
Des pluies diluviennes dans les Prairies en juin ont rendu un tiers des champs incultivable. Et à la suite de la sécheresse qui a sévi cet été en Russie, Moscou a interdit l’exportation de son blé.
Les prix du pain et des pâtes ne seront pas les seuls à gonfler, explique Sylvain Charlebois, spécialiste des politiques alimentaires à l’Université de Guelph, en Ontario.
Les cours du blé ont bondi de plus de 60 % depuis juin. Quelles autres denrées seront touchées ?
– Le blé dont on se sert pour nourrir le bétail étant trop cher, il faut lui trouver des substituts. La demande des autres céréales va donc augmenter, leurs prix également. Du coup, le prix de la viande finira par monter lui aussi.
Des émeutes meurtrières ont éclaté en septembre au Mozambique en réaction à la hausse du prix du blé. Assiste-t-on à une répétition de la crise alimentaire de 2008 ?
– Je ne crois pas. Cette année-là, une autre crise, celle du pétrole, avait aggravé la situation. Cela dit, nous entrons dans une période de transition. Dans les prochaines décennies, la croissance des prix va s’accélérer.
Qu’est-ce qui explique ce phénomène ?
– Un milliard d’êtres humains se joindront bientôt à la classe moyenne. Ils voudront manger de la viande. Or, pour produire un kilo de bœuf, il faut 16 kilos de grain ! Il sera difficile de répondre à la demande, d’autant plus que le réchauffement climatique risque de provoquer de plus en plus de désastres agricoles.