L’avenue Saint-Denis

Je pédalais et devinez ce que je faisais ? Je remarquais les vitrines. Je voyais tous les magasins que je ne voyais pas d’habitude. Et j’avais envie d’y rentrer. Le vélo va sauver la rue Saint-Denis.

Photo : L'actualité

J’avais très peur de faire du vélo. En ville. Le vélo, pour moi, c’était l’île de Ré. Mon autre île, après celle de Montréal. Ma tante y vit. La sœur de mon père, qui est français. L’île de Ré est une petite île au large de La Rochelle, en France. Ça fait très bourgeois de dire qu’on va en vacances à l’île de Ré. Elle est envahie par les Parisiens chics chaque année, mais ma tante y vit depuis presque toujours. J’ai connu l’île pour ses ânes et ses marais salants, avant qu’elle soit synonyme de mocassins et de pulls noués dans le cou.

J’adorais y aller. Début vingtaine. La beauté des paysages y est époustouflante, et puis, elle a encore ce côté sauvage. Surtout en basse saison. On s’y sent libre et on y roule à vélo. Partout. Dans les villages, le long des routes, vers la plage. C’était ça, pour moi, le vélo. Je n’imaginais pas en enfourcher un, un jour, dans les rues bruyantes d’une grande ville.

Ça faisait 15 ans que je n’avais pas tenu de guidon. Mais, pandémie oblige, en plus du fait d’avoir abandonné le véhicule familial il y a un an et demi, le temps était venu de faire comme tout le monde, de se risquer à deux roues entre les piétons, les voitures et les camions.

Montréal, au grand dam de plusieurs, devient une ville qui se parcourt à vélo. Je répète que je n’étais pas vendue à l’idée. Lorsque je conduisais un gros VUS de sept places, j’avais horreur des vélos. Tout simplement parce qu’ils me faisaient peur. Au-delà d’une polarisation évidente de la société, de chacun qui peut rester dans son camp, je pense que le débat auto contre vélo est motivé par la peur. Les vélos dérangent les voitures parce qu’ils prennent de plus en plus de place, ils sont perçus (souvent à tort) comme les voyous de la route et, surtout, on a peur d’en frapper un. Alors, le gros peste contre le petit, comme une queue de bœuf s’agite pour chasser les mouches.

Si vous êtes automobiliste et que vous avez peur des vélos, votre seule solution, c’est de vous en acheter un. C’est la meilleure manière d’arrêter de les redouter. Les comprendre. Commencez à pédaler, je vous jure que vous ne le regretterez pas. Je sais que je sonne comme quelqu’un qui veut que vous vous mettiez au jogging, mais je vous promets que si vous vous mettez à pédaler, qui que vous soyez, vous allez vous demander pourquoi vous ne l’avez pas fait avant. Allez-y mollo. Des petites courses. Pas besoin de faire le Tour de l’île. Juste s’affranchir de la voiture et aller vers ce qui nous fait peur, ça change une vie.

Je circulais sur la fameuse piste cyclable qui fait hurler tout le monde depuis des mois, celle sur Saint-Denis. Mon Dieu qu’on aime ça, chialer. Je comprends que plein de gens souffrent en ce moment. Mais pour vrai, cette rue, madame la mairesse, vous êtes en train d’en faire une avenue. On devrait la rebaptiser. Parce qu’elle va renaître. Je m’y promenais en ayant le sentiment qu’enfin, le plus petit avait de l’importance, et l’humain plus que la machine. On m’avait fait, à moi, un couloir prioritaire. En béton ! Imaginez. On avait dérangé tout le monde pour prioriser le vulnérable. Qui ose faire ça ? Quand est-ce que ça arrive ? Merci, Mme Plante, d’avoir le courage de tenir votre bout. Tout le monde chiale pendant qu’on change les choses, qu’on fait les travaux, mais un jour, le progrès s’installe. S’il fallait s’arrêter à chaque accouchement parce que c’est sale, que ça fait mal et que c’est bruyant, y aurait pas grand monde sur la terre.

Je pédalais et devinez ce que je faisais ? Ben oui, je regardais les vitrines. Je remarquais tous les magasins que je ne voyais pas d’habitude et, pire que ça, j’avais naturellement envie d’y rentrer. D’enregistrer dans ma petite tête que Saint-Denis est à nouveau une artère commerciale où j’ai envie d’aller. À vélo. Simplement. Pour m’y promener, m’acheter un livre, flâner et découvrir cette rue qui renaîtra en avenue.

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Se promener sur la rue St-Denis en vélo pour flâner , ça n’en fait pas une rue commerciale . Un commerce peut vivre s’il fait des ventes et non pas seulement parce qu’on regarde sa vitrine . Vous savez , en vélo , vous pouvez peut-être acheter un livre mais vous ne pouvez pas faire votre épicerie de la semaine ni acheter une lampe ou un store !
Si la vue des vitrines vous intéresse pour des achats significatifs ,vous devriez y revenir en auto mais alors vous ne pourrez pas trouver de place pour stationner sur cette rue qui était la seule rue au centre de Montréal avec laquelle nous pouvions facilement traverser la ville du sud au nord et inversement sans être contraint de dévier dans des sens uniques à tous les 3-4 rues transversales . Les vélos peuvent circuler sur toutes les rues sans avoir à se préoccuper des sens uniques !
On pourrait peut-être flâner sur un trottoir mais pas sur une artère principale dans une grande ville !

@Germain Adam, c’est votre point de vue qui est tout à fait respectable. Je tenais à ajouter que des personnes font aussi leur épicerie, leur magasinage, leurs déplacements quotidiens, leurs emplettes petites, moyennes et grosses à vélos et imaginez-vous donc au risque de vous surprendre des entreprises livrent en 2 roues et même des déménageurs offrent cette possibilité. Il existe de plus en plus de commerces qui voient dans le vélo des opportunités de mieux fonctionner. Vous savez je ne vous apprends sans doute rien mais changer des habitudes est ce que l’Homme a le plus de mal à faire cependant les vertus d’une ville dans laquelle tous les modes de transport sont mis de l’avant à vraisemblablement plus d’opportunités de croître que de rester confinée avec des moyens contraignant et plus adaptés à sa réalité changeante. Imaginez vous être obligé de vous déplacer à cheval 😉 Bref vous l’aurez compris tout l’écosystème urbain évolue alors pourquoi pas les mentalités avec !

À peine 70 places de stationnement ont été retirées entre Sherbrooke et la Métropolitaine. Faudrait quand même cesser d’exagérer. Et la livraison existe.

Je suis ni pour ni contre bien au contraire. On peut tjrs faire ses courses à vélo, et l’on peut tjrs traverser la ville du nord au sud en auto.
Le trafic induit c’est dépassé, la démobilité est là pour rester.
Le fond du commentaire de Germain, c’est qu’il a perdu son autoroute.
Bon courage, le changement et là pour rester.

@André Nickell. C’est exactement le genre de service que l’entreprise « Déménagement Myette » offre depuis des années!

Comme j’ai fais du vélo toute ma vie, je ne peux qu’approuver. Je rêve d’une ville ou la priorité serait au vélos.

Je suis tout à fait d’accord.
J’adore maintenant prendre mon vélo pour me rendre sur la rue St-Denis. La REV me permet de pouvoir utiliser cet artère avec ma fille en toute sécurité.
Depuis quelques semaines, à tous les samedis, je vois des files devant plusieurs magasins. L’ambiance est au beau fixe, les redécouvrent ce que prendre son temps veut dire.

Quand j’habitais Rosemont, je me déplaçais plus en vélo qu’en auto. J’étais un habitué du Plateau. Je me déplaçais partout de manière sécuritaire en choisissant soigneusement mon itinéraire.

Ce que j’avais remarqué, c’est que le premier facteur accidentogène, c’était les cyclistes eus-mêmes qui se transportent de manière souvent indisciplinée, on trouve qui plus est sur les pistes cyclables le même genre de « m’as-tu-vus » qui arborent leurs vélos à 5000 piasses (ou plus) comme sur la routes ceux qui roulent avec leurs gros VUS rutilants.

Bref, en créant plus de pistes cyclables faites dans la précipitation en dépit du bon sens en pleine période de pandémie, on ne fait que produire de nouvelles problématiques.

Ce n’est pas le changement qui est un problème, c’est l’anarchie qui règne à Montréal et la paresse des élus municipaux qui décennies après décennies ignorent toujours le sens du mot : « planification ».

Il y a d’autres priorités à Montréal, tout le monde sait parfaitement que la priorité dans cette ville, c’est bien le logement.

Merci pour ce message optimiste qui donnera sûrement le goût à plusieurs de se lancer. J’ai 74 ans et ça fait un moment que je roule. .. j’ai commencé à 50 ans. La piste St-Denis est très sécuritaire. N’ayez pas peur .