plus ses programmes – comme le très controversé renouveau pédagogique – à ces écoles qu’on prétend pour l’instant privées et qui ne recevraient plus de subventions ? Serait-il en faveur d’une véritable liberté scolaire une fois que ces écoles ne recevraient plus la part des taxes et impôts payés, notamment, par les parents d’élèves qui la fréquentent ? Serait-il d’accord qu’il faut enfin laisser en paix des gens comme les évangéliques qui négocient depuis près de 15 ans avec le Ministère de l’Éducation pour avoir le droit d’enseigner ce qui l’est ailleurs au Canada ? Préconise-t-il qu’on laisse enfin les mennonites en paix, eux qui ont partout ailleurs au Canada le droit d’avoir leur petite école privée (sans aucune subvention, mais aussi sans l’orwellien « accompagnement » du ministère) ?
Que propose donc M. Lisée en échange de cette double taxation des parents qui désirent envoyer leurs enfants à l’école de leur choix ? Double taxation au seul motif qu’ils sont croyants et veulent une éducation plus complète que le simple cours religieux que M. Lisée espère voir conserver à l’école publique ?
Voir le blogue Pour une école libre au Québec.
François, Legault, Longueuil
Dommage que le texte de M. Lisée n’était pas dans la revue publiée; tous auraient avantage à le lire. M. Lisée soulève un aspect de la question que très peu avant lui n’ont osé soulever, à savoir les trois caractéristiques de notre identité – québécoise pour la majorité et canadienne-française : l’histoire, la langue et la religion. Depuis la révolution tranquille, le côté religieux de notre identité a été rejeté au point de le nier et d’en avoir honte. Ainsi amputés, nous marchons très « boiteusement » depuis. Et on cherche la béquille qui pourrait nous redonner l’équilibre de la marche dans une société en transformation. La langue à elle seule malheureusement, ne saura le faire. Il nous faut plus. Et, à mon avis, cela commence par respecter ce que nous avons été si l’on veut que l’accueil soit sincère.
Félicitations à M. Jean-François Lisée pour son excellent texte.
Rhéal Sabourin, Orléans, Ontario
À Jean-François Lisée
Je viens de lire votre article : Au nom des incommodés. Je viens de vous entendre dans votre échange avec Georges Leroux. Réaction:1.Accord touchant COMPLÉMENT Kirpan, Niquab, Erouv… La règle du gros bon sens ne doit pas être perdue même si la complexité des enjeux demande parfois des approfondissements.
2. Votre position sur le communautarisme m’apparaît difficilement tenable, même si comme vous, je donne une importance décisive au principe du droit des parents. J’ai l’impression que nous sommes confrontés à la quadrature du cercle. Même si l’État n’assumait pas les frais de la religion à l’école, il reste que l’école est un lieu public. Je me sens mal à l’aise que l’école soit un lieu d’endoctrinement pour une religion ou l’autre, à une époque où la férocité religieuse ne peut faire autre que s’accentuer. Ce qui me dérange le plus par ailleurs c’est la question de la compétence et de l’équilibre humain et/ou spirituel des éducateurs pour transmettre la vision religieuse qui est la leur. J’ajoute que ma crainte s’applique aussi pour le nouveau programme d’éthique et de culture religieuse. Après avoir passé près de trente ans à l’université d’Ottawa à offrir, entre autre, une contribution au programme de formation des futurs enseignants, je ne vois tout simplement pas d’enseignants capables de donner ce cour. Il s’agit d’un travail d’experts. Peux-ton demander cela à nos enseignants ?
Claude Michaud, Ottawa
Isabelle Checroune, Lacolle
Je ne partage pas toutes les idées de Jean François Lisée en particulier sur la question de la nation, mais tout à fait d’accord avec lui sur la question du nouveau programme d’histoire et sur la question de la religion et sur ces propos sur le nouveau programme d’Ethique et de culture religieuse.
On sait que ce programme prévoit remplacer le régime d’options précédent par un programme qui prévoit l’enseignement non plus d’une religion, mais bien de six, au sein duquel le christianisme conserverait toutefois une place privilégiée. Les défenseurs de ce nouveau programme soutiennent que puisque nous évoluons dans la sens de la modernité et que l’esprit de tolérance est à la mode, il est souhaitable d’aller vers un enseignement centré sur l’ouverture et sur le dialogue, deux grandes visées de ce nouveau programme.
Or, si on se réfère au bilan des travaux préparatoires à la réalisation de ce programme qui doit se donner à partir de l’an prochain (voir les documents ministériels sur le site Internet du Ministère) on constate que sa plus grande difficulté sera de faire le choix de son contenu dans l’abondance et la complexité des connaissances à transmettre. Ce travail pose un défi de taille et les attentes qu’il suscite sont énormes, aussi les doutes qu’ils soulèvent sont plus que légitimes. On constate en effet qu’on nage à la fois dans les eaux tumultueuse de la pédagogie des compétences et celles du savoir. L’autre grande difficulté viendra de la capacité de trouver les enseignants bien formés qui accepteront de prendre la responsabilité d’une telle mission. L’État des conditions actuelles de l’enseignement est loin d’être prometteur à cet effet. Pensons à la situation de la formation des maîtres orientée depuis sa réforme dans une perspective tout à fait différente. Pensons surtout à la gestion des tâches telles que règlementées par les conventions de travail actuelles.. Enfin, on se demande comment réagiront les parents lorsqu’ils prendront connaissance de ce programme, de son contenu et de ses modes d’évaluation. On voit déjà que dans les cercles des parents les plus sensibles, celui de la majorité catholique, que la mobilisation s’organise. Tout un travail d’information et de réflexion devrait donc s’amorcer si on veut éviter le pire, c’est-à-dire arriver au fouillis du passé.
Claude Poulin, Sillery
Jean St-Pierre, Longueuil
Julie Veer, Colombie-Britannique
À moins que toutes les informations que l’on reçoit ne soient pas exactes, le simple BON SENS nous dit qu’on n’avait absolument pas besoin d’une COMMISSION D’ENQUÊTE qui va nous coûter des millions et ne nous fera pas avancer d’un pouce. Toute cette mascarade n’est que de la poudre aux yeux initiée par un gouvernement qui est au désarroi et qui était pressé de mettre un couvercle sur la marmite plutôt que de prendre ses responsabilités. Ça fait pitié à voir aller, mais ça se reflète dans les sondages.
Jean-Marc Bélanger, Mont-Joli
Juste une petite correction à apporter au message, la croix sur le Mont-Royal n’est pas là pour signifier notre foi d’origine chrétienne mais plutôt pour réclamer les terres avoisinantes au nom du roi de France au début de la découverte du Canada et de sa colonisation.
Clément Poulin, Montréal
Guy Tremblay, Shawinigan
Clément Vézina, St-Louis
Pierrette Cere, Quebec
Est-ce que je me trompe ou nulle part dans votre texte il est fait mention de l’ADQ. Pourtant, l’idée d’une constitution québécoise a été amenée sur le tapis par ce parti. Vous prenez même la peine de nommer le PQ, qui ont dit en public que Mario Dumont délirait avec cette idée. Et que la seule et unique façon de protéger l’identité québécoise est la souveraineté. (Souveraineté que les Québécois ont rejeté deux fois plutôt qu’une, et qui reste en bas du 40% quand le fédéral nous écoeure pas trop.)
Je suis bien d’accord avec vous et l’ADQ pour une constitution québécoise. Après la loi 101, il nous faut un encadrement encore plus solide, plus fort afin de protéger notre identité. Et dans 30 ans, et dans 60 ans et dans 90 ans, nous aurons probablement besoin d’une autre loi, d’un autre cadre législatif ou quoique ce soit afin de protéger notre identité.
Pour certain plus ancien, l’identité québécoise disparaîtra car la nouvelle génération ne prend pas les mêmes outils (indépendance) qu’eux pour se défendre. Personnellement, je crois que chaque génération doit choisir ses propres outils afin de défendre ces intérêts et une constitution telle que vous la décrivez et défendue par l’ADQ est un excellent moyen de maintenir notre identité propre.
Martin Matte, Palmarolle
Christian Leclerc, Lévis
Lorsque j’étais jeune, je ne portais pas le kirpan ni autre symbole religieux. Physiquement, je ressemblais aux autres enfants autour de moi. La seule différence entre eux et moi ? Mes origines. En apprenant que mes parents sont nés en Italie cela faisait de moi un WOPS. J’ai entendu ce mot de centaines de fois. Les enfants ne cessaient de me crier ce mot et ils ne connaissaient même pas sa définition, pas plus que moi d’ailleurs. Maudit WOPS retourne chez vous ! Chez nous ? Sur la dixième avenue ? Non en Italie maudit spaghetti. Je ne comprenais plus rien moi. J’habitais ville St-Michel au Québec et non pas l’Italie ! Les années passèrent. Mes parents, comme beaucoup d’Italiens, Grecs, Chinois ou Vietnamiens s’intègrent et adoptent les coutumes et la langue du Québec. Aujourd’hui, c’est moi qui doit dire aux personnes que je rencontre que je suis d’origine italienne. Comme réponse on me dit oh oui ? Ça ne parait pas ! Je ne suis pas frustré d’entendre cela, (c’est mieux que maudit WOPS) au contraire c’est là une preuve que mon intégration en tant que fils d’immigrants est bel et bien réussie. On m’a accepté ! Morale de cette histoire:- Vous êtes un nouvel arrivant ? Organisez-vous donc pour ne pas que vos enfants vivent les insultes et la discrimination en vous intégrant à notre société, Sans kirpan, niqab, burka ou tout autre accoutrement religieux qui ne feraient qu’alimenter la méchanceté naïve des autres enfants..
Jean Bottari, St-Mathias-sur-Richelieu
Yvan Riopel, Ste Hélène de Chester
Dris Benabid, Fredericton
Roland Savard, Parisville
Parfaitement d’accord avec cet article.
Mais les Québécois ont peur de tout et de rien.
Il va falloir un sacré leader pour en arriver là.
Peut-être qu’une meilleure complicité entre l’ADQ et le PQ pourrait aider. Les deux veulent à peu près la même chose au fond. L’ADQ a seulement supprimé la partie permettant d’accéder à la souveraineté. Mais un retour à cette idéologie pourrait être forcé par un retour au PQ de la majorité.
Alors, le vent tournerait pour vrai au Québec.
L’ADQ de 95 n’était pas l’ombre de celui d’aujourd’hui. Alors son poids serait en conséquence.
Jacques Poulain, Saint-Bruno-De-Montarville
Texte dont l’opportunisme des positions, en particulier sur la religion, démontre bien que l’auteur s’apprête soit à faire le saut dans l’arène politique ou du moins à militer activement pour faire ramer tout le monde dans le sens du courant, sans compas, même au dépens de se retrouver dans le tourbillon des référendums à répétition.
M. Lisée se colle à NOTRE sentiment du moment qui est une réaction de repli sur les valeurs éprouvées du passé pour exorciser le sentiment d’insécurité engendré par les défis récents auxquels font face les Québécois francophones.
En bref, et en se limitant ici à un seul aspect du texte, faire appel à la tradition religieuse catholique comme composante d’une identité québécoise moderne, entre autres, pour rallier le plus grand nombre autour de ses options politiques ne peut être perçu que comme du racolage par l’homme moderne.
L’homme moderne? Quoique ne mettant pas tout ces oeufs dans le panier de la science, il rejette tout de même les reliques d’un passé qui cherchait à se sécuriser face aux défis de société en se rabattant sur des croyances, des légendes, des mythes qui relèvent de ce que l’on qualifie aujourd’hui de « pensée magique ».
L’homme moderne, et démocrate, ne devrait en aucun cas accepter que des enfants soient endoctrinés publiquement (à l’école) dans des croyances d’origines beaucoup plus lointaines que la fondation de la Nouvelle-France. Comment sommes-nous à l’aise, dans un monde moderne, d’expliquer et d’accepter que la démocratie exige que les hommes décident entre eux de l’organisation de la société en se servant de la raison plutôt que de leurs instincts et de leurs croyances irrationnelles et, en même temps, accorder un respect non mérité à une tradition qui fait appel au surnaturel et à des non-élus (prêtres, papes, imans, rabbins, etc.), pour nous aider à régler nos problèmes en société ?
Le noeud du problème causé par la surdose d’« accommodements raisonnables » est pourtant clairement là. Il s’agit pour le Québec de relever les défis d’aujourd’hui en regardant vers l’avant et en se décidant finalement à poser les deux pieds dans le monde moderne. La religion catholique fait partie de notre histoire et elle est une composante de notre identité mais elle devrait aujourd’hui être replacée dans le contexte de notre époque et donc être gardée en vie principalement dans nos livres d’histoire.
Inscrire dans une constitution québécoise le principe d’une école laïque et ouverte aux religions est une demi-mesure qui confère aux religions un respect non-mérité. Le message transmis par ce respect entre en conflit direct avec le respect envers la démocratie qui rejette toute autorité autre que celle du peuple guidée par la raison seulement. Expliquer que le crucifix à l’Assemblée nationale est un « fil » nous liant à notre passé est malheureusement exact. Pour se libérer de ce lien qui nous rattache plutôt à nos aïeuls qu’à notre avenir, nous devrons d’abord commencer par nous prendre en main, nous responsabiliser et prendre le risque de nous tromper à l’occasion. Nous devons rompre et faire le deuil des liens familiaux avec la partie de notre passé qui nous a transmis, jusqu’à aujourd’hui, cette mentalité de soumission à plus puissants que nous. Ne pas apprendre à rompre maintenant avec ce qui nous enchaîne n’augure pas bien pour le prochain référendum. Faire la molle apologie de la résignation à un passé gênant nourrit une attitude pour le futur qui est, à tout le moins, contradictoire pour un indépendantiste.
Faire aujourd’hui appel à la religion pour se définir et pour se donner un sens de direction ne devrait tout simplement pas être une option valable pour un Québec moderne et démocrate. La question des accommodements raisonnables est une occasion pour déboulonner des monstres sacrés symboliques de notre servitude à plus grand que nous et pour les confier sereinement à des conservateurs de musées.
Jacques A Nadeau, Montréal
Bonjour,
Je viens de terminer les deux articles sur les immigrants et je suis complètement d’accord avec vous. Cela fait longtemps que l’on s’en parle entre amis et pourtant, rien ne bouche. Peut-être parce que personne ne voulait s’impliquer publiquement? On a toujours dit qu’en Chine, agit comme les Chinois alors, au Québec, agissons comme les Québécois.
Merci et continuez à écrire de bons articles aussi pertinents dans notre réalité quotidienne.
Ghyslaine Monico, Québec