Le décrochage des garçons est un grand moteur de la pertinente réflexion de Gregory Charles sur l’école, d’abord exprimée dans La Presse+ le 24 avril, puis à Tout le monde en parle une semaine plus tard. Il plaide si fort pour qu’elle soit mieux conçue pour eux qu’il va jusqu’à proposer le retour des classes séparées : les filles ensemble, les gars de leur côté.
Une manière de faire qui n’a rien de probant, lui a rétorqué le spécialiste de l’éducation Normand Baillargeon à Tout le monde en parle ce dimanche, en s’appuyant sur de nombreuses études.
Mais alors quoi, a insisté Charles, on ne fait rien et on laisse tomber les gars ?
Or, il y a belle lurette que la persévérance scolaire fait sourciller au Québec, particulièrement chez les garçons. En 2003, le nouveau premier ministre Jean Charest avait soulevé cette question dans son discours d’ouverture. Et Jacques Parizeau s’en était beaucoup préoccupé en 2008.
En 1996, le chercheur Michel Perron a pour sa part cofondé le Conseil régional de prévention de l’abandon scolaire du Saguenay–Lac-Saint-Jean, qui est toujours en activité. Son approche n’a pas changé : les élus municipaux et les employeurs ont un rôle à jouer pour inciter les jeunes à rester aux études. Depuis, l’initiative a bourgeonné, menant à la création du Réseau québécois pour la réussite éducative (RQRE). Les projets de lutte contre le décrochage se sont multipliés.
Pourtant, il est frappant de voir à quel point le Québec se démarque toujours des autres provinces en matière de fréquentation scolaire. Les données les plus récentes de Statistique Canada à ce sujet, celles qui permettent le mieux les comparaisons interprovinciales, datent du recensement de 2016, mais il serait étonnant que celles tirées du recensement de 2021 — attendues en novembre prochain — témoignent d’un renversement de tendance.
On constate que le Québec compte la plus forte proportion d’hommes âgés de 25 à 34 ans (donc pas issus des générations pré-Révolution tranquille !) qui n’ont pas de diplôme d’études secondaires. Ils représentent 11,5 % de ce groupe d’âge : plus d’un jeune homme sur 10 ! Le Manitoba arrive au deuxième rang, avec 8,9 % de non-diplômés.
Du côté des jeunes Québécoises, 6,2 % n’ont pas terminé leur secondaire, ce qui est moitié moins que chez les hommes. Elles occupent cependant le troisième rang du palmarès canadien des non-diplômées, où elles sont à peine devancées par les jeunes femmes de la Saskatchewan et du Manitoba.
Comment expliquer ces piètres résultats ? Les autres provinces pratiquent autant qu’ici la mixité scolaire, et l’approche des professeurs n’est pas si différente d’un bout à l’autre du Canada !
Cela nous ramène donc aux conditions extérieures à l’école, au premier chef le poids de l’histoire.
Dès 1871, l’Ontario optait pour la fréquentation scolaire obligatoire ; la Colombie-Britannique et l’Île-du-Prince-Édouard ont rapidement suivi, l’une en 1873, l’autre en 1877. Les autres provinces ont si bien emboîté le pas qu’en 1910, l’école était obligatoire partout, sauf à Terre-Neuve, qui allait y arriver en 1942, et au Québec, qui fermerait la marche en 1943.
Non seulement c’était bien tard, mais il faut voir les discours tenus contre « l’instruction », tant de la part du clergé, au poids si lourd au Québec, que de bien des élus, et qui ont perduré. Il en est d’ailleurs resté une certaine méfiance envers les intellectuels dans l’espace public.
Et puis, tout cela est si récent : encore aujourd’hui, de nombreux étudiants sont les premiers de leur famille à fréquenter le cégep ou l’université. Or, l’influence familiale est déterminante pour se raccrocher à l’école.
Ça s’est confirmé une fois de plus en début d’année, dans un sondage Léger commandé par le RQRE afin de vérifier la portée de la pandémie chez les élèves de 15 à 22 ans. On y apprend qu’un jeune sur trois a pensé abandonner ses cours — une proportion impressionnante. Qu’est-ce qui les a motivés à continuer ? Leurs parents, ont répondu 57 % des jeunes. Suivent un enseignant, un ami ou un adulte proche d’eux.
Mais 11 % des jeunes interrogés ont constaté que personne de leur entourage ne représente une influence positive pour les aider à persévérer dans leurs études, et la moitié des jeunes estiment que la société n’en fait pas assez pour les encourager à étudier. Il y a là de quoi réfléchir au-delà des murs des établissements scolaires.
Par ailleurs, même sans diplôme du secondaire, les garçons arrivent à trouver un emploi relativement payant, ce qui les démarque nettement des filles non diplômées. Concrètement, eux se retrouveront camionneurs ou cuisiniers, ou travailleront dans le domaine de la construction ; elles seront femmes de ménage, caissières ou serveuses. Statistique Canada souligne que cette liste, bien typée et aux écarts salariaux réels, n’a guère varié depuis… 1990.
L’économiste Ruth Rose démontrait même qu’au Québec, en 2016, un homme sans diplôme gagnait en moyenne plus qu’une femme qui avait terminé ses études secondaires. Et le salaire horaire moyen d’un diplômé du secondaire était plus élevé que celui d’une femme diplômée du collégial.
On peut ainsi conclure que les femmes ont des raisons très terre à terre de vouloir un diplôme, et que les hommes ne sont pas si perdants financièrement de ne pas en avoir ! Bien plus que la mixité des classes ou l’absence d’enthousiasme des profs, il est vraisemblable que ce soit d’abord cet argumentaire économique, couplé à l’absence d’encouragement familial et à une certaine indifférence sociale, qui teinte le rapport des décrocheurs envers l’école.
Le besoin actuel de main-d’œuvre ne va pas améliorer les choses. C’est un cercle vicieux : nous exigeons maintenant des services en tout temps, les employeurs cherchent donc à embaucher des travailleurs sans se faire trop pointilleux, et les non-diplômés se faufilent, prouvant qu’on peut réussir en se passant de l’école…
Que le calcul soit faux à long terme, tant pour l’individu que pour la collectivité, n’entre pas en ligne de compte : le Québec se caractérise aussi par sa légèreté quand il s’agit de se projeter dans l’avenir, foi de patrimoine détruit et de manque d’entretien des routes, des écoles, des hôpitaux…
Oui, c’est toute une absence de vision sociale qui se cache sous le décrochage !
Encore une excellente chronique. Josée Boileau a raison : les solutions au décrochage des garçons comme des filles dépassent le cadre de l’école.
Aussi, pour avoir vécu dans une autre province canadienne et avoir pu comparer les programmes scolaires, les programmes québécois étaient beaucoup plus exigeants académiquement parlant. Est-ce que le Québec serait gagnant à offrir des cheminements scolaires plus flexibles? À offrir les programmes d’études professionnelles non seulement aux adultes, mais aussi aux jeunes, avant qu’ils décrochent?
Excellent point de vue, plus ancré dans la réalité que les emportements de Grégory Charles à TLMEP, qui d’ailleurs m’ont fait décrocher ! Ma mère me disait « étudie » pour avoir ton indépendance financière et c’est ce que j’ai dit également à ma fille. À compétence égale notre salaire est moins élevé, d’ailleurs c’est la loi sur l’équité salariale qui le prouve. Si j’étais un garçon je saurais très bien que je peux obtenir un emploi aussi « payant » qu’un diplômé. C’est bien ce que les garçons disaient « à mon époque » dans les années 70. En contexte de pénurie de main-d’oeuvre ce discours est encore plus pertinent. La différence, en décrochant, est peut-être qu’ils sont moins enclins à développer leur esprit critique, leur capacité d’analyse ?
Au Québec on n’aime pas les débats, on n’aime pas la chicane. Moi je dis bravo! à Grégory Charles pour avoir osé argumenter avec Normand Baillargeon. Grégory Charles a souvent été ridiculisé au Québec. Pourtant il est très talentueux et a parlé de sa propre expérience face à un groupe de filles ou à un groupe de garçons. La levée de boucliers qui s’ensuivit ne fait que la démonstration de combien il est difficile au Québec de confronter la bien-pensance. C’est à ses risques et périls. On sentait chez Grégory Charles qu’il prenait à coeur le problème de décrochage chez les garçons. Il mérite des félicitations pour avoir provoqué un éveil sur un problème qu’on préférait balayer sous le tapis.
Je partage votre point de vue Mme Boileau. Les raisons de l’abandon scolaire chez nos jeunes sont multiples. La responsabilité première est attribuable selon moi aux tenants de la génération du baby-boom. Alors que la génération de leurs parents les ont encouragés à faire des études voire se sacrifier pour qu’ils s’instruisent et ils l’ont fait, ces derniers rendus adultes ont non seulement profité abondamment des innovations sociales comme les Cégep, les universités laïcisées, moins élitismes, une fonction publique rénovée, etc, ils ont aussi fait beaucoup moins d’enfants. Et durant cette période des lumières de la génération du baby boom au Québec, les femmes sont sorties de la maison pour le monde du travail laissant la responsabilité de la formation et de l’éducation de leurs enfants à l’école et non plus à la famille. Cette mutation bénéfique aurait pu être un succès si les hommes avaient commencé à partager la partie du rôle d’éducateur auprès de leurs enfants délaissé par les femmes. Il s’en ait suivi les effets délétères de l’éducation familiale permissive des enfants de la génération du post baby-boom.
Encore une fois, les Boomers ont le dos large; j’aimerais bien qu’on change de bouc émissaire un peu. Je suis un boomer, né en 1949 d’une famille de huit enfants. À l’époque, seuls les deux ou trois premiers pouvaient rêver d’atteindre la fin du secondaire et, rarement, pouvaient entreprendre des études supérieures. Étant le sixième, j’ai pris mon courage à deux mains et entrepris le Cégep qui commençait en payant moi-même mes études par un travail d’étudiant et des emprunts à la banque.
Ce dont on ne parle pas aujourd’hui, c’est qu’à l’époque, il y avait un grand réveil de notre nation française. Les Gilles Vigneault nous parlait des ¨Bacheliers de la cinquième¨, les Hervé Brousseau nous chantait ¨Rêve et Conquête¨ et bien d’autres artistes qui nous poussaient à ¨rêver¨d’un avenir meilleur en nous scolarisant davantage que nos parents.
Où sont-ils aujourd’hui ces artistes modernes qui encouragent la jeunesse à foncer et cesser d’accuser leurs parents qui, selon eux, ¨ont tout eu ¨ alors que c’est totalement faux ?
Peut-être faudrait-il remettre nos artistes, nos poètes et nos comédiens à l’œuvre dans des projets lumineux au lieu de continuer à faire sombrer notre jeunesse dans des romans à l’eau de rose et plus sombres que dans le cul d’un ours.
Et si les garçons étaient juste moins persévérants. Les filles ont les mêmes parents de la génération des baby boom . Cette génération coupable de tout ce qui ne va pas….. mais c’est aussi cette génération quia travaillé et mis sur pied plein de programmes sociaux sur lequel les gars d’aujourd’hui comptent.
@ Aline Savard
Si vous lisez le texte, vous verrez que les gars non-diplômés gagnent plus que les filles diplômées. On ne peut donc pas dire qu’ils « comptent sur les programmes sociaux », bien au contraire, ils y contribuent donc plus que les filles via leurs impôts.
Cette chronique, appuyée sur des faits, présente un portrait très juste de la situation. La réalité est qu’on exige moins des garçons et que ceux-ci ont accès à des emplois mieux rémunérés, même sans diplôme. J’ajouterais que la situation s’est tout de même améliorée lors des dernières décennies, avec de meilleurs taux de diplomation. Par rapport aux autres provinces, il est clair que notre système scolaire est plus exigeant. La preuve en est que les élèves québécois réussissent très bien aux épreuves internationales PISA, souvent mieux que des provinces qui ont pourtant un meilleur taux de diplomation.
Concernant les épreuves internationales PISA, il est aussi intéressant de noter que les résultats des garçons sont meilleurs que ceux des filles en maths et équivalents en sciences, alors que d’autres études montrent que l’investissement en temps des filles dans leurs études est jusqu’à 2,5 fois supérieur à celui des garçons. Tout ceci à un âge (15 ans) où la différence de maturité entre gars et filles est à son maximum. Les garçons sont donc bons, mais trop d’entre eux s’ennuient dans le cadre scolaire.
Le texte est tres pertinent et aligne une série de facteurs qui jouent un rôle dans l’importance du décrochage scolaire des garçons au Québec. Cependant il m’apparaît primordial d’y inclure un autre facteur soit le français. Le français est plus complexe et moins pratique que l’anglais en plus d’être inondé d’exceptions.
Difficile de convaincre un jeune doté d’une intelligence concrète que la foi, le foie et une fois c’est pertinent. Ce lot d’exceptions associé à une certaine rigidité de
l’enseignement contribue au décrochage des garçons.
Étant moi-même enseignant j’ai observé ce phénomène que personne n’ose affirmer publiquement.
Vous semblez oublier un autre phénomène que personne n’ose ¨aborder¨ de nos jours. Celui de la loi du ¨moindre effort¨. Voulant trop faciliter la vie de nos petits chéris, on veut leur éviter ¨l’effort minimum¨ qui sied à l’apprentissage de toute matière; que ce soit le français, les maths, l’électronique, les métiers de base.
Il est plus facile de pitonner sur son cellulaire en faisant 2 ou 3 fautes par mot que d’apprendre à écrire avec des professeurs compétents en la matière. J’en déduis que la conclusion que vous tirez de votre texte, c’est que les jeunes d’aujourd’hui ont moins de capacités intellectuelles que ceux de ma génération ou que les enseignants n’ont pas les compétences nécessaires à l’enseignement. Cela n’est pas très flatteur, et selon moi, c’est ça qui est LE problème dont on ne veut pas parler aujourd’hui.
Rigidité de l’enseignement aujourd’hui? Voyons donc! C’est le contraire! On peut jaser de la rigidité de l’enseignement car je l’ai bien connue à l’école et au collège où on ne tolérait aucune faute avec des moyens souvent discutables. Avec la réforme de l’éducation des années 60 et surtout 70, la rigidité de l’enseignement a pris le bord et nos enfants sont devenus passablement illettrés.
Certains parlent d’autres provinces: ma fille qui a étudié en anglais dans une autre province avec le français comme langue seconde écrit mieux le français que notre fils qui a fait ses études au Québec… C’est peut-être une question individuelle mais parler de rigidité de l’enseignement aujourd’hui ressemble plus à une fausse nouvelle qu’à la réalité. Si vous croyez que c’est rigide, c’est que vous n’avez rien vu ni appris du passé!
Le salaire est-il la seule unité de mesure?
Quand je regarde mes filles, universitaires, je constate qu’elles ont une envergure intellectuelle que les garçons non instruits n’ont pas. Et ce sont elles qui ont le haut du pavé.
Certes, il est embêtant que les salaires dans les champs d’emploi traditionnellement féminins soient moindres. Je suis un homme, mais mon milieu de travail est féminin, alors je souffre aussi de ces revenus moins élevés qu’ils devraient l’être. Mais je n’échangerais pas mes diplômes universitaires contre une augmentation de salaire de 25 000 $.
Hahaha… franchement! J’ai hâte de voir le jour où L’Actualité va réussir à se soucier d’un problème qui touche les hommes sans tergiverser frénétiquement. Ici, on n’a même pas réussi à dépasser le stade du titre.
Pourquoi « hélas »? Parce si les hommes s’en tirent relativement mieux dans n’importe quelle situation, c’est mauvais, évidemment.
Imagineriez-vous le titre suivant? :
La richesse, hélas, affecte moins l’espérance de vie des filles :
https://news.harvard.edu/gazette/story/2016/04/for-life-expectancy-money-matters/
« Concrètement, eux se retrouveront camionneurs ou cuisiniers, ou travailleront dans le domaine de la construction ; elles seront femmes de ménage, caissières ou serveuses. »
Elle est là la réponse au mystère de cette prétendue « injustice ». Les hommes qui ont moins d’éducation comprennent très bien : ils choisissent des emplois avec plus de contraintes physiques et mettent leur santé et leur sécurité en jeu pour gagner plus d’argent. Parce que c’est ce que la société attend d’eux. Qu’est-ce que coûte l’argent? C’est ça la vraie question. L’immense majorité des personnes qui meurent dans des accidents de travail sont des hommes, après tout. Et oui, je classe l’emploi de cuisinier sous cette rubrique : six personnes dans une pièce de 12 pieds carrés à 35 degrés Celsius, autour d’huile bouillante, de couteaux et de grils brûlants, ce n’est pas de la tarte.
Ça serait bien de reprendre cette chronique avec la perspective ÉHDAA ou Élève handicapé.e et/ou en difficulté d’apprentissage et d’adaptation.
Pour réaliser son rêve de décrocher son DEP en boulangerie, mon fils autiste (donc ÉHDAA) se doit de réussir son programme FMS d’aide-pâtissier s’il veut espérer se retrouver sur le marché du travail. Pour y arriver, il doit réussir ses mathématiques… Pour un autiste, les maths, ce n’est pas toujours évident. Qui plus est, en raison de la pandémie, le stage est devenu pour lui une véritable épreuve, car les employeurs qui s’engagent à former des stagiaires les renvoient… parce qu’ils n’ont aucune expérience sur le marché du travail. Peut-être qu’un garçon neurotypique peut manoeuvrer et jouir de ses privilèges. Pour un garçon ÉHDAA, c’est une autre histoire.
Exactement. Plusieurs élèves et étudiants bénéficieraient de la possibilité de cheminements scolaires plus flexibles. Pour plusieurs ce n’est pas du tout une question de paresse d’avoir de la difficulté à réussir. C’est plutôt une question de ne pas avoir nécessairement les mêmes forces, dans les mêmes matières que la norme. Soyons réalistes, certains métiers ne nécessitent pas de notions de mathématiques avancées, ni de tant de notions de philosophie (cours obligatoires au cégep)… Si une réforme de l’éducation s’en suit, reste à espérer que la flexibilité sera au rendez-vous.
Un article féministe point !
Je suis tellement d’accord avec cet article. J’observe moi même des jeunes surtout garçons, qui ne rêvent que d’argent sans trop d’effort. C’est ce genre d’handicape sévère au plan intellectuel et approuvé par les parents , ou l’absence de valeurs, laisse toute la place, à la superficialité des besoins tel que principalement matériel. Le système d’éducation ne peut se substituer aux parents absents, en terme de transmetteurs de valeurs, et surtout de CULTURE.
Le profil typique de l’enfant peu éduqué et répandu ,est du genre à fréquenter les gyms presque tout les jours, le culte des sports et de la mise en forme est hautement valorisée, au détriment des arts et de la litterature.
Et malheureusement le système educatif est tout autant handicapé à cet effet, pour avoir connu la nouvelle génération d’enseignants peu cultivée ne connaissant à peu près pas Mozart et Gauguin…….et plutôt fan de OD……
Je suis inquiète du future de cette génération car en l’absence de valeurs intellectuelles et même spirituelles une société pourrait être décimée.
Il y a aussi beaucoup de filles qui rêvent de faire de l’argent sans effort, via des plates-formes d’influenceuses où elles ne vont pas s’intéresser à la musique classique ni à la peinture croyez-moi, mais plutôt à la recherche d’un corps parfait, grâce au gym, au maquillage, à la mode et à l’injection de botox…
Parlant de musique, ces dernières années, on a beaucoup parlé dans les actualités de la difficulté des filles à percer dans un monde masculin, du peu de têtes d’affiches féminines dans les concerts et festivals, du peu de filles gagnantes au gala de l’ADISQ… Pourtant, les cursus musicaux dans les conservatoires et facultés de musique sont depuis longtemps très paritaires.
Exactement. Plusieurs élèves et étudiants bénéficieraient de la possibilité de cheminements scolaires plus flexibles. Pour plusieurs ce n’est pas du tout une question de paresse d’avoir de la difficulté à réussir. C’est plutôt une question de ne pas avoir tous nécessairement les mêmes forces, dans les mêmes matières. Soyons réalistes, certains métiers ne nécessitent pas de notions de mathématiques avancées, ni de tant de notions de philosophie (cours obligatoires au cégep)… Si une réforme de l’éducation s’en suit, reste à espérer que la flexibilité sera au rendez-vous.
C’est un bien bel article mais tant et aussi longtemps qu’il y aura des jobs pour absorber les décrocheurs, il y aura des décrocheurs.
Il y a des statistiques dont on ne parle jamais lorsqu’il est question de décrochage scolaire: c’est le taux de décrochage chez les filles. Or, il est loin d’être nul. En outre, les filles raccrochent moins que les garçons, et sont beaucoup plus démunies une fois sur le marché du travail que les garçons.
Ceci est d’autant plus troublant que l’on dit que les l’écoles valorise des valeurs plus « féminines »: entraide, respect des consignes et de l’autorité, studieuses, assidues. Elles bénéficient aussi de dizaines de programmes qui leur sont spécifiques pour les encourager et les aider dans les domaines traditionnellement masculins (sciences, informatique, etc). Les garçons, eux, s’ennuient davantage dans l’univers scolaires qu’ils voient remplis de contraintes peu stimulantes, et s’y investissent beaucoup moins. Malgré tout, les tests internationaux (PISA) ne montrent quasiment pas d’écart en sciences et en maths. L’école semble être un énorme gaspilleur de talent.
Un problème qui n’est pas.simple à résoudre…lorsque j’ai eu mes enfants, je me disais qu’il fallait des écoles oû on a du plaisir à apprendre…car chaque enfant qui s’y rend doit selon,la vie qu’il a , (précarité sociale,familiale, etc..) être stimulé ..trouver le plaisir ou le défi d’apprendre, de trouver son but …quand il revient à la.maison ,là aussi les parents ont ce rôle, favoriser la continuité de ses efforts ….donc ,dans le réaménagement de l’école , les parents auront la responsabilité de bien faire leur.devoir …
Et la culture, dans tout ça?
La culture au Québec se limite souvent à celle des petits pois verts. Quant à l’autre culture, celle du théâtre, de la musique et des livres, elle est particulièrement pathétique. Les commentatrices culturelles de la vénérable société d’état en remettent avec des «albums» aussi insipides les uns que les autres alors que la vraie musique est orpheline. C’est ça le résultat d’un système éducatif moderne? Alors, le décrochage est bien compréhensible!
Je vais vous avouer, Madame Boileau, que je suis un peu déçu par votre article. Vous avez mis le doigt sur quelque chose d’important à savoir si on ne pourrait pas régler le problème du décrochage en ayant une vision plus globale, en dehors du cadre scolaire. Cependant, je me serais passé de la partie disons « plus féministe » de l’article, qui à mon sens, n’a pas vraiment sa place dans ce contexte: Ce n’est pas parce qu’un métier est plus facilement accessible sans diplôme qu’un garçon manifestera de l’intérêt pour celui-ci. La véritable question est: comment peut-on pousser l’élève (garçon ou fille) vers un niveau d’éducation plus élevé quand il réalise qu’il ou elle « ne rentre pas dans le moule »? Car c’est à ce moment que sa motivation à rester à l’école commence à diminuer. Il n’y a pas de réponse universelle à cette question et, malheureusement, le système d’éducation est une grosse machine qui met du temps à changer. En ayant une vision plus large, peut-être que le fait d’être exposé à d’autres modèles permettra à un élève d’utiliser l’école pour se tailler une place et garantir son avenir.
Vous écrivez «le système d’éducation est une grosse machine qui met du temps à changer». De toute évidence vous n’avez pas vu les changements des années 1960. Le système d’éducation a changé du tout au tout en l’espace d’un an ou deux. J’étais au collège classique et du jour au lendemain je me suis retrouvé dans un CEGEP avec un an de moins d’études, sans que moi ou mes parents n’aient eu voix au chapitre. Du jour au lendemain des professeurs laïcs ont remplacé les frères comme enseignants dans le même édifice qui avait été racheté par le gouvernement provincial. Tout ça pour dire que quand on veut que ça change, ça peut se faire très rapidement. Ce qui empêche le changement aujourd’hui c’est l’apathie des gens et des gouvernements et leur hésitation à se relever les manches et à faire les efforts nécessaires pour corriger le tir.
« Non seulement c’était bien tard, mais il faut voir les discours tenus contre « l’instruction », tant de la part du clergé, au poids si lourd au Québec, que de bien des élus, et qui ont perduré. ». Mme, j’aimerais bien connaître vos sources pour affirmer que le clergé tenait des discours contre l’instruction. Qui tenait les écoles de village à bout de bras dans les années 50-60-70 ? Ce sont des religieuses qui m’ont enseigné à l’école primaire (années 70). Qui a fondé par exemple l’université de Montréal actuellement mondialement reconnue ? Mon père me racontait qu’il adorait aller à l’école, mais qu’il devait souvent ne pas y aller parce sur la ferme de son père, des bras étaient nécessaires pour assurer la subsistance de toute sa famille. Le clergé a une fois de plus le dos large…