
L’ Alberta de Rachel Notley a déjà reçu 250 millions de dollars d’Ottawa pour contrer les effets les plus criants du ralentissement pétrolier. L’Ontario de Kathleen Wynne se prépare à son tour à solliciter l’aide du grand frère fédéral. Et ça ne fait que commencer.
Tous les espoirs suscités par la générosité annoncée du gouvernement Trudeau seront rudement mis à l’épreuve ce printemps lorsque le ministre fédéral des Finances, Bill Morneau, déposera son premier budget.
Les libéraux seront-ils fidèles à leurs promesses même si leur concrétisation se fera aux dépens de la prochaine génération ?
Le déficit de 18,4 milliards annoncé par le ministre des Finances pourrait atteindre 30 milliards, selon de nombreux analystes. Il faut en effet ajouter les 5 milliards déjà annoncés pour les infrastructures, sans compter les coûts, non encore connus, des nouveaux programmes promis.
Ces emprunts seront remboursés par les travailleurs de demain, qui seront moins nombreux que ceux d’aujourd’hui. Cette réalité démographique est inexorable. Tous les baby-boomers ou presque seront morts d’ici 40 ans. Et l’immigration ne suffira pas à compenser leur disparition.
Personne ne veut voir le Canada entrer en récession, bien sûr.
Pour stimuler l’économie, des investissements dans les infrastructures, comme les libéraux l’ont promis pendant la campagne électorale, c’est une bonne idée.
Mais le ministre des Finances doit aussi tenir compte d’une foule de risques et de menaces : une récession aux États-Unis ? Une chute des prix de l’immobilier ? Une nouvelle baisse de la valeur du huard ? (Pour parer à de tels imprévus, le ministre Morneau a mis de côté six milliards. Son déficit sera moins grand si ces tempêtes ne se matérialisent pas.)
L’Arabie saoudite dit pouvoir composer avec un baril à 20 dollars le temps qu’il faudra pour faire perdre toute envie de produire du pétrole aux pays dont la ressource est coûteuse à extraire, le Canada notamment. Ce n’est donc pas demain que le pétrole albertain renflouera les coffres du pays.
Pour assurer un bon niveau de vie à ses habitants, le Canada doit miser sur l’innovation, la haute technologie, le secteur manufacturier. Il faudra voir lors de la présentation du budget quelles politiques le ministre Morneau favorisera pour stimuler la croissance.
Le pays a besoin de grandes entreprises comme Bombardier, par exemple. Investir des dollars publics dans cet effort n’est pas un cadeau aux riches, comme le disent trop facilement les populistes, c’est un risque qui vaut son pesant d’or. (Voir le billet de Charles Grandmont.)
Le 22 mars, lorsque Bill Morneau déposera son budget, il faudra se souvenir du prix à payer non seulement aujourd’hui, mais aussi demain. Les besoins sont infinis. Des bateaux pour la Marine, un financement accru des soins de santé pour faire face au vieillissement de la population, de meilleurs services aux autochtones, des crédits d’impôt pour soutenir une économie plus verte, plus de soutien aux scientifiques, etc.
Pour Justin Trudeau, le grand défi est maintenant de choisir et de savoir dire non.
En 1997, la dette avait atteint 65 % du PIB. Présentement, elle est de 31 %.
Le ministre des Finances, Bill Morneau, estime que la situation économique du Canada équivaut à une voiture ensevelie sous la neige… et que ça demandera du temps pour l’en extraire.
« Ces emprunts seront remboursés par les travailleurs de demain … »
Malheureusement, madame Beaulieu n’est pas la seule à faire cette erreur. Les gouvernements ne remboursent pas leur dette, en fait, ils la remboursent à l’échéance, mais en empruntant ! C’est ce que les économistes appellent « faire rouler la dette », en anglais « roll over its maturing debt indefinitely ». Ceci s’explique facilement, les pays, contrairement aux individus, n’ont pas de contrainte de temps, ils sont, pour ainsi dire, éternels ce qui leur permet d’emprunter à l’infini tant et aussi longtemps que les intérêts restent modérés.
Évidemment, les intérêts doivent être payés, mais ces intérêts sont payés sur-le-champ et ils ne seront jamais laissés aux « travailleurs de demain ».
Plus loin dans le texte, on dit : « En 1997, la dette avait atteint 65 % du PIB. Présentement, elle est de 31 %. » Cette baisse ne fut pas le résultat de la grande générosité de madame Beaulieu – travailleuse d’aujourd’hui – pour son gouvernement, mais la conséquence d’une croissance du PIB plus élevé durant ce temps que celui des intérêts à payer. Simple règle mathématique.
Si je comprend bien c’ est comme ta maison. Tu l’ a paye tranquillement et lorsqu’ elle prend de la valeur ( plus value ) tu l’ hypothèque à nouveau et tu payes seulement les intérêts !! Alors tu laisses à tes héritiers des actifs hypothéqués au maximum !!! C’est brillant !
Justement, vous n’avez rien compris. Dans votre exemple, pour que la comparaison tienne, il aurait fallu que vous obteniez un second prêt hypothécaire pour payer le premier, un troisième prêt hypothécaire pour rembourser le second et ainsi de suite pendant toute votre vie et au-delà.
Toute tentative de comparaison entre la dette d’un État et celle d’un ménage est superflue, pour la raison que j’ai expliquée dans mon commentaire précédent (un État n’est pas soumis à une contrainte de temps) et pour une seconde raison, un État a le pouvoir de fixer ses revenus ce que les individus ne peuvent pas faire. Je pourrais aussi ajouter qu’un État possède une banque centrale pour le soutenir.
Eh bien non, vous n’avez rien compris !
Tu pelles par en avant et c’ est si facile de dépenser! Et un jour la charrue a de la difficulté à avancée au point de s’ immobilisée comme la Grèce!!!!!
« En 1997, la dette avait atteint 65 % du PIB. Présentement, elle est de 31 %. » (sic)
Ahhhhh si le Québec en avait fait autant…
Sauf que Mini PET risque de détruire tout cet héritage que nous ont laissé les gouvernements précédents.
Juste de le voir aux commandes de ce grand pays m’inquiète grandement mais j’ose croire que quelqu’un de sensé chez les Libéraux saura inculquer à ce prof de théâtre quelques notions de base de comptabilité et de finances.
Pour y voir un peu plus clair, il faut encore être un peu patient et attendre le dépôt du budget ces jours prochains. La question du déficit public sera certainement partie intégrante des débats. Mais au fond, la hauteur du déficit est un peu comme dans le proverbe chinois : l’arbre qui cache la forêt.
D’abord, il convient de préciser que dans le contexte actuel et compte tenu de la structure économique du Canada. Si même les Conservateurs étaient restés en place. On ne serait pas parvenu à l’équilibre budgétaire en 16-17, même à force de coupures supplémentaires dans toutes sortes de programmes et/ou dans la fonction publique.
Ce qui intéresse les économistes sérieux, ce n’est pas seulement le court terme, ce sont plutôt les perspectives de croissance à long terme, lorsque dans le calcul de la croissance il existe une part importante qui revient à l’équipement du territoire, à la qualité et l’universalité des services. Autant de choses qui sont importantes d’ailleurs pour les investisseurs privés.
Depuis plusieurs années, des organismes tels que l’OCDE et Le FMI mettaient en garde les gouvernements du Canada de vouloir trop rapidement réduire leur déficit public, lorsqu’un déficit raisonnable est parfaitement soutenable pour un pays comme le nôtre, lorsqu’il y a encore sur de nombreux postes un déficits d’équipements pour pleinement pouvoir dire que le Canada soit vraiment la place la plus favorisée au monde pour y vivre, y développer ses affaires ou fonder une famille.
Cela signifie que sur le « long terme » — ce qui nous intéresse après tout -, que le Canada a certains retards à combler, lorsqu’il a la chance simultanément de disposer de grands espaces, comme toutes sortes de ressources qui peuvent être exploitées, incluant des ressources et des biens renouvelables.
C’est donc sur la croissance de ces paramètres qu’il faut jouer, ce sont des leviers importants qui touchent directement l’avenir des générations. C’est un investissement régulier et constant dans ces paramètres de développement qui sont le plus susceptibles d’assurer et maintenir un ratio dette/PIB toujours avantageux.
Pareillement, il faut relever qu’un déficit de 30 milliards, ce n’est jamais que 1,5% du PIB du Canada qui roule autour de 2000 milliards de dollars. À l’inverse, une contraction de la valeur du PIB ou une moindre croissance résultant d’un déficit d’investissement, cela aurait exactement l’effet inverse. Celui d’accroître le ratio dette/PIB malgré un budget de l’État réputé avoir atteint l’équilibre statique.
De plus suivant la manière dont on calcule le déficit. L’équilibre budgétaire (soit les dépenses publiques = les revenus de l’État). Cela ne signifie pas qu’il n’y aurait pas d’endettement au niveau de l’investissement dans les infrastructures, lesquelles peuvent être comptabilisées séparément telles des immobilisations.
D’autre part, il est aussi une réalité financière, que certains analystes semblent ignorer. C’est que les taux d’intérêts sont inversement proportionnels à la masse des capitaux prêtés. Ainsi, si le Canada réduisait le volume de son endettement, les prêteurs seraient plus enclins à exiger en retour des intérêts plus élevés. Puisque ce qui compte pour le prêteur c’est le montant global du loyer retiré (les intérêts) et non spécifiquement la masse d’argent prêtée. Si cette masse baisse, le prêteur sera en situation pour augmenter son taux à fin de rencontrer ses objectifs en termes de revenus.
C’est d’ailleurs cette mécanique qui justifie pour les compagnies pharmaceutiques notamment, qu’elles augmentent les prix de certains médicaments. Alors, l’argent prêté, c’est un peu comme le médicament. Il en faut suffisamment en demande pour maintenir des taux d’intérêt suffisamment bas.
Un petit mot encore sur le pétrole. Aujourd’hui ce qui rapporte le plus dans le pétrole, ce n’est pas le prix du brut mais les marges sur le raffinage qui augmentent quelle que soit la valeur du baril. C’est d’ailleurs pour cette raison que le projet « Énergie Est » est si important pour le Nouveau-Brunswick puisque les raffineries de Saint-Jean ont la capacité d’exporter un pétrole raffiné de qualité à partir du brut albertain.
Le fait d’exporter un pétrole prêt à l’emploi, constitue une valeur ajoutée et un moyen intéressant pour compenser amplement la baisse des prix du brut. C’est aussi pour cette raison que la province de l’Alberta songe à se doter d’une capacité de raffinage supérieure et développer son industrie pétrochimique, source également importante de revenus.
Ainsi, on pourrait même produire moins de pétrole et en même temps gagner plus d’argent. Pour se faire, bien sûr, cela prend des investissements.
Le gouvernement fédéral devrait attendre une année ou deux avant de dépenser dans les infrastructures, le temps de diminuer le poids du déficit. Ceci n’inclus pas les infrastructures essentielles tout comme le pont Champlain qui était sur le point de s’écrouler.
Il devrait tout comme le gouvernement du Québec dépenser dans des infrastructures de transport urbain et exiger un tarif pour entrer dans la zone par le biais des autoroutes afin que les gens utilisent ces modes de transport.
Un mode de tarification au kilomètre et non un tarif unique comme il en existe aux États Unis et certains pays européens depuis les années 70. Les premiers pas sont faits en Ontario et au Québec, ils devraient s’étendre à tout le réseau. Le tarif devrait s’appliquer de 06:00 à 19:00 les jours de semaine et samedi.
Nous laissons trop le choix aux citoyens qui ne veulent pas comprendre et utiliser le principe pollueur payeur puisque les rues des grandes métropoles sont en perpétuelle reconstruction à cause des millions d’automobiles qui proviennent des périphéries et causent au moins 50% des dégâts.
J’entends bien les personnes qui disent que cela ne s’applique pas à eux car il faut que ceci et cela mais le dictionnaire des excuses que nous connaissons tous.
Une augmentation du prix des permis sur le modèle européen ainsi que des hausses des plaques d’immatriculation devraient en faire réfléchir plusieurs.
Cela ne sert à rien de se cacher la tête dans le sable et faire payer les personnes qui utilisent les transports en commun pour les dégâts effectués par les automobilistes.
Ce poste budgétaire est le deuxième après la santé au niveau fédéral.
En contre partie, les dépenses pour un train qui n’a que très peu d’avantages sur les trains existant dans le corridor Québec Windsor sont ridicules. Une dépense faramineuse pour peu de passagers supplémentaires de même que le cannibalisme du transport aérien ne suggère rien d’avantageux.