Depuis mars 2020, nous rêvons tous et toutes de la fin de cette pandémie. Or, en discutant avec des amis ou en se baladant sur les réseaux sociaux, on constate que l’anxiété collective semble avoir monté de plusieurs crans depuis que le déconfinement a commencé. Réaction prévisible ?
Tout à fait ! Ce retour à la normalité doit être apprivoisé. Pendant des mois, on nous a sans cesse répété de faire attention et de garder nos distances devant cette menace intangible que représente la COVID-19. Son caractère imprévisible a augmenté notre stress, d’autant plus que les informations changeaient souvent au fil des découvertes scientifiques. Pour le commun des mortels, cela créait beaucoup d’incertitude. Et pour les personnes possédant déjà des traits anxieux, la situation exigeait une capacité d’adaptation encore plus grande.
La pression de « réussir son confinement » semble revenir à l’heure du déconfinement. Comment s’en défaire ?
Nous vivons dans une ère de performance, accentuée par les réseaux sociaux qui nous plongent dans la comparaison sociale. Cette pression augmente lorsque tout est vu à travers le prisme du « il faut / je dois ». Où était-il écrit qu’il fallait faire son pain pour bien vivre son confinement ? Avec la pandémie, certaines personnes ont développé de bonnes habitudes de vie, mais leur routine est devenue très rigide. Alors quand un imprévu survient, surtout à l’heure du déconfinement, cette belle routine se révèle aussi une source de stress. Ce n’est pas très sain, d’où l’importance de la flexibilité et de la créativité.
Certains aimeraient obtenir, et vite, des solutions clés en main pour bien vivre leur déconfinement. N’est-ce pas un peu illusoire ?
Je n’ai rien contre le fait de chercher des solutions, mais une idée qui sera bonne pour vous ne sera peut-être pas la meilleure pour quelqu’un d’autre. Ceux et celles que le déconfinement stresse devraient se permettre de ressentir cette émotion, sans jugement. Chacun devrait respecter son rythme en s’exposant graduellement à des situations qui, au départ, font peur. Je sens d’ailleurs des craintes chez certains de mes clients ; celle, par exemple, de redonner des câlins, mais sans être capable de le faire avec le même abandon qu’avant.
Comment parvenir à cet apprivoisement progressif ?
Il faut le redire, vous avez le droit de ne pas vous précipiter sur une terrasse ou dans un restaurant. Et pour toutes sortes de raisons : parce que vous n’êtes pas prêt, que vous êtes anxieux… ou parce que vous avez plutôt envie de recevoir un petit groupe dans votre cour. Le déconfinement, c’est le signe que la pandémie commence à être maîtrisée, mais il y a une réadaptation à faire. L’important, c’est d’y aller une petite bouchée à la fois, un pas à la fois, un jour à la fois, une semaine à la fois.
Ils n’oseront pas le dire tout haut, mais le confinement a procuré à certains une forme d’apaisement, et leur a fourni un excellent prétexte pour se défiler devant des obligations qu’ils jugeaient désagréables. Pour eux aussi, la période actuelle constitue un défi.
La pandémie leur a donné le droit de ne pas faire des choses qu’ils n’aiment pas et qui génèrent beaucoup de stress. Enfin, ils n’avaient plus besoin d’aller au bureau, de prendre les transports en commun, de courir à gauche et à droite, d’être en présence de gens qu’ils n’apprécient pas, etc. Pour ces personnes, la peur du retour à la normale, et au même rythme, est donc bien présente. Mais pourquoi tout devrait-il nécessairement revenir comme avant ? Ceux et celles pour qui la vie allait trop vite avant la pandémie ont enfin l’occasion de transformer cette situation : ralentir, épurer leur horaire, revoir leurs priorités, pour goûter à quelque chose de plus équilibré.
Une nouvelle réalité commence, et ce pourrait bien être celle du juste milieu : se donner la liberté de choisir en fonction de ce qui est important pour soi. Posons-nous des questions plutôt que de céder au fameux « il faut / je dois ».