Les femmes du djihad : de simples victimes ?

On les dépeint comme des brebis égarées ou des épouses soumises. Mais les femmes qui s’associent à Daech sont-elles aussi accessoires qu’on le croit ?

(Photo: iStockPhoto)
(Photo: iStockPhoto)

Des chercheurs américains ont détecté un angle mort béant dans la lutte contre le terrorisme : les femmes.

Pour contrecarrer des mouvements comme Daech, les autorités concentrent leurs efforts sur les membres les plus en vue, presque invariablement des hommes, qui commettent les attentats ou occupent des postes d’autorité dans l’organisation. Logique.

Les femmes qui rejoignent les rangs sont plus souvent considérées comme des maillons secondaires — des victimes appâtées pour servir d’épouses asservies aux combattants, par exemple.

Mais de récents travaux, réalisés à l’Université de Miami, révèlent que les femmes jouent un rôle bien plus névralgique qu’on ne le soupçonne. Loin des stéréotypes faisant d’elles des rouages mineurs ou périphériques, elles seraient le ciment qui assure l’efficacité et la stabilité de ces réseaux.


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Étonnamment, ce sont des physiciens et des informaticiens qui ont fait cette découverte, publiée en juin dans la revue Science Advances. Les illustrations qui accompagnent leur article ressemblent à des grappes de petits points rouges (femmes) et bleus (hommes), reliés entre eux par des lignes qui s’enchevêtrent. Pour mieux comprendre la place des femmes au sein de Daech, les chercheurs ont recensé des dizaines de milliers de sympathisants djihadistes sur Internet, puis ils ont employé un modèle informatique afin de cartographier les liens qui les unissent : qui connaît qui, qui sert d’entremetteur à qui.

LAT_11_garsfilles_exerguePlus précisément, l’équipe a passé au peigne fin la plateforme VKontakte, le Face-book russe, où pullulent sans être trop embêtés les groupes pro-Daech. En tout, sur une période de deux mois, 41 880 personnes abonnées à ces différentes pages (dont presque 60 % d’hommes) ont été repérées, et les relations entre elles enregistrées. (Deux personnes étaient considérées comme liées si elles avaient été abonnées à la même page en même temps.)

Les résultats de ces recherches bouleversent les idées reçues. Bien que les hommes y soient majoritaires, ce sont les femmes qui sont les mieux branchées dans le vaste réseau de partisans de Daech qui grouillent sur Internet. D’abord, elles sont en contact direct avec un plus grand nombre de djihadistes que les hommes. Mais c’est une mesure plus subtile de leur influence qui a particulièrement intéressé les chercheurs : les femmes servent plus souvent d’intermédiaires entre deux membres qui ne se connaissent pas directement et qui, sans elles, n’auraient aucun moyen de communiquer. Autrement dit, le chemin le plus court entre deux maillons du réseau, quels qu’ils soient, passe plus souvent par une femme que par un homme. (C’est ce qu’on appelle, dans le jargon scientifique, avoir une haute « intermédiarité ».)

Cette position leur confère une importance stratégique, puisqu’elles sont les mieux placées pour faire circuler efficacement l’information et les ressources entre des segments dispersés de l’organisation djihadiste. « Les femmes sont plus à même de transmettre des choses, comme des messages de recrutement, des fichiers, des prières, de la propagande audio et vidéo ; d’agir comme médiatrices entre des parties distantes du réseau […] et d’acheminer des fonds », écrivent les auteurs.


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Ce rôle de passeuses est crucial dans un mouvement comme Daech, dont le succès dépend de la diffusion instantanée de ses idées et de ses images à un auditoire disséminé partout sur la planète. Or, l’équipe de l’Université de Miami a observé le même phénomène au sein d’un groupe terroriste nord-irlandais, l’Armée républicaine irlandaise provisoire (aussi connue simplement comme l’IRA), qui a sévi dans les années 1970, 1980 et 1990, bien avant l’avènement des médias sociaux.

Dans ce cas-ci, les chercheurs se sont servis d’une base de données existante, qui répertorie 1 382 membres de l’IRA, dont 1 312 hommes et 70 femmes, puis ils ont examiné les relations entre toutes ces personnes. Si deux agents avaient participé ensemble à la planification ou à l’exécution d’un attentat, on considérait qu’un lien existait entre eux. Résultat : comme les femmes de Daech, celles de l’IRA étaient en bien meilleure position que les hommes pour faire la liaison entre différents membres de l’orga-nisation. C’étaient elles, les intermédiaires privilégiées de cette armée clandestine.

Ces relations leur permettaient d’ailleurs d’exercer un rôle clé sans pour autant attirer l’attention. En effet, même les femmes les mieux « connectées » de toutes, selon cette étude, étaient inconnues des experts du terrorisme nord-irlandais que les chercheurs ont consultés. C’est à peine croyable : elles étaient mieux branchées que quiconque dans l’organisation paramilitaire la plus importante du conflit, et pourtant, elles passaient complètement inaperçues !

Ainsi, pour déstabiliser des groupes terroristes comme Daech, avancent les chercheurs, les autorités feraient bien de s’inté-resser davantage à ces femmes, qui ne sont peut-être pas des stars ou de hautes gradées de l’organisation, mais qui y sont néanmoins profondément incrustées.

Dans les milieux où elles ont traditionnellement été minoritaires, il n’est pas rare que les femmes jouent un plus grand rôle en coulisses que sous le feu des projecteurs ; un pouvoir plus discret, certes, mais qu’on aurait tort de sous-estimer. Car dans le cas qui nous occupe, c’est une omission qui pourrait avoir des conséquences funestes. 

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Il y a une dizaine d’années, je m’étais livré simplement pour satisfaire ma curiosité, à une petite étude des blogues de la Grande Mosquée de Lyon. J’avais remarqué que si les femmes qui participaient étaient en petit nombre, elles avaient sur divers sujets (notamment le port du voile islamique) un rôle déterminant.

Les femmes étant en quelques sortes par précisément leurs choix vestimentaires, les porte-étendards de l’Islam.

Ainsi ces études viennent confirmer ce que j’avais remarqué plus empiriquement.

Quand on parle du rôle des femmes dans le djihad, je ne peux m’empêcher de penser à celui d’Hayat Boumeddiene (la compagne d’Amedy Coulibaly) dans l’attentat de l’Hyper Casher perpétré en janvier 2015 en marge de l’attentat contre Charlie.

Bien que madame Boumeddiene, jouisse encore de la présomption d’innocence. J’aimerais bien comprendre alors qu’elle était enceinte, ce qui l’aurait poussé à entreprendre quelques jours avant les attentats, un petit voyage qui l’aurait poussé de Paris à Madrid en passant par İstanbul jusqu’à une destination inconnue en Syrie escortée tout au long de son périple par un jeune homme dont les renseignements s’apercevront plus tard qu’il s’agissait d’un activiste djihadiste en bonne et due forme.

Je ne suis pas sûr que dans cette zone de guerre, la Syrie soit actuellement la destination à priser pour une jeune femme française qui pourrait profiter dans son pays d’origine de soins prénataux d’excellente qualité prodigués gratuitement, pour y mettre au monde son enfant.

Plusieurs enquêtes tendraient à démontrer que madame Boumeddiene aurait bien servi d’intermédiaire entre Coulibaly et les frères Kouachi, tout comme elle aurait eu des contacts avec au moins un des protagonistes des attentats déjoués de Verviers en Belgique en janvier 2015.

Il était temps en effet de comprendre que les femmes dans toutes les sociétés ont leur rôle à jouer. Que cette image de la pauvre femme musulmane, victime innocente et sans défenses dans un monde machiste dominé outrageusement par les hommes, que cette vision est un pur fantasme de l’occident d’une forme d’orientaliste qui n’existe pas.

Nota Bene : Il fut un temps où le rôle des femmes était et est encore déterminant dans le recrutement de plusieurs sectes et autres congrégations religieuses dont : Raël, l’Église de scientologie et même les Témoins de Jéhovah. On appelle cela en anglais le « flirty fishing »… J’avais été racolé de cette façon-là en Bavière voici une quarantaine d’années à une époque où j’étais encore jeune, beau et en tous points innocents 🙂

Pour conclure sur une note sérieuse : Les femmes ont aussi joué un rôle important au sein de la Résistance, notamment en France entre 1940 et 45 quand plus d’une — telles des martyres — ont payé de leur vie au moment où les nazis ont compris qu’elles aussi servaient. On a vu encore des femmes très courageuses résister ailleurs ; on ne pourrait ici faute de temps et de place toutes les mentionner.

— En de multiples causes nous savons que les femmes sont de bien meilleurs recruteurs que les hommes.

Quand ce sont des hommes, ils sont de purs criminels sanguinaires mais si ce sont des femmes, elles sont des « victimes »…

À quand un quota de femmes djihadistes?

Dans les sectes religieuses, on a longtemps cru que les adeptes étaient de simples victimes d’un gourou. Par contre, on sait aujourd’hui que les adeptes jouent aussi un rôle important dans leur adhésion aux croyances et mensonges du gourou. Ils vont même assez souvent diviniser ce gourou et lui attribuer des qualités que le gourou ne s’est jamais attribué.

Jean Yves Roy a écrit un excellent livre sur ce sujet: Le syndrome du berger. Son résumé: « Notre fin de millénaire comporte son lot de convictions extravagantes. Mais une secte ne peut exister sans la contribution d’un personnage singulier: l’adepte. C’est lui que J.-Y. Roy tente de cerner, grâce au concept de «dépendance dogmatique». »

On pourrait aussi mentionner que la domination machiste a aussi été favorisée par les femmes elles-mêmes, parce qu’elles transmettent les valeurs de leur culture. Tous les peuples qui se disent victime de domination par un autre peuple ont aussi eu une partie de leur population qui en a profité et qui a favorisé cette domination.

Bref: il n’y a pas (ou très peu) de victimes sans taches et sans défauts. Souvent les victimes ont favorisé ou encouragé leurs déboires, quand elles n’y ont pas participé grandement comme ces femmes djihadistes.

ils ont découvert l’eau chaude.
Une étude il y a une dizaine d’années en France montrait que le 3/4 des participants sur les site islamistes communautaires, intégristes etc. sont des femmes, pour la bonne raison est qu’elles sont le plus souvent cloitrées chez elles à ne rien faire