Le vent électoral souffle sur le Québec, entraînant avec lui un refrain familier pour quiconque s’intéresse à la place des femmes en politique.
Si les partis ont du mal à recueillir des candidatures féminines, c’est parce que les femmes elles-mêmes hésitent à se lancer, selon cette vieille rengaine. Quand on leur offre de se présenter en politique, les hommes sautent à pieds joints, dit-on, tandis que les femmes tergiversent, paralysées par le doute. Comment voulez-vous élire plus de femmes — elles représentent à peine plus du quart de la députation, à Québec comme à Ottawa — si les principales concernées n’osent pas entrer dans l’arène ?
Mais ce que cette histoire ne dit pas, c’est que les hommes ne sautent pas du premier coup, eux non plus. Ils font d’abord l’objet d’une campagne de persuasion intensive. Selon Jennifer Lawless, politologue à l’American University, à Washington, les femmes ne sont pas vraiment plus difficiles à convaincre. Les partis déploient juste moins d’efforts pour les recruter.
Pour les fins d’une étude publiée en 2010 dans le Journal of Politics, la spécialiste a sondé environ 1 000 hommes et 1 000 femmes ayant le profil de candidats potentiels : des professionnels établis, issus de milieux comme le droit, les affaires, l’éducation ou l’activisme. Nombre d’entre eux étaient engagés politiquement, gravitaient dans l’entourage d’un parti ou étaient en contact avec des élus dans le cadre de leur travail. Or, même parmi cet échantillon privilégié, les hommes étaient plus susceptibles que les femmes d’avoir été incités à se présenter par un acteur politique.
En cette année charnière où on s’interroge sur le déséquilibre des pouvoirs entre les sexes, le rééquilibrage devra aussi passer, impérativement, par la sphère politique.
Et on leur faisait une cour pas mal plus insistante. Les hommes avaient presque trois fois plus de chances que les femmes d’avoir été abordés par trois recruteurs différents. Aussi, ils avaient une fois et deux tiers plus de chances d’avoir été contactés à trois reprises par la même personne.
Les données québécoises sur le sujet sont plus rares. Mais dans son livre sur le militantisme politique au Québec, paru en 2003, la sociologue Évelyne Tardy constatait que les partis négligent de recruter les femmes dans leur propre giron. Au Parti québécois, les militants étaient presque deux fois plus susceptibles que les militantes d’avoir été pressentis pour se porter candidats. Au Parti libéral, c’était deux fois et demie.
C’est vrai qu’il existe un écart notable entre les ambitions politiques des deux sexes. Aux États-Unis, chez les diplômés universitaires, 15 points séparent la proportion d’hommes (38 %) et de femmes (23 %) qui ont déjà envisagé de se porter candidats aux élections, un fossé qui n’a pas rétréci en 20 ans, selon les enquêtes de Jennifer Lawless. Ses recherches confirment également que les femmes ont tendance à surestimer les compétences requises pour se lancer dans une course et à sous-estimer leurs chances de l’emporter.
Mais cette résistance s’évanouit sous l’effet des encouragements. C’est ce que la politologue a observé dans son étude des candidats potentiels. Les femmes qui avaient déjà été pressenties étaient aussi nombreuses que les hommes à dire qu’elles voulaient se présenter un jour, et aussi nombreuses à avoir déjà été candidates. « Les femmes ne semblent pas avoir besoin d’efforts de recrutement plus fréquents ou plus élaborés que les hommes pour les convaincre que se présenter aux élections est quelque chose à considérer », écrit la chercheuse.
La timidité politique des femmes n’est donc pas immuable, pas plus qu’elle n’est innée. À l’école secondaire, les élèves des deux sexes sont pareillement ambitieux : autant de filles que de garçons croient qu’ils auront ce qu’il faut, plus tard, pour être candidats aux élections, ou ont déjà songé à ce choix de carrière. C’est à partir de l’université que leurs aspirations, et la confiance en leurs moyens, se mettent à diverger, a découvert Jennifer Lawless dans une autre série de sondages.
Ce n’est pourtant pas sorcier. À ce stade, les jeunes hommes se voient encouragés par toutes sortes de personnes dans leur entourage à poursuivre un jour une carrière de politicien : ils ont presque 60 % plus de chances que les jeunes femmes d’y être poussés par un prof, et presque 40 % plus de chances d’y être incités par un parent ; et ainsi de suite pour leurs frères et sœurs, amis, grands-parents, oncles ou tantes, entraîneurs. Toutes ces voix s’unissent pour propulser vers la politique les gars davantage que les filles.
En cette année charnière où on s’interroge sur le déséquilibre des pouvoirs entre les sexes, le rééquilibrage devra aussi passer, impérativement, par la sphère politique. C’est l’ensemble de la société, et pas seulement les femmes elles-mêmes, qui gagnerait à imaginer plus souvent celles-ci dans le rôle d’élues.
Cette chronique a été publiée dans le numéro d’avril 2018 de L’actualité.
« les femmes on tendance à surestimer les compétences requises pour se lancer dans une course » (!?!?!)
Quand on analyse les compétences des politiciens au pouvoir, on constate que ça n’a aucune espèce d’importance.
Peut-être que les hommes politiques devraient faire preuve d’un peu plus d’autocritique.
@ Suzanne Trottier,
Vous posez une bonne question, j’aimerais cependant poser la question autrement : considérant selon votre expression que les hommes politiques sont peu enclins à se livrer à divers exercices d’autocritique, faut-il estimer que les femmes qui sont en politique qu’elles se livreraient quant-à-elles à ce genre d’exercices ?
Ce qui entraine une question subsidiaire : Est-ce que les gens capables de pouvoir se livrer à l’autocritique font de la politique ?
Ce qui entraine une tierce question : Connaissez-vous beaucoup de gens qui soient autocritiques justement ?
Voici une part de mon questionnement : Le doute est-il un exercice paralysant ? Le doute aurait-il particulièrement une composante sexuée ? Est-ce que c’est le doute qui freine les ardeurs des femmes à se lancer en politique ?
Une autre question que je me pose. Pourquoi est-ce qu’on se lance en politique ? Pourquoi par exemple certaines professions sont largement plus représentées que d’autres dans la sphère politique ? Est-ce que l’accroissement des femmes en politiques n’est-il pas dû au fait qu’il y ait plus de femmes qui soient désormais issues de ces professions ?
La publication de cette étude remontant à 2010, les sondages doivent probablement remonter à au moins dix ans. Depuis 2008, beaucoup de femmes dans le monde ont accédé à des postes clefs comme celui de premières ministres ou de présidente, y compris au Québec soit dit en passant.
Il ne semble pas que la performance des premières ministres soit bien meilleure que celle premiers ministres.
L’ex-présidente de Corée du Sud Park Geun-hye est actuellement en prison. Avec les avantages qui viennent en politique viennent aussi les inconvénients.
Nous traversons une période où le cynisme est généralement l’usage en vigueur de bien des populations. Les gens entretiennent une relation équivoque avec les politicien(ne)s. Quand ces derniers pour la plupart manquent de transparence en tous points.
C’est selon moi surtout la façon dont nous devrions faire de la politique qui devrait changer. C’est le fait d’ouvrir la politique à toutes les composantes de la société qui devrait s’imposer. Pourquoi encourager qui que ce soit à faire de la politique en ce moment ?
Qui occupe l’échiquier politique actuellement, pourquoi et puis comment ?
Si nous changions le paradigme positivement, il n’est guère à douter justement que l’ensemble des sexes en profiteraient ; mais surtout de manière générale, c’est toute la communauté qui devrait en profiter.
Mon questionnement ultime est le suivant : Les femmes seraient-elles désormais plus enclines que les hommes à faire la révolution ? Et accessoirement faudrait-il les y encourager ?
Tant qu’à moi, étant plus près de la mort moyenne d’un homme que de la naissance j’en ai vu et entendu, expérimenté aussi de plusieurs sortes dans de nombreux domaines confondus, je parlais des événements et des situations.
J’ai été témoins d’arguments dans des familles concernant le droit de fumer des filles que des parents qui faisaient plus de boucane que leur poêle à bois empêchaient d’en faire autant car c’était mauvais pour leur santé (!!!???) alors que celles-ci revendiquaient le droit à l’égalité en ayant aussi le pouvoir de faire ce que leur(s) frères faisaient déjà depuis un bout aux yeux des parents mais depuis plus longtemps encore en cachette.
Quel rapport me questionnerez-vous ?
C’est qu’avec ce que l’on sait aujourd’hui de la cigarette, on peut se poser la question à savoir s’il est toujours utile de revendiquer des droits à l’égalité de faire ce que d’autres font y compris de s’empoisonner à petit feu, même pour un principe ?
Et voila le rapport, c’est qu’ayant vécu plusieurs élections, et à chaque fois entendus de tout et son contraire, et combien de promesses balancées au recyclage le lendemain des élections et c’est sans parler des mensonges pures de nos politiciens et de nos politiciennes qui jadis étaient en moins grand nombre, en 2018, au lendemain de l’élection d’une Valérie Plante et à la veille d’un scrutin provinciale, avec aussi un nouveau venu soit un Marissal qui commence une carrière politique en nous envoyant quelques petits mensonges, j’en suis venu à la conclusion que de revendiquer l’égalité des femmes en politique en passant entre autres par la parité me fait penser à celles qui autrefois revendiquaient l’égalité en passant par le droit de s’empoisonner en ayant la permission de fumer comme leurs frères qui eux avaient cette permission.
Une première, première ministre du Québec femme, avec beaucoup d’expériences en qui j’avais une certaine confiance, m’a bien déçu en ne faisant pas mieux que d’autres, hommes, avant elle, en ne pensant pas à sa manière entre autres de dépenser notre argent pour gagner des votes dans une cimenterie aussi coûteuse qu’inutile et que polluante.
Une première mairesse à Montréal, jeune contrairement à la première ministre, mais aussi moins expérimentée, et promettant ne serait-ce de ses faits mais aussi en le promettant: de faire de la politique autrement, a balayé la vieille garde expérimentée venant d’un parti corrompu, une fois élue, nous a prouvé hors de tout doute pour ceux qui en avaient encore, qu’homme ou femme, jeune ou plus vieux, expérimenté ou non, la politique c’est de la politique… !
Avant les élections l’horizon est rempli d’espoirs qui convient au plus grand nombre et couvre un large spectre, mais le lendemain la boîte qui s’ouvre nous montre le véritable visage du pantin ou du clown qui en sort. En dessous du costume le genre n’a pas beaucoup d’importance.
Je laisse la pensée magique à ceux qui croient mordicus qu’une majorité de femmes en politique la ferait tellement différemment mieux !
Jamais je ne voterai pour une femme parce que c’est une femme. Comme, alors que je suis gai, jamais je ne voterai pour un parti qui a à sa tête un chef homosexuel parce qu’il est homosexuel.
Comme la majorité des médecins que j’ai rencontrés dans ma vie, généralement référé, étaient à 80% des femmes et je n’ai jamais demandé un changement pour autant puisque je n’allais pas me faire soigner par un homme ou une femme, mais par un médecin. Il y en a deux pour qui je garde un très grand respect, l’un était un homme et l’autre une femme. Aucun d’une vingtaine de spécialistes (à part une dentiste) que j’ai rencontrés m’ont agréablement professionnellement satisfait et 4 dont 3 femmes ont été pour moi, des professionnels fort incompétents et, ou, ont fait des actions ou dit des choses qui auraient mérités des plaintes. Mais bon ou mauvais, leur genre n’a rien à voir avec leur attitude et leur rendement.
En politique, si je pense à certaines qui reçoivent des lauriers à droite et à gauche et sont montrées en exemples positives en tant que femmes, comme Mme Thatcher et Mme Clinton, sont l’une comme l’autre tant qu’à moi comme de nombreux hommes qui ont occupé ou brigués les mêmes postes, parmi les êtres humains que je condamne et déteste le plus et si elles sont des exemples, elles sont des exemples à ne pas suivre !
Pour terminer, je rajouterai que si, il existe un professionnel de la politique que j’admire par dessus tous, mais en plus en qui je n’hésiterais pas à remettre ma confiance, à croire en son intégrité et en son honnêteté, c’est une femme, et je le ferais pas parce que c’est une femme, mais à cause des qualités que je lui attribue et c’est Françoise David. (Évidemment que j’ai aussi une grande admiration pour Jacques Parizeau).
En quoi que ce soit, on ne doit pas rechercher un homme ou une femme, mais un être humain qui rencontre des critères importants pour chacun de nous.
Forcer l’égalité pour atteindre l’égalité en passant par la parité, c’est comme penser que mon voisin de 75 ans changera son opinion sur une race en particulier parce que la discrimination raciale est interdite par la loi. Au mieux on pourra l’inciter à ne pas porter de geste allant à l’encontre de la loi si non de risquer des conséquences proportionnelles à ses gestes…
Les mentalités sont à changer. Et je crois qu’elles changent partout mais peut-être plus au Québec qu’ailleurs. Évidemment que ça ne changera jamais assez vite. Mais pour changer des mentalités ça demande du temps. Et si on compare avec l’an passé, à de nombreux points de vue c’est décevant. Mais si on consulte sur comment ça se passait au temps de la revendication de l’égalité en passant aussi par le droit de fumer, on constate que c’est comme le jour et la nuit.
Il faut toujours persister.
Et je crois qu’il n’y aura jamais un jour qui se lèvera ou l’on pourra se sentir satisfait !
Bonne chance !
Décidément on ne parle de de cela…
Est-ce qu’on se préoccupe autant de la sous-représentation des hommes à l’université? Dans les écoles et les hôpitaux? Alors pourquoi cette obsession depuis quelques années sur la parité en politique alors qu’on sait tous que la politique intéresse moins les femmes que les hommes?
PS: Madame Park vient de poigner un 24 ans. Elle fait suite à Madame Tibo et à Madame Roussef. On jase….
Et pour en rajouter:
« « La parité, je n’en ai rien à cirer. Je trouve ça condescendant. Je n’ai pas besoin de votre pitié, j’ai juste besoin de pouvoir exercer ma créativité. » » – Sophie Lorain à TLMEP dimanche dernier.
Source: http://www.journaldemontreal.com/2018/04/09/sophie-lorain-je-taime
Autre extrait:
« C’est terriblement condescendant de dire aux femmes : « Vous avez besoin qu’on vous fasse la courte échelle, vous n’y arriverez pas toute seule. »
Pensez-vous que Denise Filiatreault avait besoin d’un « programme » pour s’imposer comme metteure en scène ? »
Voilà…
La sous représentation des hommes en éducation, en santé et dans les universités est un mythe. Les femmes, après des décennies de sous représentation, ont enfin rattrapé leur retard en partie, mais toujours dans les disciplines les moins payantes, les postes les moins intéressants. Entre autres dans tous les postes difficiles: s’occuper des gens âgés, des enfants, des ados… beaucoup d’hommes préfèrent ce qui est plus payant, prestigieux, ou moins de trouble : génie, médecine spécialisée, postes de cadres en éducation ou en santé. Ils y sont moins visibles…
Il en va aussi du penchant ou l’intérêt de soi (femme ou homme): tout le monde n’est pas intéressé à la politique.
Coudon, ça commente sans avoir lu on dirait… les études citées disent justement le contraire : les femmes ont autant d’intérêt que les hommes et ces derniers ont autant de réticences que les femmes, seulement les hommes sont beaucoup plus sollicités, invités et soutenus que les femmes.
Quant aux quotas et cie, on peut ne pas les aimer mais on ne peut pas dire qu’ils sont inutiles. Les femmes partent dans plusieurs domaines avec 50 lbs de plus dans leur sac à dos. Exiger qu’il y ait 50% de femmes à l’arrivée est une injustice qui en corrige une autre. L’idéal serait évidemment que les sacs à dos soient du même poids au départ…