Enseigner en ligne, ça s’apprend

Le téléenseignement est une spécialité en soi. La professeure Cathia Papi plaide pour qu’il soit ajouté à la formation des maîtres… avant la prochaine crise.

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D’autres virus viendront. D’autres catastrophes frapperont le Québec. Pas de sitôt, espère-t-on. Mais en tirant des leçons de la dernière — et éprouvante — année, il est possible d’être mieux préparés pour faire face au prochain coup dur qui ébranlera la province. Voici l’un des chantiers à mettre en œuvre afin de ne plus jamais vivre des temps aussi difficiles.

Depuis la rentrée, René Bélanger, conseiller pédagogique en technologie éducative au cégep de Matane, tient une « clinique sans rendez-vous » en ligne trois fois par semaine pour aider les professeurs à résoudre des bogues et à peaufiner leur enseignement à distance. « Rien à voir avec le printemps dernier, quand nos profs étaient en véritable détresse technologique ! » dit le technopédagogue. 

Mais si le milieu de l’enseignement québécois a fait des pas de géant en matière d’enseignement en ligne, les experts soulignent que la bataille n’est pas terminée. Heureusement, ils ont une bien meilleure idée de ce qui doit être fait.

Depuis l’été 2020, quelque 20 000 enseignants québécois de la maternelle à l’université se sont inscrits à la formation J’enseigne à distance, conçue et offerte par l’Université TÉLUQ. Le site de l’université en ligne du Québec a aussi été visité par des intervenants de 162 pays, dont la France, le Maroc, la Belgique et les États-Unis.

Cette formation de la TÉLUQ n’a cependant touché que 1 enseignant sur 10 au Québec. Les experts québécois du téléenseignement s’accordent à dire qu’il est important de préparer les enseignants, les jeunes et même les parents à une prochaine crise. « La formation à distance devrait être intégrée dans la formation de tous les enseignants », plaide Cathia Papi, professeure à la TÉLUQ. Pas seulement pour qu’ils maîtrisent la technologie, mais aussi pour qu’ils apprennent à enseigner en ligne, ce qui va bien au-delà du geste d’ouvrir la caméra et de parler devant l’écran. Selon les recherches sur l’enseignement virtuel, de nombreux éléments de base doivent être pris en considération. Par exemple : s’assurer que les élèves ont une bonne connexion Internet ; contacter rapidement les élèves ; échanger souvent avec eux ; limiter le contenu et la longueur des leçons ; susciter l’engagement avec des activités comme le travail en groupe ; ou préparer des capsules vidéos.

Le téléenseignement sera probablement toujours moins efficace chez les plus jeunes. « La formation à distance a été conçue à l’origine comme un outil d’éducation aux adultes, dit Cathia Papi. Elle implique une certaine autonomie de l’apprenant. Ce qu’on constate dans l’enseignement primaire, c’est que les élèves ont plus besoin d’accompagnement. »

Reste que des enseignants formés atteindront de meilleurs résultats. Et bonne nouvelle, selon Cathia Papi, « il y a beaucoup d’enthousiasme et beaucoup de volonté parmi les enseignants à l’égard des nouvelles pratiques ».

La version originale de cet article a été modifiée le 5 mars 2021.

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J’enseigne à distance a 194 000 utilisateurs dont 88% sont au Canada. Autrement dit, au-delà des 20 224 inscrits (souvent parce qu’ils ont besoin d’une attestation), beaucoup profitent de la formation qui est en accès libre.

À cela m’a fait sourire (ca fait du bien) de penser à la chevelure d’une lionne…
C’est pas vraiment impressionnant.