
Comment freiner la montée des intégristes ? Le ministre Drainville s’explique. Propos recueillis par Catherine Dubé.
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L’objectif premier de la Charte n’est pas de lutter contre l’intégrisme, mais c’est très certainement un de ses effets. La Charte est une pièce maîtresse de la lutte contre l’intégrisme de trois manières :
Les intégristes veulent un État religieux. La Charte dit que l’État québécois est non religieux, au nom du respect de la liberté de conscience.
Les intégristes carburent aux accommodements raisonnables. La Charte balise ces accommodements. Elle est un bon moyen de contrer la stratégie des petits pas qu’utilisent les intégristes pour établir progressivement des exceptions, qui deviennent des précédents, puis des normes.
La Charte fixe l’égalité entre les hommes et les femmes en tant que valeur non négociable au Québec. Si vous regardez les pratiques et la pensée des mouvements intégristes, il y a une constante : celle de vouloir enfermer les femmes dans une position d’infériorité.
Les intégristes forment un courant minoritaire. Ils sont toutefois actifs au Québec depuis un certain nombre d’années. La meilleure preuve de leur présence, c’est la demande, en 2004, de créer un tribunal islamique au Québec, un conseil de la charia.
L’intimidation dont ont été victimes certaines femmes venues témoigner à la présente commission parlementaire confirme la présence de mouvements intégristes qui n’hésitent pas à avoir recours à cette pratique pour empêcher l’expression d’idées contraires aux leurs.
Le voile est-il un symbole intégriste ? Je n’irais pas jusqu’à dire cela. Je suis conscient que certaines personnes disent et pensent que c’en est un. Je n’irais certainement pas jusqu’à dire que celle qui le porte est une intégriste. Certaines le portent par choix, mais d’autres le portent parce qu’elles subissent des pressions de leur entourage, de leur famille, de leur communauté.
Je suis prêt à dire que la burqa, le niqab et le tchador sont des symboles intégristes. Pour moi, il est inconcevable qu’une femme puisse accepter librement de porter une tenue qui la couvre entièrement. Pour ce qui est du voile, il y a un débat autour de son sens. J’en prends acte.
Certains affirment que la Charte engendrera le repli sur soi et l’intégrisme en excluant de leur milieu de travail les personnes qui portent un symbole religieux. Je n’accepte pas cette prémisse. Une fois qu’on aura voté la Charte et établi qu’un signe religieux ne peut pas être porté par un agent de l’État, il appartiendra aux personnes concernées de décider de le retirer ou non. J’ai confiance que la vaste majorité de ces personnes vont respecter la loi. Renoncer à retirer son signe religieux serait placer sa conviction au-dessus du service public, au-dessus de la loi.
Nous avons un certain nombre de témoignages, récurrents et confidentiels, de femmes forcées de porter le voile qui nous disent : « Dépêchez-vous d’adopter la Charte ! »
Préciser les règles et affirmer un certain nombre de valeurs fortes, dont la laïcité et l’égalité de tous, spécialement entre les femmes et les hommes, favorisera l’intégration plutôt que l’exclusion. Le Conseil du statut de la femme a déposé, en octobre dernier, un rapport sur les crimes d’honneur. Ces crimes ne sont pas que religieux — j’insiste là-dessus —, ils ont d’abord un fondement culturel, mais les violences liées à l’honneur sont souvent instrumentalisées par les religions. Notre gouvernement s’est engagé à étudier les recommandations de ce rapport.
Pour contrer les mariages forcés, la Direction de la protection de la jeunesse agit, comme on l’a vu récemment avec le groupe juif ultraorthodoxe Lev Tahor.
Nous avons déjà des moyens à notre disposition. Et s’il faut en faire plus, nous en ferons plus.
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Québécois sans appartenance religieuse
2001 : 5,8 %
2011 : 12,1 %
Source : Statistique Canada, 2011
— Premièrement, rappelons que la définition d’intégrisme fut en premier lieu inventée par les catholiques eux-mêmes. Donc les gens qui parlent d’intégrisme sont avant tout des catholiques ou des gens qui ne professent plus une religion en particulier mais qui culturellement ont été très fortement marqués par cette religion.
Aussi le discours ambiant est celui de catholiques ou d’ex-catholiques qui ont des préjugés négatifs envers celles et ceux qui pratiquent d’autres religions que les leurs ou qui pratiquent leur religion d’une autre façon que la manière dont ils ou bien elles la conçoivent.
L’intégrisme n’existe que dans la tête de ceux et celles qui entendent représenter et être garants de l’idéologie dominante. En d’autres termes, dès lors que vous représentez dans la société un courant minoritaire ou bien si pour une raison ou pour une autre vous vous trouvez marginalisé, vous êtes un intégriste potentiel.
À l’inverse, dès lors que vous représentez cette autorité, il devient potentiellement intéressant d’assoir son autorité sur des minorités visibles ou bien invisibles à fin de marquer ces minorités du sceau de l’indignité.
— Deuxièmement, ce qui théoriquement définit l’intégrisme, c’est principalement une absence d’ouverture à la réalité de ce qu’est le monde dans l’instant présent.
Où commence alors l’intégrisme et où se termine-t-il ? Où commence le front du refus et où s’achève-t-il ? Et qu’est-ce qui permet de définir l’intégrisme en pratique ? Cela ne démontre-t-il pas une réelle incapacité d’embrasser la différence ?
De la sorte par exemple, on pourrait dire sur le plan politique, que le manque d’ouverture des souverainistes en particuliers des péquistes au Québec, font à l’échelle du Canada et même à l’échelle mondial, des membres de ce parti des sortes d’intégristes au niveau du carcan idéologique que représente l’option nationaliste lorsqu’au niveau mondial c’est un libéralisme politique d’échange et d’ouverture à l’ensemble des cultures qui conviennent à la plupart des nations.
— En conclusions, cette incapacité de s’accepter et de s’aimer tel que l’on est, de construire une espace public, une agora ouverte pleine et entière ; pour à la place préférer occuper le terrain du ressentiment universel, tout cela ne sert en rien les intérêts supérieurs du Québec ; cela ne revient qu’à produire du capital politique en s’en prenant à des petits groupes ciblés, aux musulmans en général, tout autant aux juifs. Pourquoi s’en prendre de manière si ouverte dans les colonnes même de l’Actualité aux Lev Tahor, lorsque monsieur Drainville s’en prenait encore aux juifs hassidiques, il n’est pas si longtemps que cela ?
Jacques Parizeau a toujours estimé avec sagesse que le rôle de l’État en particulier, est de protéger les personnes les plus vulnérables. En s’en prenant précisément à des minorités culturelles ici au Québec sans égard aux avantages qu’apportent ces minorités tant dans notre paysage visuel, que notre paysage économique, culturel, éducationnel, politique et même sportif, monsieur Drainville par la nature acrimonieuse de ces propos démontre que l’État québécois n’a strictement que faire des plus vulnérables quand la seule chose qui prime c’est exclusivement l’agenda politique.
Pour ce qui est de faire du Québec, une société ouverte, intelligente, inclusive, moderne, généreuse, en expansion et en pleine possession de ses moyens pour relever les défis d’aujourd’hui et de demain… Eh bien mes avis, sont que le ministre Drainville démontre bien que la prémisse, ce ne sont pas les craintes justifiées d’une population honnête mais bien son affirmation qu’une fois « sa » Charte adoptée les gens vont se soumettre et finalement renoncer. Tout cela relève de la pensée magique et non des beautés de la science politique.
À trop en mettre on finit par se discréditer, je crois que c’est ce qui vous arrive ici mon cher ami.
On peut résumer la première partie de votre intervention comme suit :
1) La religion catholique a déjà pratiqué activement l’intégrisme (et vous avez raison)
2) une majorité de québécois sont soit d’ex-catholiques ou encore des catholiques actifs (et vous avez raison)
3) les québécois, sont donc des intégristes
On appelle ça un sophisme, un faux raisonnement.
Vous oubliez que les québécois, il y a plusieurs décennies déjà, se sont battu contre la forme d’intégrisme que le catholicisme pratiquait sur eux, lorsqu’ils ont réalisé jusqu’à quel point ça les brimait, pour la majorité ils s’en sont libéré tout en respectant ceux qui ont continué à pratiquer leur religion et en respectant tout autant ceux qui trafiquent d’autres religions. Qualifier la majorité des québécois d’ex-catholiques intégristes qui ont des préjugés négatifs envers celles et ceux qui pratiquent d’autres religions que les leurs, c’est complètement erroné, c’est de la mauvaise foi. Taxer un peuple d’intégriste parce qu’il envisage de se donner un pays, je ne sais pas trop comment qualifier cela mais à mes yeux c’est encore de la mauvaise foi.
La seconde partie de votre intervention est pire encore, associer à l’intégrisme le fait que les québécois soient nationalistes, certains suffisamment pour vouloir et/ou travailler à l’indépendance du Québec, taxer de carcan idéologique l’option nationale, avancer que le Québec manque d’ouverture sur le monde; c’est une complète dérive, il y a trop de nouveaux québécois en provenance de multiples régions du monde qui voient et disent ouvertement que le Québec est une des sociétés les plus ouvertes pour croire le contraire.
Je ne vois pas la justification de ce titre : « La zone grise de la charte » en faisant référence à l’intégrisme religieux, le ministre Drainville est clair l’objectif de cette charte n’est pas de contrer l’intégrisme mais elle peut indirectement avoir comme effet de la freiner. La charte a entre autre comme objectif d’officialiser qu’au Québec l’État est laïc et qu’il ne fait pas juste l’énoncé qu’il va le pratiquer.