
Pas de doute dans son esprit, l’attentat du 29 janvier au Centre culturel islamique de Québec est un acte abject de haine, de racisme, d’intolérance religieuse. Mais attention de ne pas tout confondre, prévient-il. Inlassable polémiste, celui qui se définit comme un « laïc républicain incroyant » publie à 68 ans un essai percutant, Un racisme imaginaire : Islamophobie et culpabilité (Grasset). L’actualité l’a rencontré dans son antre parisien du Marais.
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Ce que vous reprochez au mot « islamophobie », c’est d’abord son ambiguïté ?
Ce concept fait un amalgame entre la persécution des croyants, qui est évidemment un délit partout, et la critique de la religion, qui est un droit, en tout cas dans les pays occidentaux. Et ce que ce mot a de profondément dérangeant, c’est qu’il transforme l’islam en un objet intouchable. Il cherche à restaurer le crime de blasphème, qui ne fait plus partie de notre arsenal juridique : on a le droit d’insulter Dieu, le pape, Jésus, Moïse, le dalaï-lama, Bouddha, sans passer devant les tribunaux, ou du moins sans être condamné à mort. Mais quand il s’agit de l’islam, on touche à un tabou.
Dans votre essai, vous parlez du terme « islamophobie » comme d’une arme d’intimidation massive. N’est-ce pas exagéré ?
Ce que je défends, c’est la liberté d’expression. Autant il est interdit de frapper une femme voilée, de mitrailler des musulmans ou de jeter des têtes de cochon dans leurs mosquées — et le même respect s’impose pour les synagogues, les temples des protestants ou les églises catholiques —, autant il est permis de dire ce que l’on pense des religions. En France, de peur d’être traités d’islamophobes, et pour ne pas perdre de voix aux élections, beaucoup d’élus laissent tout passer. C’est donc la nourriture halal dans les cantines des entreprises, les permissions de piscines séparées accordées aux femmes, le refus pour les jeunes filles de participer aux cours de gymnastique… Petit à petit, c’est le tissu républicain qui se détricote.
Le titre de votre livre, Un racisme imaginaire, pourrait porter à confusion. Est-ce à dire que les musulmans ne sont pas victimes de racisme en France ?
Il y a des formes de discrimination. Il y a des tensions, c’est vrai, des agressions, des gestes hostiles envers les femmes voilées… Mais s’il y a de l’animosité au sujet de l’islam, pour l’instant, les Français font globalement la différence entre tel fidèle qui croit en l’islam et les agissements des extrémistes. Ils ne sont pas tombés dans la vendetta ni dans les représailles sauvages. Je croise les doigts, nous n’avons pas eu de mise à mort collective de fidèles musulmans, comme ça s’est passé à Québec. Mais ça peut venir, s’il y a un attentat particulièrement atroce, et on en attend tous les jours.
Difficile de ne pas qualifier l’attentat de Québec d’acte islamophobe…
Oui, c’est un acte raciste… Ça tient à la fois d’un acte raciste et des tueries de masse comme on en fait de temps en temps sur le continent américain. Quand on a égorgé le père Hamel dans son église, on n’a pas parlé de racisme, mais d’acte de haine, d’intolérance religieuse. [NDLR : Le 26 juillet 2016, le père Jacques Hamel a été égorgé par deux assaillants dans son église de Saint-Étienne-du-Rouvray, près de Rouen, en France. L’attentat a été revendiqué par Daech.]
Je pense qu’effectivement l’attentat de Québec témoigne d’une intolérance religieuse, d’une allergie complète à la présence d’une religion étrangère aux traditions québécoises à long terme. C’est intéressant de voir que le jeune meurtrier présumé a exprimé son admiration pour Marine Le Pen et Trump.
Ce qu’on peut dire pour l’enfoncer un peu plus, c’est qu’il est le meilleur allié de Daech. Il est le rêve des djihadistes. Il en faudrait des centaines comme lui, puisque la volonté des extrémistes, c’est de creuser des fossés de sang entre les musulmans et les non-musulmans. C’est de dire aux musulmans dans toutes les sociétés européennes, occidentales : vous voyez, vous ne pouvez pas vivre avec des mécréants, il faut que vous reveniez à l’islam, il faut prendre les armes et faire sécession complète. Et en ce sens, cet acte est non seulement abject, mais d’une bêtise crasse.
Que vous inspire la motion déposée au Parlement canadien qui enjoint à la Chambre des communes de condamner l’islamophobie ?
Ça indique que le mot a triomphé. Mais qu’est-ce qu’on entend au juste par ce mot ? Est-ce que la moindre critique du voile, de la nourriture halal, des salles de prière sera assimilée à l’islamophobie, ou est-ce que ce sont simplement des agressions physiques ou des insultes qui peuvent être prohibées ? C’est la confusion que je dénonce dans mon livre.
En France, une loi interdit depuis 2004 le hidjab à l’école, une autre proscrit depuis 2010 le voile intégral (burqa et niqab) dans l’espace public. Quelle est votre position sur le port des signes religieux ?
C’est une position libérale : il y a deux lois, appliquons-les et, pour le reste, ne nous mêlons pas de ce qui ne nous regarde pas. La burqa est interdite pour des raisons de sécurité. Or, elle est portée un peu partout en banlieue. La loi n’est pas appliquée. Pour le reste, on n’y peut rien. Le nombre de filles voilées a explosé en 10 ans : elles sont entrées dans le paysage urbain et provincial et on n’y fait pas attention.
Mais il n’y a pas que le voile. Les salafistes et les Frères musulmans sont très intelligents, ils font de l’entrisme : ils entrent dans les syndicats, les entreprises, les transports. Des chauffeurs de bus refusent d’en conduire un qui a été conduit par une femme parce qu’elle a souillé le volant. Et dans les hôpitaux, des maris refusent que leur femme soit soignée par un homme parce qu’il peut la souiller. Tout cela est la promesse d’une série de conflits innombrables et la République recule très souvent pour les éviter.
Vous prônez l’intégration et non le multiculturalisme. Pourquoi ?
La France est une nation multiraciale, mais elle n’est pas multiculturelle au sens anglo-saxon du terme, au sens où elle serait un agrégat de communautés vivant les unes à côté des autres. On pense, en France, que ce que les Français ont en commun est plus important que ce qui les sépare. Qu’on peut être d’origine asiatique ou africaine, maghrébine, et communier dans l’esprit français. C’est d’ailleurs ce qui se passe.
On insiste beaucoup sur les problèmes des banlieues, mais on oublie qu’il y a une bourgeoisie maghrébine très intégrée. Dans les hôpitaux, les cabinets d’avocats, les laboratoires scientifiques, bon nombre de gens ont des patronymes d’origine arabe, mais appartiennent aux classes moyenne ou supérieure. Et la grande majorité des musulmans français n’aspirent qu’à vivre comme des citoyens ordinaires.
Qu’est-ce qui vous a amené, concrètement, à écrire Un racisme imaginaire ?
Je veux ouvrir un débat, pour qu’on mette le problème religieux sur la table. Le problème du terrorisme et du fondamentalisme, c’est d’abord un problème religieux. La France a la plus importante communauté musulmane d’Europe et la plus importante communauté juive. Ça veut dire que nous avons à la fois une responsabilité historique fondamentale à l’égard de l’islam, et à l’égard des relations entre juifs et musulmans, qui sont évidemment très tendues.
Le résultat des attentats perpétrés ces dernières années, c’est qu’à Noël il y a eu 2 400 églises gardées par la police et l’armée pendant les célébrations de la messe. Les synagogues sont devenues des forteresses. Les écoles juives aussi. Et certaines mosquées sont surveillées par la police. De nombreux imams sont eux-mêmes menacés par les groupes extrémistes parce qu’ils ne sont pas assez islamistes. On est dans un climat d’extrême tension. Les djihadistes veulent ramener l’Islam au califat du VIIe siècle par toutes les méthodes et surtout par le sang et les attentats de masse. Ils voudraient importer leur propre guerre sur le territoire français, et ils ont réussi en grande partie : il y a des policiers et des soldats partout. Et puis au réveil, chaque matin, on se demande si un attentat n’a pas eu lieu durant la nuit…
En résumé, vous appelez à une réforme de l’islam tout en souhaitant que les Français s’allient avec les musulmans ouverts au dialogue. Sinon, quoi ?
Sinon on est morts. Ce sera une guerre civile atroce.

Bruckner gagne son procès
Le 30 novembre 2016, il comparaissait à Paris devant un tribunal correctionnel, après avoir affirmé que deux associations françaises dites antiracistes (Les Indivisibles et Les Indigènes de la République) étaient coupables de justifier « idéologiquement la mort des journalistes de Charlie Hebdo », bref, d’être complices des assassins de Charlie Hebdo. Le 18 janvier, les deux associations, qui l’avaient accusé d’islamophobie et de racisme d’État, ont été déboutées.
« Elles en appelleront peut-être, mais c’est une belle victoire, se félicite Pascal Bruckner. C’est très bien, parce que ça fait jurisprudence. Ces associations pratiquent ce qu’on appelle le djihad juridique : elles recourent à l’arme juridique et intentent des procès comme bon leur semble. Mais tant qu’on en reste au procès, on reste dans l’espace de la civilisation. Vous avez parfaitement le droit de porter plainte contre X ou Y parce qu’ils ont dénaturé ou moqué votre religion, vos convictions. Là où ça ne va plus, c’est quand on passe du procès au meurtre, de la civilisation à la barbarie. C’est le pas qui a été franchi avec Charlie Hebdo. Et on sait bien aujourd’hui que la représentation de Mahomet est impossible à l’échelle mondiale : plus aucun journal, à moins de louer une armée privée et de s’enfermer dans un bunker, ne publiera un portrait de Mahomet. »
Cet article a été publié dans le numéro de 15 avril 2017 de L’actualité.
L’islamophobie est un faux problème. Il est vrai que les sentiments d’inquiétude et de peur face à un Islam conquérant et violent – c’est sa définition – sont tout à fait légitimes et peuvent prendre différentes formes allant du dénigrement à l’attentat comme ce qui vient de se passer dans une des mosquées du Québec. Reste à savoir qu’il ne faut confondre, sciemment ou non, ni islamophobie et haine des musulmans, ni critique constructive au non de l’idéal républicain laic et insultes faites à l’islam.
L’appel de Pascal Bruckner à réformer l’islam, part indubitablement d’un excellent sentiment. Et j’aimerais que son appel soit entendu ! Si ce n’est que la question que je me pose, c’est : Peut-on vraiment concevoir une réforme des préceptes de l’islam ?
Et si cette réforme devait un jour prendre place, d’où partirait-elle ? — De La Mecque ?
Lorsque Pascal Bruckner évoque le retour aux Califats du VIIème siècle de notre ère, il souligne bien comment la religion de Mahomet s’est presque immédiatement corrompue dès la mort du prophète.
Comment imaginer dans notre siècle, que cette corruption plus que millénaire, pourrait s’effacer désormais en un rien de temps ?
Comme le démontre parfaitement Pascal Bruckner, les salafistes et les Frères musulmans ont infiltré en France notamment tous le dispositif administratif pour imposer leur différence dans la société. Ils l’ont fait en France, il l’on fait en Égypte, ils le font en Belgique, au Pays-Bas et chemin faisant cette manière de faire commence à prendre forme au Québec.
Les musulmans n’hésitent pas à faire valoir leurs droits devant les tribunaux. C’est certes leur droit. Mais cela pourrait affaiblir les valeurs qui nous unissent.
Ce sont encore les salafistes qui ont imposé le port du voile islamique dans toutes les sociétés laïques. Le voile n’est plus depuis belle lurette un signe de soumission, ni un attribut d’ostentation. C’est un étendard destiné à marquer les esprits, comme s’il s’agissait d’une prophétie, celle de l’approche d’un jihad imminent, celle de la destruction des impurs et des mécréants.
Il y a 30 ou 40 ans très peu de femmes musulmanes portaient le voile en occident. Elles n’en étaient pas moins aimées et respectées pour autant.
Les musulmans ne s’entendent pas entre eux sur la nature même du jihad. Doit-il sortir de la métaphysique ou être le bras armé d’anges exterminateurs tout droits sortis du feu ?
Dans le même temps, comme le souligne avec beaucoup de justesse Pascal Bruckner, nos gouvernements ne condamnent pas la critique de la religion en général, mais condamnent ceux qui critiquent les mahométans. Comme si cette nouvelle maladie : « l’islamophobie » constituait un crime justifiant d’une interdiction, voire la prison.
Je trouve le titre du livre de Pascal Bruckner audacieux. On est en train de former de toute pièce une sorte de racisme imaginaire, qui n’augure pas grand-chose de bon. Quand ce que demandent les gens de bons sens, c’est que tout le monde vive bien ensemble dans un espace laïque qui valorise les droits de l’homme et du citoyen, la liberté d’être ce que l’on est, comme la liberté d’expression.
— Entretenir cet espace de liberté prend à tout le moins un peu de coopération et de collaboration et d’approbation de la part de tous. Et une certaine dose de modération.
Il n’y a aucun racisme là-dedans, car une religion n’est pas une couleur de peau (inamovible) mais une simple opinion (modifiable à volonté et contraignable par les lois).
Il nous faut absolument une Charte fédérale de la laïcité.
Nos élus libéraux ont été, avec Claude Ryan, Jean Charest et sans doute Philippe Couillard, investis par les catho cachés qui bloquent toute laïcité cohérente, conséquente, donc sans inclusions trous vicieux d’accommodements religieux (exemptions fiscales immenses + accès aux enfants pour y pratique de la pédophilie catéchisitque, talmudique et coranique).
Oui, le combat pour la laïcité n’est pas terminé. Il doit être gagné pour éviter que les fascistes identitaires meurtriers, les populistes de droite qui motivent les premiers, l’autre camp des salafistes-djihadistes n’ensanglantent le pays et déchirent la paix citoyenne.
La paix citoyenne a été, est, et sera bâtie et raffermie par la relance de la philosophie des Lumières, créatrice de la modernité et de nos États démocratiques.
Voici ce que j’ai écrit à Rachid, un musulman qui voulait passer sous la couverte et nous imposer son islam en le présentant tout rose :
Rachid, ton erreur est magistrale. Pourquoi ?
Parce que tu défends l’islam, et nullement les immigrants et les réfugiés.
La laïcité serait le moyen d’aider les Canadiens à mieux accepter les immigrants et réfugiés venus de pays totalitaires, misogynes et déserts scientifiques du monde arabe. Tu la réprouves, tu la combats.
En clair, Rachid, ton propos est cousu de fil blanc. Tu nous prends pour des imbéciles avec ta takkya.
Ta position bigote, musulmane exclusive, qui ne cite jamais Fatima Houda-Pepin, Djemila Benahbib ou Karim Akouche, est méprisable. Elle est ta honte en suscitant des Alexandre Bissonnette et des Gamel Gharbi qui sont de camps opposés mais de même folie.
Jamais tu ne dénonces les sourates homicides de Médine contenues dans le Coran.
Tu voiles les femmes comme si c’était un cheptel exclusif pour mâles musulmans, brutes misogynes.
Jamais tu ne parles de réformer, humaniser l’islam, lui faire accepter la modernité, le droit à la critique des religions. Jamais. Bref, tu veux nous culpabiliser de ne pas accepter les musulmans. Alors, commence Rachid par le commencement : n’amalgame pas la personne et la croyance, l’immigrant à sa religion musulmane.
Parle-nous des personnes. Pas de l’islam, de musulman ou de voiles ou autres saletés de l’histoire.
Nous avons 300 ans de lutte contre le christianisme et tu sembles n’en rien connaitre. Alors, mauvaise nouvelle pour toi, la saleté musulmane sera vaincue comme nous avons vaincu la saleté catholique.
Les modernistes (laïcistes, agnostiques, déistes ou athées) ont décidé que l’horreur des religions (dont tu portes le drapeau) sera de nouveau vaincue : soit outre-mer soit en Occident, où qu’elle se trouve.
Tu veux une solution : la laïcité impeccable, sans inclusions, sans accommodements religieux.
Tu refuses ? Retourne en Iran ou en Arabie.
@ Jacques Légaré,
Quoique vos propos soient certes éloquents, j’éprouve quelques difficultés à vous suivre.
Ainsi par exemple, j’apprends qu’une personne… : « qui ne cite jamais Fatima Houda-Pepin, Djemila Benahbib ou Karim Akouche, est méprisable » (sic). — Mais diantre ! Moi qui ne cite jamais Djemila Benahbib dont je trouve les propos insipides et dénués d’intérêt…. Me voici donc tout aussi méprisable que Rachid !
Dans la même veine, j’apprends que les accommodements religieux donnent, je cite : « exemptions fiscales immenses + accès aux enfants pour y pratique de la pédophilie catéchisitque, talmudique et coranique » (sic)
À part quelques petites fautes d’orthographe et de grammaire, il faudrait lorsqu’on vous lit conclure deux choses :
1— Que les accommodements religieux et les exemptions fiscales conduisent à la pédophilie
2— Que seuls les catholiques, les juifs et les musulmans sont des pédophiles.
Vous devriez pourtant savoir que la pédophilie est considérée comme une maladie et si la psychiatrie identifie des « structures facilitantes », elle fait essentiellement référence au cadre familial et non spécifiquement à certaines religions.
Bref, il faudrait conclure sur vos propos que… les laïques sont vaccinés contre certains troubles de l’esprit. En somme la laïcité c’est : la rédemption !
Que rajouter de plus ? Je vous cite encore : « La paix citoyenne a été, est, et sera bâtie et raffermie par la relance de la philosophie des Lumières, créatrice de la modernité et de nos États démocratiques. »
Au cas où vous ne le sauriez pas, il existe aussi un « islam des lumières », si ce n’avait été l’islam qui les ait conservé, certains philosophes comme Aristote notamment auraient totalement disparus de notre culture collective et s’il n’y avait pas eu avant des Platon, Aristote, Pythagore et quelques autres, il n’y aurait tout simplement jamais eu de philosophie des lumières qui historiquement s’est développées avec la bénédiction de « monarques éclairés » ouverts aux sciences, mais pas spécialement férus de démocratie.
Ce qui est à l’origine de la démocratie moderne, c’est : la franc-maçonnerie qui pratiquait dans ses loges ce genre d’administration. Et le concept de laïcité d’ailleurs, cela a été initié aussi par des francs-maçons.
— Une citation de votre plume encore : « Les modernistes (laïcistes, agnostiques, déistes ou athées) ont décidé que l’horreur des religions (dont tu portes le drapeau) sera de nouveau vaincue : soit outre-mer soit en Occident, où qu’elle se trouve. » (sic)
Très honnêtement, je respecte votre droit de parler en votre nom personnel. Personnellement je n’accepte pas que vous parliez également en mon nom propre. Depuis ma petite enfance, donc depuis plus de 50 ans, j’ai toujours estimé les vertus de la laïcité et je pense toujours que la laïcité est le meilleur cadre pour vivre en bonne intelligence avec nos semblables. Mais… je ne me reconnais aucunement dans vos propos te je n’embrasse pas vos visées vindicatives, punitives et bellicistes en aucune façon.
Je ne sais si le propos de Rachid est, autre citation : « cousu de fil blanc » (sic), si ce n’est que les vôtres m’apparaissent quelque peu cousus de fil bleu fleurdelisé. Pas grand-chose à voir avec les notions et les concepts qui logiquement plaisent au bon développement d’une société libre et évoluée.
Existerait-il d’après vous quelques formes cachées d’obscurantisme athée ?
Que voilà une éminente question politique. Il s’agit en effet d’un sujet qui concerne notre mode de vie collectif. Moi qui suis modestement impliqué dans des formations politiques, j’en suis pourtant venu à suggérer de taire à peu près toute question en lien avec l’Islam. C’est dire l’ascendant que le mouvement a connu dans notre société dans le contexte canadien où se trouve le Québec, moins partisan de la doctrine multiculturaliste. Le Québec se donnerait une constitution que le grand frère fédéral s’empresserait de sauter dans l’arène pour la dénoncer comme contraire à la Charte canadienne des droits, immuable comme nous le savons. Les partis politiques québécois ont perdu de leur lustre autour de cette question. Ils peuvent difficilement soulever quelque question susceptible de viser l’Islam sans donner l’impression de diviser les Québécois ou de prêcher l’intolérance, ce que réprouve une majorité de citoyens, les bien- pensants ayant la cote. Il s’agit donc d’un débat public non partisan auquel il faut convier nos citoyens. Pourquoi pas une commission itinérante? On trouverait probablement un consensus sur la question de freiner la montée d’un Islam radical parce que contraire à la liberté de penser et opposé aux gains humanistes de notre civilisation notamment en ce qui a trait à la justice réparatrice.
Il n’y a pas de racisme dans cette question puisqu’il ne s’agit pas de race (n’importe qui peut être musulman) mais de religion. C’est un peu dans la suite des guerres de religions du passé où on célébrait le « crois ou meurs ». Les Chrétiens se massacraient même entre eux pour défendre leur croyances sectaires. On peut toutefois dire qu’il s’agit d’un épuisement islamique: on est tanné des exagérations et des crimes commis au nom de l’islam. La religion est une affaire personnelle, pas de l’état – on en a assez vu pour le savoir, si le passé est garant de l’avenir! La laïcité est la seule avenue d’un état moderne s’il ne veut sombrer dans la démesure et les excès de tous genres.
Les gens confondent allègrement « culture » et « religion ». On parle d’intégration des nouveaux arrivants quand ceux-ci n’ont aucune intention de s’intégrer. La réalité est tout simplement qu’ils sont (et se perçoivent) comme colonisateurs et nous, des colonisés. Ils vont épuiser nos ressources sociales pour ensuite nous imposer leur culture, leurs lois et éventuellement leur religion
Relisons l’histoire pour constater que tous les peuples « colonisateurs » ont agi de la même façon en s’installant dans les territoires des « colonisés ». Ces gens ne sont pas des conquérants qui repartent après leur pillages, mais bien des colons qui s’installent, déplacent et s’imposent. Les colons français et anglais ont fait exactement ça en Amérique et presque partout ailleurs dans le monde.
Le colonisé ne perçoit pas la menace de l’envahisseur parce qu’il ne connaît pas ni sa culture ni sa religion. Le véritable problème c’est l’aveuglement des populations à l’arrivé des colons « islamistes » ou « musulmans » ou « terroristes ». C’est qu’ils s’installent et déplacent…
Je connais une religion qui méprise les femmes, leur interdit d’interpréter la parole du christ ou d’administrer les « sacrements », abrite des prêtres pédophiles et les protège contre la justice civile, nie la sexualité, et a combattu pendant cent ans toute forme de libéralisme. Serai-je accusé de catho-phobie ?
C’est fait, il est maintenant interdit d’avoir une peur irrationnel de l’islam.
Ne sommes nous pas tributaire de la propagande anti « arabe » des États Unis depuis l’ère Bush. Remarquez que Trump et l’ensemble des américains ne parlent pas en terme de pays arabes mais bien islamiques pour créer une discension absurde de la religion.
Au Canada nous avons la Charte canadienne des droits et libertés, chapitre premier de notre constitution qui interdit la discrimination (race, religion et autres) mais personne ne pourra mettre une fin au discours des québécois qui vivent toujours avec les oeillères que leurs ont fait porter les péquistes durant trois décennies et persistent à continuer même si le discours a changé, le fond lui, demeure.
constitution qu’aucun gouvernement québécois n’a toujours signé depuis 35 ans!
@ Jack 2,
La loi Constitutionnelle de 1867 ne confère aux provinces aucun droit de veto puisque c’était seul le Parlement britannique qui possédait le droit de la modifier. Toutefois le Statut de Westminster adopté en 1931 (initiée par la déclaration de Balfour – 1926) soulève la possibilité de l’indépendance politique et constitutionnelle des colonies britanniques, dont le Canada.
L’adoption du Statut de Westminster a eu pour effet la convocation d’une conférence du Dominion en avril 1931 dans laquelle le premier ministre du Québec Louis-Alexandre Taschereau déclare entre autre ceci : « Souhaite-t-on pouvoir modifier l’Acte de l’Amérique du Nord britannique à la seule demande du Dominion, sans le consentement des provinces? Veut-on qu’il soit modifié par le Parlement du Canada? La province de Québec ne pourrait accepter aucune de ces solutions. »
Comme vous pouvez le remarquer cette problématique n’a pas débuté avec le rapatriement de la Constitution, elle était déjà posée 50 ans avant. Aussi dès 1931, l’opinion publique québécoise ne voulait pas qu’il soit possible de modifier la Constitution unilatéralement sans consulter les provinces.
Au cours des années suivantes, l’ensemble des provinces du Canada en sont venues aux-même conclusions que celles de Taschereau. Mais il faut attendre 1965 lorsque Guy Favreau est alors Ministre de la justice pour qu’on commence à vraiment prendre en considération une formule permettant la modification de la Constitution sans au préalable consultation des provinces et sans en avoir obtenu leur assentiment.
Une formule hélas rejetée par Jean Lesage en 1966.
Les discussions en vue de rapatrier la Constitution remontent à 1971, les provinces se sont alors entendues sur une nouvelle formule (Charte de Victoria) qui permettait au Parlement de changer la Constitution sans l’accord des provinces. Toutefois le Québec et l’Ontario disposaient d’un droit de veto. Cette unanimité de Victoria vole en éclat quelques mois plus tard après l’élection d’un nouveau PM en Saskatchewan et après que le gouvernement du Québec (Robert Bourassa) ne déclare qu’il ne pouvait pas recommander cette entente à l’Assemblée nationale en l’état.
En novembre 1981, le gouvernement du Canada s’entend avec neuf provinces sur les conditions du rapatriement de la Constitution et l’adjonction d’une Charte des droits. Le 1er décembre, l’Assemblée nationale adopte une résolution dans laquelle le Québec n’accepterait la Loi constitutionnelle de 1982 qu’à certaines conditions. Elle réclame entre autre un droit de veto.
Comme simultanément le gouvernement du Québec a intenté une action en justice devant la Cour suprême en vue d’établir son droit de veto. La Cour suprême statue que les provinces sont égales, qu’on ne peut par conséquent pas octroyer de droit de veto au Québec sans que d’autres provinces ne puissent se prévaloir du même droit, sans que l’octroi d’un tel droit ne puisse se faire sans l’assentiment des provinces.
À ce titre, peu importe que la Constitution du Canada ait été paraphée par le Québec ou bien pas. Puisqu’elle s’applique de facto en toute égalité à tous les habitants du Canada. De plus la Cour suprême estime qu’un degré appréciable de consentement suffit pour modifier la Constitution.
Hors rien n’indique jusqu’à présent qu’il y ait même au Québec un degré suffisant de refus de la dite Constitution pour pouvoir mettre en péril son application. À cet effet, la Charte canadienne des droits et libertés s’applique bel et bien au Québec. De plus la Charte des droits et libertés de la personne du Québec reconnait à l’instar de la Charte canadienne les mêmes droits fondamentaux.
Alors la signature ou pas de la Constitution, c’est un simple jeu d’écriture, pas une fin en soi.
Pascal Bruckner a tout à fait raison. Le Québec et le Canada sont endormis à cet égard et pratiquent l’accomodémence… Le réveil risque d’être difficile.
Cette histoire d’un conducteur de bus qui aurait réfusé à toucher au volant après qu’une femme l’a « souillé » m’a intéressé. Par contre, quand je cherche sur Internet je n’en trouve aucune mention. Est-ce que ce serait un canular, une légende urbaine?
La chance de la France que nous n’avons pas, c’est la laïcité – et tout est fait pour en tuer le projet
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En finale de l’entrevue, Danielle Laurent pose la question suivante (je cite) : « En résumé, vous appelez à une réforme de l’islam tout en souhaitant que les Français s’allient avec les musulmans ouverts au dialogue… »
En France, un pas vient sans doute d’être fait pour aller dans cette bonne direction avec la Proclamation du recteur de la Grande Mosquée de Paris, M. Dalil Boubaker. (1) Ce texte constituera presque certainement un point tournant dans l’apaisement des tensions car il affirme, à partir d’une position de grande autorité morale et spirituelle, ces principes de base que sont la laïcité de l’état et l’égalité hommes-femmes. La Proclamation a notamment pour grand avantage de sortir le voile islamique de l’argumentaire religieux par lequel il s’impose trop souvent sans nuance en muselant tout débat véritable. Le voile islamique est le sujet central de beaucoup de divisions sur l’Islam car il est à l’évidence beaucoup trop utilisé pour faire du prosélytisme quand ce n’est pas carrément pour pousser vers l’avant le projet de l’Islam politique. Et pour ce faire, le Canada est un terrain de choix.
Je cite l’article :
« Le point 17, consacré à la tenue vestimentaire, ne pose pas l’obligation de porter le voile pour les femmes…
« Il dit qu’ ‘il faut retenir le principe général d’une tenue vestimentaire pudique’, et cela pour ‘les hommes et les femmes’. Il ne mentionne pas un vêtement en particulier : une tenue vestimentaire pudique n’est pas forcément le voile. Dans la phrase ‘hommes et femmes de confession musulmane ont simplement le devoir de s’habiller d’une façon décente’, le mot ‘simplement’ revient clairement à condamner la surenchère, comme le port de la burqa, du burkini ou du tchador. Dalil Boubakeur m’a raconté qu’une jeune fille qu’il avait reçue en audience lui affirmait que le port du voile était un pilier de l’islam. Il lui a demandé à quelle date du calendrier de l’Hégire nous étions [1438, NDLR], et elle n’a pas su lui répondre. » (1)
Au Canada, nous n’avons malheureusement pas le principe de laïcité inscrit dans notre Constitution. Bien au contraire, la multi-culture canadienne est assimilée d’abord à la religion par droit constitutionnel et au nom des sacro-saintes libertés individuelles. C’est ainsi que le voile islamique peut être brandi tantôt comme vêtement ordinaire dont le port relève du strict droit privé des femmes, tantôt revendiqué au nom du droit de croyance et de pratique religieuse. C’est vraiment l’embâcle. Les deux modèles, le multiculturaliste anglo-saxon / canadien versus le français / laïc, s’affrontent et le problème est que le Canada impose son dogme des minorités absolutisées sans souci des remous qu’il provoque dans la population qui croit encore à la démocratie. C’est particulièrement pénible au Québec où la dite Constitution, ainsi que la Charte des droits et libertés qui en découle, n’a jamais été reconnue par le peuple. L’embâcle se double se double donc de ce ciment dogmatique qui n’est pas sans rappeler la double contrainte de Gregory Bateson au sens de ‘Quel principe supérieur choisira-t-on ?’ pour ne pas mourir psychiquement. Si en France, l’enjeu est la « guerre civile atroce », ici c’est le risque la schizophrénie sociale. Ce qui pourrait bien revenir au même en bout de ligne.
Ne doutons pas que tout ce qui se passe présentement chez nous, de la « Consultation » de M. Couillard en passant par la Motion 103 du Fédéral et tout ce qui a pu être dit depuis le 29 janvier dernier sur les ‘idées dangereuses mises dans la tête du tueur’ et dans celles d’autres extrémistes par les réseaux sociaux ou autrement, vise surtout à écarter la revendication à la laïcité de l’État, mise de l’avant par le Parti Québécois déjà atteint du péché mortel de nationalisme, en la stigmatisant comme islamophobie crasse et refus haineux de l’altérité. Une bonne partie de la population du Québec semble pourtant aller en ce sens en se rappelant les avancées de la Révolution tranquille qui, pour reprendre l’expression de M. Bruckner parlant du « tissu républicain », se détricote gravement. Espérons seulement qu’il n’est pas trop tard pour sortir la revendication (à la laïcité assumée de l’État) de la chape d’odieux dans laquelle on l’enferme de plus en plus et avec des manoeuvres de moins en moins déguisées et élégantes. le PM du Québec Philippe Couillard n’a pas hésité à traiter Jean-François Lisée de ‘négationniste’ parce que le chef de l’opposition officielle demandait que la « Consultation publique sur le racisme et la discrimination systémique au Québec » soit abandonnée et que le Gouvernement s’applique plutôt à A) encadrer correctement les accommodements religieux et B) à mettre en place des programmes socio-économiques concrets pour faciliter l’intégration des immigrant(e)s. Pour Couillard, la demande pourtant très modérée de Lisée lui permet de l’identifier à un néo-nazi. Qui sème la peur et la haine, on se le demande.
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(1) Référence : « Proclamation de la Grande Mosquée [par le recteur de la Grande Mosquée de Paris, Dalil Boubakeur]. « Décryptage avec Thomas Guénolé, politologue », propos recueillis par Cécile Deffontaines, Temps réel / Nouvel observateur, 31 mars 2017 09h54. http://tempsreel.nouvelobs.com/societe/20170330.OBS7341/proclamation-de-la-grande-mosquee-le-texte-le-plus-courageux-jamais-publie-sur-l-islam-en-france.html
Les motivations du tueur de Québec ne sont pas encore connues
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Je suis en accord avec la critique que fait M. Bruckner du multiculturalisme et surtout bien consciente qu’ici, au Canada et au Québec, nous n’avons malheureusement pas la chance de pouvoir nous appuyer sur le principe constitutionnel de la laïcité de l’État, bien au contraire.
Deux bémols toutefois concernant l’attentat de Québec.
A) Je trouve que Bruckner va trop vite avec sa conclusion – je le cite : « Je croise les doigts, nous n’avons pas eu de mise à mort collective de fidèles musulmans, comme ça s’est passé à Québec. » Il ne faut pas oublier que les motivations d’Alexandre Bissonnette ne sont pas encore officiellement connues. Que le crime soit haineux et ait visé des musulmans, c’est indéniable, mais quant au pourquoi du geste, c’est autre chose. On le saura sans doute bientôt, mais il a pu, par exemple, être dans un état de paranoïa avancée et voir les prières de nuit dans cette mosquée comme une couverture fomenter des complots terroristes … Il peut aussi (l’hypothèse a couru sur les réseaux sociaux) s’agir d’un acte de vengeance suite à quelque chose vécu comme un affront personnel : nous serions dès lors devant un dérapage psycho-relationnel classique et non d’un acte islamophobe per se… Reste aussi la grande question de l’origine de son arme qui peut autant être venue de groupes islamophobes et racistes organisés… ou pas. Bref, il faut attendre pour savoir vraiment avant de parler de « mise à mort collective de fidèles musulmans », comme dit Bruckner – ce qui ne change rien à l’horreur de l’attentat. Tuer du monde n’est pas une option.
B)
Sur le fait que (je cite) : « le jeune meurtrier présumé a exprimé son admiration pour Marine Le Pen et Trump », il faut être prudent avec ce genre de mise en rapport qui prennent ici la forme de cause à effet. Plusieurs admirent Le Pen et Trump et ne deviennent pas des tueurs pour autant. Nous sommes toujours en démocratie et les citoyen(ne)s ont le droit d’admirer ces chefs de partis légaux et officiels et de voter pour eux, même si pour nous et la majorité du monde que nous jugeons censé, cela ne fait aucun sens. Un lien trop direct entre un ‘tueur de musulmans’ et ces partis politiques risque de polariser ces derniers, et leurs partisan(e)s, en bons et en méchants. Une forme de manichéisme totalement contre-productif – surtout à l’heure de la post-démocratie et de la menace grandissante contre la liberté de conscience et d’expression. Il faut aussi considérer le fait que Bissonnette, étudiant en sciences politiques, aurait mis des « J’aime » sur plusieurs pages FB, incluant celle du Parti néo-démocrate (NPD) ! Difficile de voir le regretté Jack Layton ou Thomas Mulcair et la philosophie social-démocrate de ce parti en incitateurs de haine et de paranoïa collective au point d’avoir contribué à transformer Bissonnette en tueur de musulmans !
Pour le reste, je suis en accord avec la plupart des propos de M. Bruckner et je salue son courage pour défendre la liberté d’expression. Ce sont des pas dans la bonne direction qui redonne confiance dans le système judiciaire.
Entièrement d’ accord avec Pascal Bruckner ! Sa vision est essentiellement plus réaliste et plus évoluée que la plupart des dirigeants occidentaux ! Le safaliste, wabanisme dhiadiste et toutes ces tentacules musulmanes dirigent actuellement l’ orientation de la religion musulmane . Une chatte en perd ses petits et c’ est le fouillis total chez nos gouvernements ! Couillard veut nous rentrer de force dans la tête qu’ on est un peuple raciste de façon systémique et qu’ il faut nous enseigner les bonnes manières! Pendant ce temps Trudeau nous dit qu’ on n’ a pas de culture et qu’ il faut s’ ouvrir aux réfugiés et cesser immédiatement de faire de l’ islamophobie !!!!! Les gens sensés et le moindrement intelligent se posent des questions sur l’ équilibre mental de ses dirigeants !!