
Bien des socialistes la traitent de salope parce que l’ex-première dame de France, Valérie Trierweiler, a osé révéler des pans pas trop glorieux de sa vie avec le président, François Hollande, dans un livre dont plus de 330 000 exemplaires ont déjà été vendus en France, et qui arrivera au Québec le 26 septembre.
Je ne suis pas de leur avis. Ce livre, Merci pour ce moment (Les Arènes), marque un tournant, une rupture, la fin d’une époque : celle où les « femmes de » gardaient le silence pour « protéger le grand homme ». L’ex-première dame refuse d’être un tapis sur lequel le président s’essuie les pieds.
Si les hommes publics d’aujour-d’hui — ou les femmes — sont aussi grands qu’ils le disent, ils devraient pouvoir tolérer que leur intimité soit exposée. Surtout s’ils l’ont déjà exploitée pour susciter l’adhésion de l’électorat.
En politique, désormais, exposer sa vie privée fait de plus en plus souvent partie de la « stratégie de communication ». Il faut créer un lien affectif avec les électeurs, comme le font les vedettes du showbiz. Des séances photo en famille nourriront l’image de bon père. En France, on verra souvent les photos d’une première dame en bikini ou d’un président torse nu. Non pas que tous se prêtent à ce petit jeu par plaisir. Ils subissent une époque où affirmer sa compétence semble de moins en moins suffire pour se faire élire. Il faut « susciter l’émotion ». Avoir l’air trop compétent fait « hautain », pas assez modeste.
Au Québec, les journalistes respectent encore le contrat tacite qui met la vie privée des politiciens à l’abri des regards. Un certain nombre de journalistes politiques connaissent leurs problèmes conjugaux, mais ils n’en écriront ni n’en diront rien. Parce qu’ils estiment encore que les hommes et les femmes politiques doivent être jugés sur leurs idées et leurs compétences.
Mais combien de temps ce principe va-t-il encore tenir ?
Le livre de Trierweiler vient de changer la donne.
Non pas que l’ex-journaliste de Paris Match n’aurait pas été prête à passer l’éponge et à rester aux côtés de son président, en dépit de l’infidélité affichée à la une des magazines. Mais il aurait fallu que Hollande renie son amante, la comédienne Julie Gayet, et renouvelle son engagement envers la première dame. Il fit plutôt le contraire.
Pour Valérie Trierweiler, qui avait brisé sa propre famille pour répondre aux avances de Hol-lande quelques années plus tôt alors que celui-ci était au plus bas dans les sondages, le choc est terrible.
Au-delà des contraintes de la fonction, ce sont les mensonges et la lâcheté de son conjoint qui la blesseront le plus. Pourquoi un homme qui a assez de cran pour devenir président n’a-t-il pas le courage d’avouer à sa conjointe qu’il la trompe ? Pourquoi nie-t-il à répétition, jusqu’au jour fatidique où des photos sont publiées en couverture d’un magazine ?
Les hommes et les femmes politiques sont plus que jamais des célébrités comme les autres : ils sont soumis à une époque hypermédiatique. On pourrait espérer que les plus intelligents en tireraient les conclusions incontournables.
Les révélations sur leur vie privée vont de plus en plus leur échapper. S’ils sont aussi grands qu’ils le disent ou le croient, ils agiront avec classe, sachant que l’électorat leur pardonnera leurs faiblesses, bien humaines.
Ou ils accepteront les conséquences. Le livre de Trierweiler en est une.
«Les sans-dents»….La gauche profonde n’est pas prête de l’oublier celle-là.
Le reste, c’est du pottinage.
On a eu ça au Québec: qui se souvient de Tremblement de coeur?
Merci pour ce moment; le soir de l’élection de François Hollande alors que celui-ci vient d’embrasser Ségolène Royal sur la scène, Valérie Trierweiler lui dit à l’oreille embrasse-moi sur la bouche. On voit dès lors toute la manipulation de cette femme (aimante) jalouse, complexée qui veut dire à la face du monde que c’est elle qui a réussi à être le plus proche de la présidence. Son grand fond Paris-Match ne la lâchera jamais et elle devait prendre de notes chaque jour qu’elle a été tolérée à l’Élysée.
Je pense qu’on aura fait une peu trop « grand cas » de l’affaire Gayet pour définitivement occulter le contenu véritable du livre de Valérie Trierweiler — que je lis ces derniers temps –, je le perçois avant tout comme un récit autobiographique sans « fond de teint », et sans compromis. Un moment de voyage au cours duquel elle nous transporte dans son décor, de telle sorte qu’on pourra apprécier la femme, tout comme son action pendant presque deux ans comme première dame de France.
Le livre qui mélange les évènements proches, un passé plus lointain quelquefois plus intime et les promesses futures, va plus loin que le cours de cet évènement douloureux. Il permet au public de comprendre la personne telle qu’elle est et non pas telle qu’elle aura été relayée par « moultes » articles de presse plus ou moins sérieux ou encore des ouvrages qui parlent d’elle, qui sont présentés comme si c’était elle quoiqu’ils ne soient pas elle.
Ainsi Valerie Trierweiler née Massonneau, dresse sans ambages un portrait d’elle-même réel, elle apparait telle qu’elle, sans indulgence pour ses qualités et avec ses défauts. Elle présente sa fragilité émotionnelle, sa presque naïveté affective, tout comme la force spirituelle qui l’anime lorsqu’elle met son énergie au service des enfants qui souffrent, ici et partout dans le monde. Elle démontre aussi combien la charge politique change les personnes qui sont en politique, tout comme elle dresse un portrait de son ex-conjoint tout en nuances et jamais dans l’impertinence.
C’est précisément cette demi-teinte qui rend François Hollande absolument humain et qu’on lui pardonne ses égarements. Avec ses faiblesses personnelles, ses contradictions, son adoration pour les journalistes et ce besoin qu’il a d’être l’ami et le complice de toute cette professsion vers qui il se tourne toujours candidement.
S’il n’avait pas eu cette passion pour l’univers des médias, il n’y aurait probablement pas eu ce « coup de foudre » réciproque.
Cet ouvrage démontre encore que Valerie Trierweiler n’est pas devenue journaliste pour rien. Son sens aigu de l’observation, lui permet de tout voir ; elle y rapporte notamment sa très belle relation avec Michelle Obama, son admiration pour cette femme qu’elle trouve « charismatique ». Quel beau portrait d’une femme d’exception.
Elle rappelle ses origines modestes dans une famille nombreuse avec un père infirme, sa vie en Anjou dans une ZUP de province (Zone d’Urbanisme Planifiée), tout comme son combat pour se forger sa propre identité…. Et pour être aimée. Ce rapprochement avec Michelle Obama n’est pas sans nous rappeler que la démocratie et les voies du pouvoir ne sont toujours pas acquis pour celles et ceux qui nées et ont vécu dans la modestie.
C’est cette dimension d’une personne qui témoignage — qui prime selon moi -, dans ce « livre-évènement » lequel figure tout autrement qu’un déballage de linge sale sur fond de place publique ; ce que certains voudraient d’abord concevoir comme une sorte de « règlement de compte » médiatique.
Ne pas apprécier à sa juste valeur la mesure du récit d’une personne qui après tout aime bien les gens et le démontre dans sa vie quotidienne ; ce serait se priver…. Pour passer son temps probablement à côté du lot.