
Lorsque le mouvement #MoiAussi a éclaté sur les réseaux sociaux, à l’automne 2017, Me Louise Cordeau, présidente du Conseil du statut de la femme, n’a pas été étonnée par cette vague de dénonciations d’agressions sexuelles et de harcèlement, car « de tels comportements inacceptables existent malheureusement dans toutes les sphères de notre société », témoigne cette avocate qui a longtemps travaillé comme dirigeante d’entreprise.
Une année après #MoiAussi, deux ans après la vague de mobilisation contre les agressions sexuelles qui a eu lieu à l’Université Laval et quatre ans après #AgressionsNonDénoncées, le Conseil du statut de la femme constate que cette prise de parole des victimes s’inscrit dans un continuum. « La population a désormais conscience que ces comportements sont inacceptables et qu’ils ne peuvent être tolérés, affirme sa présidente. Toute violence est avant tout une question de rapport de pouvoir, qui, pour être enrayée, doit s’appuyer sur des changements fondamentaux au sein des relations entre les femmes et les hommes. »
Elle rappelle que les victimes de violence et d’agressions sexuelles sont très majoritairement des femmes et que, parmi elles, ce sont les adolescentes qui sont les plus touchées. En effet, selon des données du ministère de la Sécurité publique, 17 % des victimes d’agressions sexuelles déclarées ont de 15 à 17 ans, 7 % ont 18 ou 19 ans, 11 % ont de 20 à 24 ans et 12 % de 25 à 34 ans. « Il faut donc agir rapidement, et ce, dès l’enfance », ajoute Me Cordeau.
Remonter à la source
Pour changer véritablement les rapports entre les femmes et les hommes, il importe de concentrer nos efforts auprès des enfants, croit Me Cordeau. « La clé est l’éducation à l’égalité », dit-elle. Le Conseil l’estime d’ailleurs incontournable pour résoudre les nombreux enjeux entourant l’égalité entre les femmes et les hommes. La violence, le harcèlement, la place des femmes en politique et dans les lieux décisionnels, le cybersexisme, la faible présence féminine en sciences en sont quelques exemples. « De ces réalités se dégage un dénominateur commun : l’importance d’agir en amont, dès la petite enfance », dit Me Cordeau.
« Les modèles que les parents, la garderie, l’école, les livres (voir encadré Une autre lecture du monde), la télévision et les médias numériques présentent aux enfants ne sont pas neutres : ils contribuent à former leur perception du monde, à façonner leur propre personnalité et à nourrir leurs rêves et leurs ambitions », explique Joëlle Steben-Chabot, professionnelle de recherche au Conseil du statut de la femme qui a contribué à la rédaction d’un avis du Conseil intitulé L’égalité entre les sexes en milieu scolaire, produit en 2016.
L’éducation à l’égalité à la maison
Voici quelques pistes de réflexion pour demeurer alerte dans la famille.
- Lorsque je complimente un enfant, est-ce que je mets l’accent sur des attributs stéréotypés ? Par exemple, la force physique d’un petit garçon et la beauté d’une petite fille ?
- Est-ce que j’encourage mes enfants à découvrir des activités ou des champs d’intérêt traditionnellement associés à l’autre sexe ? Sinon, pourquoi ?
- Est-ce que je discute de l’importance du consentement avec mes enfants et adolescents ? Est-ce que je leur explique qu’une personne peut exprimer son consentement ou son refus, et qu’elle doit tenir compte du consentement des autres ?
- Est-ce que j’invite mes enfants à participer aux tâches domestiques, peu importe leur sexe ? Par exemple, est-ce que ma fille apprend à poser une tablette et mon garçon à préparer des repas ?
- Quel exemple donne mon couple ? Nos relations sont-elles basées sur un respect mutuel et l’égalité dans la répartition des tâches et des responsabilités familiales ?
Dans cette perspective, la famille joue un rôle essentiel et déterminant dans cette éducation à l’égalité. Par leurs paroles et leurs gestes, les parents peuvent contribuer, bien qu’inconsciemment, à encourager et à renforcer les stéréotypes liés au genre (voir encadré L’éducation à l’égalité à la maison).
L’école a aussi un rôle majeur à jouer. Elle est un lieu privilégié qui permet aux élèves de comprendre, dès leur plus jeune âge, des notions comme le consentement, les stéréotypes et l’importance des relations amoureuses égalitaires. Le programme d’éducation à la sexualité qui vient d’être réintégré au cursus scolaire s’inscrit dans cette volonté de réduire les stéréotypes en abordant ces thèmes.
Mais bien plus, tous les futurs enseignants et enseignantes devraient, dans le cadre de leur parcours universitaire, recevoir une formation pour améliorer leur propre capacité d’agir pour favoriser l’égalité entre les sexes.
« En continuité avec la prise de conscience collective et les nombreuses actions déjà entreprises, force est de constater que les changements en faveur de l’égalité doivent s’inscrire dans une démarche à long terme interpellant la famille, l’école et l’ensemble des membres de notre société », conclut Me Cordeau.
Pour en savoir plus : www.csf.gouv.qc.ca
Une autre lecture du monde
Afin de favoriser un monde plus égalitaire et inclusif, YWCA Québec a créé Kaléidoscope, soit une sélection de 250 livres qui osent un monde inclusif où chaque enfant peut être lui-même.
Abordant des sujets comme l’égalité entre les sexes, la diversité culturelle et familiale, le droit à l’éducation, l’image corporelle, l’immigration et la diversité sexuelle et de genre, ces livres encouragent la réflexion, l’élaboration de la pensée critique, l’ouverture et la tolérance.
Cette sélection de livres, regroupés par catégories d’âge, est disponible à l’adresse suivante : kaleidoscope.quebec.
Découvrez la capsule « Violences et harcèlement à caractère sexuel – 8 raisons de se mobiliser » du Conseil du statut de la femme.
https://www.youtube.com/watch?v=9Lgv8d8hvtc
Ce contenu a été produit par Mishmash Studio de marques en collaboration avec l’annonceur. Les journalistes de L’actualité n’ont joué aucun rôle dans la production de ce contenu.
Je comprends que certaines dénonciations soient faites MAIS ce que je crains le plus ce sont certaines dérives que l’on peut déjà observer suite à ce mouvement.
La présomption d’innocence semble être totalement évacuée du processus et on se montre prêts à croire n’importe qui qui dénonce un « agresseur ». De plus, on n’a pas encore clairement établi ce qu’est une « agression ». Certains considèrent même un regard un peu trop insistant comme une « agression ».
Ceci étant dit, j’appuie les VRAIES victimes MAIS je préférerais qu’elles s’adressent aux tribunaux plutôt qu’aux médias et que leurs noms (agresseur et victime) ne soit publiquement divulgué que si les agresseurs sont reconnus coupables.
Question : Lorsque les prochaines statistiques sur les revenues, va-t’on inclure les heures travaillées ? Alors que les femmes sont plus nombreuses en médecines, va-t’on indiquer qu’elles gagnent moins que les hommes alors qu’elles font moins d’heures ?