L’auteur a été journaliste, puis sénateur. Il est aujourd’hui directeur à la firme nationale de conseil stratégique Navigator et senior fellow à l’École supérieure d’affaires publiques et internationales de l’Université d’Ottawa.
Le Québec s’est toujours targué de bien traiter sa minorité anglophone, en donnant comme preuve l’existence d’établissements d’éducation et de santé de qualité. En réalité, ceux-ci ont surtout été bâtis par la communauté anglophone elle-même, mais il est vrai que l’État québécois y a fortement contribué.
L’annulation du projet d’agrandissement du collège Dawson, pour des raisons purement politiques, vient changer cela. Les explications du premier ministre donnent à penser que dorénavant, dans les décisions du gouvernement du Québec, un étudiant d’un collège anglophone n’aura plus droit à une éducation d’aussi bonne qualité qu’un étudiant d’un collège francophone. Comme le soulignait Michel C. Auger dans La Presse dimanche dernier, il s’agit d’un cas patent de discrimination.
Selon les données recueillies par le ministère de l’Enseignement supérieur, le collège Dawson est le cégep de la région de Montréal dont les besoins d’espace à court terme sont les plus grands. Le Ministère estime ce déficit à 11 272 mètres carrés. C’est plus que les déficits à court et à long terme des autres collèges de la région métropolitaine, sauf ceux prévus à long terme des cégeps Montmorency (Laval) et Lionel-Groulx (Sainte-Thérèse).
Les besoins de Dawson sont reconnus par Québec depuis longtemps. Parmi les problèmes notés, le cégep loue des classes et des laboratoires dans l’ancien Forum de Montréal, qui n’est sûrement pas un lieu d’apprentissage idéal.
Le projet d’agrandissement conçu par le collège, en collaboration avec la Société québécoise des infrastructures, a été approuvé par le gouvernement de Philippe Couillard. Pour sa part, le gouvernement Legault l’a même inscrit dans les projets d’infrastructures prioritaires définis par le projet de loi 66, adopté par l’Assemblée nationale en décembre 2020.
Ce projet ne vise pas à augmenter la clientèle de Dawson, mais à mieux desservir la clientèle actuelle. De toute façon, c’est le gouvernement qui fixe le nombre d’étudiants que peut accueillir chaque collège.
Tout à coup, à la suite de pressions des mouvements nationalistes qui voient dans l’agrandissement de Dawson un pas de plus vers l’assimilation des francophones, le gouvernement Legault laisse tomber le projet qu’il avait pourtant priorisé. Pourquoi ? Le gouvernement ne s’en cache pas ; ce n’est pas une évaluation rigoureuse des besoins qui a présidé à ce choix. « Est-ce que c’est mieux, monsieur le président, d’agrandir des cégeps francophones avant d’agrandir des cégeps anglophones ? Nous, à la CAQ, on pense que oui ; au Parti libéral, on pense que non », a lancé le premier ministre le 3 février dernier. Autrement dit, les projets d’agrandissement des collèges francophones vont passer avant celui de Dawson, même si les besoins de ce dernier sont plus grands. Ouf !
Tout cela est basé sur la prémisse, généralement acceptée par tous (bien que les statistiques montrent que ce n’est pas nécessairement le cas), que le français est en grave recul au Québec et que les collèges de langue anglaise portent une part de responsabilité dans cette situation. Oui, la moitié des 8 100 étudiants de Dawson sont francophones ou allophones (selon le critère de la langue maternelle). Mais on parle ici de 4 000 jeunes sur une population étudiante totale, au collégial, de 175 000 élèves : 2 %.
Selon le plus récent rapport de l’Office québécois de la langue française, 92,8 % des nouveaux inscrits de langue maternelle française étudiaient en français au cégep en 2015 (une baisse de quatre points de pourcentage par rapport à 1985). Neuf sur dix : où est l’assimilation ? De plus, la proportion d’allophones étudiant en français au niveau collégial est en forte hausse : 57,9 % en 2015, contre 25,1 % il y a 30 ans.
Il est exact que le nombre de francophones et d’allophones qui passent au cégep anglophone après avoir fait leur secondaire en français est en croissance : 10,1 % en 2015 contre 7,8 % cinq ans plus tôt. Mais cette hausse ne représente que quelques centaines d’élèves sur une population étudiante, rappelons-le, de 175 000 personnes.
Une question de droits
Habile comme toujours, François Legault sait très bien qu’aucune minorité n’attire moins la sympathie des Québécois de langue française que la minorité anglophone. Il est vrai que cette dernière est moins fragile que d’autres, en raison du contexte linguistique nord-américain. Mais cela ne signifie pas que les anglophones du Québec devraient avoir moins de droits que leurs concitoyens francophones.
À cet égard, la Cour suprême a statué, dans le dossier de l’école Rose-des-Vents à Vancouver, que le droit à l’enseignement dans leur langue des enfants d’une minorité de langue officielle entraîne le droit à des installations éducatives de même qualité que les installations de la majorité : « Ce qui est primordial, écrivait en 2015 la juge Andromache Karakatsanis, c’est que l’expérience éducative des enfants de titulaires des droits garantis [par la Charte] soit de qualité réellement semblable à l’expérience éducative des élèves de la majorité linguistique. »
Le précédent créé dans le dossier Dawson est dangereux. Dorénavant, le gouvernement du Québec privilégiera-t-il systématiquement les établissements francophones par rapport aux établissements anglophones, peu importe l’évaluation objective des besoins ? Si un hôpital anglophone a grand besoin d’un nouvel appareil diagnostique, sa demande sera-t-elle refusée parce que les centres hospitaliers francophones doivent avoir priorité ? Jusqu’où ira cette discrimination systémique ?
Et c’est ainsi qu’une majorité en vient à reproduire les comportements dont elle a été elle-même victime dans le passé. Et cela se déroule dans l’indifférence générale ; car qui, au Québec, se soucie des « Anglais » ?
Je souhaiterais que vous ayez autant de verve et d’énergie pour commenter ce qui arrive au francophones hors québec; entre autres, pour l’hôpital Montfort!
Ici, vous semblez penser que le cas Dawson va s’exporter au système de santé et quoi encore?
c’est un glissement idéologique dont vous nous avez habitué plutôt fréquemment!
Ah, c’est vrai, le français n’est pas menacé, selon vous bien sûr.
Dawson n’est pas un précédent, il y a eu des précédent dans l’autre sens qui sont sans intérêt … probablement.
Et si on avait agrandi Dawson au détriment de cégep ayant autant de besoin, auriez-vous prêté votre vigilante plume à ces états de faits-là?
que les écoles qui ont besoin d’agrandissement obtiennent aides et subventions selon des critères plus objectifs; je veux bien.
Désolé de ne pas être de votre avis.1- Je crois qu’a la sortie du secondaire, si nos jeunes ne connaissent pas encore leur français, notre problême est ailleurs.
2-Qui seront les plus pénalisés en limitant l’acces aux cégep anglophones? Nos jeunes francophones.Qu’on le veuille ou non, pour avoir les bons emplois, dans notre monde moderne, vous devez parler aussi l’anglais.Ça vaut aussi pour les Chinois, les russes etc.etc. Voulez-vous vraiment qu’on retourne a l’époque d’être né pour un petit pain?
L’un n’empêche pas l’autre…! Il semblerait que e n’est pas une question d’argent…! Ou bien, est- c’e parce qu’ils ont besoin de cet argent pour les échangeurs d’air dans tous les écoles du Québec….?
Il y a là une mauvaise foi patente. En quoi le fait de limiter les places ouvertes aux allophones et francophones brime en quelque façon que ce soit les droits des anglophones. Tant que3 ceux ci ont plus que le nombre de places requises par leur propre nombre, leurs droits ne sont nullement limités. Ce qui est limité c’est le droit d’aller chercher une clientèle qui n’est pas anglophone. Cependant, des moyens devrtaient être mis en place pour permettre aux allophones et francophones de devenir parfaitement bilingues sans avoir besoin d’aller étudier dans les cégeps anglophones. Et inversement. Des collaborations entre les cégeps, des programmes d’échange, saeraient certainementprofitables aux 2 solitudes…
« Oui, la moitié des 8 100 étudiants de Dawson sont francophones ou allophones (selon le critère de la langue maternelle). »
Donc, sans ces élèves non issus de la population anglophone, Dawson ne serait surement pas en déficit d’espace?
Alors qui discrimine qui? À « cause » de qui ou de quoi cette population anglophone ne peut avoir des espaces d’apprentissage suffisant?
Ne serait-ce pas à cause d’un modèle d’affaire du College Dawson qui, au nom de la croissance (si selon-vous l’assimilation n’a rien à voir, parlons plutôt de croissance de clientèle), ouvre la porte à des étudiants non anglophones d’origine, au détriment de sa clientèle « naturelle »?
Mais non, ne répondez surtout pas…
L’ancien éditorialiste de La Presse s’égare en pourfendant la décision du gouvernement au sujet de Dawson . Dans le fond , avec 50 % de francophones , ça laisse moins de places pour les vrais anglophones de souche , et ceux-ci doivent obtenir les places nécessaires pour leur instruction . Diminuer la place des non-anglophones de souche reviendra à plus de places pour eux . Me semble que c’est clair . Monsieur Pratte agite les mêmes épouvantails de peur et d’injustice
qu’avant . J’aurais aimé lire la pensée de l’ineffable fédéraliste sur
l’anglicisation des francophones majoritaires ( pour l’instant ) au Québec . Mais ça , c’est illusoire de sa part ! On connaît son éternel credo …
C’est sa minorité de non-vaccinés que le Québec traite mal.
Il traite mal, aussi, le statut du français appelé à disparaître s’il n’en prend pas mieux soin.
Et la minorité anglophone n’a JAMAIS été mal traitée par le Québec.
C’est plutôt l’inverse qui s’est constamment produit.
Peut-être les Anglais devraient-ils cesser de se plaindre le ventre plein.
M Pratte, je crois votre opinion légèrement biaisée.
1- Combien dépensons-nous en éducation par »tête de pipe » du côté francophone versus du côté anglophone?
2- Comparons la façon dont traite les anglophones le Québec versus la façon dont traite les francophones le reste du Canada.
3- Quelle est la minorité la plus en danger de perdre son identité au Canada?
Dans votre prochaine chronique, ayez l’obligeance d’en tenir compte.
Mais M.Pratte, depuis quand les anglophones perdraient-ils des droits au Québec? Ça n’a jamais existé et n’existera jamais.
Vous encouragez la polémique en présentant la situation comme ça.
Gildas Hameon l’a très bien expliqué dans son commentaire.
Si Dawson veut accroître sa clientèle avec des fonds publics et bien elle doit faire la queue comme les autres et montrer que c’est dans l’intérêt de la société.
La minorité anglophone du Québec est déjà la mieux protégée au monde.
Ce n’est pas le sujet.
Pour éviter la polémique, il faut qu’il soit bien entendu d’abord, que quiconque veut passer sa vie en français et faire carrière pourra le faire dans le territoire du Québec sans brimer sa carrière.
On ne peut pas laisser s’effriter cette possibilité pour un francophone au Québec.
C’est le seul endroit en Amérique du Nord où cette possibilité existe.
Ne mélangeons pas le désir de maîtriser une deuxième langue, qui s’inscrit dans nos objectifs personnels, avec l’anglicisation qui va à l’encontre des objectifs de notre société.
Je souhaite que la société devienne de couleur café au lait et parle le français de Molière et l’anglais de Shakespeare. Épargnez-nous les globishs (les là là et les Likes).
https://150ansde.info/150-ans-de-lois-contre-le-francais/
Jetez donc un petit coup d’œil là dessus et dites moi sans rire que nous pratiquons un racisme systémique envers les autres. En bon canadien-français-de-service, vous ne mordez pas la main qui vous nourrit.
Vous n’avez aucune crédibilité.
M. Pratte pensez-vous qu’un francophone puisse travailler chez ‘Taste Of The North’ s’il ne parle pas anglais?
https://www.tasteofthenorth.com,
Une compagnie québécoise présidée par un Québécois entouré de noms français, évidemment de l’aplaventrisme devant les Anglais.
Ce ne sont pas les Anglais qui m’inquiètent au Québec, ce sont ces traîtres francophones.
Nous connaissons tous des personnes avec des noms francophones qui ne parlent pas français, ça existe oui et vice versa, mais se moquer de la loi 101 comme ça c’est dur à battre. Je me demande si les plus ‘red neck’ oseraient en faire autant. Attendez, ah oui, ils le font aussi et sans gêne.
Leur site internet n’a PAS UN mot en français ni même la possibilité de lire en français et c’est elle qui représente les producteurs de fraises et framboises du Kwebec.
J’ai tenté communiquer avec eux et on me répond »Network Error »!!!!!!
Ce n’est sûrement pas un ‘précédent dangereux’ pour DoorDash,
p.c.q. eux se foutent de la loi 101.
Est-ce qu’un francophone unilingue peut travailler chez Bénédictine, M.Pratte?
Vu hier sur un comptoir de Bénédictine déjeuners:
WE DELIVER WITH DOORDASH Thank You
Quelle chance nous avons de pourvoir encore se faire servir en français au Québec!
Il faut certainement être sourd et aveugle pour ne pas constater que le français est en recul dans la région de Montréal. Aveugle, parce que les statistiques elle-mêmes le confirment! Je cite un statisticien de renom, Charles Castonguay, d’Ottawa, qui vient de publier un livre sur la question: « En 2001, par exemple, 81,4 % des Québécois avaient pour langue maternelle le français. Quinze ans plus tard, en 2016, ils étaient 78 %. » Il précise qu’en statistiques démographiques, c’est un recul très rapide. C’est cela, le contexte qui entoure l’agrandissement de Dawson. Or M. Pratte le nie, rien d’étonnant si on se rappelle qu’il a sur toute chose le regard d’un ex-sénateur nommé par les Libéraux.
Il faut être vraiment de très mauvaise fois ou être extrêmement colonisé pour prétendre que les anglophones sont ostracisés et désavantagés par cette décision. Comparés aux francophones du reste du Canada et comparés aux minorités du reste du monde, les anglophones ont la Rolls-Royce des accomodements et des services dans leur langue. Juste au niveau des hôpitaux, les anglophones du Québec ont 11 hôpitaux pour 600 000 anglophones alors qu’en Ontario, il y a seulement un hôpital pour 500 000 francophones. Les anglophones ont 3 universités pour seulement une en Ontario.
Le français doit être priorisé afin de garder la culture du Québec. La moitié des allophones vont du côté des écoles anglophones. Ce n’est pas comme ça que l’on va valorisé le français au travail et dans la société ni qu’on va valoriser l’usage du français au Québec.
C’est bien malhonnête de baser la proposition d’étudiants francophones inscrits dans un collège anglophone en le calculant sur l’ensemble des étudiants du Québec en entier. Le problème se trouve sur l’île de Montréal. De plus, si les anglophones veulent plus d’espace et avoir un collège où il fait bon vivre, ils n’ont qu’à diminuer le nombre d’élèves et cesser d’admettre les francophones et les allofones. Comme vous dites, la cour suprême a dit 《que le droit à l’enseignement dans leur langue des enfants d’une minorité de langue officielle entraîne le droit à des installations éducatives de même qualité que les installations de la majorité》. Dawson serait bien assez grand s’il se consacrait à la clientèle de la minorité.
Tout cela est essentiellement « électoraliste » ! M Legault veut se montrer un bon « popa » face à ceux qui votent pour lui. Il faut plaire aux québecois… Un québecois c’est un caquiste. Dixit François 1er. Ouais, bon…
Les anglophones unilingues qui vont à Dawson, Vanier, John Abbott ou Champlain vont quitter le Québec. Des centaines de millions sont investis dans leur très bonne éducation et à cause du fait qu’ils sont resrés unilingues, ils auront de la difficulté à se trouver un bon ’emploi au Québec et partiront.
J’ai tellement ris en lisant cet article que j’en ai mal aux côtes….tant de faussetés ne vaut même la peine d’y revenir. Je vais le soin à Frédérick Lacroix de s’amuser à mettre en pièces vos niaiseries…
Comme d’habitude M Pratte le l’acquêt du fédéraliste qui tente de nous faire croire que nous sommes les oppresseurs dans ce pays qui s’évertue a assimiler les Français depuis 200 ans !!!
A une autre époque ou autre lieu M Pratte aurais été un collaborateur des nazies pour dénoncer la résistance !!!