Un «bureau du génocide» qui enquête sur l’État islamique

Une équipe cherche à faire reconnaître les crimes de l’EI contre les Yézidis comme actes de génocide et juger par la Cour pénale internationale de La Haye.

etat-islamiqueCela pourrait être la salle d’attente de n’importe quel bureau si les murs n’étaient pas couverts de photocopies en noir et blanc de photos, sur lesquelles on voit exposée sans détour la tragédie des monts Sinjar. Le moment où l’horreur a commencé pour les Yézidis: femmes en pleurs exténuées, enfant inanimé, foule hagarde qui marche dans le désert, corps alignés face contre terre et leurs bourreaux au drapeau noir, armes à la main… Ceux qui entrent dans ces locaux de Dohuk, dans la province autonome du Kurdistan irakien, viennent raconter ce qui a suivi. Le calvaire des victimes de l’État islamique (EI).

Il y a un peu plus d’un an, dans les premiers jours d’août 2014, les troupes de l’EI s’emparaient, presque sans résistance, des monts Sinjar. La région était le lieu de vie historique de la communauté des Yézidis d’Irak, des kurdophones adeptes de l’une des plus vieilles religions monothéistes du monde, le yézidisme, qui plonge ses racines dans l’Iran antique et s’est nourri des autres religions du Moyen-Orient au fil des siècles. L’armée irakienne avait fui, abandonnant armes et véhicules. De leur côté, les combattants kurdes avaient choisi de se retirer après une escarmouche. Un choix lourd de conséquences. Près de 500 000 personnes — la grande majorité étant des Yézidis — étaient jetées sur les routes, tentant d’échapper aux exactions des extrémistes, dont les Yézidis étaient la cible principale. Exécutions de masse filmées par des membres de l’EI, décapitations, torture, pillage des villages et enlèvement systématique des femmes et des enfants… L’EI s’est livré à des crimes d’une rare violence contre ceux qu’il considère comme des adorateurs du diable, une accusation traditionnelle envers le culte yézidi. Et ces crimes se poursuivent encore aujourd’hui. L’EI détiendrait toujours près de 4 000 prisonniers, principalement des femmes et des enfants.

Le bureau que dirige le juge Ayman Bamerny a été mis en place par le gouvernement régional du Kurdistan dès les premiers jours de septembre 2014, pour tenir lieu de salle d’enregistrement de ces atrocités. Le juge, 10 enquêteurs et 4 psychologues et assistants sociaux composent l’effectif. Le nom officiel, «bureau d’enquête du haut comité pour l’identification des crimes génocidaires commis sur des personnes résidant dans les zones de peuplement kurde hors du territoire du gouvernement régional du Kurdistan», a le mérite d’être explicite quant à la mission, mais est un peu long. Ceux qui y travaillent l’ont rebaptisé plus sobrement «bureau du génocide».

ayman
Le juge Ayman Bamerny, du bureau du génocide. (Photo : Guillaume Fontaine)

Après plus d’un an d’activité, il a un fonctionnement bien rodé. «Lorsqu’un témoin se présente, le plus souvent une femme, nous faisons établir un rapport médical complet comprenant des tests de maladies transmissibles sexuellement et de grossesse, ainsi qu’un examen psychologique, explique le capitaine Falah Hasan, qui dirige la partie policière de l’enquête. Les victimes sont souvent ravagées par ce qu’elles viennent de subir. Certaines sont incapables de parler. Nous essayons de les ménager autant que possible. Il faut parfois plusieurs jours pour recueillir leur témoignage.»

La teneur des récits est aujour­d’hui bien connue. «Nous enten­dons des histoires concernant des fillettes de huit ans, des femmes victimes d’agressions sexuelles indescriptibles pendant des mois, raconte Khaial, la seule femme officier du groupe d’enquêteurs. Certaines ont vu leurs compagnes prisonnières se suicider ou être tuées. D’autres ont été vendues 10 fois, parfois pour une cigarette ou quel­ques dollars, et n’ont pu s’échapper qu’au prix de risques incalculables.»

Comme les autres membres du bureau, Khaial est profondément marquée par son travail. «Les premiers temps, je trouvais cela vraiment terrible. Je ne pensais pas pouvoir continuer. Parfois, je pleure avec les victimes lorsqu’elles me racontent leur histoire. Mais c’est notre peuple, notre religion. Si nous ne les aidons pas, qui le fera?» Tous les membres du bureau se sont portés volontaires, tous sont également des Yézidis et agissent à titre de fonctionnaires du gouvernement régional du Kurdistan. «Les victimes ne témoi­gneraient pas devant des Arabes. Elles n’ont plus confiance», assure Falah Hasan.

Pour le juge Bamerny, «s’il est encore trop tôt pour dire que nous avons affaire à un génocide, tous les signes convergent: l’esclavage sexuel, les fosses communes, les déplacements de population, les conversions forcées, les crimes contre les enfants»… La longue liste des crimes de l’EI répond en tous points à la définition de génocide que reconnaît la Cour pénale internationale (CPI) de La Haye. Au fil des mois, il s’en rajoute parfois de nouveaux. «Récemment, nous avons vu apparaître des enfants yézidis entraînés de force à devenir soldats par l’EI», note le juge Bamerny. Une pratique considérée comme un crime contre l’humanité par les instances internationales.

L’ONU a reconnu le caractère génocidaire des crimes de l’EI contre les Yézidis, mais le travail du bureau du génocide n’en demeure pas moins essentiel… «L’ensemble des documents amassés par le comité devra être produit à la CPI. C’est elle seule qui pourra qualifier ces massacres et choisir le moment où elle voudra ouvrir le dossier», explique Mahmoud Haji Salih, ministre des Martyrs et de l’Anfal, sous l’autorité duquel est placé le bureau. Une décision qui pourra prendre des années. Le procureur de la CPI commence seulement à s’occuper de la guerre de 2003 en Irak. «C’est pour cela que nous préparons l’enquête à venir en recueillant de façon officielle preuves et témoignages», poursuit le ministre.

Le bureau a déjà finalisé plus de 1 000 dossiers. Des milliers d’autres sont en attente. «Nous sommes sur le terrain, nous enregistrons les crimes au moment où ils se produisent. Les victimes ne resteront pas toutes en Irak, les preuves disparaissent avec le temps, et les coupables peuvent s’évanouir dans la nature. Ce travail, personne ne pourra le faire plus tard», souligne le juge Bamerny. Lorsque la Cour pénale commencera son enquête, toute la documentation sera là, prête à être utilisée. Les enquêtes menées par le bureau sont non seulement irremplaçables, mais elles feront gagner des années de travail à la justice.

Les commentaires sont fermés.

Bonjours j,ai deja ecrit aux Nation-Unis pourssuives ses gens pours crimess contres l,humaniters c,est simples il faut capturersles chefs les complices le seul problemmes c,est dans philosophies de l,islams souvent queant ils se font coincers souvent ils se font sauters aux noms de leurs Dieux contrairements aux chefs NAZI que eux ont n,a reussi a les atrapers de toute facons tots ou tards ils vonts finirs pars se faire pogners et etre fait prisoniers mais cette fois si sa serra diferants avec le retours du Christ surs terre son seconds avenements seul lui pourait trouvers la solution ours punir ceux qui ont fait du mal surtout a nous les Chretiens mais justice serras rendus .