Au Québec et au Canada comme ailleurs dans le monde, on sent la tendance à la polarisation se cristalliser. Sur les terrains politiques et idéologiques, les centres se vident et les joueurs se campent de plus en plus loin de leurs adversaires. Ça ressemble en fait de moins en moins à un match d’idées, et de plus en plus à deux factions de supporteurs hurlant de leur côté du stade, couvrant de leurs cris ceux de l’autre côté.
Pour un média qui se veut rassembleur comme L’actualité, le contexte pose des défis complexes. Comment rendre compte des extrêmes tout en demeurant au centre du terrain ? Quelle est la bonne façon d’aborder des opinions qui paraissent hérétiques aux uns et providentielles aux autres ? Sur quoi braquer notre projecteur, quand et comment ?
Toutes les salles de rédaction se posent quotidiennement ces questions. À L’actualité, notre manière d’y répondre est de… continuer à faire ce qu’on a toujours fait : s’intéresser aux personnes et aux courants qui façonnent la société ; rechercher la profondeur pour aller au-delà des idées reçues ; se baser sur des faits ; inclure toutes les nuances nécessaires.
C’est dans cet esprit que nous avons choisi de mettre Mathieu Bock-Côté en couverture de notre numéro de septembre. Le sociologue, auteur, animateur et chroniqueur est devenu dans la dernière année une figure marquante des médias en France, ce qui en soi était une raison suffisante pour écrire à son sujet. Mais c’est avant tout pour mieux comprendre l’influence qu’il a sur le Québec que nous avons décidé de lui consacrer cet espace.
La journaliste Marie-Hélène Proulx, qui signe ce portrait, s’est heurtée lors de sa recherche à la même difficulté que lorsqu’elle s’était intéressée au mouvement de la nouvelle gauche (souvent qualifié de « wokisme ») l’an dernier : des intervenants à cran, qui refusent de se prononcer ou qui le font en redoutant déjà les insultes qu’ils recevront de l’autre camp pour avoir osé aborder des thèmes (immigration, langue, identité nationale) qui sont pourtant au cœur des débats chaque semaine. Son travail a consisté à aller au-delà des réactions viscérales que suscite l’œuvre de Mathieu Bock-Côté pour analyser ce que sa réussite représente : la montée d’un nouveau courant nationaliste conservateur, qui a notamment influé sur l’arrivée de la CAQ au pouvoir et sur sa façon de gouverner depuis.
Nous avons préparé ce portrait en sachant que des détracteurs de Mathieu Bock-Côté nous reprocheront de ne pas l’avoir diabolisé, et des admirateurs, de ne pas l’avoir glorifié. Nous espérons surtout qu’il permettra aux lecteurs qui se situent quelque part entre les deux camps de mieux connaître un personnage incontournable de notre époque et de mieux comprendre, par le fait même, les mouvements qui agitent notre société présentement. C’est la mission même de L’actualité.
Cet éditorial a été publié dans le numéro de septembre 2022 de L’actualité.
Cette remarque sur la tache de dentifrice sur son veston est d’une bassesse sans nom et indigne de votre magazine. Cela me confirme, à nouveau, que j’ai bien fait de me désabonner.
Je me réjouis qu’enfin les québécois en connaisse davantage sur l’activisme de MBC. Sa maîtrise de la langue française fascine plus que les idées radicales qu’il véhicule. Déjà il en menait large lors de la Commission Bouchard Taylor. Régine Robin, immigrante française, avait écrit un livre sur le nationalisme québécois «Nous Autres, les autres! On y retrouve des passages sur l’influence de MBC dans la polémique sur les accommodements raisonnables. Un autre exemple de son pouvoir d’influence est dans le dossier des cours d’éthique et de culture religieuse. Je l’ai entendu dans une discussion entre militants dire: « 0n aurait jamais dû les laisser intégrer ce cours dans le cursus universitaire!! On a perdu une jeune génération. » Il tenait ces cours responsables de la désaffection des jeunes à la Cause souverainiste. Lui et ses acolytes auront par la suite réussi à décrédibiliser ces cours et auront participé à ce qu’ils soient remplacés par un cours sur le nationalisme québécois. Son idéologie est à saveur réactionnaire anti modernité flirtant avec celle des tenants de l’extrême droite française.. il a été engagé par la chaine C News qui est souvent comparé la chaine Fox news américaine.. MBC est devenu la coqueluche de ces jeunes pousses de radicaux à la française dans l’entourage de Marion Maréchal Le Pen. Comme partout en Occident, on assiste à une remontée des extrêmes, mais d’abord et avant tout de l’extrême droite, sur fond de xénophobie qui frôle le racisme. C’est la démocratie qui se retrouve fragilisée par ces semeurs de division qui agite l’épouvantail du grand remplacement. Il était temps qu’on débatte de la place centrale qu’occupe Bock Côté dans le projet pour l’indépendance du Québec et de l’influence qu’il exerce et que même il revendique.. il se donne le crédit des lois 21 et 96 si ce n’est qu’elles ne vont pas assez loin à son goût!!
Il se plaint d’être censuré, est obsédé par les wokes et le multiculturalisme. Il joue la carte de l’émotion. Voilà! Qui mérite d’être questionné.. L’inconscience à ce moment ci de l’histoire alors que tout peut basculer devient une attitude irresponsable.
Maintenant place au débat! Que le vrai MBC se lève!
Un ajout: je pense que ce qui a influé sur l’arrivée de la CAQ au pouvoir et à l’influence grandissante de MBC c’est la convergence de la puissante machine médiatique qui penche clairement en leur faveur.
Au Québec on ne questionne pas la concentration de La Presse comme c’est le cas en France. La France a convoqué en janvier dernier les Bernard Arnault et Vincent Bolloré sur fond d’inquiétudes croissantes suscitées par leur main mise sur la plupart des médias français. D’ailleurs Bolloré est le propriétaire de la Chaîne C News , qui a contribué à la normalisation du discours d’Eric Zemmour. Quand, comme c’est le cas pour MBC, on bénéficie du support de deux empires médiatiques, un au Québec et l’autre en France, on ne peut pas dire que sa nouvelle notoriété relève de l’exploit! Et oui le Québec devrait s’inquiéter de la concentration de La Presse bien réelle au Québec qui met à mal notre démocratie.
Autrefois, le journal de Montréal/Québec sous Peladeau père, était une tribune privilégiée pour les souverainistes de gauche, les Payette, Nuovo et autres alors que le PQ portait à gauche. Sous Péladeau fils, on a assisté à un virage réactionnaire conservateur .. Des chroniqueurs en lieu et place de journalistes et une désaffiliation du conseil de presse ont créé un terreau fertile à la propagation d’un conservatisme à la Lionel Groulx. Mathieu Bock Côté avait suscité la surprise quand il avait délaissé le milieu intellectuel pour se joindre au média populiste le plus lu par les francophones. En France, on s’inquiète de la concentration médiatique et de la main mise des Bernard Arnault et Vincent Bolloré sur la plupart des médias français. En janvier dernier, ils ont été convoqués. Vincent Bolloré, entre autres médias, est propriétaire de la chaîne C News qui a contribué à normaliser le discours d’extrême droite de Zemmour. Bock Côté y a été recruté. Idem, aux USA alors que Rupert Murdoch, de la chaîne Fox news, a pesé de tout son poids médiatique dans l’avènement de Trump à la Maison Blanche. Ici au Québec, on vit le même phénomène avec PKP de l’Empire Québécor , celui- là même qui a révélé se réserver pour la République. Personne ici n’ose soulever d’inquiétude devant sa main mise sur autant d’organismes médiatiques et culturelles francophones! On ne peut pas qualifier d’exploit la notoriété soudaine d’un Mathieu Bock Côté quand on bénéficie du rayonnement et du tremplin de deux puissantes machines médiatiques campées bien à droite. Comment expliquer cet omerta? La désinformation nourrit l’ignorance. Le Québec n’est pas à l’abri! L’Occident n’a jamais été aussi près d’une troisième guerre mondiale! Et on continue de ne focusser que sur notre petit nombril! Le réveil risque d’être brutal!