Conflit étudiant : une nouvelle façon de vendre Montréal aux touristes

Ces temps-ci, je planifie mes sorties nocturnes au cœur de Montréal dans un style «guérilla urbaine».

De mon balcon, je regarde vers le centre-ville pour voir s’il n’y aurait pas une file de voitures de police allant dans la même direction, gyrophares allumés. Je scrute aussi le ciel à la recherche d’hélicoptères.

Je consulte ensuite le compte Twitter du SPMV pour en savoir plus sur les manifestations en cours. «La manif a tourné sur Ste-Catherine vers l’ouest, sens inverse de la circulation. Un sit-in commence au coin de Ste-Catherine et Metcalfe. »

Puis je planifie une sortie ailleurs.

On a besoin d’un grand sens de l’humour pour vivre près du centre-ville en ce moment. C’est devenu une zone de combat pleine de manifestants, d’embouteillages, de travailleurs épuisés, d’entreprises qui souffrent, d’étudiants en train de perdre un semestre… et, parfois, de bombes fumigènes dans le métro.

Lundi seulement, il y avait huit manifestations à l’horaire.

Qui faut-il blâmer? Faites votre choix:

Vous pouvez blâmer les étudiants qui, selon moi, ont gagné leur cause, il y a trois semaines, quand Jean Charest a reculé et a promis de revoir le programme de bourses pour les familles gagnant moins de 60 000$, les protégeant ainsi des augmentations des frais de scolarité.

Les élèves auraient pu déclarer victoire, rentrer en classe et célébrer au champagne, pour avoir permis au Québec de rester un modèle des droits de scolarité abordables en Amérique du Nord.

Mais au lieu de ça, certains ont préféré continuer la lutte des CLASSEs.

Vous pouvez également en vouloir au gouvernement libéral, incapable de se taire après avoir négocié un accord la semaine dernière. Il ressemblait à un mari qui termine une négociation de divorce provisoire en criant à qui veut bien l’entendre : «J’ai gardé la maison et la voiture, elle n’a eu que le chien ! ».

Vous pouvez aussi blâmer la direction du Parti québécois, qui continue d’arborer fièrement le carré rouge, même si ce symbole est désormais associé au vandalisme dans notre ville.

Ou les profs, qui ont fait front commun avec les étudiants, histoire de revivre leur jeunesse et le temps des manifs contre la guerre au Vietnam – poussant ainsi leurs étudiants à perdre un semestre, alors qu’eux, reçoivent un salaire complet.

Peut-être que maintenant que Line Beauchamp est partie (nous sommes tous à blâmer), quelque chose peut être récupéré des débris des trois derniers mois.

Quoi qu’il arrive, une des victimes de tout cela est notre ville, qui affiche un œil au beurre noir juste avant la saison touristique.

Un avocat de Toronto m’a appelé l’autre jour. Sa collègue — une ex-policière ! – voulait savoir si c’était dangereux de venir à Montréal en tant que touriste, compte tenu de la contestation étudiante constante.

J’ai reçu deux autres demandes de la sorte au cours des dernières semaines,  une de Colombie-Britannique et une de Londres.

Nous, les Montréalais, savons que nous ne vivons pas en Syrie, mais peut-être ce n’est pas si évident vu de l’extérieur.

Notre « Printemps érable » a fait l’objet d’articles dans des quotidiens de Grande-Bretagne, d’Italie, d’Espagne, d’Australie et de France. En plus de la couverture télé; on a pu voir des affrontements entre nos policiers et nos étudiants sur CNN, Al-Jazeera et, je ne serais pas surpris, la télévision syrienne.

Le consulat américain à Montréal a même émis une alerte pour inviter les citoyens américains à faire preuve de prudence à Montréal et à être vigilants concernant leur sécurité.

Même si les manifestations se terminent bientôt, les nouvelles internationales ne le mentionneront pas. Cela risque de nuire à la saison touristique.

Alors, comment pouvons-nous convaincre les touristes de venir ici, maintenant que notre image idyllique a changé ?

Voici ma modeste proposition : capitaliser sur notre image révolutionnaire.

Nos publicités touristiques présentent actuellement Montréal comme le Paris de l’Amérique du Nord. Nous devrions désormais nous vendre comme le Paris de mai 1968 avec des publicités évoquant à peu près ceci :

 

« Revivez le Paris de 1968, le fameux été de la révolution dont tant de Parisiens sont nostalgiques. Comme dans vos souvenirs, notre ville offre des manifs étudiantes passionnantes et des affrontements dans la rue entre policiers et étudiants gauchistes. Le tout dans un Quartier latin authentique !

Nous avons même des leaders étudiants charismatiques qui deviendront ministres un jour. Avec son carré rouge, Gabriel Nadeau-Dubois vous rappellera Dany «le rouge », le célèbre leader étudiant parisien, Daniel Cohen-Bendit.

Tout comme Paris en 1968, nos manifestants étudiants sont soutenus par les grands syndicats, qui espèrent ainsi renverser le gouvernement. Lors de votre séjour, vous aurez peut-être la chance de vivre une élection imprévue ou même une révolution !

Et n’oubliez pas votre téléphone intelligent pour découvrir notre calendrier des événements… sur le compte Twitter de la police de Montréal. »

Les commentaires sont fermés.

Voyons Josh…
«le carré rouge, même si ce symbole est désormais associé au vandalisme dans notre ville»…

Vous ne croyez pas ça! dites-moi que j’ai mal lu!?!!

Les étudiants sont des enfants-soldats.
Ils sont utilisés par les laches professeurs, par les syndicats qui ont peur de perdre leur monopole de placement dans la construction et par Québec solidaire, ce parti néo-marxiste géré par des petits bourgeois

M. Freed

S’il y de la révolte dans la famille, doit-on accuser l’adolescent ou le père de famille pour la non résolution du conflit?

Pour vous, dans votre texte en tout cas, vous semblez faire porter le blâme surtout sur l’adolescent et la tante qui est d’accord avec une partie de ses revendications.

Pourtant, lorsqu’un navire s’échoue, on condamne le capitaine parce qu’il n’a pas su diriger le navire, pas les matelots.

Je crois que vous pointez les matelots beaucoup plus que le capitaine, ce qui me semble une erreur de base. Charest se dit « responsable », alors qu’il assume ses responsabilités…

J’ajouterais à cela :

« Courez la chance d’assister à une maNUfestation! »

Les étudiants ne sont utilisés par personne. Et c’est bien ce qui dérange tant de monde. Pour la première fois depuis très longtemps, une génération essaie de vous ouvrir les yeux sur ce qu’un gouvernement fait: ce n’est plus de la mauvaise gestion, c’est une dilapidation complète des progrès sociaux des 40 dernières années. Et les étudiants ne sont pas dupes. Ce qui explique pourquoi ils sont 300000 à avoir refusé une entente et des mesures dont, dans les faits, n’auraient bénéficié que 30% d’entre eux. Un modèle qui ne profite qu’aux banques, qui ruinent les étudiants en les endettant toujours davantage, alors que du même souffle on dit que les Québécois sont trop endettés, vous trouvez ça normal?

Je suis d’accord avec vous. Les étudiants n’ont pas besoin des autres pour voir ce qui se passe! Ils ont une tête pour cela et ils souhaitent un monde meilleurs.

C’est triste mais vous avez raison. Les étudiants ont vraiment échappé le balon. Mais, ils n’avaient qu’une idée en tête, bloquer l’augmentation des frais de scolarité. Une des conséquences de leur entêtement, l’image de Mtl comme ville sécuritaire. A-t-on montré, dans les médiats extérieurs, les manifs paisibles. Mais non, se sont les images de confrontation que l’on verra. Pourtant ce sont ces mêmes étudiants qui travaillent dans l’industrie touristique. Difficile d’être plus bête que ça.

Venez tous voir les masques « Anonyme-Guy Fawkes » contre les masques « Duplessis »!
D’abord la Loi 111 du PQ, qui a innové dans le domaine de la répression de façon particulièrement insidieuse, ensuite la Loi 142 faite dans la même moule par le même parti, et maintenant la Loi 78 des libéraux!
Quel bel avenir pour le Québec: le néo-duplessisme des uns ou le néo-duplessisme des autres!
Venez voir notre musée à la gloire de la raison d’état!

Si les étudiants payaient un juste prix pour leurs études ils seraient plus motivés.
En faisant plutoyt payer les travailleurs pour leurs études oa a formé une classe de fainéants, non motivés à terminer leurs études et qui envient le succès des autres.
C’est un pauvre avenir que se prépare le Québec

Monsieur Freed,

Je dois admettre que tout cela fait désordre….mais ça c’est le Québec et c’est Montréal, une culture bien vivante et unique qui s’exprime. Je m’excuse mais ….Calgary c’est tellement plate…Cela dit, même si certaines images et commentaires qui circulent sur internet peuvent faire peur, on peut très bien déambuler à Montréal en toute sécurité. Il n’y a vraiment aucun danger pour les touristes.

Enfin Monsieur Freed, vous qui êtes cinéaste et écrivain, j’aimerai vous invitez a visiter ce site web: http://ecolemontagnerouge.com/. En navigant sur ce site on se rend compte a quel point les jeunes québécois et montréalais qui sont actuellement dans les rues de Montréal sont créatifs, innovateurs et ne se contentent pas d’une culture nord américaine préfabriquée et prête a consommer…Sur ce site, vous découvrez de très bons artistes.

Rebonjour M. Freed,

J’étais si occupé quand j’allais sur le web que j’ai manqué votre nouveau billet. Content de voir que vous avez tenu parole!

Vous placez souvent Montréal dans son contexte nord-américain pour la comprendre. C’est tout à fait vrai, et c’est un point de vue peu fréquent chez nous.

En fait, j’aime bien que vous le faites en évitant nos écueils habituelles comme « Ils ne nous aime pas », « Nous sommes différentes », « Nous sommes en danger d’assimilation », quand ce n’est pas carrément « Nous sommes moins bon qu’eux ». Contribution unique et utile, j’en veux plus!

p.s. Je ne peux m’empêcher de préciser que les erreurs de M. Charest précède l’entente du début mai. Comme disais Chantal Hébert, ils ont très mal préparé cette crise hautement prévisible.

Quand je me sens mal à l’aise dans une situation, je cabotine. Il paraît que je suis un as dans le genre.

Comme on le dit en anglais: « It takes one to recognize another. »

J’ai l’impression, pas la certitude, qu’on se ressemble.

Les gens me reprochent de balayer la poussière sous le tapis.

Comme vous, j’essaie de désamorcer les situations tendues par l’humour.

Mais, il m’arrive parfois de ne plus pouvoir reculer et de devoir recourir à des solutions nécessaires et plus efficaces (malgré que l’humour est souvent une bonne solution).

M. Freed, soyez assuré de mon respect à votre endroit (nous sommes entre gens civilisés).

J’ai toujours eu une faiblesse coupable pour l’humour anglais et plus encore pour l’humour anglo-québécois. La marchandisation de l’éducation me semble cependant un sujet peu propice à l’hilarité. La » victoire » des étudiants, que vous évoquez, m’apparaît semblable à celle de personnes que que l’on aurait internées sans motif, mais à qui on aurait donné le choix de leur cellule. Par ailleurs, vu de France bien sur, le pseudo vandalisme des étudiants semble bien relatif mais le manque de retenue et la brutalité des forces de l’ordre donne l’impression d’assister à des scénes de répression dans un État policier.
Je souhaite pour le Québec un dénouement satisfaisant à cette situation, qui ne soit pas l’adoption de mesures (loi 78) que n’ aurait pas désavoué Monsieur Duplessis.
Cordialement
Benjamin Theobald Montpellier

Amusant, Josh, surtout les derniers paragraphes. Attention toutefois à l’orthographe du nom des gens dont vous rappelez la célébrité : Dany-le-rouge, c’était «Daniel Cohn-Bendit», pas «Cohen».

Un traducteur d’origine française

Josh! Je vous lis déjà dans « the gazette » et vous êtes le meilleur pour rallier les tempéraments , disons , fâcheux! Un vrai montréalais que vous êtes. Il n’est plus question de langue ici, car un vrai montréalais ne dépends pas de sa langue, il est Montréalais. Et vous l’êtes tellement, de par vos articlea et de votre amour (et ça se voit!) pour notre ville! Amour qui transcende dans tous vos articles sur notre culture québécoise et … montréalaise. Moi je veux encore plus d’anglais comme vous dans notre province! Il faudra que je vous explique un jour , ma version du vrai bilinguisme à la canadienne! (Et ça fonctionne! ) De plus, si tout le pays fonctionnait comme ça, Trudeau se retournerait dans sa tombe! Anyway! Merci d’être là, Monsieur Freed, et de nous invoquer une autodérision dont nous avons tant besoin!!!!!!

On est mort de rire devant votre humour unique en son genre, Monsieur Freed! Si vous n’existiez pas, il faudrait vous inventer, ça ne fait pas de doutes! Et comme votre analyse est profonde alors qu’elle se résume encore à ce qu’ils sont drôles ces chialeux de Québécois, n’est-ce pas? Ha, Ha, ha…

Meci pour cette analyse non conforme, et amusante… et pas si folle !
Je ne suis cependant pas d’accord avec votre remarque sur le carré rouge. Des milliers de personnes qui le portent quotidiemment devraient l’enlever à cause des casseurs ? Non ! Le carré rouge marque le mécontement contre la hausse des frais de scolarité, et on ne peut pas le réduire au vandalisme de certains trouble-fête.

mince, je viens en touriste fin septembre;pouvez vous en garder un peu (des concerts nocturnes).
un parigot nostalgique de mai 68.

Je crois qu’il n’y a pas lieu de faire de l’humour avec cette question. Il y a des gens qui souffrent de pauvreté. Mais quand on ne l’a jamais été on ne sait pas ce que ça fait.

Juste une petite erreur. Le carré rouge n’est pas symbole de violence. Peut-être pour vous et vos amis, mais pas pour la grande majorité de ceux qui le portent.

le ton sarcastique,peut amener à sourire, mais n’empêche que la situation…non,les étudiants veulent que étudier redevient un DROIT et non un LUXE,qu’on soit évaluer selon les méninges et non la bourse, qu’étudier devient un choix financier viable et non pas une croix à porter (souvent par toute une famille)…et même si nous sommes pas en Syrie,cette loi 78 est tellement anti démocratique qu’on se demande bien si Charest n’avait pas demandé conseil à Assad pour sa rédaction…. j’exagère?oui,mais vous aussi!!!

Je n arrive pas a comprendre le media qui ne realize pas que le gouvernement depense 10 fois plus en temps supplementaires que les 0.50 qu il repete depuis le debat du conflit.Le ministre des finaces du Quebec aurait du penser avant. Plus la commission Charbeauneau en frais la construction on en parl;e plus . De grace regadez les depenses du gouvernement avant de juger les courageux etudiants.
Jean

très drôle ce portrait charge ‘one track minded’!
M. Freed vous êtes un libéral inféodé, qu’ajouter de plus?

Bonjour

Je suis allé l’autre côté de la terre en Nouvelle-Zélande la semaine dernière. Ici aussi, à Auckland, on a manifesté le 24 mai: STUDENT ON STRIKE, BLOCKADE THE BUDGET. Il revendique non pas une petite réforme mais « a strucrual change ». Ils regrettent que le gouvernement pense que la seule façon de payer une éducation, ce soit l’endettement. Il y a eu des manifestations et des arrestations aussi.

Jean Charest ou John Key (prime minister of New Zeland), même approche même manque d’ouverture.

http://www.stuff.co.nz/business/budget-2012/6986664/Urewera-four-members-join-Budget-protests

http://www.stuff.co.nz/auckland/local-news/6979044/Student-protest-chaos-in-city

Quand j’ai lu le titre de l’article, je pensais qu’il s’agissait d’une proposition sérieuse. En tant que Français, je serai sincèrement d’autant plus enchanté de venir au Quebec que la situation sociale y est agitée. Malheureusement, étant donné le coût de la vie étudiante (certes, chez nous les frais d’inscription sont bien moins élevés que chez vous mais il reste quand même le logement, le transport, etc), je crois qu’il me faudra attendre quelques années pour me payer ce rêve !
Bref ! Bon courage dans votre lutte ! Ne lâchez rien !

Bel humour….Belles images….
franchement, un des meilleurs résumés de la situation au Québec depuis 3 mois et avec amusement en prime…

Je salue très haut le courage des étudiants et ceux qui les accompagnent ! ils ne se sont pas laissé impressionné par le ton condescendant du gouvernement au pouvoir.Si celui-ci s’occupait plutôt de la corruption qui accable son administration , les millions , au lieu d’aller vers les petit copains , règleraient les frais scolaires haut la main .Cette situation révèle un mal encore plus profond .Ce mouvement est le signe d’une société en regain de vie de par ceux , de tous age qui participent aux differentes formes de manifestation. Bravo!

Quand je vois les profs supporter les étudiants dans leurs manifestations, je me demande qui et quoi payeront leurs augmentations de salaires quand ils jugeront que leur travail mérite une hausse salariale avec des meilleures conditions. Je vous dis carrément, « des taxes je ne peux en payer davantage ». Je n’ai pas le salaire et tous les avantages que les profs peuvent avoir…
Alors svp un peu de respect pour les travailleurs qui ne sont pas syndiqués.
Ceci dit, lorsque j’étais étudiante, je vivais des prêts et bourses, je payais moi-même mon appartement, le nécessaire pour vivre,le matériel scolaire ainsi que des frais de scolarité au privé. C’est un choix; on a jamais demandé au peuple de payer pour nous! :p