
Robert Bourassa n’avait que 36 ans quand il a été élu premier ministre du Québec, en 1970. René Lévesque était plus âgé (54 ans) quand il lui a succédé, en 1976, après l’élection du premier gouvernement du Parti québécois. Mais son équipe était beaucoup plus jeune. Rien d’étonnant : à l’époque, l’âge moyen des députés à l’Assemblée nationale dépassait à peine 42 ans.
Aux dernières élections, l’an dernier, l’âge moyen atteignait 52 ans.
Âge moyen des députés à l’Assemblée nationale, après chaque élection
1976 : 42,2 ans
1981 : 43,8 ans
1985 : 44,1 ans
1989 : 46,5 ans
1994 : 49,6 ans
1998 : 50,1 ans
2003 : 49,6 ans
2007 : 49,1 ans
2008 : 50,8 ans
2012 : 53,6 ans
2014 : 51,5 ans
Ce vieillissement des députés reflète, bien sûr, celui de la population dans son ensemble. Mais est-ce à dire que les jeunes seront, dans l’avenir, de plus en plus sous-représentés à l’Assemblée nationale ? Sont-ils condamnés à voir leur poids politique — et le pouvoir de défendre leurs idéaux — s’effriter ?
Selon l’Institut de la statistique du Québec, le nombre de personnes âgées de 65 ans et plus va presque doubler au Québec d’ici 2036. Sur la Côte-Nord et dans la grande région de Gatineau, la population des aînés augmentera de 157 % !
D’ici 20 ans, le tiers des gens en âge de voter auront plus de 65 ans au Québec. Comme les aînés ont davantage tendance à aller voter que les jeunes, leur influence sera considérable.
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Dans plusieurs pays de la « vieille » Europe (qui n’a jamais si bien porté son nom), des groupes de jeunes se mobilisent déjà pour éviter que leurs voix ne soient noyées par le papy-boom. Liz Emerson, cofondatrice de l’Intergenerational Foundation, un organisme sans but lucratif qui publie annuellement, depuis quatre ans, un «indice d’équité entre les générations», me confiait récemment sa crainte de voir son pays glisser vers une gérontocratie — une société dominée par les vieux. Les jeunes Britanniques, dit-elle, sont la cible de compressions budgétaires, alors que personne, dans la classe politique, n’ose toucher aux privilèges accordés aux aînés. Les jeunes Québécois doivent-ils craindre de subir le même sort ?
Selon bon nombre d’entre eux, les récentes hausses salées des tarifs des garderies décrétées par Québec sont un mauvais présage. « D’un point de vue d’équité intergénérationnelle, augmenter le fardeau fiscal des jeunes pour, en grande partie, financer les dépenses de santé n’est pas la meilleure façon d’atteindre l’équilibre budgétaire », écrit Alexis Gagné, cofondateur de l’Institut des générations. Qu’une majorité de la population appuie une telle hausse des frais de garde n’a rien d’étonnant, puisque les parents de jeunes enfants sont minoritaires. Et ils le seront encore davantage dans l’avenir !
Lors des dernières grandes mesures d’austérité au Québec, dans les années 1990, de nombreuses municipalités avaient refilé aux jeunes les compressions imposées par le gouvernement de Lucien Bouchard. Leur truc ? Elles avaient inclus une clause de disparité dans leurs conventions collectives, créant du coup deux classes d’employés : les anciens et les nouveaux, dont les conditions de travail étaient revues à la baisse.
Ce stratagème avait fait scandale. Le président de la Commission des droits de la personne avait alors comparé l’évolution de la société québécoise à une course de relais. « Ne pas légiférer pour interdire de telles clauses reviendrait à transmettre à la jeune génération, en guise de témoin, un héritage complètement délabré », avait-il lancé.
Poussés par leurs ailes jeunesse, le PQ et le PLQ s’étaient dits préoccupés. Mais c’est Mario Dumont, alors jeune chef de l’Action démocratique du Québec, qui avait fait adopter un avant-projet de loi pour bannir les clauses de disparité de traitement.
Dans les années suivantes, les partis ont multiplié les promesses à l’endroit des jeunes. La conciliation travail-famille était même l’un des thèmes phares de la campagne de 2003. Un an après son élection, Jean Charest a convoqué un grand « sommet des générations », d’où est né le Fonds des générations, destiné à réduire le fardeau de la dette que devront porter les jeunes.
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Mais les choses sont rapidement revenues « à la normale ». Ces dernières années, les efforts budgétaires, à Québec, ont surtout permis d’injecter des milliards de plus en santé, au risque de cannibaliser d’autres missions de l’État chères aux jeunes, comme l’éducation et l’environnement…
Aux États-Unis, le président Bill Clinton avait résumé ainsi les préoccupations des électeurs : « It’s the economy, stupid » (c’est l’économie, idiot).
Au Québec, on pourrait dire, dorénavant, que ce qui compte vraiment, « c’est la démographie, idiot ».
Et alors ? Qu’y-a-t’il de mal à ça ? Lorsque les députés prennent des décisions au parlement,ils les prennent pour l’ensemble de la société. Les jeunes ont leur congrès ou ils font part à leur leaders leurs visions des choses .Faudrait-il que la jeune génération gouverne pour elle-même…? Elle aimerait prendre le pouvoir pour tasser les »vieux » dans un placard…:-(
Je crois que le message de Marc Provencher ci-dessous répond à ta question…
Je ne vois pas ce que ça a de nouveau ! Pour des raisons de démographie en effet, c’est toujours la même génération qui mène le Québec depuis plus de quarante ans. Et même si heureusement les baby-boomers prennent enfin leur retraite, ou cassent leur pipe, il est trop tard: car les dégâts laissés par ces phoneys « primaires instruits » – comme les appelait ma grand-mère – qui croyaient dur comme fer que rien n’existait avant eux (nihilisme) sont considérables, voire irrémédiables : des polyvalentes à l’euphémisation du langage en passant par le refus « progressiste » de l’instruction. Dans la célèbre comédie à l’italienne d’Ettore Scola ‘Nous nous sommes tant aimés’, on entend un des trois personnages, tous issus de la génération qui a eu vingt ans le 8 septembre 1943, dire: «Nous voulions changer le monde, et c’est le monde qui nous a changés.» De même la génération qui a eu vingt ans le 1er mai 1968 peut dire aujourd’hui: «Nous voulions changer la vie, et nous l’avons bureaucratisée.»
C’est un faux débat qui mène nul part. À la dernière élection fêdéral plusieurs jeunes ont été élu au parti NPD. Aux él ctions provincial, Leo Bureau Blouin, Martine Desjardins, Véronique Hivon, Alexandre Cloutier sont tous des jeunes qui ont été élus et j’´en passe. Je trouve malsain cette formule anti intergénérationnel. Les aînés sont des personnes qui peuvent apportés beaucoup à la société, les jeunes ont reçu une instruction à la fine pointe de notre siècle,ils ont eu la chance d’être scolarisés très jeune et ils ne peuvent qu’apporter un plus à la société actuelle. Il faut mettre nos énergies en commun au lieu de perdre notre temps à se diaboliser.
Parfaitement d’accord avec vous !
Madame Pelletier vous parlez avec beaucoup de sagesse, votre vision est la seule qui selon moi pourra créer une société équitable qui conservera son humanité.
Léo Bureau Blouin n’ a pas été réélu, tandis que Martine Desjardins n’ a jamais été élue!
Je crois que l’individualisme est de beaucoup plus dangereux… Un lien intergénérationnel demeure entre enfants-parents, petits-enfants, arrières petites-enfants. Par contre, l’individualisme nous met dans une bulle, nous insensibilise aux souffrances de ceux qui nous entourrent. Comme il est dit dans une opinion, plusieurs jeunes ont réussit à faire leurs places en politique, et considérant le nombre de jeunes et d’aînés allant voter, il a fallut que des vieux votent pour des jeunes, et c’est en autre ce que je suis bien disposé à faire: si nous voulons des idées neuves, ça ne peut provenir que des jeunes (habituellement). J’ai 61 ans, et j’ai aujourd’hui beaucoup plus confiance en des jeunes qu’en des … choses comme Harper et compagnie…
Que dire des congés parentaux , des garderies @ 7.50$ des programmes diversifiés en éducation et de toutes les nouvelles nrmes environnementales; tous ces programmes coûtent une fortune aux contribuables et tout cela pour la jeunesse!!
Les baby boomers ont élevés en moyenne 5 -6 enfants de plus par famille pendant 50 ans et ne sont pas morts! La diminution effarente de la dénatalité a amenée cette constatation! Donc si les jeunes se sentent délaissés dans la société, qu’ il fassent plus d’ enfants et la tendance va s’ équilibrée!
Il est intéressant de noter que pour bien des sociétés il y a un respect inné pour les aînés, souvent à cause de leur expérience de la « vie » et quelques fois de leur sagesse mais au Québec on trouve une société un peu déboussolée qui ne respecte souvent que son individualisme et cherche des bouc-émissaires pour passer leur frustration. C’est un peu ironique car la société québécoise a peu de problèmes si on compare à la grande majorité des pays sur la planète mais les « jeunes » sont aveugles à ces réalités et vivent souvent en vase clos, souvent dans un monde artificiel appelé internet.
Bien oui, M. Provencher les aînés vont aussi casser leur pipe, comme nos ancêtres, et le monde sera vôtre jusqu’à ce que vous vous retrouviez dans nos souliers (si vous vous rendez là) et cassiez votre pipe car c’est inévitable, comme les taxes. On a voulu faire du Québec une société plus égalitaire et ouverte sur le monde mais on doit constater que ce fut un échec. On a mis tous nos oeufs dans la quête de pays à un moment donné mais encore ici, nous avons échoué. Aujourd’hui, nous avons appris de nos erreurs mais on voit bien que les jeunes passent par le même processus d’apprentissage que nous et on doit constater que nos parents ont probablement eu la même réflexion quand ils nous ont vu faire notre apprentissage dans la 2ème moitié du vingtième siècle. Comme société on pourrait se servir de l’expérience des aînés mais selon ce texte, on préfère les mettre au placard ou dans un CHSLD et on recommence, ignorant les leçons de l’Histoire (avec un grand H)…
«Nous avons appris de nos erreurs.»
Je n’en crois rien.
« …et le monde sera vôtre jusqu’à ce que vous vous retrouviez dans nos souliers.»
Mais non : à plus de 50 ans, il est trop tard pour ça. Je vais me retrouver dans vos souliers dans très peu de temps, mais ce monde est toujours fondamentalement le vôtre, celui des baby-boomers.
«…et on recommence, ignorant les leçons de l’Histoire (avec un grand H).»
Là vous venez de peser sur le piton. L’ignorance est en effet sinon la source numéro un, du moins une source importante du malaise actuel. Et si l’ignorance est bien sûr de tout les temps et de toutes les patries, l’ingrédient « en plus » qui caractérise l’ignorance que nous avons aujourd’hui sur les bras – et dont je ne m’exclus aucunement – remonte à la fin des années soixante, parce que justement il y a eu « le début d’un temps nouveau / on recommence à l’année zéro ». Autrement dit tous les inconvénients d’une révolution (le nihilisme) sans les avantages (un monde transformé). Enfermés dans un éternel ici-et-maintenant par refus de tout ce qui était « vieux », les malheureux boomers vivaient dans l’illusion d’une révolution qui n’a en fait jamais eu lieu, qui se saoulait de mots et de slogans et croyait changer la réalité en euphémisant le langage (attitude qui rappelle le « shadow boxing »).
On a alors remplacé les curés par des types encore plus prêchi-prêcha (faut l’faire !), des gens qui, avec une bovine arrogance – le genre d’arrogance que seule l’ignorance peut engendrer – croyaient dur comme fer que personne avant eux n’avait correctement réfléchi a ;la société, conçu une bonne émission pour enfants, compris les fascismes, enseigné le français ou les mathématiques (d’où les désastres sans nom que j’ai traversés enfant, sur les bancs d’école : « mathématiques modernes » d’une bêtise à pleurer, « méthode du Sablier » qui a empêché toute une génération d’apprendre le français correctement, etc).
Heureusement, il y eut ‘Les Aventures de Pinocchio’, qui passait le samedi matin en même temps que le sentencieux et « éducatif » ‘Passe-partout’, Quel rapport ? Eh bien, c’est symbolique mais quand j’y repense, je crois bien que, de fil en aiguille, c’est là que ça remonte en ce qui me concerne. Bien qu’un peu grandet tant pour ‘Passe-Partout’ que pour ‘Pinocchio’, je respirais enfin un autre air, grâce à Nino Manfredi (Gepetto), Luigi Comencini (le réalisateur) et Suso Cecchi d’Amico (la scénariste). Autrement dit, je découvrais, surpris et content, l’existence de la génération du 8 septembre 1943 – existence complètement oblitérée par la génération du baby-boom, qui n’en avait que pour elle-même et ses gourous..Ces gens du 8 septembre étaient vraiment d’une autre trempe, ils avaient une sainte horreur du prêchi-prêcha et des formules simplettes, vu qu’ils sortaient d’en prendre. Et ils ne croyaient pas du tout à l’horripilant rousseauisme de la génération suivante, laquelle, à force de croire que l’Homme est « naturellement bon » et devient méchant au contact de la société, en venait à valoriser la nature au détriment de la civilisation, comme si le naturalisme ne venait pas tout juste d’engendrer une terrifiante rupture d’humanité (Shoah et Goulag).
En tout cas, l’austère et sans phrases 1943 ayant réussi à me rejoindre malgré le bruyant et hédoniste 1968, quelque part entre le milieu et la fin des années soixante-dix, j’étais désormais équipé, je savais où puiser, j’avais mon « kit ». Et quand j’arrivai au cégep, confronté à des profs de gogauche qui appelaient « fascisse » tout et n’importe quoi avec une irresponsabilité suffocante, je contre-attaquais en sortant mon réservoir du 8 septembre. Ah, ils se prennent pour antifascistes, mmh ? Eh bien je vais leur en foutre, moi, de l’antifascisme, mais du vrai ! (En prenant bien soin d’utiliser seulement des sources de gauche, évidemment, vu que toute source de droite – même le comte Sforza ! – était automatiquement disqualifiée comme « fascisse » ou « jouant le jeu du fascisse ») Grâce à Gaetano Salvemini, à Simone Weil, à Vercors, à Carlo Levi et bien d’autres, je me suis payé un fun noir aux dépens de ces zélés-bornés des faux « temps nouveaux » – et ce, qu’ils fussent membres d’En Lutte!, du Parti québécois ou thuriféraires de Trudeau.
Aujourd’hui, les baby-boomers se rebaptisent « les aînés » et se drapent dans les accusations d’âgisme sitôt qu’on ose critiquer leur génération et ses réalisations plus que douteuses, mais ils continuent à croire aux sornettes de leurs vingt ans, Ils ont gagné sur toute la ligne. Les ahuris du « self-esteem » ont remplacé les bovins du « vécu », mais c’est fondamentalement la même tambouille, qui continue de tenir l’Homme pour quelque chose d’incroyablement simplet. Le syndrome de la doctrine qui a réponse à tout n’a jamais disparu : simplement. on a sauté à pieds joints d’une doctrine à l’autre – du marxisme au ‘Matin des magiciens’, du psychobabble au neurobiologisme, de Passe-Partout au Ritalin, même dans certains cas d’un anticléricalisme simpliste à une religiosité tout aussi simpliste, et autres variantes – mais toujours, toujours avec le même zèle exalté de celui qui vient de déterrer, avec un Eurêka triomphal, LA baguette magique libératrice qui va tous nous rendre tous égaux et heureux du jour au lendemain. C’est cette mentalité « NOW ! » avec poing sur la table qui, paradoxalement, a empêché tout vrai changement de se se produire, car celui-ci prend du temps.