
Lorsque les administrateurs du programme MBA de l’Université Laurentienne ont appris qu’ils avaient la plus forte proportion de femmes parmi toutes les écoles de commerce du Canada, ils sont restés sous le choc. «C’était toute une nouvelle, dit Barbara Millsap, coordonnatrice du programme. Nous n’avions pas réalisé que nous faisions quoi que ce soit de différent.» L’école de commerce de cette université, établie à Sudbury, en Ontario, peut se vanter d’avoir une clientèle qui comporte 60 % de femmes, ce qui la place parmi une poignée d’écoles de commerce canadiennes qui comptent plus d’étudiantes que d’étudiants.
Tout comme c’est le cas à l’Université Laurentienne, le corps étudiant de HEC Montréal et de l’école des sciences de la gestion de l’UQAM est aussi majoritairement féminin, avec respectivement 52% et 55% de femmes.
Cela dit, dans la plupart des écoles de gestion du Canada, y compris à l’Université Laval (à 48%), à Concordia (à 47%) et à McGill (à 27%), les femmes sont toujours minoritaires.
Selon Statistique Canada, 35 % des diplômes de MBA ont été décernés à des femmes en 2011 au pays. Et rien n’indique que ce taux a augmenté depuis. Durant cette même période, la proportion de femmes à l’école de gestion Rotman, de l’Université de Toronto, est passée de près de 25 % à 32 %. À peine plus du tiers de la cohorte actuelle à l’école de gestion de l’Université de la Colombie-Britannique est composée de femmes, comparativement à 23 % en 2013. Pour ce qui est de l’école DeGroote, à l’Université McMaster, à Hamilton, elles comptent pour environ 40 % du corps étudiant. La parité des sexes, devenue une norme dans les programmes professionnels tels que la médecine, la médecine dentaire et le droit, continue d’échapper à la plupart des écoles de commerce.
Pourquoi? Le débat fait rage. Les femmes pourraient être découragées par le coût élevé d’un MBA, qui leur apporterait des avantages professionnels et pécuniaires moins importants que ceux de leurs collègues masculins. Une étude de 2013, menée par Catalyst Canada, note un écart de près de 8 200 dollars entre le revenu des hommes et celui des femmes lors de leur premier emploi suivant l’obtention d’un MBA. Les femmes semblent aussi se voir proposer des emplois de moindre responsabilité, et on leur confierait des tâches n’offrant pas d’aussi grandes possibilités d’avancement professionnel.
La faible représentation des femmes dans les programmes du MBA s’expliquerait aussi par l’absence de modèles féminins, le manque de soutien de la part des employeurs, les inquiétudes concernant la conciliation travail-famille et le manque de confiance qu’elles ont en leurs propres compétences en mathématiques, révèle une autre étude de Catalyst, menée en 2013 aux États-Unis en collaboration avec l’Université du Michigan.
La directrice du programme MBA pour cadres de DeGroote, Milena Head, affirme que certains clichés peuvent encore freiner les femmes. «Demandez à des élèves de dessiner un PDG, dit-elle, et vous obtiendrez très probablement un homme en habit. Il y a encore beaucoup de stéréotypes qui circulent à un jeune âge.»
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Pour Niki da Silva, directrice générale du programme MBA à temps plein de Rotman, à Toronto, un élément majeur pourrait expliquer l’écart d’inscription entre les sexes: l’âge auquel les gens songent à s’inscrire au MBA coïncide avec celui où nombre d’entre eux commencent à fonder une famille.
Liz Starbuck Greer, vice-doyenne de l’école supérieure de Sauder, à Vancouver, voit un aspect positif dans le fait que les écoles de gestion tentent de régler le déséquilibre hommes-femmes: on est en mode solutions!
Certaines écoles mettent en place des incitatifs pour attirer des candidates de qualité. Par exemple, Sauder et d’autres établissements offrent des bourses d’études réservées aux femmes, non seulement pour attirer les meilleures, mais également pour transmettre un message comme quoi ils accordent de la valeur à la diversité. Sauder a aussi renouvelé la campagne publicitaire de son programme présentant des histoires à succès de femmes dans le domaine.
Rotman a démarré une initiative pour les femmes en affaires en 2008. Quatre ans plus tard, cette école a rejoint la Fondation Forté, un organisme sans but lucratif qui fait la promotion de la carrière des femmes entre autres grâce à l’éducation. Cette école de commerce facilite aussi l’accès à des événements qui encouragent le leadership des femmes et favorisent le réseautage. Elle offre en outre des méthodes d’enseignement souples et des horaires variés, qui incluent des cours tôt le matin ou en soirée. Tout ça pour parvenir à l’objectif que s’est fixé Tiff Macklem, doyen de l’école, soit que le taux de femmes inscrites à Rotman atteigne 40 % d’ici 2020.
Barbara Millsap, à la Laurentienne, attribue le succès de son école à divers facteurs. Les cours sont offerts autant sur le campus qu’en ligne et le programme permet la formation à temps partiel. En plus, les étudiants peuvent alterner entre les différentes options en cours de route pour mieux adapter leurs études à leur style de vie. L’établissement a aussi un accord de longue durée avec CGA-Canada pour offrir des équivalences de MBA aux comptables formés. Et avec ses droits de scolarité d’environ 12 500 dollars, le programme de la Laurentienne est largement plus abordable que celui de bien d’autres concurrents.
Les écoles voient plusieurs avantages à atteindre un juste équilibre hommes-femmes dans leurs programmes: grâce à la diversité, les étudiants apprennent plus les uns des autres, ont des discussions plus créatives et peuvent se constituer un réseau professionnel plus vaste. Milena Head, à DeGroote, dit que les hommes demandent fréquemment, pendant leur entrevue d’admission, ce que l’école fait pour attirer les femmes, puisqu’ils comprennent la valeur de faire partie d’une cohorte diversifiée.
Pour ce qui est du marché du travail, des études successives ont prouvé qu’une bonne diversité hommes-femmes au sein d’un conseil d’administration mène à de meilleures décisions, à des profits plus élevés et à moins de problèmes d’éthique. «En somme, notre objectif est de changer le ton à la table du conseil d’administration des entreprises, dit Niki da Silva, de l’école de gestion Rotman. Les MBA et les écoles de commerce peuvent jouer un rôle important dans cette voie.»
Cet article a été adapté de Canadian Business.
Bonjour,
À l’EMBA McGill-HEC Montréal, un programme de MBA pour cadres et dirigeants, la prochaine cohorte débutant en septembre 2016 sera composée de 50% de femmes. Pourtant, la proportion de femmes dans les programmes d’Executive MBA est généralement plus faible que celle des programmes de MBA «traditionnel». Je vous invite à me contacter pour plus d’information sur notre programme: Stéphanie Milsé, Conseillère – Marketing et communication, EMBA McGill-HEC Montréal, 514.340.7112 [email protected] et à visiter le site web de l’EMBA McGill-HEC Montréal: http://www.embamcgillhec.ca
Dans les années 80 je me suis inscrite au MBA de McGill. J’ai abandonné lorsque je ne pouvais pas m’empêcher de dormir durant les cours de comptabilité. J’espère que depuis ce temps ils ont inventé une autre manière d’enseigner cette matière!
Aucune chance de changer les mentalités au MBA tant que ce seront des professeurs masculins avec des expériences masculines dans lesquelles ils prétendent avoir réussi à partir de valeurs d’inégalité dépassée.
Actuellement au MBA HEC montreal, nous avons presque autant de professeurs féminins que masculins. Par contre nous ne sommes que 25-30% de femmes inscrites à temps plein.