C’est le premier jour du reste de la vie de Shane Hughes.
Il entasse ses vêtements dans des sacs à ordures, donne sa tente et quitte le campement de fortune qu’il partage depuis des mois avec une vingtaine d’autres itinérants sous un échangeur de l’autoroute Ville-Marie, dans Westmount. Après avoir vécu dehors pendant la majeure partie de la pandémie, Lydia, la petite amie de Shane, leur a trouvé un studio dans l’ouest de Montréal.
Ce n’est pas la première fois que Shane Hughes, mi-trentaine, quitte la rue. Mais cette fois, les choses vont être différentes, jure-t-il.
Shane va trouver du travail et Lydia a bon espoir d’obtenir un emploi à la Maison ronde, un café du square Cabot, devant le métro Atwater. Pendant des années, ce square, en face de l’hôpital pour enfants et d’une pension, a été le lieu de rassemblement des Inuits qui doivent emmener leurs enfants dans le Sud pour un traitement. Maintenant que l’hôpital de Montréal pour enfants a déménagé dans l’ouest de l’île et que la pension a fermé, il ne reste plus que le parc.
Lydia est déterminée à récupérer ses enfants. Tout le monde à Résilience Montréal, le refuge de jour qu’ils fréquentent, les encourage.
Nico, qui vit lui aussi sous l’autoroute surélevée, est content d’hériter d’une tente, mais encore plus de voir son ami Shane partir vers un meilleur endroit. Quelques semaines plus tôt, le chien de Nico, Tommy, a dû faire fuir un inconnu qui s’était présenté au camp armé d’une hache. [NDLR : Nico est décédé à l’été 2022].


Ce n’est pas une façon de vivre, dit Shane.
Quand Lydia le rejoint à l’extérieur du refuge, les larmes aux yeux, il s’écrie : « On s’en va chez nous, bébé ! »
C’était un après-midi étouffant de juillet 2021. Le soleil brillait à travers un interstice dans le pont d’étagement, les cris des cigales se mêlaient aux bruits de l’autoroute.
Jamais je n’avais vu Shane aussi heureux. J’ai fait sa connaissance il y a cinq ans, lors d’un reportage sur l’itinérance. D’aussi loin que je me souvienne, il a dormi soit dans la rue, soit en prison. Mais ce jour-là, c’était un nouveau départ.
Six mois plus tard, il était de retour derrière les barreaux.
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L’histoire de Shane est l’histoire de l’itinérance à Montréal.
Plus de 3 000 personnes vivaient dans la rue sur l’île lors du dernier dénombrement, en 2018, se rassemblant dans des abris au square Cabot, à l’extérieur du métro Berri-UQAM ou à l’extrémité sud du mont Royal, dans le quartier Milton-Parc. La pandémie n’a rien arrangé, au contraire. Les résultats du dénombrement de 2022 seront connus à l’automne 2023, mais sur le terrain, les travailleurs de refuge me disent qu’il y aurait des centaines d’itinérants de plus qu’en 2018. Peut-être même au-delà de 1 000. Un sur 10 est Autochtone, bien que les Autochtones représentent moins de 1 % de la population de Montréal. Nombre d’entre eux sont venus du Nunavik pour échapper à une crise du logement qui les empêchait de vivre en sécurité et en paix sur la terre qu’ils ont toujours appelée leur foyer.
Les élus municipaux, provinciaux et fédéraux sont conscients de la crise, mais continuent de s’appuyer sur les mêmes solutions de fortune qu’ils savent inefficaces, dénonce l’ombudsman de Montréal, Nadine Mailloux, dans un rapport cinglant publié en mai 2022. « [Il y a] de vraies personnes en situation d’itinérance et de détresse humaine intolérable », écrit-elle.
L’ombudsman note le « manque flagrant de planification » de Montréal face à des urgences prévisibles, comme l’arrivée de l’hiver. La réponse de la Ville n’est guère plus qu’un « palliatif somme toute dispendieux » conçu pour empêcher les gens de mourir, sans s’attaquer aux causes profondes de la « crise humanitaire au cœur de la métropole ».
L’itinérance est un problème en trois dimensions. La Ville s’occupe du terrain avec les ressources fournies par le ministère de la Santé et des Services sociaux, lequel a ignoré à plusieurs reprises les appels à l’aide du bureau de la mairesse, lit-on. La solution, reconnue par la majorité des experts, est le logement subventionné. Or, la plupart de ces subventions proviennent de la Société canadienne d’hypothèques et de logement (SCHL). Ottawa est donc aussi concerné.

L’enveloppe de 21 millions accordée par Ottawa en urgence pour accueillir des itinérants dans deux hôtels du centre-ville de Montréal au plus fort de la pandémie pourrait ne pas être reconduite à la fin 2022. « Les fonds fédéraux COVID seront-ils réaffectés pour aider les sans-abris à long terme ? Nous ne le savons pas », dit Josefina Blanco, responsable du dossier de l’itinérance au conseil municipal de Montréal. « Il faut que les gouvernements fédéral et provincial soient à la table avec nous. Nous avons besoin d’un investissement massif pour lutter contre l’itinérance. »
La mairesse Valérie Plante a rencontré les chefs des Premières Nations en mai 2022 et leur a demandé de faire pression sur le fédéral afin qu’il renouvelle son financement pour le refuge PAQ-2, que l’organisme Projets autochtones du Québec (PAQ) a ouvert au début de la pandémie dans le quartier chinois. S’il ferme ses portes, des dizaines de personnes se retrouveront à la rue. Encore une fois.
Samuel Watts, PDG de la Mission Bon Accueil, a joué un rôle déterminant dans l’ouverture, à l’été 2021, d’un refuge à l’intérieur de l’ancien hôpital Hôtel-Dieu, dans le quartier Plateau-Mont-Royal. Considérant que trois personnes sont mortes de froid dans les rues de Montréal l’hiver suivant, il n’est pas exagéré de dire que la Mission a sauvé des vies. Le financement de Québec va permettre de se rendre à l’hiver 2022, mais qui sait ce qui arrivera ensuite.
« Les employés, les horaires, les repas et tout ce qui entoure le fonctionnement d’un refuge, vous devez être en mesure de planifier ça », dit Samuel Watts, dont la Mission Bon Accueil vient en aide aux Montréalais dans le besoin depuis 1892. « C’est vraiment frustrant de n’avoir aucune idée de ce qui sera décidé [par le gouvernement]. Si on était une plus petite organisation moins expérimentée, ça serait désastreux. »
Le gouvernement Legault a annoncé en 2021 un plan quinquennal de 280 millions de dollars pour s’attaquer à l’itinérance au Québec. Son budget inclut des subventions au loyer pour les jeunes qui sortent du système de la Direction de la protection de la jeunesse (DPJ) ainsi que pour les centres de traitement de la toxicomanie et les prisons. Dix millions de dollars sont également prévus pour les femmes vivant dans la rue. James Hughes, président et chef de la direction de la Mission Old Brewery, laquelle vient en aide aux sans-abris depuis plus de 125 ans, a dit de ce budget qu’il s’agissait du plus important à ce jour pour lutter contre l’itinérance. Mais il a aussi souligné qu’il était insuffisant. La Ville de Montréal, elle, a fait passer son budget annuel consacré à l’itinérance de trois à six millions de dollars.
Si tout cela a un effet, il est difficile à voir.
L’été dernier, à la Mission Bon Accueil, quelque 2 500 personnes bénéficiaient de l’épicerie gratuite chaque semaine, contre 2 000 avant la pandémie. Elles étaient 4 000 en septembre, selon Samuel Watts. « Je suis optimiste, mais ce n’est pas facile de l’être ces temps-ci. »
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Stéphane déambule au milieu de la rue Sainte-Catherine sans se soucier de la circulation matinale. Il aperçoit une balayeuse et lève ses paumes devant le véhicule, comme pour lui ordonner de s’arrêter. Le véhicule ralentit. « T’as une cigarette ? » demande-t-il au conducteur, qui secoue la tête. « Ben fuck, t’es viré ! » lui lance alors joyeusement Stéphane, en faisant mine de renvoyer le camion d’un geste de la main.
Stéphane, dans la quarantaine, n’a pas d’adresse ni même d’endroit où s’installer chaque nuit, mais ce coin de rue, angle Sainte-Catherine et Atwater, est le sien. Si vous roulez sur Sainte-Catherine à l’heure de pointe, vous le verrez devant le centre de jour Résilience Montréal, en compagnie d’une centaine de ses pairs. « Y en a qui n’ont pas mangé depuis hier après-midi, dit-il. Ils mangent quand le refuge est ouvert. Quand il ferme, ils sont livrés à eux-mêmes. »
Dès 7 h, une file commence à se former, une heure avant l’ouverture. Parmi les premiers arrivés, un homme et une femme qui dorment non loin de là, sous un escalier de secours, avec une bâche en guise de plafond et du carton servant de plancher. Le couple attend son pain doré et son jambon frit tout juste sorti de la poêle. L’odeur du sucre et de la graisse qui s’échappe par la porte latérale du bâtiment adoucit pour un instant les durs contours de ce secteur de l’ouest du centre-ville.
La queue est plus longue devant Résilience Montréal depuis que la Ville a fermé la tente chauffée du square Cabot, en avril 2022. Cette dernière était ouverte à tout le monde, mais surtout fréquentée par les Autochtones sans abri du quartier. Beaucoup de femmes, certaines enceintes, avaient un endroit sûr pour faire la sieste et manger plutôt que de dormir dans la peur, le ventre vide.
Maintenant que la tente chauffée a disparu, elles doivent improviser.
« Mes amies ont commencé à aller à l’est [vers la rue Berri]. C’est dur là-bas », dit « Marlene », venue d’un village cri pour une semaine rendre visite à ses amis au square Cabot. Elle refuse que j’écrive son vrai prénom. « Quand tu passes trop de temps à Berri, tu changes. Il y a des drogues plus dures, plus de gens, plus de trafiquants, plus de crimes, plus de violence. »
Dans son rapport, l’ombudsman Nadine Mailloux décrit la réponse de Montréal à l’itinérance comme étant « saisonnière », « temporaire ». La crise, affirme-t-elle, exige l’accès à des ressources permanentes.
Les organismes comme Résilience Montréal doivent faire et refaire des demandes d’aide financière chaque année, ce qui les empêche de mettre en œuvre des stratégies à long terme. Ils peuvent aider chaque mois une demi-douzaine de personnes à trouver un toit, mais cela vient rarement avec le soutien nécessaire pour le garder.
Ce qui nous ramène à la tente chauffée. Elle offrait nourriture et abri dans un secteur où des centaines de personnes dorment à la belle étoile toutes les nuits. Sans elle, les gens doivent trouver un autre endroit où se retirer. La Ville travaille avec Résilience Montréal pour acheter un bâtiment et y installer un refuge de nuit permanent, mais cela pourrait demander des mois, voire des années.
En ce début d’été, le square Cabot est plus calme sans la tente chauffée. Marlene est assise avec ses amies tandis que la nuit tombe sur Montréal. Des prédicateurs distribuent des brochures, des couples piqueniquent et des sans-abris regardent le soleil descendre derrière les tours de bureaux qui dominent le métro Atwater. « Jésus-Christ vous aime », dit un homme en indiquant comment se rendre aux rencontres de son groupe biblique.
Pour les amies de Marlene, qui fréquentent le refuge de jour pour femmes Chez Doris, pas très loin, le calme apparent est trompeur. La crise des sans-abris est toujours aussi grave, soulignent-elles, elle est simplement moins visible sans la tente.
Il a fallu le lobbying de leaders autochtones locaux, de la sénatrice innue Michèle Audette ainsi qu’un don substantiel des Mohawks de Kahnawake pour qu’elle soit mise en place en 2021. Ils se sont battus pour avoir une halte-chaleur ouverte la nuit au centre-ville après qu’un Innu eut été retrouvé mort à l’extérieur d’un refuge sur l’avenue du Parc, en janvier 2021. Raphaël André n’avait pu y dormir, une éclosion de COVID-19 ayant forcé la fermeture de l’endroit. Cherchant désespérément un lieu chaud pour quelques heures, il s’était réfugié dans une toilette portable. C’est là qu’il a passé ses dernières heures.
La mort de Raphaël André a suscité l’indignation au pays. À la suite de celle-ci, la Ville de Montréal a fait installer des lits d’urgence au stade de football Percival-Molson, où jouent les Alouettes. Elle a aussi autorisé la tente chauffée au square Cabot, gérée par des travailleurs de rue autochtones. La communauté mohawk de Kahnawake a fourni gardiens de sécurité et nourriture. L’endroit a été nommé la tente Raphaël André.

La neige a fondu, mais la tente est restée ouverte. « Elle n’était pas censée l’être, mais elle répondait manifestement à un besoin », dit une source proche de Valérie Plante, qui a requis l’anonymat pour s’exprimer librement sur ce sujet épineux depuis que la mairesse a annoncé, en septembre 2020, que le nombre d’itinérants à Montréal avait doublé à cause de la pandémie, une estimation qui a été remise en question par des organismes sur le terrain.
« Le nombre de sans-abris a monté en flèche au cours de la pandémie, poursuit cette même source. Je n’ai pas de chiffres exacts, mais il n’est pas déraisonnable de penser que le nombre de personnes dormant dehors est passé de 3 000 à 4 000 ou plus. Les refuges ont du mal à suivre. »
N’empêche, des travailleurs de rue, ainsi que Nakuset, directrice du Foyer pour femmes autochtones de Montréal, affirment avoir dû insister auprès de la mairesse de Montréal à plusieurs reprises pour éviter que la tente soit démantelée. L’endroit semblait attirer les sans-abris de toute la ville. Et plus de monde dans le parc a entraîné plus de bagarres, plus d’appels au 911, de même qu’un rappel pour les résidants des condos de luxe voisins que l’itinérance existe à l’ouest du centre-ville.
La colère générale suscitée par la mort de Raphaël André n’a pas duré. La vie a repris dans les ruelles et aux coins de rue autour du square.
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Parmi les gens qui font la queue pour un petit-déjeuner devant Résilience Montréal en ce début d’été 2022, certains discutent de tentes et d’autres équipements pour passer la saison.
« On n’encourage pas les gens à camper, mais il n’y a plus beaucoup d’options », explique David Chapman, directeur de Résilience Montréal.
Chaque semaine, le travailleur de rue Ronnie Laporte affiche une liste à jour des refuges à l’entrée de Résilience. « Le problème, c’est que les gens se font répondre qu’ils sont tous complets pour la nuit », dit Ronnie Laporte, qui travaillait à la sécurité de la halte-chaleur. « C’est difficile de ne pas avoir l’impression qu’on les abandonne. On fait toujours de notre mieux, mais on ne décide pas des règles. »
« Grace » avait l’habitude de dormir dans le camp improvisé sous le pont d’étagement de l’avenue Atwater, celui-là même où dormait Shane. Mais un après-midi de janvier 2021, elle est retournée à sa tente pour découvrir que celle-ci avait été rasée par une équipe de nettoyage du ministère des Transports. Depuis, elle a réussi à trouver un studio par l’intermédiaire du centre pour femmes Chez Doris.
Presque toutes les nuits, des gens cognent à sa fenêtre pour lui demander s’ils peuvent dormir chez elle. La plupart du temps, Grace accepte. « Je sais c’est quoi, être dehors. Je ne peux pas toujours dire oui. Parfois, j’ai juste besoin de dormir. Et je ne veux pas avoir de problèmes avec mon propriétaire. Mais quand vous avez été une femme dans la rue, vous ne pouvez pas dire non à d’autres femmes qui cherchent un endroit sûr. »
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J’ai revu Shane pour la première fois depuis sa sortie de prison dans la file devant Résilience. Dès que nos regards se sont croisés, il m’a pris dans ses bras.
— J’ai passé cinq mois à Bordeaux.
— J’ai entendu dire que c’est un vrai trou à rats, lui ai-je répondu.
— Ce n’est pas si mal. Je pense que j’ai attrapé la COVID, mais les autres détenus m’ont dit de me taire sinon on allait tous être enfermés 23 heures par jour. Ils préfèrent tenter leur chance avec le virus plutôt que d’être en quarantaine.
Lorsque Shane et Lydia sont sortis de la rue en 2021, les risques étaient grands que les choses ne se passent pas comme ils l’espéraient.
Les deux ont des antécédents de toxicomanie et ont survécu à des années de violence, qui a commencé dans leur enfance. La douleur qu’ils portent rend plus difficile la gestion de leurs émotions. Elle active également la partie de leur cerveau qui perçoit le danger, si bien qu’ils sont dans un état d’alerte quasi permanent.
Quand deux personnes vulnérables vivent sous le même toit sans aucun soutien en matière de santé mentale, cela se termine rarement bien. D’après Shane, Lydia a rechuté et ils ont commencé à se disputer. Un soir, la situation a dégénéré, quelqu’un a appelé les flics et Shane a abouti en prison.

« Il ne suffit pas de donner à quelqu’un les clés d’un appartement, dit Samuel Watts, de la Mission Bon Accueil. Pour aider quelqu’un à retrouver un toit, il faut trois éléments : la personne, un supplément au loyer et un appartement disponible. Réunir ces trois éléments en même temps, c’est presque comme gagner à la loterie. »
Après, soutient le PDG, un service d’accompagnement est nécessaire pour aider la personne à conserver son logement, à préserver sa santé mentale et à sortir de la rue à long terme. « Vous travaillez avec trois niveaux de gouvernance : vous devez faire en sorte que les services sociaux et de santé, qui relèvent de Québec, parlent de logement, qui, lui, relève du fédéral, et ils doivent se coordonner avec la Ville. Essayez de les mettre sur la même longueur d’onde. Ce n’est pas facile. Et même quand ils sont tous d’accord, la machine gouvernementale reste lente. »
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Shane ne cherche pas d’excuses.
Il sait qu’il a merdé. Et qu’il est trop vieux pour courir les rues. Il jure que cette fois, ce sera différent. « Je vais aller au YMCA plus tard cette semaine pour une formation professionnelle, je reste avec ma mère, je ne parle pas à mon ex, je dois remettre ma vie sur les rails. Je n’ai plus la force de me battre. »
D’aussi loin que je me souvienne, Shane a tenu ce discours. Et chaque fois, je crois qu’il essaie de changer. Je le crois cette fois encore.
Il y a de la bonté en lui. Je me rappelle avoir vu quelqu’un voler une femme âgée sans abri, et Shane engueuler le voleur jusqu’à ce qu’il rende son argent à la dame. S’ils en étaient venus aux coups, Shane n’aurait pas été de taille, considérant qu’il dépasse à peine 1 m 50 et ne pèse même pas 60 kilos. L’intensité est souvent sa meilleure arme.
Je sais aussi qu’il peine à maîtriser ses accès de rage. Quand je lui demande d’où il croit que vient cette colère, Shane fait allusion à sa jeunesse dans des familles d’accueil et à quelques mauvais souvenirs de son passage dans l’armée. Généralement, la conversation s’arrête là.
Il a quand même des moments de lucidité à propos de lui-même.
« Chris, tu te rappelles quand j’ai dit que je n’avais plus de force pour me battre ? Je ne sais pas si c’est vrai. Peut-être qu’il m’en reste. »
Cet article a été publié dans le numéro de décembre 2022 de L’actualité, sous le titre « Une crise humanitaire d’ici ».
Excellent article qui aide à décrire et à expliquer cet épiphénomène qui n’en finit plus de finir!
Sans nier la bonne volonté et l’engagement de qui que ce soit, force est de constater que cette situation perdure depuis de nombreuses générations. Montréal a traversé des périodes très difficiles au cours des siècles (on parle de 125 ans de présence de la mission Old Brewery). Malgré tout on semble déplorer l’absence de plans et les interventions ponctuelles de toute urgence à l’approche et durant chaque hiver!
Sans vouloir être trop cynique je me dois de constater, comme mes compatriotes, que les problèmes sont presque toujours « pelletés par en avant ».
L’itinérance qui n’en finit plus, les urgences des hôpitaux qui débordent depuis plus de 40 ans, les écoles qui tombent en décrépitude, les routes, les ponts et les viaducs qui tiennent par miracle (quand ils ne tombent pas…) , les pénuries de main d’œuvre qu’on déplorait déjà il y a plus de 20 ans et qui s’est aggravé avec la récente pandémie, etc,
Le Québec a un budget de plus de 100 milliards de dollars par année (impôts, taxes variées, cotisations, droits de ceci et de cela, etc) mais comment est utilisé tout ce fric si on ne règle jamais les problèmes d’une façon un tant soit peu permanente?
Tient-on vraiment a régler les problèmes ou si, comme fonctionnaires, il est plus important
d’ assurer son avenir professionnel en faisant preuve d’un certain laxisme (« gardes-toi en pour demain, la semaine prochaine, le mois prochain, l’année prochaine, etc.)
On est bien au Québec et au Canada, de nombreux immigrants peuvent en témoigner et le Canada en accueillent beaucoup (au prorata) au Canada parmi les pays du G-7.
Je veux bien aider les itiérants issus du Québec. La malchance est universelle. Mai plusieurs viennent au Québec comme en Colombie Britannique par choix. A ceux-ci je dis retourner dans vos provinces et territoires. Les autochones recoivent des milliers de dollars du fédéral et ils sont sous leur tutelle. Pourquoi trainent-ils dans les rues de Montreal et sont un nuisance publique. La province déja les acceuille dans nos hopitaux à nos frais. Ils doivent retourner dans leurs réserves qu’ils veulent conserver à tout prix. Assez c’est assez d’etre bonasse.
Êtes-vous confortable avec l’apport de tous ses réfugiés eux aussi en quête de soins?
Le Canada multiculturel de nos fédéralistes, dont Justin Trudeau, omet cette maxime: « Charité bien ordonnée commence par soi-même ».
Il n’existe rien, aucune étude sérieuse, qui démontre un avantage économique d’ensemble à colmater les « brèches » à coups de réfugiés, dont l’apport, au Québec ne constitue plutôt une perte nette sur ce plan.
Pour ce qui est de l’immigration, le programme va fondre au soleil avec le prochain changement de gouvernement. Et, Montréal, pour toutes ses raisons, écope pendant tout ce temps; la violence couve et l’on regarde passer la parade.