
Si un président normal occupait la Maison-Blanche, les célébrations du 150e anniversaire de la Confédération pourraient être une belle occasion pour les Canadiens de vanter la richesse des liens qui unissent le Canada et les États-Unis.
Mais la présence de Donald Trump dans le Bureau ovale leur rappelle plutôt à quel point le Canada est dans une position vulnérable par rapport à son puissant voisin. Et l’inconfort risque de croître de façon marquée quand s’amorcera, d’ici la fin de l’été, la renégociation de l’Accord de libre-échange nord-américain (ALENA).
Les enjeux de la partie qui s’amorce sont immenses. Justin Trudeau y joue non seulement ses chances de réélection, mais aussi les emplois de centaines de milliers d’électeurs. Avec plus de 2,4 milliards de dollars de biens et services qui traversent la frontière dans un sens ou dans l’autre chaque jour, l’ALENA est le plus important accord commercial jamais signé par le Canada. Et celui-ci a plus à perdre que son voisin : le tiers de son économie repose sur le commerce avec les États-Unis, alors que seulement 12 % de l’économie américaine est concernée par des échanges avec le Canada.
« Il n’y a que sur une patinoire de hockey que le Canada peut espérer avoir l’avantage sur les États-Unis », rappelait l’ex-diplomate canadien Colin Robertson devant le comité des affaires étrangères de la Chambre des communes en juin.
Colin Robertson n’est pas un expert du hockey, mais il en connaît un rayon sur les relations canado-américaines. Cet avocat, qui a été en poste aux États-Unis pendant plus de 30 ans, a participé au grand jeu des négociations commerciales de libre-échange. Il est d’avis que le Canada peut faire bonne figure devant les États-Unis s’il continue de suivre un solide plan de match.
Rien ne sert de jouer les matamores devant l’équipe adverse, même si elle est dirigée par le plus détestable entraîneur de son histoire. Bien des gérants d’estrade ont critiqué les gestes d’ouverture de Justin Trudeau à l’endroit de Donald Trump, comme cette invitation à assister à une comédie musicale à Broadway lancée à la fille du président.
Adopter une ligne plus dure ferait peut-être du bien à l’égo canadien. Les piques anti-Trump du président Emmanuel Macron ont mis du baume sur l’amour-propre de ses compatriotes français, comme ce « Make our planet great again », publié après le retrait des États-Unis de l’accord de Paris sur le climat. Mais vu les intérêts en jeu pour le Canada, cette approche ferait plus de mal que de bien, souligne avec sagesse Colin Robertson.
L’ancien premier ministre Brian Mulroney avait prévenu Justin Trudeau : la relation qu’il doit surtout soigner est celle avec l’occupant de la Maison-Blanche. Ce conseil semblait plus facile à suivre quand Barack Obama était l’interlocuteur à courtiser…
Au jeu des négociations comme au hockey, il ne faut toutefois pas se contenter de surveiller la vedette de l’autre équipe. Les élus du Congrès sont particulièrement sensibles aux enjeux touchant directement leur district. Or, une plus grande fermeture des frontières aurait des conséquences importantes dans 35 États, lesquels comptent le Canada comme premier partenaire commercial extérieur. Le gouvernement canadien, appuyé par les gouvernements provinciaux, multiplie depuis quelques mois l’envoi de délégations dans ces États clés. Depuis janvier, 19 ministres québécois se sont rendus chez l’Oncle Sam, sans compter les rencontres du premier ministre Couillard, notamment avec le secrétaire américain au Commerce. Colin Robertson suggère d’adjoindre à ces délégations une petite armée de lobbyistes.
Il enjoint même à tous les Canadiens ayant de la famille ou des amis aux États-Unis de profiter de leur prochaine visite pour leur rappeler à quel point les liens avec le Canada sont bénéfiques !
Et les Américains étant les Américains, il ne faut pas négliger le spectacle d’avant-partie. Le ministre de la Défense du Canada, Harjit Singh Sajjan, s’en est chargé en annonçant il y a quelques semaines un plan d’investissement de dizaines de milliards de dollars pour acquérir de nouveaux chasseurs et navires de guerre. Ce qui est exactement ce que Donald Trump souhaite voir.
La partie peut commencer.
Cet éditorial a été publié dans le numéro d’août 2017 de L’actualité.
Il y a ceux qui croient que le monde est gouverné par les mathématiques, des algorithmes plus ou moins complexes qui permettent de définir les gagnants et les perdants. Il y a ceux qui s’imaginent que s’ils établissent les protocoles cybernétiques, qu’ils deviennent grâce au cyber-contrôle les maîtres de l’univers.
Il y en a d’autres plus pragmatiques qui estiment que nous sommes essentiellement dirigés par la « nature » lorsque celle-ci trouve sa plénitude dans les équilibres. Ainsi vaut-il mieux des écosystèmes en santé que l’inverse, des personnes en santé et heureuses de vivres que des gens malades, ainsi vaut-il mieux des échanges économiques équilibrés entre les nations que des déséquilibres commerciaux récurrents.
C’est le crédo du président Donald Trump de donner aux Américains une reddition de compte des échanges qui soit en équilibre. Lorsque les États-Unis ont une balance commerciale très déficitaire avec deux pays : la Chine et le Mexique principalement.
Pendant longtemps ce genre de problématique semblait ignorée des Américains qui finançaient largement ces déficits commerciaux par des déficits publics abyssaux par le truchement d’une ingénierie financière qui inventait continuellement de nouveaux placements. Ainsi l’argent entrait continuellement et la FED imprimait des billets.
Depuis quelques temps les choses sont devenues moins simples. Un équilibre brisé ou rompu ne s’auto-équilibre pas automatiquement, quand rien n’indique que les traités de libre-échange servent vraiment toutes les populations et non plus spécifiquement des groupes puissants qui se servent du libre-échange pour consolider ou pour accroître leur domination.
La question simple dans ce cas est la suivante : Est-ce qu’une fin hypothétique de l’Alena aurait pour effet de mettre un terme aux échanges entre les Canadiens et les Étatsuniens ou bien serait-ce le prélude de nouvelles ententes qui favorisent un nouveau départ de tous les échanges dans le Continent nord-américain ?
Accessoirement, la question qu’il faudrait se poser c’est de savoir s’il faut faire d’abord du profit avec les aléas que cela comporte ou s’il importe de faire des gains bien partagés sur de plus longues périodes de temps ? Ce qui compte dans un traité de libre-échange ; ce ne sont pas tant les échanges, ce pourrait-être plutôt l’intégrité des répartitions.
Le moment du Premier Ministre Trudeau de voir cette situation importane devant l’adversaire!!!
L’épisode de Bombardier vs Boeing nous donne un avant goût de ce que sera le futur traité de libre échange avec les USA.
M. Beauchemin
Avez-vous constater cependant que les fabriquants d’avions américains ont été boudé par les représentants du Canada au Salon du Bourget. Il ne faut pas non plus oublié que le Canada s’est retiré du programme du F-35, l’Australie en fit de même, huit mois plus tard et d’autres ont annoncés qu’ils ne voient plus comment ils pourraient engloutir autant d’argent pour des avions militaires alors que l’ensemble des avionneurs propose les mêmes prototype à une fraction du prix.
Le carnet pour les avions militaires comporte plusieurs milliards sur dix ans. Ce n’est pas la seule industrie qui pourrait bouder les USA.
Pierre Elliott Trudeau à dépensé plus de 15 ans pour réduire à 38% notre dépendance avec les États-Unis mais Malronné n’a dépensé que 4 ans pour tout démolir et nous rendre dépendant à 73%.
L’importance des rapports entre le Canada et les États-Unis, à l’heure où le nouveau président américain sonne une charge en vue de redéfinir les règles qui gouvernent les échanges commerciaux depuis la signature de L’ALENA, appelle le développement d’un grand plan d’action qui, à mon humble avis, devrait prendre la forme d’un dialogue social entre les provinces et les territoires du Canada et les états américains.
Il me semble en effet que limiter les discussions entre les spécialistes du commerce et du droit international et les élus des deux côtés de la frontière, toutes empreintes de bonne volonté soient-elles, risquerait d’écarter plusieurs secteurs d’activité des deux sociétés. À cet égard, j’estime que la diversité des points de vue américain et canadien dans tous les domaines de la vie méritent de se contaminer intensément par le truchement d’échanges, quelqu’en soit la forme, de sorte que les deux parties en arrivent à circonscrire ensemble une aire de profitabilité commune et durable.
L’approche peut paraître naïve, voire fantaisiste, à l’heure où l’on semble vouloir reproduire la traditionnelle façon d’atteindre les objectifs qualifiés de «protection» tant par les meneurs de jeu Canadiens que leurs pairs Américains.
À mon sens, il faut aller plus loin et différemment pour parvenir à un nouveau cadre règlementaire, tant pour la circulation des personnes et des biens que pour les échanges interactifs et transactionnels allant de l’éducation, de la santé, de la culture, des communications, de la recherche au tourisme…
J’imagine donc que les résultats pourraient être bien différents si, au lieu des tables de discussion et de négociation formées surtout par les spécialistes en économie, finances et commerce venaient s’ajouter des forums (fora) de discussions et de résolution dont les assises reposeraient sur des groupes de citoyens, d’universitaires, de commerçants, d’enseignants, d’artistes… Bien sûr, cela supposerait, ce part et d’autre, qu’il y ait des tables de coordination pour animer et synthétiser cet apport additionnel. L’important, ce serait tout de même que l’approche puisse s’opérer sur une période de temps raisonnable et balisée.
Si je partage les points de vue de MM. Mulroney et Robertson quant à la conscience de l’importance relative des protagonistes en présence et de l’obligation d’attention mutuelle qui nous incombe, j’estime que les deux parties pourraient aller beaucoup plus loin dans l’élaboration et la mise en oeuvre d’un nouveau cadre de règles si les conditions d’un dialogue social novateur étaient
posées, surtout pour les populations vivant à proximité l’une de l’autre des deux côtés de la frontière.
Jean-François Cloutier
Anjou, Québec
Ce que vous avez écrit est brillant et rafraîchissant. Je crois aussi que le modèle de négociation est dû pour une cure de rajeunissement et de changement de joueurs.
Très intéressant comme approche. Alors, il serait bon de tenter cela sur une plus petite échelle ici même, afin d’en tirer des leçons et d’éviter les dérives dogmatiques des groupes de pression divers, des lobbys tant sociaux qu’économiques, etc afin de ne subir ni la dictature d’un voisin à l’Ego disproportionné, ni la dictature des minorités.
Il est important de se rappeler que P.E.T avait une certaine distance face aux USA ! Que fera son fils ? Il est grandement influencé par Brian Mulronny ancien premier ministre et ami de la famille par personne interposée ! Donc avec la sagesse de ces 2 anciens premiers ministres, il pourrait tirer son épingle du jeu car Trump n’ est pas facile et qui réussira à charmer le serpent qui peut mordre à tout moment!
C’ est malheureusement le portrait actuel ! Personne n’ a le choix! Avant on pouvait influencer la position américaine ; aujourd’ hui , oubliez cela ! Le président décide et les autres s’arriment avec ses décisions et déclarations! Ce n’ est pas l’ idéal dans le monde actuel qui prône la transparence et la collaboration mais il faut se rendre à l’ évidence la gouvernance d’ un pays aussi important n’ est pas facile et tous les gérants d’ estrade n’ ont aucune espèce de d’ idée de se que c’ est que d’ être à la tête d’ un pays et de gouverner avec une certaine clairvoyance et aussi avec du leadership!
Il est normal que le Canada s’ arme et qu’ il cesse de dépendre des USA pour défendre leur limites territoriales ! Quoiqu’ en pense nos fleurs au bout du canon , nous avons beaucoup à défendre dans le grand nord et Trudeau n’ a pas le choix que d’ agir en ce sens !
Moi je suis peut-être un peu naif mais je pense que la stratégie employée par le gouvernement Trudeau jusqu’à maintenant est la bonne, et je dirais même la seule qui peux mener à des résultats positifs pour le Canada. Avec Trump et ses amis au pouvoir, nous n’avons pas l’avantage du jeu et tous ceux qui pensent qu’on doit être plus ferme font fausse route. La France et les pays européens peuvent se permettre de la jouer plus ferme car ils n’ont pas les mêmes échanges commerciaux que nous avec les américains. Je pense que nos dirigeants ont envoyé les bons signaux d’ouverture à la négociation suivi de quelques rappels plus fermes sur certains points depuis.
Ce que j’aimerais comprendre, c’est pourquoi on parle des Américains en les nommant ainsi. Ce sont des États-Uniens et Américains comme nous sommes des Canadiens et des Américains. Le continent n’est pas l’affaire d’un pays seulement. Alors parlons d’échanges sur notre continent entre Etats-Uniens et Canadiens.