Plus de la moitié des Québécois répondent maintenant « oui » quand on leur demande s’ils croient que « globalement, il y a trop d’immigrants et cela menace la pureté du pays ». Jamais une telle proportion (53 %) n’avait été atteinte depuis que la maison de sondage CROP a commencé à poser cette question brutale, en 1990.
Ce coup de sonde mesure peut-être une poussée de fièvre temporaire. Le sondage a été mené en août, alors que l’arrivée à la frontière d’une vague de demandeurs d’asile d’origine haïtienne faisait grand bruit.
Si ce sentiment de crainte pour l’identité québécoise persiste, c’est l’équivalent d’un mur qui se dressera devant les nouveaux arrivants. Et ce mur, plutôt que de protéger le Québec, l’enfermera dans un enclos asphyxiant.
Il faut rappeler une vérité qui peut en déranger certains : le magnifique et difficile projet de faire prospérer une nation de langue française en Amérique du Nord a besoin de l’immigration pour se concrétiser. C’est une réalité démographiquement incontournable. La natalité seule ne suffira pas à empêcher un déclin de la population d’ici quelques décennies. Ouvrir les frontières fera un Québec plus fort.
La réaction au sondage de CROP montre en fait que le Québec cherche encore une réponse à la grande question du nouveau siècle, qui concerne toutes les démocraties : comment faut-il s’y prendre pour réussir à intégrer équitablement les nouveaux arrivants ? Le vrai débat sur l’avenir du Québec, il est là.
Voilà 10 ans que le sociologue Gérard Bouchard et le philosophe Charles Taylor ont présenté leurs recommandations pour guider le Québec dans cette délicate et complexe quête. On ne peut pas dire merci aux politiciens pour la façon dont ils ont orienté les débats depuis.
Entre l’assimilation trop musclée qu’aurait entraînée la défunte charte des valeurs du Parti québécois, le multiculturalisme sur stéroïdes du premier ministre canadien, Justin Trudeau, et les déclarations aussi incendiaires qu’inexactes du chef de la CAQ, François Legault, sur la frontière « passoire », on peut excuser les Québécois d’avoir les nerfs à vif. Et ce n’est pas la politique de l’autruche trop longtemps pratiquée par les libéraux au pouvoir à Québec qui a aidé à calmer les esprits.
Le premier ministre, Philippe Couillard, a sorti la tête du sable cette année — qui a commencé, faut-il le rappeler, par un funeste attentat contre une mosquée à Québec. On peut saluer l’adoption prochaine d’une loi qui balisera plus clairement les accommodements religieux et affirmera la neutralité de l’État.
On peut aussi être d’accord avec le premier ministre lorsqu’il affirme qu’il faut avoir le courage de discuter de la discrimination et du racisme subis par les minorités. Lancer une telle discussion dans la précipitation n’est toutefois pas le gage le plus sûr d’un résultat heureux.
De plus en plus de Québécois déplorent l’absence d’un projet de société mobilisateur. Ce projet, il est pourtant sous nos yeux : c’est celui de conclure un nouveau pacte avec les immigrants, qui à la fois calmera l’insécurité culturelle de la majorité et assurera des conditions d’intégration gagnantes aux nouveaux arrivants.
Le rapport Bouchard-Taylor a dressé sa liste des éléments requis pour y arriver, en commençant par un réinvestissement important de l’État dans le soutien à l’intégration des immigrants et à l’apprentissage du français. De nombreuses autres pistes de solution ont fait surface depuis, que ce soit le recours aux CV anonymisés pour limiter la discrimination à l’embauche ou une aide financière afin de rendre les services de garde plus accessibles aux parents engagés dans des cours de francisation.
À un an des élections provinciales, il n’est pas trop tard pour relever le défi et rassembler le tout dans une plateforme électorale audacieuse. Quel parti réussira à donner aux Québécois les moyens de négocier une paix durable avec leur propre avenir ?
Cet éditorial a été publié dans le numéro de novembre 2017 de L’actualité.
Bien qu’il y ai des cas de discriminations à l’embauche qui sont liés à l’origine ethnique, il est illusoire de croire que cela se rapporte systématiquement et directement au nom apparaissant sur un CV. De plus, il faut faire très attention aux biais de confirmation qui foisonnent de toutes part et qui sont montés en épingle: le médecin chauffeur de taxi, l’ingénieur en mécanique manutentionnaire, etc.
En fait, le Québec est une société dite « post-industrielle ». C’est à dire que les grandes unités de production de biens de consommation nécessitant un fort basin de main-d’oeuvre sont devenues rarissimes… Tout comme l’extrême surplus de main-d’oeuvre dans les secteurs para-gouvernementaux (santé et éducation) qui galvaudent à tout vent le terme « pénurie », alors qu’environ 50% des infirmières et 68% des infirmières auxiliaires sont à statut précaire et sur appel, que pour obtenir un poste d’enseignant avec une sécurité d’emploi cela prend en moyenne de 10 à 15 années avec un statut précaire et sur appel.
Ceux qui crient à la discrimination systémique semblent ignorer complètement que « peut-être » leurs qualifications ne sont pas adéquates dans le marché de l’emploi québécois… Comme ce maghrébin, collègue au deuxième cycle universitaire, qui me disait être un ingénieur en mécanique et qu’il ne réussissait pas à décrocher un emploi à « sa mesure ». Je lui ai demandé à voir son diplôme. Effectivement, il était ingénieur, mais en mécanique de procédés en bonneterie (sous-vêtements, soutien-gorge, etc.) d’une obscure université soviétique (du temps des échanges estudiantines des pays communistes avec les pays du Maghreb) … Pire, il était dans la fin quarantaine… Dans son cas, la discrimination risque de perdurer longtemps. Mais combien y en a-t-il dans des situations semblables, avec des qualifications douteuses?
Pour ce qui est de la « crème » des emplois au QC, le médecin… Ouais… Ouais… Il y a un silence sur le fait que plus de 78% se trouvent un poste de médecin dans les 4 ans de leur arrivée… Que la formation en médecine varie énormément d’un pays à l’autre… Dernièrement, un couple de réfugiés syriens s’est rendu à Ste-Justine avec l’un de ses enfants qui était malade… Le coule a fait u constat frappant: « nous en Syrie, même avant la guerre, l’on n’avait pas d’aussi bons soins, de médecins aussi compétents… Notre enfant serait sans doute mort faute de soins adéquats et de personnel compétent en Syrie… » Et, il faudrait selon certains bien-pensants immédiatement ouvrir toutes grandes les portes sans aucune restriction à toute personne se présentant comme ayant été médecin dans son pays d’origine… Franchement.
Super article M Multidor j’ai aimé.
Il y a 70 ans j’ai travaillé dans un bureau d’ingénieurs comme dessinateur de sructures, j’ai fait la découverte que sur 15 collègues il y avait au moins 8 personnes d’ethnies différentes, ça m’a enrichi et apporté beaucoup de plaisir à leur contact. Je les ai connu et fréquenté, je crois que c’est un élément de solution découvrir les personnes.
« Je lui ai demandé à voir son diplôme. Effectivement, il était ingénieur, … d’une obscure université soviétique … Pire, il était dans la fin quarantaine… »
C’est justement ce qui s’apparente à de la discrimination à l’embauche. Comment savez-vous, juste par l’université où il a fait ses études et par son âge, qu’il n’a pas les compétences requises?
Aucune étude, pas une seule, ne montre que l’immigration enrichit le Québec. Mais une étude du Fraser Institute montre que l’immigration coute 6 à 7 milliards par année aux Québécois. C’est la différence entre ce que les immigrants (qui gagnent en moyenne 15% de moins que les Québécois) paient en taxes et impots et reçoivent en transferts. C’est comme ça année après année.
L’immigration n’enrichit pas le Québec, c’est le Québec qui enrichit les immigrants. Idem au Canada
Un « pacte » ? quelle idiotie!
Il nous faut une Charte impeccable de la laïcité, sans inclusions de comportements religieux rétrogrades.
Et parfaite égalité hommes – femmes , sans accoutrements vestimentaires communautaristes.
Immigrants, adoptez les valeurs occidentales. Votre intégration est à ce prix.
Je suis entièrement d’accord avec votre commentaire. Si une part de racisme, ou disons une réaction plus vive à l’immigration a pu poindre dans les dernières années c’est simplement parce que nos dirigeants se complaisent, autant au fédéral qu’ici au Québec, à » laisser faire « . Nous vivions une paix relative dans ce qu’on peut appeler nos rapports sociaux avec les différentes communautés immigrantes, même que parfois nous avons été exubérants, comme lors de l’arrivée des vietnamiens…Pourquoi donc aujourd’hui une réaction aussi marquée? et à l’endroit de quelle communauté? Parce que ça n’est pas généralisé, ce ne sont pas toutes les communautés qui nous font grincer des dents..C’est depuis l’arrivée massive des personnes de confession musulmanes à tendance islamisante, ( demandes répétées d’accommodements religieux dits raisonnables ) que nous réagissons, et avec raison…Deux choses très simples, la première, le port du voile islamique en lui-même est une forme de confrontation directe avec ses exigences déraisonnables, comme demander un médecin du même sexe, ou même un examinateur pour EXAMEN DE CONDUITE du même sexe ( nous avons vu cela ). Nous vivons en Amérique ou de telles pratiques ne sont tout simplement pas admissibles, nous allons vers le haut, pas vers le bas. Le peuple hôte n’a pas à rétrograder ses manières plus ouvertes d’établir des contacts sociaux pour satisfaire les exigences parfois dégradantes et même méprisantes pour les femmes en particulier de la communauté immigrante…Et c’est pas juste une question de liberté personnelle, il faut penser aussi à ce qu’il y ait une paix sociale sans qu’une partie de la population ne se sente toujours confrontée à une religion qui cherche à imposer ses règles….ICI, au Québec, on en a fini avec les religions qui s’imposent dans toutes les affaires de l’État, et pour en parler, la demande de réglementation pour l’obtention d’une charte des valeurs québécoise n’est en rien trop rigide… nous pouvons être très fiers d’être le peuple que nous sommes, et il est naturel de mettre au clair ce que sont effectivement nos valeurs, afin d’établir une paix sociale où tous sauront ce qui se fait ou non..Autrement vous ouvrez la voie à toutes les contradictions possibles et on se retrouve alors comme dans une tour de Babel où personne ne se comprend. Tous ces cas particuliers que nos différentes institutions publiques ont eu à solutionner, parfois avec un résultat plutôt lamentable, voulant par là calmer le jeu devant les requêtes d’immigrants plus qu’insistants, auraient pu trouver une réponse simple à partir d’une charte claire…Mais on a laissé faire n’importe quoi et c’est exactement cela qui est déraisonnable, qui choque et fait grincer des dents….Mon avis est que le religieux se vit à la maison ou dans un office prévu à cette fin, chacun sa confession…mais pas en public..Le religieux étant très émotionnel il est vecteur de tentions vives. Le seul port du voile islamique est un signal politico-religieux puissant, les femmes qui le portent émettent ce signal, même quand elles ne parlent pas….Que ressentez-vous quand vous croisez une femme qui porte le voile? Une ouverture au dialogue? Le seul fait de cacher entièrement la chevelure envoie le message de fermeture à l’autre… » je dois me cacher de toi, cacher mes attraits, ma sensualité de ton regard impur, me préserver dans mon intimité..etc. » Et bien nous naissons tous NUS ET NUES. Personne ne naît avec un voile, un turban, ou autre..Nous sommes comme la nature, vous avez déjà vu une fleur refermer ses pétales parce que vous l’admirez, la trouvez belle? C’est naturel et il n’y a aucune raison de se refermer au point de se couvrir entièrement, d’autant qu’on sait aujourd’hui que le port du seul voile n’a rien à voir avec le coran. Comment sera abordé un cours » étique et religion » s’il est donné par une femme voilée? Comment traitera-t-elle la délicate question des rapports homme-femme? Comment répondra-t-elle à la question de jeunes garçons qui désireront savoir pourquoi une femme devrait se cacher du regard des hommes? Je vous laisse débourber ce problème, moi je ne m’y risquerais pas, c’est un nid de guêpes. Voici une belle image…Des milliers de catholiques déambulant dans les rues de Montréal vêtus d’un chasuble blanc orné d’une grande croix rouge sur la poitrine comme dans le dos. Voilà un beau décor bien planté pour créer un terreau fertile aux tentions entre communautés de différentes confessions..On a connu cela au moyen-âge, non? Si nous observions dans les différents pays de la terre ces mêmes communautés où le religieux se mêle au politique, vivre dans la paix et l’harmonie, nous ne dirions rien, parce que nous reconnaîtrions que ça fonctionne..Et bien non, ça marche pas tout simplement…Le plus simple a déjà été dit mais malheureusement ne semble pas vouloir se réaliser, c’est LA LAÏCITÉ….partout, la laïcité reconnaît le droit à chacun sa religion mais dans la sphère privée…elle ne permet pas d’envahir la place publique, un minaret par exemple pour crier la prière..Nous devons impérativement éliminer le religieux de la sphère publique afin de préserver une paix sociale. Le religieux c’est comme les fesses, c’est privé..merci pour votre écoute.
Très bien dit, clair…seule façon de vivre en paix sans avoir à débattre sans fin avec des accommodements déraisonnables..
Quelle paix ? Pour parler de « paix », il faut d’abord qu’il y ait guerre. Et si guerre il y a, elle n’est certes pas contre l’immigration, mais contre les dirigeants qui dirigent tout croche. C’est bien beau encourager l’immigration à coup de millions et de milliards sous prétexte que c’est la solution à notre démographie, mais qu’en est-il de l’aide à nos propres familles. Je l’ai dit et je le répète, si nous voulons que notre nation vive au lieu de survivre, il faudra y investir plus que pour l’immigration. À moins de vouloir se faire hara-kiri.
Il y a toujours eu de la mouvance humaine, elle est naturelle tant qu’elle ne dépasse pas la capacité des nations d’accueil. Revenons à ces limites naturelles, et l’équilibre se rétablira.
Les rêveurs de la multi-cultures et du métissage ne réalisent pas qu’ils sont en train de « s’auto-peau-de-bananiser ». Si cela les enchante, eh bien qu’il en soit ainsi, je leur souhaite une bonne « phase terminale »! Moi, ça ne m’intéresse pas. Je veux, comme toutes les autre races et nations, vivre, me continuer dans ma civilisation et prospérer. Je ne veux pas disparaître en me taisant, comme le bétail vers l’abattoir.
Un pacte avec les immigrants? Elle est bien bonne celle-là! On a même pas réussi à faire un pacte avec les peuples autochtones qui étaient ici avant nous… Non, mais faut être un peu sérieux. Le pacte devrait être que quand on choisit d’immigrer dans un pays, on accepte de s’y intégrer, pas de transporter notre pays dans le nouveau pays! Si je décide d’émigrer en Russie, je m’attend à vivre à la Russe et de parler la langue du pays, pas le contraire!
Au Québec, il ne faut pas se cacher mais l’immigré a tendance à se « ghettoïser » à Montréal, avec les autres membre de la communauté de son pays d’origine et à s’orienter, autant que possible, vers la langue de la majorité en Amérique du Nord, l’anglais. Faut pas s’étonner que le Québécois moyen ait des doutes sur les « bienfaits » de l’immigration! Il y a les immigrants qui vont vivre ailleurs qu’à Montréal et qui s’intègrent très bien et très vite à la société québécoise et c’est là qu’il faut regarder. C’est ça l’exemple à suivre.
C’est très juste et très éclairant..merci..
Il est ou le pacte.
Vous ne citez que ce que la société québécoise et les québécois (es) doivent améliorer pour accueillir l’immigrant !
Ils sont où les concessions du côté de l’immigrant en terme de valeur de laïcité, d’accepter de ne pas porter de symbole religieux en tant que fonctionnaire, de cesser de faire pression via leur lobby pour obtenir des accommodements et leur jugement de la sexualité féminine active, l’égalité homme femme ….
Entièrement en accord avec vous…La laïcité s’il-vous plaît, ça presse.
Mon intervention est courte et précise:
1. Que les immigrants arrivent au pays légalement par la porte prévue par la loi.
2. Qu’ils nous acceptent au lieu d’essayer de tout changer , s’intégrer harmonieusement. La laïcité de l’État, on l’a décrétée depuis des années, on ne veut pas retourner en arrière,,,, Se tenir debout en regardant ensemble en avant.
Tout est clair de cette façon, merci.
On ne nait pas raciste, mais on peut le devenir si tout y pousse…
La question est de savoir : qui pousse et pourquoi ?
Et bien entendu : l’est-on ?
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1)
Quel est ce « un sondage » ? J’aimerais voir la question et son contexte. Est-ce qu’on parle ici des premiers résultats de la supposée consultation sur le racisme systémique québécois ? Dans tous les cas, je suis étonnée de ces résultats, s’ils sont fiables, sauf s’il s’agit d’une réaction à un ensemble de provocations qu’un certain Québec vit depuis plusieurs années, en particulier depuis 2005. Or, 2005 semble une date assez importante dans l’histoire de la montée des fondamentalismes et radicalismes, religieux notamment, islamiques en particulier, au Canada comme en France, mais pas seulement.
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Parmi les provocations, la plus importante est certainement l’orchestration visant à faire du Québec une région, des Québécois de langue française une minorité comme une autre dans le Grand Canada multi – et ici, qui peut nier que le Fédéral, soutenu par certains bras québécois, n’ait pas systématiquement noyé le Québec dans l’immigration sans aucune structure pour protéger le français en termes de ‘langue maternelle’ eu égard à la Constitution ? Mélanie Joly, qui dirige le Ministère du Patrimoine, lequel chapeaute d’ailleurs présentement le pendant fédéral de notre consultation sur le racisme dans la foulée de sa terrifiante Motion 103, ne s’est pas cachée de cet objectif. Je suis pour ma part convaincue que si le Canada avaient accepté de reconnaître et de protéger notre identité (pouvons-nous encore oser le mot ?), notre langue et notre culture, au lieu de la trahir avec une désinvolture croissante, nous n’en serions pas là. Et M. Couillard n’est certainement pas celui qui a arrangé les choses. Méfions-nous d’ailleurs du dernier plan concocté par Jean-Marc Fournier quant à ce projet d’une réouverture de la Constitution, ce que Justin Trudeau n’acceptera jamais et ce que M. Couillard sait très bien. Son but est simplement de gagner du temps et de signer la Constitution en notre nom si jamais il est réélu, pour sa gloire, à l’image de ce projet de loi 62 qui passera cette semaine dans une fermeture emblématique à toutes suggestions de l’opposition. Et on se surprend à ce qu’un certain Québec résiste ? C’est s’il ne résistait pas que je m’inquiéterais, pour la démocratie d’abord, pour la liberté intérieure des sujets ensuite.
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2)
Concernant l’immigration, en lien à la langue, il faut d’abord impérativement cesser l’amalgame ‘immigration économique / réfugiés’, comme en a abusé le PLQ et le PLC (et QS) et comme on l’a malheureusement beaucoup trop vu et lu dans les plates-formes soi-disant éducatives et informationnelles, mais qui sont devenus graduellement de véritable machines de propagande pour un multiculturalisme d’État sans compromis. J’ai relu avant hier un article datant d’un an jour pour jour sur la visite de Manuel Valls au Canada et dans lequel on citait notre Empereur aseptisé qui traitait comme un poison le simple questionnement sur le voile intégral sans se priver de rabaisser le PQ et son chef alors nouvellement élu plus bas que terre – je cite cet article du Devoir : « M. Couillard a dit du chef péquiste nouvellement élu qu’il incarne ‘’une sorte de nationalisme d’assiégés, de nationalisme de peureux essentiellement, des gens qui ne veulent pas faire face à la diversité’’ et qu’il ‘’ramène cette formation politique vers la voie des partis populistes d’Europe ‘’. (Hélène Buzzetti avec Jessica Nadeau, 14 oct. 2016). Que des Québécois(e)s résistent à un projet aussi rassembleur et dans un tel esprit d’ouverture a en effet de quoi surprendre…
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Les gens d’ici comprennent et continueront de comprendre en grande majorité la nécessité de l’immigration économique telle qu’abordée dans ce numéro spécial de l’Actualité, mais pas si on leur vend un ‘package’ incluant niqab, communautarisme institutionnalisé, fillettes pré-pubères et/ou mineures voilées dans les écoles et centres islamiques (pourquoi d’ailleurs ne pas faire de ce sujet très grave le thème d’un de vos prochains numéros) – pour ne nommer que quelques irritants majeurs. D’ailleurs, pourquoi dans la version imprimée, à laquelle je suis abonnée, des images ne présentant que des personnes issues de l’immigration visible sans y intégrer des visages traditionnels ? N’est-ce pas là une occasion manquée de créer ces ponts sans exclusion que l’on dit vouloir faire ici ?
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Au-delà ou indépendamment de la question dite ‘religieuse’, si possible dans la Théocratie multicéphale qu’est devenu le Canada, je crois pour ma part que la solution pour protéger le français adéquatement tout en ouvrant les portes pour l’immigration saine et productive, se trouve dans le modèle péquiste, en particulier via son volet consistant à demander aux immigrant(e)s de connaître le français avant d’arriver. Solution pratique, humanitaire et réaliste s’il en est une – de compétence provinciale en plus et qui permet de s’enrichir de l’immigration en mutualité avec elle sans se suicider dans l’exercice. Qui résiste et pourquoi ?
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3)
Enfin, Bravo pour certaines formules de votre article, dont ce « multiculturalisme sur stéroïdes » très bien trouvé, votre titre qui interpelle en autant que la paix souhaitée ne suppose pas en filigrane la démission de la pensée et de l’expression libre et publique et, enfin, cette très pertinente conclusion qui demande (je cite) « Quel parti réussira à donner aux Québécois les moyens de négocier une paix durable avec leur propre avenir ? » Oui, « paix » et « durable » sont certainement des mots-clés à retenir, conscientiser et approfondir.
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Michèle Lévesque
Gaspésie
Les différences sont la condition de possibilité de l’union…
… mais ne suffisent pas à faire l’unité.
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Voici une référence qui résume exactement ma position sur cette question de la supposée « peur de l’autre » qui ferait d’un certain Québec des racistes opposés systématiquement et même systémiquement à l’immigration – je cite ici Louise Beaudoin dans sa chronique de ce matin (16 octobre 2017) sur Le Devoir : « Il n’est donc pas étonnant de voir l’insécurité identitaire gagner du terrain au Québec et prendre, dans certains cas, la forme de la peur irrationnelle et du rejet de l’autre. Comment peut-on être confiant quant à l’avenir et croire que la nation n’est pas appelée à disparaître d’ici quelques générations si, dès aujourd’hui, d’aucuns [dont le Premier ministre Justin Trudeau et son gouvernement] décrètent qu’elle n’existe déjà plus ? » (1)
Mme Beaudoin donne trois grands axes pour « gérer la diversité dans nos sociétés » – et cela touche directement selon moi les thématiques abordées dans l’éditorial de M. Grandmont :
D’abord (je cite) « déconstruire la ‘ségrégation scolaire’ […] qui perpétue les fractures entre la majorité et les minorités ! Dans trop d’écoles, la ‘majorité francophone de vieille ascendance’ — dixit Gérard Bouchard — est absente ou presque. La mixité scolaire doit devenir la norme, sinon comment se connaître et se reconnaître, comment sortir de l’entre-soi, comment espérer construire une citoyenneté commune ? » Entre autres suggestions, s’impose, dit-elle, la répartition des « nouveaux arrivants sur tout le territoire », en particulier à Montréal. C’est, en mes mots, la meilleure façon de lutter contre le communautarisme qui est le talon d’Achille du multiculturalisme d’état.
Ensuite, dit-elle, il faut instaurer la laïcité, laquelle (je cite) « quoiqu’en disent les bien pensants de droite comme de gauche […] stimule l’inclusion, le rapprochement interculturel et la cohésion sociale. […] comment oublier que le Québec s’est modernisé en se laïcisant au moment de la Révolution tranquille ? »
Enfin, s’ajoute impérativement (je cite) « l’adoption d’une nécessaire nouvelle loi 101 qui étendrait l’obligation de franciser les entreprises de plus petite taille pour favoriser en milieu de travail l’intégration et l’échange. »
*
Une telle vision est vraiment progressiste et « porteuse d’espoir » et elle s’oppose à ce « multiculturalisme régressif » comme Louise Beaudoin l’appelle et qui, en mes mots, est devenu un dogme tellement étatisé, qu’il oblige de fait à une seule conception et un seul modèle de la diversité canadienne. C’est tellement vrai que tout questionnement sur des enjeux clés, comme le visage découvert dans l’espace public, apporte des insultes automatiques et surtout officiellement soutenues au nom de la tolérance. Cette censure qui suppose un refus officiel du ‘modèle français’ ne sont-ils pas ensemble les signes clairs d’un refus de la différence et de la diversité au-delà du discours ? C’est là une aporie qui à elle seule devrait tirer nos sonnettes d’alarme.
Cela étant, notre ‘commun’, conclut Louise Beaudoin, ne peut se résumer à nos seules différences qui sont nettement insuffisantes pour nous rassembler et contribuer à ce que nous « réussirons » « ensemble » à « poursuivre notre aventure collective en Amérique. » Bien d’accord avec elle. Reste donc, comme le conclut l’édito ici, à identifier et à encourager les factions et partis politiques qui permettront de lever les embâcles actuels.
Michèle Lévesque
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(1) (http://www.ledevoir.com/societe/actualites-en-societe/510437/metissage-ou-repli-sur-soi
« La natalité seule ne suffira pas à empêcher un déclin de la population d’ici quelques décennies »
Il serait bien que les Québécois assument les conséquences de leurs choix individuels. La fécondité est faible au Québec depuis les années 1970. Ce n’est pas le fruit du hasard. Il y a des causes à cette faible fécondité. Une forte immigration suffisante pour empêcher le déclin de la population viendrait masquer le problème de la faible fécondité. Nos valeurs et notre mode de vie déterminent cette faible fécondité. Ils faut donc les remettre en question.
Il faut aussi évaluer la démographie selon des critères environnementaux. Les Occidentaux, et surtout les Américains et les Canadiens, consomment de grandes quantités de ressources par habitant et produisent plus de GES par habitant que les autres nations. L’immigration vient augmenter la consommation et les émissions de polluants. Tant que la croissance économique ne sera pas orienté, si c’est possible, vers une réduction drastique de la consommation des ressources naturelles et vers de très faibles émissions de polluants et de GES, l’immigration contribuera à accentuer les problèmes environnementaux. La conclusion est ici aussi que notre mode de vie et nos valeurs doivent changer.