«Gros comme la Baie-James ». Cette expression bien québécoise signifie « gigantesque », « ambitieux », « important ». Et en effet, dès le premier coup d’excavatrice de ce complexe hydroélectrique dans le Nord québécois, le 3 mai 1973, tout était hors normes.
Durant les 42 années sur lesquelles ce chantier pharaonique va s’échelonner, plus de 100 000 travailleurs et ingénieurs vont construire des centaines de barrages et de digues nécessaires à la mise en service de 11 centrales et de milliers de kilomètres de lignes à haute tension — au coût de 27 milliards en dollars courants. Il faudra aménager 1 500 km de routes, des dizaines de ponts, cinq aéroports, cinq camps de travailleurs de la taille de petites villes, cinq villages de cadres et quelques centaines de campements plus rudimentaires. Des dizaines de milliers de familles vont voir un père, une mère partir au chantier LG-2 pour six mois, puis revenir à la maison quelques semaines, avant de repartir…
À Québec, 10 gouvernements libéraux et péquistes vont se succéder pour gérer les trois phases.
Et 50 ans après la première pelletée de terre, la Baie-James étonne encore par son côté avant-gardiste.
Si les Québécois consomment aujourd’hui une électricité à 100 % renouvelable, c’est largement grâce à ce complexe qui fournit presque la moitié de la puissance hydroélectrique d’Hydro-Québec. Les énormes centrales québécoises sont loin d’être les plus grosses au monde — la centrale Robert-Bourassa se classe seulement 14e à l’échelle de la planète et n’est qu’une naine par rapport au barrage des Trois-Gorges, en Chine, quatre fois plus imposant. Mais la Baie-James demeure immense en regard de la petite société qu’elle dessert. Les 74 turbines alimentées entre autres par la Grande Rivière (plus fleuve que rivière), l’Eastmain, la Laforge et la Caniapiscau agitent les électrons qui éclairent et chauffent la moitié des quatre millions de clients d’Hydro-Québec — et subviennent aussi à 15 % des besoins en électricité du Nouveau-Brunswick et de la Nouvelle-Angleterre.

Grâce au potentiel de la Baie-James, le Québec a pu, dès 1980, poser un premier jalon en électrifiant le chauffage de 80 % des foyers québécois ainsi qu’une part importante de l’industrie lourde. Un tour de force qu’aucune autre province ni aucun État du continent n’est encore en mesure d’accomplir en 2023. Et si le gouvernement du Québec ambitionne maintenant d’électrifier les transports et le reste de l’industrie d’ici 2050, il peut encore remercier la Baie-James.
Cela dit, la Baie-James fut aussi un rouleau compresseur. Lors de l’annonce du « projet du siècle » en 1971, les premiers habitants du territoire n’ont même pas été consultés : les Cris et les Inuits ont appris son existence dans les journaux ! C’est par l’intermédiaire de leur résistance farouche qu’Hydro-Québec et l’État québécois ont découvert des expressions nouvelles, comme « acceptabilité sociale » et « impact environnemental », qui conditionnent désormais tout développement économique.
« Mais il y a eu 30 années de perdues », rappelle Ted Moses, qui a été grand chef du Grand Conseil des Cris de 1984 à 1987, puis de 1999 à 2005. « Notre mode de vie a été complètement transformé, et le gouvernement du Québec et Hydro-Québec ont mis presque 30 ans à reconnaître l’esprit du traité signé en 1975 avec nous, et à le mettre réellement en application. »
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Les relations avec les premiers peuples sont très difficiles pendant les deux premières phases, surtout avec les Cris (au nombre de 6 700 au début du chantier, dont la moitié âgés de moins de 25 ans). Leur mode de vie, mais aussi leur environnement et leur culture sont bouleversés. Et plusieurs craignent les conséquences des grands projets pour leur santé (à cause du mercure, notamment) et leur sécurité (le plus grand village, Fort George, se trouve en aval des plus grosses centrales et déménagera pour devenir Chisasibi).
Les Cris intentent une poursuite contre le gouvernement. En novembre 1973, une injonction du juge Albert Malouf force l’arrêt des travaux pendant une semaine, jusqu’à ce que la Cour d’appel du Québec annule la décision.


En 1975, après des négociations éclair en compagnie des Inuits et des Naskapis, ils signent la Convention de la Baie-James et du Nord québécois (CBJNQ). Cet accord, encore jugé très progressiste de nos jours, reconnaît les droits ancestraux des trois nations, dont les territoires se trouvent au cœur même des travaux.
La Convention aurait dû améliorer les relations avec les gouvernements québécois et canadien ainsi qu’avec Hydro-Québec. Sauf que cette entente complexe, négociée en seulement deux ans, comprend des chapitres entiers dont les détails n’ont pas été éclaircis et qu’il fallait traiter à mesure, explique Ted Moses, qui a été le chef négociateur de la CBJNQ.
« Alors non, la relation avec Hydro et les développeurs n’était ni amicale ni gentille. Les constructeurs faisaient passer les routes à travers nos lignes de piégeage et érigeaient des barrages sans prévenir », raconte Ted Moses, 72 ans, aujourd’hui président du Secrétariat aux alliances économiques Nation crie Abitibi-Témiscamingue. « Un jour, mes parents, qui hivernaient sur la rivière Eastmain, ont vu l’eau monter. Ils ont dû partir d’urgence, réinstaller leur camp sur les hautes terres et refaire toutes leurs lignes de piégeage. Il y a toute une génération de jeunes Cris qui ont été élevés avec la haine d’Hydro. »
Le ressentiment était surtout lié, dit-il, au fait que les gouvernements signataires et Hydro-Québec ne remplissaient « aucune » de leurs promesses de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois. « C’est vrai qu’avec la phase 1, nous avons pu créer un programme de sécurité du revenu, qui dispensait des revenus compensatoires pour les pertes des trappeurs et des pêcheurs, poursuit l’ancien grand chef. Ça a été le premier geste tangible du gouvernement du Québec, et l’un des rares. » La Convention prévoyait toutes sortes de mesures pour la santé et l’éducation, mais les budgets ne suivaient pas, affirme celui qui a été fait officier de l’Ordre national du Québec en 2002.
Il y avait beaucoup de frustration, poursuit Ted Moses. « Nos communautés n’avaient ni eau, ni égouts, ni médecins. Au tournant des années 1980, elles ont été frappées par une épidémie de gastroentérite qui a fait plusieurs morts chez les enfants. On a perdu beaucoup de terres, on a perdu notre mode de vie, et on perdait les liens entre nous. C’était ça, l’impact. La seule chose que le gouvernement et Hydro étaient prêts à faire, c’était plus de projets. Ça, oui. Alors, à un moment donné, on a dit stop. »

Réal Courcelles, biologiste au bureau des relations autochtones d’Hydro-Québec, a passé plus de 25 ans à représenter la société d’État auprès des assemblées autochtones. Ce qui compliquait tout, selon lui, c’est que de 1975 à 1985, les relations avec les premiers peuples étaient gérées non pas par Hydro-Québec, mais par la Société d’énergie de la Baie-James (SEBJ), un consortium de constructeurs privés à qui le gouvernement avait confié le mandat de la Baie-James. « Ce n’est qu’au début des années 1980 qu’Hydro-Québec a pris le contrôle de la SEBJ, et nous avons créé notre propre bureau des relations autochtones en 1985. »
Lorsque le premier ministre libéral Robert Bourassa annonce en 1989 le lancement de Grande-Baleine, projet phare de la phase 2, les Cris s’y opposent farouchement. Pendant cinq ans, ils portent leur campagne médiatique aux États-Unis, car ce projet est directement lié à un contrat d’approvisionnement avec la New York Power Authority. Ils intentent 28 poursuites distinctes dans lesquelles ils réclament des dizaines de milliards de dollars au gouvernement et à Hydro-Québec. Les Cris frappent l’imaginaire en débarquant en canoë devant le siège de l’ONU. En 1993, les New-Yorkais annulent le contrat et Jacques Parizeau, du Parti québécois, annonce l’abandon de Grande-Baleine en novembre 1994, moins de deux mois après avoir été assermenté comme premier ministre.


En février 2002, coup de théâtre : Ted Moses, alors grand chef, et le premier ministre péquiste Bernard Landry, qui négociaient secrètement « de nation à nation » depuis l’été, signent la « paix des braves ». Cette entente, qui corrige tous les motifs d’irritation de la Convention de la Baie-James et du Nord québécois, scelle la réconciliation entre le gouvernement du Québec et le Grand Conseil des Cris. « Mon objectif était simplement d’amener Québec à remplir ses obligations et de m’assurer que nous aurions notre part du développement sur notre territoire, raconte Ted Moses. Parce que les seuls qui gagnaient de l’argent avec nos poursuites, c’étaient les avocats. »
Le lendemain même de la signature, la phase 3 de la Baie-James débutait avec le chantier Eastmain-1. Le vent avait tourné du tout au tout.
« L’action du gouvernement du Québec est devenue bénéfique et nous avons pu profiter des emplois, des contrats et des sommes compensatoires promis, poursuit l’ancien grand chef. Mais si ça a marché, c’est parce que le premier ministre Bernard Landry et moi avons informé nos gens que nous devions collaborer sur tous les plans, et Hydro-Québec a aussi joué le jeu. »
Mandy Gull-Masty, élue grande cheffe du Grand Conseil des Cris en juin 2021, assure que cette bonne entente existe toujours. « Le fondement est la compréhension mutuelle. Je suis en poste depuis peu, mais cela fait plusieurs fois que je rencontre Sophie Brochu [NDLR : PDG d’Hydro-Québec jusqu’en avril 2023], qui m’impressionne par son souci de nous comprendre. »
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Réal Laporte, qui de 2002 à 2013 a dirigé la troisième phase de la Baie-James sur les rivières Eastmain et Rupert, confirme que cet état d’esprit avait bel et bien cours au premier jour du chantier d’Eastmain-1. Les Cris seraient partout : dans la conception, les études d’impact, les mesures d’atténuation. Il raconte que c’est un trappeur cri qui a imaginé de relier deux lacs par vases communicants à l’aide d’un tunnel de trois kilomètres au lieu d’ennoyer tout le territoire sous un réservoir, comme Hydro-Québec avait l’habitude de le faire. « On a mis nos ingénieurs au service de l’idée de réduire les effets négatifs et de maximiser les effets positifs. C’est utopique d’avoir zéro impact, mais on peut réaliser de grandes choses en collaborant. »
Au camp Eastmain-1, 600 des 2 400 travailleurs sont cris. Une partie des contrats sont alloués à des entreprises cries, comme Cri Construction. Sur les sept milliards de dollars de la phase 3, près de trois milliards vont dans l’économie de la nation, argent qui par la suite est souvent retourné dans l’économie du Sud, grâce aux contrats de sous-traitance accordés à des entreprises non autochtones par les entreprises cries. Fait peu connu : la « paix des braves » prévoyait que les Cris puissent devenir copropriétaires de la centrale Sarcelle — la plus petite des 11 de la Baie-James, d’une capacité de 150 mégawatts —, mais ceux-ci ont plutôt opté pour une compensation financière en vertu d’une entente commerciale confidentielle signée entre les parties.
« Nous avons mis en place une formule de partage unique », dit Réal Courcelles, qui siège au conseil d’administration de la Corporation Niskamoon à titre de représentant d’Hydro-Québec. Cet OSBL paritaire Cris-Hydro créé en 2004 gère les 140 conditions imposées par les études d’impact environnemental. « À part peut-être avec les Maoris de Nouvelle-Zélande et les Navajos aux États-Unis, on ne voit rien de tel ailleurs. »
Réal Courcelles explique que cette structure s’inspire des anciennes expériences de coopération, dont la première remonte à la signature de la Convention en 1975. « Le premier organisme mixte Cris-Hydro, la Société de travaux correctifs, ou SOTRAC, était une coentreprise dotée d’un budget de départ de 30 millions de dollars. Elle avait pour vocation de réduire les impacts. » En 1986, la SOTRAC a été dissoute pour être remplacée par la Société Eeyou de la Baie-James, qui avait un mandat un peu plus large. « Mais c’est la SOTRAC qui a été la grand-mère de toutes les formules de coopération qui ont suivi au moment de la phase 3. »
Selon Mandy Gull-Masty, aucun autre groupe autochtone au Canada ne profite d’une entente aussi favorable que la Convention de la Baie-James et du Nord québécois — dans sa version « paix des braves ». « En regardant ce qui se passe partout dans le monde, on réalise que ce que les Cris et Hydro-Québec ont créé est unique. »
Ce modèle de coopération est désormais reproduit ailleurs sur le territoire québécois, sur des modes un peu différents, avec les Innus, les Attikameks, les Anichinabés (Algonquins) et les Mohawks — ces derniers seront copropriétaires de la ligne d’interconnexion Hertel pour le contrat d’approvisionnement de la ville de New York prévu pour 2025. « C’est possible, dit Réal Courcelles, parce qu’on a changé les mentalités de l’intérieur dans le but d’assurer le développement d’une vision d’affaires de l’acceptabilité sociale. »
Aux yeux de Réal Laporte, « l’aval des communautés locales passe par une meilleure connaissance des impacts sur l’environnement et sur les populations. C’est désormais une condition essentielle. »
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En 1971, lorsque Robert Bourassa a lancé son « projet du siècle », les vastes étendues de rivières, de forêt boréale et de taïga au nord de l’Abitibi et du Lac-Saint-Jean étaient si peu familières… qu’il s’est trompé de rivière ! Comme il y avait peu de cartes détaillées ou de photos aériennes et que les routes étaient absentes, on imaginait que le chantier débuterait autour des rivières Nottaway, Broadback et Rupert, aux confins de l’Abitibi. Sauf que les premières études révèlent une géologie défavorable, notamment des sols trop argileux. On se rend alors compte qu’il sera plus facile techniquement et plus rentable d’aménager le troisième cours d’eau québécois en longueur (après le Saint-Laurent et la rivière des Outaouais), la Grande Rivière, qui se déverse tout au nord de la baie James… à 750 km du bout de la route !
Il n’existe à l’époque aucune loi de protection de l’environnement ni même de ministère voué à cette cause. Si bien qu’au cours des trois décennies suivantes, Hydro-Québec anticipera de plusieurs années toutes les avancées politiques et scientifiques sur le front écologique. Alors que le Bureau d’audiences publiques sur l’environnement (BAPE) ne sera créé qu’en 1978 par le gouvernement péquiste de René Lévesque, Hydro-Québec envoie sur le terrain dès 1971 des biologistes, des ornithologues et des botanistes pour comprendre l’écosystème.


« C’était visionnaire parce que la Convention de la Baie-James et du Nord québécois reconnaissait les droits ancestraux des premiers peuples et leur droit de faire la récolte, de chasser, de pêcher et de maintenir le mode de vie traditionnel », explique le biologiste René Dion, qui a travaillé 22 ans pour le Gouvernement de la Nation crie avant de passer à Hydro-Québec en 2010 au sein de la division de la direction consacrée à l’environnement, à l’expertise et au soutien aux projets majeurs. « En matière de recherche, ça plaçait la barre très haut quant aux connaissances qu’il fallait acquérir. »
Avant même que de telles mesures soient obligatoires, Hydro-Québec mettait sur pied des programmes de suivi du mercure, du plancton, du caribou, des estuaires et même des gaz à effet de serre, des années avant que ce phénomène devienne une préoccupation.
Les diverses tables de concertation impliquant les premiers peuples ont donc des données de qualité à leur disposition depuis longtemps, et les études se poursuivent aujourd’hui. « Je commence en ce moment une nouvelle analyse de suivi des stocks d’esturgeon, que je peux comparer aux stocks avant projet, pendant la construction et après. Les chercheurs peuvent très rarement s’appuyer sur des données aussi solides », note le biologiste René Dion.
Les méthodes mises au point à la Baie-James ont été appliquées partout ailleurs sur le territoire québécois. Et c’est ainsi qu’on suit le saumon de la Côte-Nord depuis 50 ans. « Depuis 2012, on échantillonne l’ADN dans l’eau, dit René Dion. On peut établir le potentiel de chaque frayère. On obtient des informations quasi individuelles sur chaque poisson. »
Réal Laporte, qui a dirigé le chantier Eastmain, se désole que les études d’impact environnemental soient parfois présentées comme un empêchement. « D’abord, parce que ça permet souvent non seulement de rendre un projet possible, mais aussi de l’améliorer. Et de toute façon, il ne peut plus y avoir de développement sans acceptabilité sociale et sans études d’impact. Tout ça est lié. C’est ça qu’on a appris à la Baie-James. »
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Durant la campagne électorale de l’automne 2022, le premier ministre François Legault affirmait vouloir relancer la construction de grands barrages, et il l’a répété plusieurs fois depuis.
Hydro-Québec a fait le compte : afin d’électrifier les transports et l’industrie d’ici 2050, elle devra trouver au moins 100 térawattheures d’électricité supplémentaires, soit environ 50 % de plus que la capacité actuelle. Sur le papier, c’est donc bien d’une nouvelle Baie-James que le Québec aurait besoin.
« Le Québec a besoin d’une Baie-James de l’efficacité énergétique », estime plutôt Pierre-Olivier Pineau, titulaire de la Chaire de gestion du secteur de l’énergie de HEC Montréal. Il ne croit pas à une seconde Baie-James hydroélectrique. « Pas sans d’abord considérer toutes les autres options, comme le nucléaire, l’éolien, et surtout les mesures d’économie. »
Même son de cloche du côté de Réal Laporte. « “Construire plus” sera acceptable quand on aura mieux utilisé nos installations, notamment en gérant mieux la demande. »
Aux yeux de Pierre-Olivier Pineau, la plus grosse contribution de la Baie-James dans la transition énergétique existe déjà : ses réservoirs immenses.
L’eau qui fait tourner la moitié des turbines d’Hydro-Québec est accumulée dans 27 réservoirs qui stockent l’équivalent d’une pleine année de consommation québécoise, au moins. Trois des cinq plus grands réservoirs du Québec sont situés à la Baie-James et retiennent presque 50 % de toute cette réserve. « C’est ce qui nous distingue réellement, dit Pierre-Olivier Pineau. Même de très grosses entreprises comme Manitoba Hydro et BC Hydro ont surtout des centrales au fil de l’eau et ne disposent pas de la capacité de stockage d’Hydro-Québec. »

Grégory Emiel, chef de l’optimisation des bilans énergétiques et de la fiabilité à Hydro-Québec, explique que cette carte maîtresse technique procure un avantage majeur à la société d’État dans la gestion de parcs éoliens ou solaires, ou pour mettre en place des mesures d’économie d’énergie à grande échelle. « Ces filières sont intermittentes : ça ne marche que s’il vente, s’il fait soleil ou si les ménages veulent bien reporter leur consommation de quelques heures. L’hydroélectricité, parce qu’elle est fiable et flexible, permet d’équilibrer ou de soutenir presque à volonté ces fluctuations. On sait répondre aux grands mouvements saisonniers, mais on est en train d’apprendre à le faire à quelques heures d’avis. »
Les vastes réservoirs d’Hydro-Québec représentent donc un héritage exceptionnel à ses yeux. « C’est ce qui permet aux Québécois d’envisager avec confiance la vision d’une économie décarbonée. »
La version originale de cet article a été modifiée le 14 mars 2023 pour préciser que les Cris ne sont pas copropriétaires de la centrale Sarcelle, ayant plutôt opté pour une compensation financière.
Cet article a été publié dans le numéro d’avril 2023 de L’actualité, sous le titre « Le chantier qui a tout changé ».
Super reportage, merci 🙂
Le Québec n’est pas le nombril du monde ni du Canada et de dire que «aucun autre groupe autochtone au Canada ne profite d’une entente aussi favorable que la Convention de la Baie-James et du Nord québécois» ne reflète pas la réalité.
Dans l’ouest du pays, les conventions modernes en Colombie-Britannique vont plus loin que la CBJNQ depuis au moins l’an 2000 avec les Nisga’a. Plusieurs autres traités ont été signés depuis dont celle en milieu urbain de la nation Tsawwassen. Qui plus est, les premiers à obtenir le titre autochtone sur leur territoire ce sont les Tsilhqot’in dans la région de Williams Lake dans l’intérieur de la CB. Le titre autochtone est de loin plus contraignant pour les gouvernements qu’une simple convention dont le pouvoir aux Cris est délégué des gouvernements fédéral et provincial alors que le titre autochtone est intrinsèque et dépend du droit des peuples à l’autodétermination.
La CBJNQ a été la première étape des traités modernes et les traités subséquents s’en sont inspirés mais à chaque fois on l’améliorait tout comme la Paix des Braves a amélioré la CBJNQ originale. Toutefois, cette phase tire à sa fin car les peuples autochtones vont cesser progressivement de voir leurs droits dépendants des gouvernements et on peut s’attendre à une résurgence en milieu autochtone, ce qui implique la restauration de leurs modes de gouvernement, de la justice et de la repossession des territoires ancestraux sans «permission» d’un état colonialiste mais plutôt par reconnaissance mutuelle de leur droit à l’autodétermination.
Félicitations à M. Nadeau pour un bon reportage sur le plus gros chantier de l’histoire de la Belle province.
Juste dommage que même pas une virgule ait été consacrée à des témoignages (nombreux) aux milliers de travailleurs, qui ont construits ces installations hors-du-commun, fournissant 50 % de l’électricité québécoise.
Je sais, j’y étais de 1981 à 1993, dont 400 pieds sous-terre en 1988, à LG-2A. Si vous saviez la réalité de travaux sous-terrain, vous y consacriez un reportage complet. C’est une forme de paix des Braves, mais avec le vieux bouclier canadien cette fois-ci, afin qu’il ne tombe sur nos têtes fragiles casquées. Et ça ne fonctionne malheureusement pas tout le temps.
Jean-Guy Cabot
Arpenteur à la Baie James.
H.Q demande aux familles de faire des économies de courant. Pendant ce temps, les grandes surfaces commerciales, sonteclairees 24 heures. Considérons que les serres sont aussi eclairees jours etnuits. Les plantes sont aussi des etres vivants et ont aussi besoin de temps de repos pour assimiler les nutriments. Les coûts tomates qui ne gouttent rien, auraient plus de gout.
Les producteurs auraient plus de profits en vendant des produits meilleurs.
Avis de consommateurs.
Geo-André St-Laurent