Il semble donc que le Réseau express métropolitain, mieux connu sous l’acronyme REM, sera fort bruyant. Toujours postée en France, je ne l’ai pas entendu de mes oreilles, mais si j’en crois reportages et réseaux sociaux, les tests sont concluants : le train léger ne passera pas inaperçu pour les voisins de ses rails !
Déjà que les structures supportant ce nouveau réseau montréalais sont inesthétiques, cela ajoute à mon questionnement : comment aboutit-on à d’aussi tristes projets ?
Je m’interroge en ayant en tête Marseille, Toulouse, Bordeaux, Paris… Il y a des années, on y a opté pour le tramway pour assurer une traversée rapide de la ville. Les wagons sont élégants, ce qui attire l’œil, et ils glissent sans bruit, ce qui contribue à l’apaisement des déplacements. Hélas, la beauté et l’harmonie ne font pas partie des critères qui ont du poids au Québec, surtout pas en matière de transport.
Et puis, le REM sera-t-il populaire ? C’est à voir. Mais on ne peut certainement pas dire que notre société mise franchement sur le transport en commun pour les déplacements entre les villes ou au sein de celles-ci. À Montréal, on a même récemment réduit la fréquence de passage de certaines lignes d’autobus.
Question d’achalandage, nous dit-on — raison qui sert aussi à balayer du revers de la main la comparaison avec l’Europe : « C’est pas pareil, sont plus nombreux que nous autres ! »
Admettons pour le train (quoiqu’on puisse en débattre). Mais au sein des villes, soulignons à gros traits que les 265 000 habitants de Bordeaux comme les 873 000 de Marseille sont infiniment mieux desservis en matière de transport public que les 2 millions de Montréalais. Même le dimanche, on n’y attend pas longtemps le bus. Pour une Montréalaise, c’est épatant à constater ; pour qui vit ailleurs au Québec, c’est de l’ordre de l’incroyable !
La fréquence du service incite évidemment à le fréquenter, ce que nous sommes d’ailleurs constamment invités à faire en France. Même les publicités d’automobiles se terminent par des rappels comme : « Au quotidien, prenez les transports en commun. »
Soit dit en passant, on ne voit pas de vedettes dans ces pubs, autre démonstration qu’au Québec, en dépit des discours écologiques, le culte de l’auto reste intact. Il est toujours de bon ton pour les artistes de s’y associer, et pour les acheteurs de se laisser berner. Ah ! Le mythe de se lancer à l’assaut de grands espaces alors que notre vroum-vroum mène surtout au prochain feu rouge…
Mais on y va vite, et avec quels dégâts ! Cela aussi, je le mesure mieux de mon poste d’observation français.
De mes lointains séjours en France, j’avais gardé le souvenir d’une circulation frénétique, particulièrement à Paris. Cette fois, c’est tout autre chose qui me frappe : où sont passés les klaxons ? À Montréal, on les entend constamment, y compris la rage que certains conducteurs y mettent. Le geste en suit souvent l’écho : que j’accélère et que je te coupe !
Pas étonnant dans ce contexte que le nombre de piétons blessés ou tués dans des collisions soit présentement en augmentation dans la métropole. La Sûreté du Québec tirait d’ailleurs le même bilan en 2022 pour les routes sous sa responsabilité : « le pire depuis une décennie ». Il faut dire que nos rois de la route conduisent de tels mastodontes qu’ils ne voient plus ce qui les entoure.
Heureusement, l’étroitesse des rues des vieilles villes de France réfrène tout engouement possible pour les voitures-chars d’assaut : faut se faire petit pour arriver à passer ! Mais ce n’est pas dû qu’à l’histoire, la modernité a aussi contribué au rétrécissement des rues. Les villes françaises misent désormais sur les trottoirs élargis, les pistes cyclables, les plantations d’arbres, entre autres, ne laissant qu’une seule voie aux voitures. À quoi bon dès lors klaxonner puisqu’il sera impossible de dépasser ?
Tout ce beau monde — piétons, cyclistes, automobilistes — finit donc par se déplacer avec fluidité et cohabitation assumée. Ne restent comme téméraires que les adeptes de la moto, du scooter ou de la trottinette électrique !
Depuis mon arrivée, je suis toujours surprise de voir une voiture ralentir spontanément lorsque j’attends pour traverser. Ce comportement m’avait frappée quand je vivais en Grande-Bretagne, il y a des années ; je l’avais attribué à la courtoisie britannique. Mais voilà que la France est devenue tout aussi respectueuse du piéton !
D’ailleurs, aucun automobiliste ne s’impatiente quand les gens, parfois nombreux, marchent sur la chaussée des petites rues des centres-villes : ils finiront par s’écarter, et le conducteur les contournera avec attention. Une différence énorme en comparaison des excès de vitesse désormais fréquents dans nos zones scolaires et des feux jaunes traversés en trombe aux intersections. Le Québec est vraiment dû pour ralentir !
Or, la seule solution pour y arriver, c’est d’occuper l’espace. Les villes françaises ne misent pas sur de hideux dos d’âne ou d’affreux blocs de béton (encore moins sur des cônes orange !) pour gérer le trafic, mais sur des rues piétonnes, des voies réservées, des pistes cyclables, des stationnements souterrains, de la verdure, des fontaines, des œuvres d’art public… Dans ce vaste décor, la voiture devient un élément parmi d’autres.
Moi qui a priori voyais là des embêtements pour les citadins-qui-ont-bien-le-droit-d’avoir-un-char, j’admets maintenant que c’est cette part congrue réservée à l’auto qui rend l’environnement urbain attirant. Commerces et services s’ajustent en conséquence.
Montréal fait des efforts pour s’adapter à cet urbanisme du XXIe siècle, surtout quand on la compare aux autres grandes villes canadiennes. Mais l’approche restera insuffisante, et son administration se butera à la critique, tant qu’à Québec, on n’aura pas une vision globale des modes de transport. Elle va des marcheurs à protéger au transport en commun à développer — ce qui signifie qu’il doit être facile d’accès, fréquent, confortable, et agréable autant à regarder… qu’à entendre !
Cet objectif semble encore lointain. Dire que pendant ce temps, ailleurs, on avance.
« Depuis mon arrivée, je suis toujours surprise de voir une voiture ralentir spontanément lorsque j’attends pour traverser. Ce comportement m’avait frappée quand je vivais en Grande-Bretagne »
et
« Le Québec est vraiment dû pour ralentir ! Or, la seule solution pour y arriver, c’est d’occuper l’espace. »
Ceci, ‘stratagème’ ferrandezien…; cela, voiture stoppant pour piétons, eh bien, les « ‘Bretons’ » d’ici l’font depuis l o n g t e m p s !… Ça n’s’oublie pas. P’tit enfant, que voyait-on, chez nous? Des automobilistes fonçant sur piétons.
Tu traversais juste un poil (e.g. Ottawa) ou plus loin (Toronto) en Ontario, et, là, que voyais-tu, incrédule-éberlué? Des automobilistes s’arrêtant sitôt qu’apercevaient-ils qqn — (qu’ils croyaient!…) — susceptibles — (d’avoir possiblement envie) — de traverser… On en tombait à ‘renverse. Ça ‘frappe’ – des expériences-chocs de même.
‘fait que, madame, vous n’aurez pas bien bien de misère à me convaincre, moi, qu’y a plein d’«affaires» qui sont mieux faites ailleurs que chez nous — (comme l’autre fois, évoquiez-vous le français mieux parlé là-bas…). Y a bien rien qu’PM/Q pour (se) faire accroire qu’presque tout serait mieux — (fait) — chez nous qu’ailleurs…
N’s’passe pas une journée sans que notre sang n’fasse qu’un tour.
Aujourd’hui, c’est le ministre Éduc qui lâche que mieux vaut un enseignant doté de rien qu’un… secondaire, que pas d’prof du tout.
Moi réponds — (depuis tjrs [car pénurie y avait-il aussi alors]) — que mieux vaut une enseignante dûment bien formée et diplômée diplômée avec qqch sus ‘a tête, que pas d’enseignante.
Mais « eux » — (là j’évoque ces DrainvilletLegault) — ne comprendront jamais cela, semble-t-il.
On pense souvent que l’Amérique du Nord est « hi-tech », mais bof. Quand on revient d’Europe, on constate que l’Amérique est sous-développée en matière de transports. Peu de trains, encore moins de TGV, peu d’avions, peu de bateaux, peu de tramways et de RER, et quand il y en a, ils sont défraichis et peu invitants… L’Europe a tout, y compris des belles routes, des belles voitures et des belles pistes cyclables.
Prenons Genève (Suisse), 380 000 habitants: 80 vols hebdomadaires rien qu’avec Paris, ville avec laquelle elle a des liaisons TGV quotidiennes. Des trains régionaux qui s’arrête, outre la banlieue, dans plusieurs gares souterraines du centre-ville. Des tramway qui se rendent jusqu’en France. Un aéroport connecté avec le tramway, avec le train, ainsi qu’avec des bus propres et beaux. Bateaux qui assurent des liaisons avec la France. Et des superbes autoroutes avec gicleurs de glycol incorporés pour l’hiver et dont plusieurs tronçons sont complètement enterrés pour préserver le paysage de la campagne. Et Genève se plaint d’être mal desservie en matière de transport publics…