Le sac à main pour homme : le dernier tabou ?

Bien des gars ne savent plus dans quelle poche traîner leur téléphone, leur ipod, leur tablette, leurs clés, alouette ! Pas étonnant qu’une part grandissante des ventes de sacs se conjuguent au masculin.

Photo : Exclusive Visual / iStockphoto / Ugur Atila

Ma blonde m’a acheté un sac à main. Pour hommes. Un beau sac à bandoulière, en cuir souple, dans lequel je mets portefeuille, clés, documents et gadgets. Il n’y a pas si longtemps, j’aurais fait semblant d’apprécier ce cadeau et l’aurais laissé traîner au fond d’un placard. Mais mes goûts ont évolué. Aujourd’hui, je porte fièrement cet accessoire longtemps associé aux femmes. Et je ne suis pas le seul.

« Au Québec, le marché du sac pour hommes a explosé depuis trois ans », affirme Monique Abitbol, directrice des ventes internationales de m0851, une entreprise québécoise qui conçoit et fabrique des sacs depuis 25 ans. Les hommes représentent désormais 45 % de sa clientèle, et la directrice ne serait pas surprise si leur nombre dépassait celui des femmes d’ici quelques années, comme cela s’est produit au Japon.

Ce nouvel engouement, l’industrie le doit aux appareils technos, croit Sébastien Burns, propriétaire de la Boutique Archive, à Montréal. « Les gars ont de plus en plus d’accessoires — ordinateur portable, tablette, téléphone intelligent — et ils ont besoin de quelque chose pour transporter tout ça. Un peu comme les filles pour leur maquillage, leur gloss et, euh, d’autres trucs », dit-il, visiblement mal à l’aise de jouer sur ce stéréotype.

Non seulement l’offre d’étuis consacrés aux tablettes et autres écrans tactiles a explosé, mais presque tous les sacs pour hommes comprennent désormais des compartiments pour les gadgets. Ce besoin réglé, choisir le bon modèle devient alors une question de goût.

Le sac messager, par exemple, offre un bon compromis entre style et utilité. Non pas les modèles robustes avec des rubans autoagrippants — laissez ça aux coursiers et autres inconditionnels du vélo —, mais ceux, plus élégants, en cuir ou en tissu, qui se portent en bandoulière. « C’est un sac qui convient à la vie de tous les jours », dit Jeff Golf, copropriétaire de l’entreprise de stylisme personnel Ludique. « On peut l’utiliser au travail pour transporter des documents ou la fin de semaine pour traîner son portefeuille, ses clés et son téléphone. »

Les assidus du club de gym peuvent remplacer leur sac de toile mou et difforme par un sac de sport plus robuste. Si vous évitez ceux d’apparence trop sportive, vous ne serez pas gêné de l’apporter au travail, même en veston-cravate. Il fera aussi un parfait baise-en-ville (vous savez, ce petit sac qui contient le nécessaire pour une nuit) pour les courts séjours à l’extérieur… ou les rencontres prometteuses.

Les plus conservateurs qui refusent de dire adieu au sac à dos, très confortable il est vrai, trouveront de nombreux modèles plus urbains. C’est aussi un bon choix pour les personnes qui traînent leur maison sur leur dos (comprendre : ceux qui emportent plein de trucs) : répartir le poids sur deux bretelles au lieu d’une seule leur évitera bien des maux de dos…

Mais peu importe le type de sac choisi, prenez garde à la manière dont vous le portez. Si vous le tenez au creux de votre aisselle, votre virilité en prendra un coup. Même si c’est un sac à main. Pour hommes.

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Quelques fabricants québécois :

• Fullum & Holt

• C comme Ça

• Rudsak

• Matt & Nat

• Rimanchik

• m0851