Crimes sexuels : le rapport final entre les mains des Forces armées canadiennes

Marie Deschamps, ex-juge de la Cour suprême, vient de remettre le rapport final de son enquête sur les crimes sexuels dans les Forces canadiennes. 

Le chef d'état-major des Forces canadiennes, le général Tom Lawson.
Le chef d’état-major des Forces canadiennes, le général Tom Lawson.

L’ancienne juge de la Cour suprême, Marie Deschamps, vient de remettre le rapport final de son enquête sur les crimes sexuels dans les Forces canadiennes. Le chef d’état-major de la Défense, le général Tom Lawson, a reçu le document vendredi soir dernier dans sa version anglaise.

La traduction devrait prendre de deux à trois semaines, dit-on, puisque Mme Deschamps veut relire la version française, après quoi il sera rendu public.

Depuis les révélations du magazine L’actualité, en avril 2014, sur les nombreux cas d’agressions sexuelles dans les Forces canadiennes, ce sujet est devenu très délicat au sein de l’institution.

L’armée a examiné ses pratiques internes et a finalement décidé de confier à Marie Deschamps le mandat de mener une révision de ses programmes et de cerner le problème. Elle a parcouru le pays pour faire enquête.

Dans une note interne envoyée lundi matin à quelque 100 000 personnes au sein du ministère de la Défense et des Forces armées canadiennes, le général Lawson affirme ceci :

«J’ai reçu la version anglaise du rapport définitif de Mme Deschamps tard vendredi dernier. Il s’agit d’une nouvelle étape importante, et j’aimerais la remercier personnellement de son expertise et de sa rigueur, qui nous ont aidés à comprendre la signification des comportements sexuels inappropriés dans les Forces armées canadiennes (FAC). Pendant son examen, elle a rencontré des centaines de membres des FAC et des intervenants de partout au pays. Sa perspective a été inestimable pour m’aider à comprendre plus clairement le problème, et ce que nous devons faire en tant qu’institution.»

Le 25 février dernier, en prévision de ce rapport de l’ex-juge Deschamps, L’actualité a révélé que Tom Lawson a mis sur pied une équipe spéciale pour gérer le dossier des agressions sexuelles dans les rangs militaires.

Cette «Équipe d’intervention stratégique des Forces armées canadiennes sur l’inconduite sexuelle» est dirigée par l’une des femmes les plus hautes gradées au pays, la major-générale Christine Whitecross. Celle-ci est secondée par l’adjudante-chef Helen Wheeler. Cette escouade compte pour l’instant une dizaine de personnes.

Dans la missive à ses troupes, le général Lawson explique que cette équipe «réalisera un examen détaillé du rapport et élaborera un plan d’action pour donner suite aux recommandations, une fois que j’aurai bien examiné le rapport et que j’aurai fourni mes directives».

Il ajoute qu’il annoncera «publiquement le plan d’action», et que les membres des Forces armées canadiennes «auront accès à la version intégrale du rapport une fois que l’examen du rapport sera achevé».

L’actualité attend depuis près d’un an de pouvoir s’entretenir avec le général Lawson au sujet des crimes sexuels. Sans succès jusqu’à présent.

Malgré ce silence médiatique, le général Lawson réitère à ses troupes l’importance de combattre ce fléau :

«J’aimerais profiter de cette occasion pour rappeler que toutes les allégations de comportements sexuels inappropriés doivent être prises au sérieux, à tous les niveaux des FAC. Tous les militaires qui font face à un comportement inapproprié sur le plan sexuel, ou du harcèlement de toute sorte disposent de diverses options. Vous n’êtes pas obligé de communiquer avec votre chaîne de commandement si vous n’êtes pas à l’aise de le faire. Vous pouvez communiquer directement avec la police militaire ou civile, votre clinique locale, l’aumônier de votre base, le Programme d’aide aux membres des FAC, ou le réseau d’aide avec lequel vous êtes le plus à l’aise», écrit-il.

Certaines victimes militaires qui ont reçu ce courriel interne n’ont pas manqué de noter que le général Lawson fait référence à la «police civile» ou à la «clinique locale» comme ressources si une victime se sent «plus à l’aise» pour en parler. Or, si l’agression a eu lieu dans une zone sous juridiction militaire (une base, ou un lieu d’entraînement ou de mission), et entre membres des Forces, c’est la police militaire qui a priorité pour mener l’enquête. Le plus souvent, la police civile va transférer le dossier à la police militaire.

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When is anyone ever going to look into the matter of the children that grew up on these military bases and whom had to deal with the same defective military justice system that didn’t work for the adults?