Devenir Émilie Bordeleau le temps d’un confinement

Asteure qu’on n’a pratiquement plus le droit de sortir et que tous mes jours seront des samedis, il va falloir user d’un savant équilibre de travail d’école, tâches ménagères, temps d’écran (exagéré), jeux de société, casse-tête, promenade autour du bloc pour ne pas virer fou.

Confinement : jour 1. Je compte à partir du moment où je me transformerai en Mademoiselle Bordeleau. Est-ce que je vais demander à mes trois enfants de m’appeler comme la fameuse Émilie dorénavant ? Peut-être… Depuis le temps que j’en rêve ! Sinon, je les laisse m’appeler « maman » même si je fais l’école à la maison. Ça ravira ma petite de maternelle. L’un des gros défis quand tu as cinq ans, c’est de ne pas te tromper et appeler la prof « maman ». Comme ça, d’une pierre deux coups, c’est sa mère la prof maintenant.

Je vais faire l’école à la maison. Attention, à ce stade-ci, je DIS que je vais faire l’école à la maison. On a déjà commencé, on l’a fait le vendredi où l’école était fermée. Le matin, on a fait des maths et du français. Je vais continuer à faire ça le matin, mais reposez-moi la question quand on sera rendu au jour 13 de ce confinement, que j’ai de la paille dans les cheveux, des tics nerveux et que j’ai rebaptisé mes enfants avec des prénoms de la Bible pour nous protéger. 

Je vais leur enseigner le matin du mieux que je peux, parce que je connais la règle essentielle à ce stade-ci, quand tu es enfermé avec tes enfants, que ce soit chez toi, dans le hall d’un aéroport, ou à la clinique : ça te prend un plan. Au moins une sorte de plan. J’en ai trois. J’habite avec celui qui me les a faits (merveilleusement bien dois-je ajouter), donc si vous savez compter, ils sont plus nombreux que nous. En tout temps. On est toujours à deux cheveux de vivre un putsch. Au moins, ils sont forts comme des nouilles, mais ils ont l’énergie d’un noyau de soleil. Il faut donc être aux aguets pour garder le pouvoir.

Le gouvernement propose les masques, je pense porter celui de Darth Vader, histoire que personne n’oublie qui mène. Si les professionnels de la santé doivent avoir une discipline militaire pour nous sauver de cette crise, je me prépare à faire la même chose chez moi. J’ai trop souvent vécu des samedis mous où je pense qu’on relaxe, mais finalement on se transforme en flaque de lard, et après le chaos pogne. Plus personne ne veut faire quoi ce soit, il suffit d’une étincelle, genre mon gars fait perdre son frère à la Xbox dans un jeu que personne comprend (par personne, lire : moi) et là : POW. S’en suit une engueulade généralisée où des souliers revolent et tout fait mal.

No way. Je l’ai trop vécu. Asteure qu’on n’a pratiquement plus le droit de sortir et que tous mes jours seront des samedis, il va falloir user d’un savant équilibre de travail d’école, tâches ménagères, temps d’écran (exagéré), jeux de société, casse-tête, promenade autour du bloc pour ne pas virer fou. Je vais être un général, mener mes troupes d’une main de fer, quitte à ce que ça égratigne un peu quand je les chatouille. À suivre.

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