Il n’y a jamais eu autant de tribunes pour exprimer les opinions de toutes sortes. C’est génial pour propulser les idées qui nous sont chères, mais très fâcheux quand se trouvent amplifiés les discours qui nous choquent.
Fallait-il inviter Maxime Bernier au débat des chefs ? Accorder une tribune à Éric Duhaime dans le magazine Urbania ? Couper le micro de la députée Catherine Dorion au FM93 à Québec ? On est encore à tâtonner pour trouver le mode d’emploi de la liberté d’expression à notre époque.
L’espace public s’étend à l’infini grâce à Facebook, YouTube et autres plateformes numériques. C’est dans cet espace qu’est née la manosphère, cet univers troublé et troublant dans lequel a plongé notre journaliste Marc-André Sabourin pendant des mois.
Quand on pénètre dans ses recoins, on est secoué par le ressentiment, voire la haine qui y sont cultivés à l’endroit des femmes, nourris par des arguments souvent délirants. Il s’agit là d’un phénomène de société, aussi minoritaire soit-il.
À L’actualité, nous documentons les phénomènes de société afin d’aider nos lecteurs à les comprendre. C’est pour cette raison que la manosphère fait l’objet du grand dossier de ce numéro et du premier documentaire de L’actualité, qui sera diffusé à Télé-Québec.
La manosphère est un monde souterrain. Certains voudraient le repousser encore plus loin dans les entrailles du Web pour qu’il ne contamine pas un plus grand nombre. C’est de là, après tout, qu’a émergé celui qui a perpétré l’attentat au camion-bélier qui a tué 10 personnes à Toronto, en 2018. C’est là aussi qu’on croise des fanatiques qui célèbrent la mémoire de l’auteur de la tuerie à l’École polytechnique, qui a massacré 14 jeunes femmes il y a 30 ans au nom d’un antiféminisme extrême. Pour savoir à quel point il faut s’inquiéter que ce type de violence fasse tache d’huile, il faut explorer la manosphère.
Nous avons rencontré des hommes d’ici et d’ailleurs qui en ont fait leur refuge, discuté avec des spécialistes de divers horizons pour en clarifier les contours et mettre au jour ses mécanismes de radicalisation.
Nous avons découvert un univers complexe, avec bien des nuances, où des hommes meurtris se questionnent sur leur place dans la société, aux côtés d’autres qui prêchent ouvertement leur haine des femmes. Certains y trouvent de l’entraide, de l’écoute, du soutien, mais plusieurs finissent par se construire des visions du monde déformées par les faussetés, et s’enfoncent dans des voies sans issue.
Contrairement à ce qu’affirment de nombreux participants de la manosphère, l’égalité entre les hommes et les femmes — même si elle a fait de grands bonds — n’est pas encore atteinte. Sur la route du progrès, les uns et les autres ont parfois été malmenés. En matière de garde des enfants, par exemple, les pères n’ont pas toujours été bien traités par la justice, mais les choses s’améliorent. La lutte pour l’égalité et l’équité doit se faire dans le respect des différences entre les sexes.
Toute l’histoire humaine témoigne de la féroce lutte des hommes depuis la nuit des temps pour avoir accès aux femmes et à leur pouvoir de reproduction. L’époque moderne a changé la donne. Mieux vaut aujourd’hui savoir séduire que bien manier l’épée ou le gourdin. Mais dans le fond, la question demeure : les femmes ayant la possibilité de choisir, que faire de ces hommes qu’elles ne choisissent pas, et dont la détresse peut parfois mener à la violence ?
Vous serez peut-être surpris ou hérissés par des propos venus de la manosphère. Des hommes croient que tous leurs malheurs sont la faute des femmes. Qu’importe qu’ils aient tort ou raison. Nous sommes entrés dans une époque où les fausses vérités deviennent rapidement de vrais problèmes si on les laisse se répandre.
Cet éditorial a été publié dans le numéro de novembre 2019 de L’actualité.
L’éléphant dans la pièce : le patriarcat. En effet, plusieurs religions ont prôné et prônent toujours le patriarcat et cela depuis quelques millénaires. On ne peut minimiser le poids historique de cette pratique où les femmes étaient souvent considérées comme des « propriétés » de leurs maris, comme d’autres biens. Nous avons fait beaucoup de chemin depuis mais nous sommes toujours dans une société fondamentalement patriarcale et cela freine toute velléité d’égalité.
La réduction du pouvoir du patriarcat, donc des hommes, ne fait pas que des heureux et il reste à savoir comment on peut diminuer les risques que cela pourrait produire. Dans cette optique, est-ce que les religions traditionnelles peuvent aider ? Il demeure très douteux que le catholicisme, par exemple, puisse aider quand il perpétue sans vergogne le patriarcat ! On peut en dire autant de l’islam et de bien d’autres sectes chrétiennes. Pas facile de s’en sortir !
Certes, du côté religieux, le patriarcat conserve encore le haut du pavé, mais en dehors de ça, je crois plutôt que c’est le contraire. J’ai abandonné la religion de mon enfance, et il n’est pas question d’en laisser entrer une autre en remplacement. Alors, les religions, gardez les dans votre maison et votre église, nulle part ailleurs.
Ceci étant dit, je crois plutôt qu’en occident, le matriarcat a pris le dessus sur le patriarcat quand on regarde dans tous les domaines: l’enseignement (manque flagrant d’hommes enseignants), garderies (très majoritairement féminin), médecine (il y a plus de femmes médecins et étudiantes en médecine que d’hommes), garde des enfants (les hommes n’ont pas encore atteint ¨l’équité¨ dans ce domaine), ingénierie (les femmes étudiant dans ce domaine ont surpassé, ou sur le point de le faire, les hommes). Et quand les femmes décident de rester à la maison pour garder les enfants, devinez qui gère la vie de cette maisonnée ?
Il est certain que cette situation engendre des problèmes tout aussi graves et importants que quand le patriarcat dominait la vie sociétale. Et ces problèmes, il faudra bien les résoudre un jour, et ça risque de coûter cher, tant d’un côté comme de l’autre, et je ne parle pas juste de $$$.
Manosphere
Ma vision
TU ME VEUX
Tu me veux copine le jour
amant la nuit
rose le jour et bleu la nuit
mais ça vois-tu je ne le puis.
Je ne suis pas rose vert ou bleu
et s’il te faut de la couleur à ma peau
je serais plutôt un homme gris
dont les teintes et les nuances
plonge dans le blanc et le noir le plus absolu.
Homme de forme et d’intériorité
de mystère et de lumière d’homme
Souvent je dis je t’aime avec mon corps
mais toujours dans ce je t’aime il y a mon cœur
Voilà pourquoi j’ai souvent mal
là où tu te plains de ne pas toujours être
Entre mes mains de Cro-Magnon
l’oiseau fragile trouve refuge
le besoin de dire trouve une oreille
le besoin d’entendre trouve une voix
le besoin de silence trouve son écho
Je ne saurais être autre que cet homme
de force mature
de confiance apaisante
de sereine mâlitude.
Je ne suis pas ta moitié
je suis l’endos du miroir où tu te regardes
Dieu comme toi m’a fait un
je ne suis pas ta demie
et bien que venant de ta chair
je ne suis pas toi
je pense différemment
je vibre différemment
je bande différemment
je sais qu’arrivé en ce monde
les astres ne me concernent pas
ma voie n’est pas écrite dans les étoiles
je suis comme la foudre dans la nuit
Je ne suis pas rose vert ou bleu
je suis gris d’un amalgame d’ombre et de lumière
d’amour et de passions fulgurantes
Je suis gris d’un paradis perdu
Gris d’une âme mâlhumaine
Je ne serai jamais une copine
je ne peux être que ce que je suis
un homme qui t’aime et qui brûle
d’une âme et d’un corps au désir infini
WOOOW !!!
Bel essai…