Dans quelle province les élèves sont-ils les plus nombreux à obtenir leur diplôme d’études secondaires dans les temps requis ? Non, ce n’est pas au Québec… Il se classe dernier au Canada, rappelle une étude publiée aujourd’hui par l’Institut du Québec, un groupe de recherche créé par le Conference Board du Canada et HEC Montréal.
Certes, les chiffres diffusés régulièrement par le ministère de l’Éducation du Québec montrent que le nombre de décrocheurs diminue d’année en année. Près de 80 % des élèves québécois réussissent à obtenir un diplôme ou une qualification (comme une attestation de compétence) sept ans après leur entrée au secondaire.
« Mais nous sommes les seuls au Canada à faire le calcul de cette manière », souligne l’économiste Mia Homsy, coauteure du rapport. Les autres provinces regardent plutôt combien d’élèves terminent leurs études secondaires dans les temps prévus.
Au Québec, évidemment, c’est cinq ans. D’après ce barème, le taux de diplomation du réseau public québécois tombe à 64 %, la dernière place du classement canadien, selon les chiffres obtenus auprès du Conseil des ministres de l’Éducation du Canada. En tête de palmarès, l’Ontario, la Nouvelle-Écosse et le Nouveau-Brunswick arrivent tous les trois à décerner un diplôme à 84 % de leurs élèves dans les temps requis. Un écart de 20 points de pourcentage.
Alors que l’Ontario a grandement amélioré sa performance depuis 10 ans, celle du Québec a stagné. Comment expliquer un tel écart ?
L’Ontario a mis en place de nombreuses mesures au cours de la dernière décennie, notamment l’obligation d’aller à l’école jusqu’à 18 ans, des équipes spécialisées dans la lutte contre le décrochage dans chaque établissement, la formation continue des enseignants et, surtout, des décisions basées sur des données probantes.
L’Institut du Québec mentionne une autre différence fondamentale du système éducatif québécois : 20 % des élèves y fréquentent une école privée, alors que cette proportion est d’environ 5 % dans les autres provinces.
Le palmarès canadien ne prend pas en considération ce qui se passe dans les écoles privées, souligne le rapport. Comme les élèves y réussissent mieux en général, le taux de diplomation global du Québec grimperait à 69 % si on en tenait compte… ce qui relèguerait tout de même la province au dernier rang.
L’Institut ne s’attarde pas plus à l’incidence du privé en éducation, mais cela vaudrait peut-être la peine de la documenter davantage, reconnaît Mia Homsy en entrevue. Pour faire concurrence au privé, beaucoup d’écoles publiques à vocation particulière sélectionnent elles aussi les élèves sur la base des résultats scolaires ou de la motivation ; environ 20 % des élèves québécois fréquentent ces établissements.
Résultat : les élèves en difficulté se retrouvent aujourd’hui concentrés dans ce qu’il est convenu d’appeler les écoles publiques « régulières ». « La proportion d’élèves en difficulté dans les écoles secondaires publiques est maintenant de 30 %, c’est préoccupant », souligne la chercheuse.
De nombreux experts du monde de l’éducation, dont Égide Royer, professeur à l’Université Laval, montrent du doigt depuis longtemps cet écrémage des meilleurs élèves pour expliquer la piètre performance des écoles publiques québécoises. Si le tiers des élèves d’une classe ont des difficultés d’apprentissage ou de comportement, il est bien possible que cela tire les résultats vers le bas plutôt que vers le haut, dit-il.
Le Conseil supérieur de l’éducation s’inquiète aussi de l’effet de ces systèmes parallèles sur la performance des élèves. La concurrence entre écoles a fini par dangereusement fragiliser le système public québécois et le rendre inéquitable, conclut-il.
Pour retrouver une bénéfique mixité entre élèves forts et faibles, faudrait-il abolir le financement des écoles privées, comme le réclame le mouvement citoyen L’école ensemble ?
Ou, au contraire, faut-il encourager les écoles privées à accepter davantage d’élèves en difficulté en leur offrant une partie du financement actuellement dévolu à cette fin aux commissions scolaires, comme le suggère Égide Royer ?
Cela pourrait éventuellement faire l’objet d’une prochaine étude de l’Institut du Québec. « Il faut en tout cas comprendre pourquoi on a maintenant deux systèmes à l’intérieur du public, et pourquoi il y a une répartition si inégale des élèves en difficulté, dit Mia Homsy. Il y a lieu d’amener tout le système à soutenir ces élèves-là. »
Mais avant d’investir davantage en éducation, l’Institut réclame une étude approfondie des résultats des programmes déjà mis en œuvre, comme la réduction de la taille des classes ou l’instauration de la maternelle à quatre ans. Car pour l’instant, le ministère de l’Éducation semble naviguer à vue. Les données sont diffusées au compte-goutte et il n’existe que très peu d’études longitudinales permettant d’évaluer l’effet réel des mesures mises en place sur la réussite des élèves.
Le Vérificateur général du Québec notait dans son rapport de novembre 2017 que les indicateurs de gestion qui aideraient les commissions scolaires sont souvent produits avec deux ans de retard.
« Le budget du l’éducation représente près de 20 milliards de dollars par année, souligne Mia Homsy. Ça vaut la peine de dépenser quelques millions pour l’évaluer et savoir si on met cet argent au bon endroit. »
Le problème n’est pas l’écrémage provenant de l’école privée ou des écoles à projet particulier. Le problème vient du modèle québécois qui veut intégrer tout le monde dans la même classe. Si on avait des classes spécialisées pour chaque type de problème d’apprentissage, le milieu scolaire se spécialiserait en fonction de sa clientèle. On a besoin de trois types d’écoles publiques: une pour les doués, une pour les élèves réguliers et une pour ceux qui ont besoin d’une approche innovatrice à cause de leurs difficultés d’apprentissage. À défaut, on n’arrivera pas à sortir de ce cercle vicieux.
Ça ressemble étrangement à ce qu’il y avait dans les années 60 au secondaire; Cours « sciences mathématiques » pour les doués, « sciences lettres » pour les intellectuels, et cours « général » pour les autres. Tout bien réfléchi, ça n’a pas donné des résultats si mal que ça, en tous cas, moins pires qu’aujourd’hui pas mal.
Cet article convient parfaitement à mes valeurs…, j’ai toujours défendu le public aux parents qui venaient solliciter mon appui pour l’entrée au privé de leur fils ou de leur fille. En classe de 6ème année, j’y étais confrontée au temps du classement au secondaire.
Même chose pour l’écrémage des classes du public par les programmes études.
Est-ce vraiment promouvoir l’idéologie du vivre ensemble que d’encourager les « systèmes parallèles »?
Pour moi, une société est composée de « parfaits.es », de cancres, de coincés.es et de libérés.es, d’esprits créateurs ou pas, d’artistes, de génies, de peu et pas doués.es, d’hurluberlus.es, de « drabes », de riches, de pauvres, de futurs.es caissiers.ères, de cosmonautes, d’adonistes, de workalcoolic, alouettes !
C’est plus facile d’enseigner quand il n’y en a pas de problèmes dans les classes, que tous les élèves sont motivés et réussissent bien, mais est-ce vraiment ça une société inclusive?
Que tous les élèves aient accès aux programmes arts-études , pourquoi pas? Et que le privé accepte des élèves en difficultés et défavorisés financièrement, ça devrait! Et qu’on injecte en grande quantité des éducateurs.trices dans toutes les écoles. Et qu’on redore le blason du secteur professionnel: une société a besoin d’universitaires mais pas que d’universitaires! Et qu’on fournisse aux enfants québécois des écoles décentes!
Et dans un autre ordre d’idées mais combien important pour revigorer le monde de l’education: qu’on revalorise la profession d’enseignant.e!
@ Claire Collard
« Est-ce vraiment promouvoir l’idéologie du vivre ensemble que d’encourager les « systèmes parallèles »? »
« … mais est-ce vraiment ça une société inclusive ? »
Ces deux phrases sont des réflexions du style Trudeau, c’est-à-dire qu’elles sonnent bien, mais elle ne sont pas réalistes. Retarder ceux qui ont plus de capacité en pensant donner une meilleure chance à ceux qui en ont moins aurait tendance à créer une société égalitaire vers le bas plutôt que de la relever. Je crois qu’il y a autre chose à faire que mêler tout ce beau monde par principe « d’inclusion » qui ne veut pas dire grand chose quant à moi. En coupant les têtes fortes, on n’aide pas les moins munis.
Quant au système parallèle, ça crée une saine compétition qui tire tout le monde vers le haut plutôt que vers le bas, et ça n’enlève rien aux ressources disponibles. C’est la gestion de ces ressources qui est en cause.
La lutte contre le décrochage scolaire commence à la maison. Point.
Pour ce qui est de l’école privée, peut-on blâmer des parents d’avoir à coeur la meilleure éducation possible pour leurs rejetons, surtout lorsqu’on constate les résultats de la présente analyse? Ces parents paient leurs impôts et leurs taxes scolaires comme tout le monde ET EN PLUS, ils font de gros sacrifices et paient UN SUPPLÉMENT pour donner à leurs enfants une éducation de meilleure qualité.
Qui voudrait envoyer sciemment son enfant se faire éduquer dans un endroit où la médiocrité est érigée en système?
Il faudrait voir ce qui se cache derrière les supposés « performances » de l’Ontario. Dans un article paru dans le magazine Affaires universitaires, le professeur Alan Slavin, de l’Université Trent mentionnait que :
« ces mêmes élèves qui avaient si bien réussi au secondaire ont pourtant de sérieuses difficultés une fois à l’université. En effet, les taux d’échec et d’abandon des étudiants universitaires de première année ont fortement augmenté au cours des 10 dernières années, particulièrement dans les cours de physique et de mathématiques. La plupart des professeurs interrogés par M. Slavin remarquent que la préparation des nouveaux étudiants à ces études est souvent déficiente.
Toujours selon le professeur, les jeunes étudiants n’ont pas acquis les habiletés conceptuelles essentielles à la réussite de ces cours, dont le raisonnement, l’analyse et la synthèse. Au lieu d’enseigner ces habiletés, l’école secondaire ontarienne a mis l’accent sur la mémorisation de faits depuis la fin des années 1990. Les étudiants sont donc désemparés lorsqu’ils doivent soudainement utiliser ces habiletés dans un cours universitaire. Ils ne savent que restituer les faits qu’on leur a transmis et sont incapables de les intégrer dans une démarche plus complexe.
Malheureusement, un jeune du secondaire qui, pour obtenir son diplôme, répète comme un perroquet des faits entendus en classe semblera sur la voie du succès, aux yeux de ses professeurs et de ses parents. Mais cette réussite est un leurre. Un jeune diplômé qui ne peut que restituer de l’information, plutôt que de la raisonner, ne réussira ni à l’université ni sur le marché du travail du XXIe siècle. » (Les élèves ontariens réussissent-ils mieux que ceux du Québec ? Journal Metro, Mario Charette)
N.B. Même si l’article date de dix ans, les commentaires plus récents semblent confirmer que le problème est toujours présent.
Source : http://journalmetro.com/opinions/de-bon-conseil/779804/les-eleves-ontariens-reussissent-ils-mieux-que-ceux-du-quebec/#
https://www.universityaffairs.ca/opinion/in-my-opinion/has-ontario-taught-its-high-school-students-not-to-think/
Nous sommes au DERNIER RANG au Canada. Pas seulement lorsque comparés avec l’Ontario…
C’est le décrochage scolaire qui est en évidence ici. Pourquoi n’y a-t-il pas plus de 51% des garçons qui terminent leur secondaire dans le temps requis?
On peut bien ergoter sur certaines données et sur certaines comparaisons mais au final, les FAITS sont têtus. Et en plus, il s’agit bien ici d’une compétence strictement provinciale où personne ne peut blâmer le fédéral pour se donner bonne conscience comme le font trop souvent les séparatistes.
Il faut réagir et le faire IMMÉDIATEMENT car nous perdons du terrain contre l’ignorance et la médiocrité. La nature ayant horreur du vide, ce sont les Anglos, incluant ceux du Québec, qui nous ferons la leçon et nous retournerons dans notre humiliante situation d’autrefois (i.e.: porteurs d’eau!).
Avec les technologies, ils restera de moins en moins de travail pour les gens (bras…) qui n’ont pas les connaissances de base et qui ne se renouvellent pas.
Surpris des résultats? Pas moi: 45% d’analphabètes fonctionnels au Québec, pur produit du modèle québécois que personne n’imite, heureusement pour eux. Nos très dispendieux CPE devaient éviter ce genre de catastrophe…
Merci pour votre commentaire m. Sauvageau, c`est bien d`analyser les choses en profondeur, c`est tellement facile de nous traiter de cancre, et ça fait tellement plaisir à certains journalistes de nous traiter de cancre et de croire que c`est bien plus vert chez le voisin.
@François 1
« … nous perdons du terrain contre l’ignorance et la médiocrité. »
S’il y a quelqu’un qui devrait se garder une petite gêne avant de commenter sur l’ignorance des autres, c’est bien vous. On le constate à la lecture de vos commentaires. C’est encore plus évident lorsque vous stigmatisez ceux qui possèdent un diplôme en « science molle pas de maths », alors que, dès qu’on vous présente quelques règles comptables assez simples, on vous perd.
J’ai encore le souvenir d’un de vos commentaires passés où vous écriviez que le capitalisme existait depuis la nuit des temps et que s’il y avait eu un meilleur système, on l’aurait remplacé. Aucun cancre « pur produit du modèle québécois » n’aurait écrit une telle ânerie.
Hey François 1, décroche un peu avec tes « séparatisses » tu nous les casses. Je le suis séparatiste, indépendantiste, nationaliste et toute la liste, et pourtant je suis favorable à l’école privée pour les mêmes raisons que toi, alors, libère nous de ton libéralisme…
Lorsque j’étais au secondaire, en secondaire 4, il y avait 50% des élèves qui fesait le cheminement professionnel et apprenait l’électricité, la plomberie, la coiffure, la mecanique automobile, infirmière auxiliaire, etc. Tout le monde graduait en secondaire 5….. Pour la moitié de la population étudiante, pas de maths et sciences difficiles…l’apprentissage d’un métier et toute la satisfaction personnelle qui s’y rattache…pas beaucoup de drop out….et dans ce temps là, pas de pénurie de plombiers et préposés aux bénéficiaires!!!!!
Maintenant on écœure tous les jeunes avec des cours inutiles et difficiles pour plus de la moitié des jeunes…et ils lâchent!!!!
15% des adolescents ontariens sortent de l’école obligatoire avec une moyenne de A+ (90% et +) et 40% ont une moyenne de A (80%-89%). De plus, la note de passage en Ontario est de 50%. Il faut comparer des pommes avec des pommes. L’Ontario fait face à un grave problème d’inflation académique.
Les élèves québécois obtiennent d’excellents résultats lors d’épreuve standardisées internationales comme le PISA. Nous avons de loin les élèves les plus performants en mathématiques (données du PCAP).
Pourquoi un si haut taux de décrochage? Le curriculum est peut-être plus exigeant et la correction, plus serrée. Peut-être avons-nous une bonne pipeline vers les métiers pour ceux qui n’aiment simplement pas l’école. Peut-être est-ce aussi le dédain historique des Québécois face à l’éducation. C’est sûrement un mélange de tout ça. Par contre, je ne crois pas que la solution soit la mixité des forces dans le système. Nos élèves performants ne devraient pas être ralentis par des élèves en difficulté; ils devraient être encouragés à aller toujours plus loin. Ce n’est pas leur tâche de servir d’exemple, de tuteur ou de professeur adjoint : c’est celle du prof.