Un bolide élégant file, fin seul sur le ruban de bitume qui traverse un décor de carte postale. À l’écran, une voix suave s’élève pour vanter le plaisir de conduire. Et hop ! une autre publicité automobile vient de défiler sous nos yeux. Il y a de quoi rire devant ce cliché venu d’un monde de plus en plus imaginaire. Jamais n’avons-nous été aussi peu seuls sur la route !
En moins de 20 ans, le nombre de bagnoles en circulation a presque doublé dans le monde. Au Québec, il a même grimpé deux fois plus vite que le nombre de conducteurs. Décidément, la pub, ça marche !
À ce rythme, la planète deviendra sous peu un énorme bouchon de circulation et les décors de carte postale disparaîtront sous le smog. Pour paraphraser le sociologue québécois Éric Pineault, nous allons manquer de ciel pour stocker tout le CO2 qu’on produit bien avant de manquer de pétrole.
L’arrivée de la voiture autonome et électrique pourrait donner le coup d’envoi à une grande révolution… ou pas. Le chemin menant vers un monde moins congestionné et pollué est particulièrement sinueux, et les risques d’envoyer l’humanité dans le décor sont grands, comme l’explique Alec Castonguay dans le dossier spécial sur le sujet publié dans ce numéro.
S’il n’en tenait qu’aux constructeurs, on remplacerait simplement les millions de voitures avec un humain derrière le volant par des millions d’autos autonomes. Et quand on manquerait de place sur terre pour tous ces véhicules, on inventerait de nouvelles routes ailleurs !
Ainsi, Elon Musk, le fantasque fondateur de Tesla, propose de détourner le trafic profondément sous terre. Celui qui a envoyé une bagnole en orbite autour de Mars veut maintenant creuser des réseaux de tunnels sous les métropoles. Les voitures y accéderaient par des monte-charges placés en bordure des rues, avant de glisser sur des chariots conçus pour filer à toute allure dans un environnement sous vide.
Si l’idée de vous transformer en ver de terre supersonique ne vous sourit guère, vous serez peut-être content de savoir que d’autres technophiles exaltés tentent de réaliser le vieux rêve de la voiture volante. Les millions pleuvent en ce moment sur des dizaines d’entreprises en démarrage qui mettent au point des prototypes, dont certains pourraient être commercialisés dès l’an prochain. Même pas besoin d’apprendre à piloter. Là aussi, on table sur l’intelligence artificielle pour automatiser les déplacements.
Hélas, les promesses écologiques des moteurs électriques dans tous ces bolides sont limitées. Le Québec peut certes compter sur l’énergie propre de ses barrages hydroélectriques pour propulser son parc grandissant de véhicules électriques. Mais à l’échelle mondiale, nous devrons brûler d’immenses quantités de carburant fossile pour recharger toutes ces batteries, comme le souligne l’ingénieur français Laurent Castaignède dans un essai très documenté, Airvore ou La face obscure des transports.
C’est ainsi que ces fantastiques inventions nous feront foncer dans un mur si elles ne font que favoriser un plus grand étalement urbain, sans nous sevrer de notre dépendance à un mode de vie de plus en plus énergivore.
S’il veut concourir à sauver la planète, l’homo vehiculus n’a pas d’autre choix : il doit apprendre à partager sa voiture. C’est en ouvrant de nouvelles possibilités en matière de transport collectif que la voiture autonome pourra réellement être un vecteur de changements positifs pour l’environnement et notre qualité de vie.
C’est là que l’avenir de la planète se joue, et nous sommes encore bien loin d’être prêts à changer nos comportements en conséquence. Tiens, voilà un beau défi pour les créateurs publicitaires tannés de gaspiller leur talent à réaliser toujours la même pub de char…
Cet éditorial a été publié dans le numéro de mai 2018 de L’actualité.
Voitures de plus en plus grosses qui font l’envie des animaux de la forêt, roulant à une vitesse inconcevable dans un décor impossible… si les publicitaires nous prennent pour des imbéciles ça doit être parce que nous le sommes.
En effet, il est impensable pour ceux qui vivent dans les pays du tiers-monde d’imaginer qu’ils puissent un jour avoir le même niveau de vie que dans les pays les plus développés et avoir des voitures polluantes. Voyez déjà ce qui se passe dans les grandes villes comme Beijing, Paris, Mexico, Los Angeles, etc. Malheureusement, trop de personnes sont influencées par la publicité et elles sombrent dans le hachoir de la consommation et de l’illusion.
Le principal problème est que la Terre ne peut pas continuer d’absorber la croissance démographique indéfiniment. Notre planète n’est pas un ballon gonflable qui peut offrir de l’espace vital à tous indéfiniment dans des conditions idéales. Si vous vivez dans une maison de 100 m2 dans laquelle vivent 4 personnes bien confortablement, pensez-vous que vous aurez la même qualité de vie s’il y avait 8 personnes dans le même espace ? À court terme, c’est possible s’il s’agit de visiteurs de passage. À long terme, des interactions négatives se produisent pour toutes sortes de raisons et la coexistence devient impossible.
Actuellement, nous vivons de plus en plus la même situation dans certains pays plus que d’autres. Bien sûr, là où il y a plus d’espace vital, les conditions de vie sont plus agréables. Mais dans plusieurs pays, tel n’est pas le cas (ex. Beijing, Hong Kong, Sao Paulo au Brésil, Mexico, etc.). En 1850, il y avait environ un milliard d’habitants sur terre. Actuellement, la population est d’environ 7,5 milliards. Remarquez bien que le bonheur et la qualité de vie ne sont pas proportionnels à la croissance démographique. Il y a quelques années, une étude (dont je n’ai plus la référence) a été faite et elle démontrait que la taille idéale d’une ville ne devait pas dépasser le demi-million d’habitants. Ceci afin que la ville soit gérable et au moindre cout. Au-delà de cette taille, la qualité des services diminuait significativement et les frais étaient de plus en plus élevés.
http://www.worldometers.info/watch/world-population/
Oui, il y a eu des progrès sur le plan technologique, soins de santé, éducation et autres. Malheureusement, la pollution de l’environnement (pesticides, déchets, smog, etc.) à l’échelle globale est une catastrophe qui nous conduit peu à peu vers une autodestruction, car il n’y a pas de conscientisation universelle. Face à cette situation, aucun gouvernement n’ose imposer des règles strictes pour limiter la croissance démographique pour toutes sortes de raisons.
https://fr.wikipedia.org/wiki/Décroissance_démographique
D’autre part, il ne faut pas oublier que l’augmentation de la consommation électrique va de pair avec la croissance démographique. Donc, pour freiner la consommation, il faudrait limiter la croissance démographique. Si la population du Québec doublait d’ici 50 ans, surtout avec l’entrée massive des immigrants, la consommation doublera également. Mais le problème est que les barrages hydroélectriques ne suffiront plus à la demande. Alors, quoi faire ? Ajouter des milliers d’éoliennes que personne ne veut dans sa cour ou bien construire des centrales nucléaires que le monde redoute en raison des dangers à long terme.
Quand un contenant est trop plein, il déborde. Quand il y a trop d’humains, il y a des interactions négatives et les conflits éclatent sous toutes sortes de prétextes (raisons de religions ou de politique, racisme, empiètement de territoire, écart grandissant entre les pauvres et les riches avec l’indifférence totale de ces derniers, etc.). Voyez ce qui s’est passé au Rwanda en 1994. C’est un exemple parfait du trop-plein d’humains dans un territoire très limité. Cette situation se manifestera ailleurs tôt ou tard et même chez nous avec le temps.
Faudra-t-il qu’il y ait une autre guerre mondiale pour réduire la population terrestre excédentaire ?
Y aura-t-il un jour un gouvernement dans le monde qui prendra l’initiative d’imposer une limite de la croissance démographique et qui servira d’exemple aux autres pays pour démontrer que c’est la meilleure façon de vivre en harmonie entre nous tous et avec Gaia qui retrouvera un équilibre salutaire ?
Votre remarque sur les voitures électrique n’est pas assez vehiculée, si on peut dire. Des conducteurs s’achètent des ces autos à batteries en pensant faire une difference, mais globalement, l’impact est nul. L’électricité qui n’est pas consommée au Québec peut-être transféré aux USA, là où des hydrocarbures sont utilisés pour générer de l’électricité. En utilisant des autos électrique ici, on ne fait que réduire cette possibilité, et vider notre portefeuille. Et que dire des voyages en avion. Une autre source de pollution significative.
Et vive la voiture communautaire autonome? Pourquoi ne pas rêver de voir ces voitures être dirigées tel des Ubers intelligents vers le prochain client le plus près, afin de minimiser le nombre de voiture et maximiser l’utilisation de celles-ci. On organise nos horaires à l’avance, un algo d’I.A. prévoit les déplacements des centaines de voitures et hop. Un autre algo efficace gère les urgences de dernières minutes.
On réduit leur nombre de 100 fois et plus. Si l’on combine le tout avec un système centralisé de transport en commun ou les gens de périphérie se rendront avec ces voitures, nous réduisons encore plus leur utilisation. Ça permet de ne pas ambitionner sur la densification des villes, qui n’est pas la seule solution et surtout a ses limites.
En plus, ces voitures autonomes auront à cœur le bien être des autres utilisateurs de la route, juste ici nous avons un gain notable. Pourvoir se déplacer activement en sachant que les véhicules plus lourd et plus rapides auront pleinement conscience de notre présence, arriverait sans doute à convaincre plusieurs personnes à sortir leur vélo, patin et autres.
la terre survivra très bien après le départ de l’humain.
Ça suppose que les gens habitent les villes et désertent les campagnes. Or, les gens des campagnes (fermiers etc.) sont ceux qui fournissent la nourriture aux villes et de moins en moins de jeunes restent dans les campagnes pour continuer la ferme familiale. On peut bien parler de voitures collectives mais on oublie un peu trop facilement que cela implique la densification des villes et la désertion des campagnes. Qui va fournir la nourriture aux villes quand les campagnes seront abandonnées?
Des robots
B\B
Apprendre aussi à prendre place dans l’auto de l’autre
je vais le répéter pour la nième fois car il y a des idées qui sont longues à faire pénétrer dans les cerveaux. Pour sauver la civilisation il faut passer de la société de consommation à la société de conservation. Ce n’est pas une une option, c’est une nécessité.
La « Charte d’Athènes présentée par Le Corbusier en 1933, faisait place au concept de « ville fonctionnelle ». En 1994, était adopté la Charte d’Aalborg sur la « ville durable », laquelle se voulait une sorte d’antithèse de la Charte d’Athènes.
Dans les années d’après-guerre on croyait que les ressources étaient quasi inépuisables, de plus pour contrer le modèle collectiviste (communiste), nos sociétés libérales se sont développées sur le principe de l’égalité pour tous, un principe qui quoique partiellement appliqué continue de faire recette (État providence, égalité des sexes, égalité des chances, égalité des salaires, etc.).
Tout cela a contribué à façonner le développement urbain, l’offre de produits et de services. Cela se poursuit encore maintenant. Un des problèmes de ce mode de développement, c’est la valeur accordée aux biens immobiliers. Cette valeur conditionnée par le marché, est un frein principal au développement harmonieux et durable des communautés constituées.
Il est difficile de satisfaire aux exigences du développement durable sans obtenir une certaine densité de population et sans permettre en même temps une mobilité fluide de la population, sans offrir une structure d’accueil adéquate pour à la fois réponde aux besoins conjugués de sédentarité et de mobilité. Pour préserver un équilibre fécond entre le végétal et l’urbain, entre la ville et l’aménagement des régions.
Tout le monde croit évidemment détenir la bonne solution, lorsqu’en pratique nous sommes tenus par un « état de fait » au niveau de la configuration des lieux. Cette nouvelle « économie du partage » en vogue actuellement, n’apporte que partiellement une réponse aux problèmes posés.
Dans les années 30, les idéologues croyaient pouvoir créer un monde nouveau de toutes pièces en faisant table rase des erreurs du passé ; désormais on entend faire du super neuf en recyclant maladroitement ce qui reste du vieux. Nous nous imaginons que quelques algorithmes (souvent empruntés aux théories sur le jeu) seraient susceptibles en un rien de temps de modifier tous les comportements des gens.
L’histoire nous enseigne qu’il faut parfois imposer des grandes souffrances aux gens pour permettre l’éclosion de profonds changements.
Un autre article qui pue le pétrole à plein nez.
Au début ça donne l’impression que l’écologie est importante, mais plus bas les solutions sont attaquées au lieu d’exposer les pollueurs.
Encore un article malhonnête qui tente de laisser l’impression que le VE est branché sur du charbon partout dans le monde. Ceci est une propagande du pétrole qui évite de parler de toutes les innovations dans les énergies renouvelables solaire et éolienne.
J’espère que votre degré d’indignation devant les éoliennes est aussi grand devant une raffinerie de pétrole qui traite notre environnement comme une poubelle.
Le problème est que l’humanité est en train de se faire empoisonner par le pétrole qui en même temps détruit notre environnement et nos élus (soumis) ne trouvent pas plus intelligent que de subventionner ces pollueurs.
Ce sont des visionnaires comme Elon Musk que l’humanité a besoin
Daniel Grant
Quelle ironie de lire cet article avec une magnifique pub de « char » sur la droite de mon écran…