Un petit Blainvillois qui ne sait pas comment s’occuper pendant les congés ? C’est techniquement impossible. À moins de faire (vraiment) le difficile. En tout cas, Sophie St-Laurent et Sophie Labelle ne voient pas souvent leurs héritiers végéter, et ce, grâce à l’étourdissante panoplie d’activités offertes par leur municipalité de 60 000 âmes.
Sans compter que les frais d’inscription sont « quasiment symboliques », affirme Sophie Labelle, cofondatrice du Groupe Somac, un concepteur et fabricant d’abris d’auto, de pergolas et de solariums, entre autres. « Mon fils de 13 ans a suivi des cours de tennis jusqu’en 2017, et ça me coûtait 80 dollars par saison », donne-t-elle en exemple. Sa fille de 17 ans a quant à elle participé à des ateliers de cuisine s’échelonnant sur plusieurs semaines pour à peine 30 dollars, il y a quelques années. « Et elle rapportait ses petits plats à la maison ! Quand on a trois enfants, ces prix convenables changent les choses. »
Certaines activités de loisirs sont même gratuites, ajoute son amie Sophie St-Laurent, chef de contenu et journaliste mode à KO Média. Le service de vélo-navette, par exemple, dont a profité sa fille de 12 ans presque tous les jours l’été dernier. « Des animateurs viennent chercher les enfants en vélo à divers points de rassemblement et les emmènent au parc, où ils se chargent de les amuser pendant la journée. J’aurais payé pour ça ! »
Les deux copines avaient l’esprit tranquille le jour de notre rencontre au Nordik Café, l’un des seuls commerces indépendants de ce royaume du bungalow à l’urbanisme vieillot, où les chaînes de restos et de magasins populaires dominent. Leurs rejetons savouraient les derniers jours de vacances avant la rentrée, les uns au parc, les autres sur l’une des pistes cyclables du territoire — il y en a 70 km en tout, la plupart balisées ou séparées des voies de circulation par un terre-plein.
« En 20 ans de vie ici, je ne me suis jamais inquiétée de la sécurité de mes enfants, dit Sophie Labelle. Ni à l’école ni dans les espaces publics. » La vitesse limite des voitures est fixée à 30 km/h, sauf sur les artères principales, et les policiers veillent au grain près des écoles, prêtant main-forte aux brigadiers. Blainville est d’ailleurs l’un des endroits les plus sûrs au pays, selon Statistique Canada, avec un indice de gravité de la criminalité parmi les plus bas au sein des municipalités de 10 000 habitants et plus.
« L’une de nos forces, c’est notre disponibilité envers les citoyens », affirme Patrick Toupin, directeur général adjoint de Blainville, pas peu fier de montrer le « pôle civil » à L’actualité , en compagnie du maire suppléant, Jean-François Pinard. Ce secteur près de l’hôtel de ville regroupe notamment un aréna, une bibliothèque dernier cri, un centre équestre, des terrains de tennis et une maison de loisirs réservée aux ados, La Zone, ouverte tous les soirs et les fins de semaine.
Les diverses associations bénévoles qui y organisent leurs activités — hockey, gymnastique, photo, natation, etc. — ont droit à un service de première qualité, assure Patrick Toupin, un énergique cinquantenaire à l’air taquin. « La Ville a une équipe de 60 employés permanents aux loisirs dont la mission est d’appuyer leurs initiatives, précise le DG adjoint. Il faut aménager un terrain de soccer ? On s’en occupe. Un regroupement veut organiser une course ? C’est all-dressed : on fournit les clôtures, du personnel, de la publicité, et la police vient barrer les rues. »
Bien sûr, Blainville peut se permettre d’être généreuse, puisqu’elle récolte un bon magot en impôts fonciers grâce à la valeur des maisons sur son territoire, qui s’élève en moyenne à 434 311 dollars, ainsi qu’à la présence de deux parcs industriels accueillant notamment le brasseur de bière Boréale, une usine du transformateur de viande Olymel et le producteur de viennoiseries La Petite Bretonne. « Oui, on dispose de ressources, mais le conseil a choisi de miser spécialement sur les loisirs et la sécurité afin de répondre aux besoins des familles », insiste Patrick Toupin. Au Québec, c’est d’ailleurs la ville de 50 000 à 99 999 habitants qui consacre la plus grande part de son budget de fonctionnement à l’offre de loisirs et de culture après Dollard-des-Ormeaux, selon l’Observatoire québécois du loisir.
Le fonctionnaire estime que l’excellent lien qu’entretient la Ville avec la commission scolaire de son territoire, la Seigneurie-des-Mille-Îles, ajoute aussi à la qualité de vie de la population, constituée à 52 % de couples avec enfants (dans l’ensemble du Québec, cette proportion est de 40,2 %). « Chaque fois qu’un secteur résidentiel se dessine, nous réservons des terrains à la commission scolaire, habituellement en plein centre du secteur », explique-t-il, ce qui assure aux habitants la proximité d’une école. Une pratique loin d’être généralisée au sein des municipalités, selon plusieurs sources consultées. « Et nous contribuons financièrement à la construction de plus grands gymnases, afin que tous les citoyens profitent de ces espaces après les classes. »
Depuis 15 ans, la Ville a donné beaucoup de terrains de qualité adossés à des espaces verts afin d’y construire des CPE.
Marc-André Plante, maire de Terrebonne
Pour Juan Torres, professeur à l’École d’urbanisme et d’architecture de paysage à l’Université de Montréal, les villes les plus « avant-gardistes » au Québec sont justement celles qui créent ce type de partenariat avec d’autres acteurs du milieu de vie, dans le but de faciliter le quotidien des parents et de leurs enfants. « Certains élus pensent, de manière un peu naïve, qu’il suffit d’ajouter des balançoires au parc et de bonifier l’offre des loisirs pour attirer des familles, mais c’est pas mal plus compliqué que ça », observe le spécialiste de la place des enfants dans les villes. Les autorités municipales doivent aussi adopter des mesures ayant des effets sur la réalité des ménages dans d’autres domaines de leur compétence, comme le logement, le transport, le développement commercial et les garderies, dit-il.
En effet, les villes ont le pouvoir d’encadrer certains aspects liés à la qualité des services de garde privés et publics sur leur territoire, grâce à des modifications apportées à la Loi sur les cités et villes, à la fin des années 1990. « Une municipalité peut s’assurer que les garderies ne se construisent pas n’importe où, dans un centre commercial ou près d’un grand boulevard passant », explique Marc-André Plante, le maire de Terrebonne, une ville de la banlieue nord de Montréal, qui figure aussi dans le palmarès des villes canadiennes les plus accueillantes pour les familles du magazine Maclean’s .
Toutes les municipalités n’appliquent pas les règlements avec zèle, constate-t-il. « Promenez-vous au Québec, vous allez en voir, des cours de garderie en asphalte plantées dans un stationnement. On dirait des enclos pour animaux ! » Mais Terrebonne fait partie des villes les plus sévères, soutient l’élu. Elle est d’ailleurs citée en exemple dans le Guide pratique et stratégique sur les services de garde éducatifs à la petite enfance , du ministère de la Famille. « Depuis 15 ans, la Ville a donné beaucoup de terrains de qualité adossés à des espaces verts afin d’y construire des CPE, et oblige les services de garde privés à respecter des normes quant à la superficie des cours et à la qualité de l’environnement. » Une initiative, précise Marc-André Plante, que l’on doit à l’administration précédente, entachée à la suite d’une enquête menée par l’Unité permanente anticorruption. D’anciens dirigeants de la Ville, dont l’ex-maire Jean-Marc Robitaille, sont accusés d’avoir été au cœur d’un système de corruption basé sur le partage de contrats publics à des sociétés d’ingénierie. « Ça n’excuse pas les gestes allégués, mais la Ville a adopté de bonnes orientations pour les familles ces 20 dernières années, et on ne veut pas détruire ça. »
Le maire s’attaque en ce moment au défi du trafic et du transport en commun, une préoccupation majeure lorsque des parents magasinent un milieu de vie, observe-t-il. Comme des centaines de milliers de banlieusards des couronnes nord et sud de la métropole, une bonne portion des 117 000 résidants de Terrebonne se tapent matin et soir de pénibles trajets jusqu’à Montréal pour gagner leur croûte. La solution ? L’emploi local, un domaine où les municipalités ont aussi un certain pouvoir d’action. « On est en train de mettre en place un huitième parc industriel à proximité de l’est de Montréal, l’un des plus imposants de la région métropolitaine », dit Marc-André Plante. De 5 000 à 8 000 nouveaux emplois seront ainsi créés. « Ça veut dire plus de temps avec la famille pour ceux qui délaisseront leur emploi au centre-ville afin de travailler chez nous. »
Au-delà des bons coups de sa ville qu’il ne manque pas de souligner, Marc-André Plante se réjouit plus globalement du virage famille opéré par le monde municipal québécois depuis les années 2000. Un virage auquel il a assisté aux premières loges, puisqu’il a dirigé pendant 11 ans le Carrefour action municipale et famille, un OSBL qui promeut l’instauration de politiques familiales au sein des villes.
Il y a 20 ans, ces politiques se résumaient à créer des espaces réservés aux femmes enceintes dans les stationnements, raconte-t-il. « Les administrateurs municipaux disaient : nous autres, notre job , c’est de couper le gazon et d’entretenir l’aréna. » Aujourd’hui, plus personne ne remet en question l’importance d’aider les familles à surmonter leurs défis quotidiens, selon lui. « Par exemple, les municipalités prennent les enfants en charge l’été dans des camps de jour. À Terrebonne, 8 000 petits profitent de ce service, dont une centaine avec un handicap. Ça fait maintenant partie du rôle des gouvernements de proximité de réduire les inégalités sociales entre les familles. »
Oui Blainville est une très belle ville pour la famille! Mais Quand vient le temps d’inscrire notre enfant à son école « de quartier », parce qu’on va se le dire…la nôtre est située dans la ville voisine et assez loin merci de notre quartier, on se fait dire qu’il n’y a pas de place pour mon enfant au préscolaire donc nous serons transférer dans une autre école. Faire subir 2 rentrée scolaires dans deux écoles différentes à 6 ans c’est assez ordinaire. C’est bien beau mais il faut de nouvelles écoles à la place de belles tours à Condo….