
Une pneumonie terrasse la campagne présidentielle de Hillary Clinton. De jeunes apprentis terroristes sont arrêtés en France. Les routes du Québec sont pleines de trous. Les chauffeurs de taxi sont en pleine révolte. Alep est encore bombardée. Et voilà qu’on nous annonce que 500 000 emplois disparaîtront d’ici 15 ans, remplacés par des algorithmes. Misère ! Tout va mal…
Pas tout à fait.
Les alertes de nos téléphones intelligents nous relaient constamment de mauvaises nouvelles. Tout cela crée une « perturbation cognitive », diraient les psychologues. D’un point de vue planétaire, notre ère est pourtant bien meilleure que ne l’ont été toutes les époques précédentes de l’histoire humaine. On l’oublie trop souvent. Et ce pessimisme peut être paralysant. Quand il ne crée pas carrément des problèmes politiques, comme on l’a vu en Grande-Bretagne lors de la campagne sur le Brexit et comme on l’observe maintenant aux États-Unis, où près de 81 % des partisans de Donald Trump estiment que la vie est pire aux États-Unis qu’il y a 50 ans. Ce qui est loin d’être vrai !
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En 1820, 94 % de l’humanité vivait avec moins de trois dollars par jour (en monnaie d’aujourd’hui), a calculé l’économiste et historien suédois Johan Norberg. En 2015, seulement 10 % de la population vivait dans une telle misère. La pauvreté a été réduite de moitié dans le monde au cours des 20 dernières années.
La population mondiale est non seulement moins pauvre, elle est aussi en meilleure santé. Mieux nourris, les humains sont aussi globalement plus intelligents et plus aptes à comprendre des concepts abstraits. Par conséquent, ils sont aussi plus tolérants… car plus à même d’imaginer la vie d’une personne différente d’eux. L’humanité va dans le bon sens.
Dans un livre à paraître fin octobre, Progress : Ten Reasons to Look Forward to the Future (Progrès : 10 raisons de croire en demain), Johan Norberg tente d’expliquer cette dissonance.
Il y a 150 ans, rappelle-t-il, la famine sévissait en Suède, autant qu’aujourd’hui en Afrique subsaharienne ! Pourtant, la Suède est devenue l’un des pays les plus prospères du monde. On peut sortir l’Afrique de la pauvreté. D’ailleurs, elle progresse.
Norberg est conscient que le réchauffement climatique menace ce progrès. Mais il demeure persuadé que l’ingéniosité humaine trouvera des solutions.
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Devant la menace des pertes d’emplois liées à l’émergence d’intelligences artificielles, nous pouvons aussi penser que de nouveaux emplois seront créés dans des domaines que nous n’imaginons même pas aujourd’hui !
Ces nouveaux emplois seront toutefois de plus en plus destinés à des gens instruits. Déjà, le niveau de vie des ouvriers stagne dans la plupart des pays développés et les inégalités s’accroissent. Là est la vraie menace. Il faudra bien que les administrations publiques mettent en avant des politiques appropriées pour faire face à ce phénomène si nous voulons conserver des sociétés non violentes.
La plus importante ressource sur laquelle l’humanité peut compter est son intelligence. Et elle est encore supérieure aux intelligences artificielles. Même si AlphaGo, l’intelligence artificielle créée par Google, a pu battre cette année le champion sud-coréen Lee Sedol au jeu de go… La vie de milliards de gens est beaucoup plus complexe qu’une partie de go !
Bien d’accord. Et j’ajouterais la capacité, s’il le décide, de tourner son coeur vers les autres.