La Lune, et après ?

Cinquante ans après que Neil Armstrong eut foulé le sol lunaire, la nouvelle course vers l’espace est portée par de grandes ambitions, qui ont cependant de quoi inquiéter.

Photo : Daphné Caron

Peut-on faire l’amour dans l’espace ? La question n’a pas encore été étudiée en pratique, mais la science nous permet d’affirmer que l’exercice serait fastidieux et, vu les radiations cosmiques, non sans danger pour tout fruit qui en découlerait. Il faudra pourtant y travailler un jour si l’on rêve de voir l’espèce humaine coloniser l’espace !

Et ce jour pourrait arriver plus rapidement qu’on le pense. La course vers les étoiles captive les esprits plus que jamais, 50 ans après le petit pas de Neil Armstrong sur la Lune. Si le programme Apollo avait ébloui par sa mobilisation de ressources humaines, financières et scientifiques sans précédent dans l’histoire de l’humanité en temps de paix, la nouvelle course vers l’espace est portée par des ambitions non moins impressionnantes, quoique préoccupantes.

La Chine a prouvé son sérieux en réussissant à poser un engin sur la face cachée de la Lune en janvier. Piqué, le président Donald Trump a ordonné à la NASA de renvoyer des Américains sur la Lune d’ici 2024, à temps pour conclure le second mandat qu’il compte décrocher l’an prochain. Et il ne s’agit pas que d’y planter un nouveau drapeau. L’objectif est de bâtir une station spatiale en orbite autour de la Lune, qui servira de quartier général pour l’exploration de notre satellite, et de point de départ de la première mission habitée vers Mars, prévue vers 2033.

En toile de fond, on trouve aussi la volonté des États-Unis de préserver leur domination militaire en s’assurant une longueur d’avance dans l’espace, où gravite une constellation de satellites essentiels à l’armée.

Le Canada a rapidement réorienté ses priorités spatiales et est devenu le premier pays à s’associer au projet américain. C’est donc dans l’orbite de la Lune que David Saint-Jacques pourrait effectuer son prochain séjour, et susciter des vocations scientifiques parmi les écoliers canadiens.

Étonnamment, les Américains foncent vers la Lune alors qu’ils n’ont pas de fusée capable de les y amener, et encore moins de module lunaire. Signe des temps, c’est sur le secteur privé que le gouvernement compte pour parvenir à ses fins.

Le fondateur de Tesla, Elon Musk, a déjà envoyé une de ses bagnoles en orbite autour de Mars grâce à l’une de ses fusées SpaceX, et il a célébré ce printemps une 17e mission de ravitaillement à la Station spatiale internationale, avec cette fois une capsule habitable. Jamais à court de prédictions fracassantes, il se dit capable de fonder la première colonie martienne en 2024, année où les Américains retourneraient sur la Lune.

Le fondateur d’Amazon, Jeff Bezos, a pour sa part dévoilé ce printemps son prototype d’alunisseur, qu’il entend louer à la NASA, de même que ses plans pour déménager l’humanité dans l’espace, dans des cylindres géants récréant des écosystèmes entiers, en orbite autour d’une planète Terre rendue invivable par l’incurie des hommes. « Le travail de ma génération est de construire l’infrastructure », a-t-il dit.

Même la NASA a annoncé qu’elle transformera la Station spatiale internationale en hôtel pour touristes ultra-riches, question de financer ses propres activités. Maintenant que le sommet de l’Everest est victime du surtourisme, pourquoi ne pas ouvrir de nouveaux horizons à l’élite globe-trotteuse !

On peut voir dans cette privatisation de l’espace une démonstration de l’insoutenable accroissement des richesses de l’élite capitaliste, de même qu’un symptôme frappant du rétrécissement du rayon d’action de nos gouvernements.

L’alliance entre le public et le privé peut certes apporter des bienfaits tant sur Terre que dans l’espace, mais la preuve est depuis longtemps faite que l’on ne peut compter sur les intérêts privés pour veiller aux intérêts communs.

Si c’est sur ces bases que l’on construit l’avenir de l’humanité, il y a de quoi s’inquiéter pour les bébés qui vont naître dans les étoiles, une fois qu’on aura trouvé la façon de s’y prendre pour les concevoir là-bas.

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Toutes mes félicitation à Charles Grandmont qui écrit un commentaire des plus pertinent sur cette utopie de coloniser la Lune ou Mars ou tout autre étoile….loin, très loin.
A chaque avancée dans cette conquête…. je me pose toujours la question de notre survie…ici …et maintenant. Et si on investissait toutes ces sommes dans le nettoyage et la protection de notre planète… Comme on disait… » charité bien ordonnée commence par soi-même » ?
Imaginez ? on dépollue en urgence tous les océans du plastique , on convertit toutes les voitures à l’électricité et surtout, en urgence…. on règle les problèmes de nutrition et d’eau potable auxquels sont confrontés trop de pays, on met de l’argent pour nourrir et supporter les humains actuels dans leurs pays. On soulage la souffrance et les problèmes des terriens actuels et on arrête de jouer à Star Treck en dilapidant l’argent des contribuables dans chacun des pays dans cette course frénétique et irresponsable à » je suis le plus fort » et je suis le premier dans l’espace.
Ceci est un cri du coeur spontané….

Les astres ont depuis toujours fascinés et façonnés la vie des espèces qui habitent notre planète. Les progrès en astrophysique depuis un demi-siècle sont considérables, cette discipline progressera encore. Et si contrairement à ce que nous pensions, même notre système solaire avait sa part d’espèces vivantes, ne serait-ce que des bactéries ?

Quelques bactéries par-ci, un peu d’eau et un peu de méthane par-là, un peu de lumière et voici les conditions de la vie et de l’évolution réunies…. Après c’est le temps qui fera le reste.

Les projets actuels qu’ils soient publics ou privés ou en partenariat risquent de se heurter à leur faisabilité et selon moi, nous ne pourrons probablement pas envisager une « Odyssée de l’espace » avant le siècle prochain.

Entre temps, il y aura des essais avec leur lot d’erreur et leur part de découverte. Il serait bon cependant de mettre l’espace comme parti prenant du patrimoine de l’humanité ainsi nous pourrions tous faire notre bout de chemin pour mieux comprendre ce que nous sommes et vers quelle ou quelles étoiles nous nous acheminons.

Je trouve puéril et totalement risible la vision futuriste de ces multimilliardaires complètement décrochés de la r.alité humaine ici bas. Ils voudraient re-créer un monde artificiel dans d’énormes cylindres spatiaux ou sur une autre planète jumelle à la terre alors qu’ils ne sont pas foutus de lever le petit doigt pour soigner leur demeure terrestre actuelle qui est malade de leur empoisonnement illimité de besoin de plus de richesse.
Je ne crois pas à cet utopique ¨rêve d’un nouveau monde artificiel de milliardaire¨; par contre, je crois bien plus à une course effrénée vers des armements de plus en plus dangereux et potentiellement totalement destructeurs de la seule planète qui nous soit encore accessible et pour des siècles à venir.

Au lieu de dépenser des milliards de dollars à trouver une » planète de rechange »,pourquoi ne pas investir cet argent à soulager la faim dans le monde,à réparer les pots cassés accumulés depuis notre révolution industrielle et à veiller à ce que chaque habitant sur la terre ait une qualité de vie. Après les voyages en avion pour parcourir le monde même en ayant encore la « couche aux fesses » ce sera les voyages dans l’espace . Combien de « David Saint-Jacques » se lèveront? Nous sommes créés pour vivre sur terre et pas ailleurs. Inutile d’aller plus loin.