Depuis que le coronavirus a débarqué au Québec, le moindre questionnement relatif aux actions du gouvernement est accueilli avec exaspération par certains. Sur les réseaux sociaux, ça se déchaîne vite contre ces je-sais-tout qui ont échoué à leurs cours de sciences au secondaire, haïssent les caquistes, gèrent de leur salon, réagissent après coup, n’ont jamais rien à proposer et ne comprennent pas qu’on assemble un avion en plein vol.
Ces appels répétés à se taire m’exaspéraient déjà en mars 2020. À l’époque, tout journaliste qui avait le culot de se montrer insistant au point de presse quotidien du premier ministre François Legault, flanqué du Dr Arruda et de la ministre de la Santé, Danielle McCann, était aussitôt épinglé. Comment osait-on exiger des détails et des explications de ce brave trio qui voulait nous protéger ?
De mon salon, je les trouvais pourtant bien générales, ces questions de mes collègues. Dès que les proches aidants furent interdits dans les CHSLD, j’ai eu des échos de situations inacceptables que cela entraînait. Avant même que la tragédie de Herron n’éclate publiquement en avril, quelque chose ne tournait pas rond, bien loin des propos rassurants, voire jovialistes, entendus à la grand-messe de 13 h. Le gouvernement ignorait-il donc ce qui se passait sur le terrain ?
Ce décalage-là a vite été perçu par une foule de gens : le personnel de la santé qui cherchait des masques de protection, les familles des malades que l’on tenait éloignées, les parents déboussolés par l’école à distance, les enseignants laissés sans guide, le milieu culturel abandonné de but en blanc. Et les médecins spécialistes des infections qui rapidement ont trouvé qu’on passait bien du temps à expliquer le lavage des mains et bien peu à promouvoir la protection contre les gouttelettes…
Tout ce monde a fini par prendre la parole, pas du tout à partir des gradins, mais bel et bien en tant qu’acteurs de premier plan, spécialistes de « leur » environnement. Mieux encore, la plus grande partie de ces gens était d’abord, et est toujours, soucieuse de participer à l’effort collectif.
Pas question de nier la pandémie ni de se livrer à des explosions de colère, comme on a pu le voir au sud de la frontière ou en Europe, il s’agissait plutôt de comprendre. Cher gouvernement, savez-vous que, avez-vous pensé à, vous rendez-vous compte de l’effet de… Et peut-on attirer l’attention sur telle étude, telle démonstration, comme le font les nombreux experts qui, avec une grande pédagogie, nous démêlent depuis des mois la pandémie dans les médias ?
Le gouvernement Legault n’a jamais eu l’air à l’écoute de ces terrains-là. Le premier ministre n’a exprimé qu’un regret dans sa gestion de la crise, celui de ne pas avoir augmenté plus tôt le salaire des préposés aux bénéficiaires. Point.
Cette manière de se tenir fort, tout d’un bloc, sans doute et sans remords, contribue de toute évidence à l’exceptionnelle popularité de François Legault. Une telle attitude est un atout en temps de crise, surtout que dans le cas du premier ministre, elle est doublée d’une attirante bonhomie. L’homme est rassurant, et pour la majorité des gens, cela suffit : quand la tempête souffle, mieux vaut un leader qui ne tergiverse pas.
Et comme il n’aime pas la critique — la période des questions à l’Assemblée nationale en fait foi —, cela rejaillit sur une bonne partie de la population qui l’apprécie. On a donc beaucoup réclamé que nous laissions le premier ministre, le Dr Arruda et le ministre de la Santé tranquilles. « Vous ne feriez pas mieux ! » est devenu un argument massue.
Sauf qu’on n’en sait rien. Ou plutôt, les partis d’opposition ont bel et bien déposé des propositions concrètes sur la table, et on a maintenant toute une liste de comparaisons possibles, avec d’autres pays ou directement avec d’autres provinces.
Ainsi, dès novembre, la Saskatchewan a commandé un lot impressionnant de tests rapides, offerts dans les bibliothèques comme dans les casernes de pompiers : pourquoi Québec n’en a-t-il pas fait autant ? Pourquoi, ici, aérer les classes en temps de pandémie signifie-t-il encore d’ouvrir les fenêtres, même dans les froids de l’hiver, alors que l’Ontario a réglé ce problème il y a des mois ? Pourquoi l’alerte au variant Omicron n’a-t-elle résonné qu’à la mi-décembre au Québec, tandis que ça faisait deux semaines déjà qu’Ottawa avait adopté des mesures aux frontières pour en limiter les effets ?
On est loin des gérants d’estrade, on parle de gouvernements qui ont pris des décisions appropriées. Et ici, il ne faudrait pas demander pourquoi le gouvernement, sa cellule de crise, la santé publique et son directeur n’ont pas agi sur tel ou tel point, en se contentant de l’excuse que l’avion est toujours en construction ?
Il vole pourtant depuis un bon moment, cet avion, et ce n’est pas être un gérant d’estrade que de demander pourquoi on tourne en rond, pourquoi on ne peut pas circuler la nuit, pourquoi on épuise les agents de bord, pourquoi un million de masques (les N95 !) sont restés dans l’entrepôt… Nous devons poser des questions parce que nous sommes les passagers et que nous voulons nous assurer d’être dans les meilleures conditions possibles pour supporter, physiquement et mentalement, le voyage — sans pour autant virer sur le party !
Et s’il faut qu’il y ait remplacement du pilote à la santé publique, ainsi soit-il. Rien à voir avec les critiques, tout avec la durée d’un épuisant trajet dont nul au monde n’aperçoit la fin.
Long laïus bien condensé sous certains angles… On aurait pu faire mieux, à titre d’exemples, la Saskatchewan, l’Ontario… c’est peu ne trouvez-vous pas? Ce qui m’intéresse davantage ce sont toutes les décisions prises au cours des cinquante dernières années. Elles sont là nos erreurs. La pandémie les a fait ressortir et nous voilà au bord du gouffre. Les gérants d’estrade, on peut s’en accommoder mais gérer un gouvernement en mettant le couvercle sur certaines réalités dont celui du vieillissement de la population c’est différent. Enfin, pour celui ou celle qui de conforme aux orientations données, entendre chialer, critiquer devient un irritant dont personne n’a besoin. Si changer le dg de la Santé publique est bien accueilli, il va de soi que d’autres devraient se remettre en question et revoir leur façon de faire, de dire, d’écrire. Votre article finalement n’a pas répondu à cette attente qui vise clairement à me permettre de continuer à donner un sens à ce qui se passe… Et je demeure convaincue que la pandémie terminée, nous retournerons rapidement à ces priorités prioritaires dont la santé publique ne faisait hélas pas vraiment partie. Je vais ainsi continuer de vous lire, vous et les vôtres et je saurai reconnaître ce que vous aurez changé.
Bravo Josée Boileau ! Vous dites avec vigueur ce qui doit être dit. La construction de l’avion en vol, ça n’excuse pas tout. D’autant qu’on a mieux réagi ailleurs. Pauvre de nous !
Pour publication :
J’AI HONTE À MA SOCIÉTÉ
Dans l’espoir d’enrayer la pandémie, le Québec – et le monde – compte sur la vaccination. Pourtant, bien que 90 % de sa population soit vaccinée, la pandémie fait rage. En fait, à l’heure actuelle, le virus est majoritairement transmis par des vaccinés. Pourrait-on en tirer comme conclusion que la vaccination ne règle pas le problème?
Non. Ce qu’il faut, c’est un bouc émissaire. Pour se rassurer et porter le blâme sur quelqu’un.
Le système de santé est sur le point de crouler. Pourquoi? Parce que 50 % des malades aux soins intensifs sont non vaccinés? Ou parce que les soignants sont eux-mêmes malades? Ou parce que le système était déjà bien mal en point au départ? Ou parce qu’il est désorganisé depuis des décennies? Parce que les urgences engorgées, c’est du nouveau, peut-être? Ou encore parce que les cancéreux fument? Que les obèses mangent trop et ne font pas assez d’exercice? Que les drogués se droguent? Que les alcooliques boivent? Que les femmes enceintes accouchent? Que les accidentés viennent se faire réparer?
Va-t-on facturer une taxe santé à tous les malades parce qu’ils ne prennent pas suffisamment soin d’eux? À tous ceux qui ne respectent pas à la lettre le Guide alimentaire canadien? À tous ceux qui refusent de prendre un médicament?
Pas encore. Parce que pour l’instant, le bouc émissaire est tout trouvé. Après les avoir privés de vie sociale, professionnelle et humaine, après les avoir mis au ban de la société parce qu’ils osent être différents, après s’être assuré – par le biais des médias – que l’ensemble de la population a appris à bien les détester, ce sont les non-vaccinés à qui on va imposer une taxe santé. Il leur faudra payer un médicament dont ils ne veulent pas. Alors qu’ils le paient déjà sans rechigner à 90 % de la population. Alors qu’ils contribuent déjà, par le biais de leurs taxes et de leurs impôts, au fonctionnement de la société, y compris de son système de santé.
Parle-t-on ici de justice, de liberté, d’égalité, de solidarité, de respect des droits de chacun?
Certainement pas. Soyez inquiets. Parce que les prochains boucs émissaires, ce sera peut-être vous…
En attendant j’ai honte. Honte à ma société qui tourne le dos à la démocratie.
Uparathi
12 janvier 2022
Vous avez honte pour les mauvaises raisons. La science est claire, les vaccins sauvent des vies mais il reste un frange de la population qui, pour des raisons complètement ridicules, ne veulent pas se faire soigner et vous avez le culot de dire qu’ils paient pour l’hospitalisation des 90% autres? 50% des cas dans les unités de soins intensifs alors qu’ils ne sont que 10% dans la société c’est énorme. Selon le Globe & Mail en Ontario ces gens courent 15 fois plus de risque de se retrouver dans une USI (ICU en anglais) que les vaccinés. C’est pas rien.
Le vaccin est gratuit et on fait tous des pieds et des mains pour se protéger et protéger les autres et vous trouvez que ces pauvres covidiots font pitié? C’est certain qu’ils vont passer pour des boucs-émissaires, c’est dans la nature humaine et ils le savent. Reste à savoir comment on peut les sauver malgré eux et malgré le fait qu’ils ont rendu nos hôpitaux inaccessibles à ceux qui souffrent d’autres maladies.
Vous parlez de droits! Encore là faut avoir du culot. Le droit de se suicider pour certains d’entre eux et le droit de répandre la maladie pour d’autres (surtout les non vaccinés comme eux), une maladie qu’on sait mortelle surtout pour les gens plus âgés. Pour moi il n’y a pas de droit de constituer un risque mortel pour ses concitoyens. Quant à la solidarité, chapeau au 90% de la population vaccinée, ça c’est de la solidarité, les non vaccinés sont loin d’être solidaires, sauf entre eux et leurs chimères. La justice? Elle interdit le suicide dans le Code criminel et l’article 7 de la Charte canadienne des droits et libertés protège le droit à la vie. La liberté des uns s’arrête quand la vie des autres est mise à risque inutilement.
Le véritable problème c’est l’échec de ce gouvernement de bien gérer la pandémie. Le Québec est la pire province au pays pour les taux d’infection et pour les hospitalisations. Dès avant la pandémie, les gouvernements ont ignoré les avertissements de la santé publique à la suite d’autres épidémies, en particulier celle du SRAS. Puis, ce sont les politiciens au lieu des experts et des scientifiques qui ont pris les décisions de santé en gardant à l’esprit leur priorité: se faire réélire, pas de protéger les gens.
On dira ce qu’on voudra, c’est le politique qui nous a mené dans cette hécatombe car les experts savaient quoi faire. Je pense entre autres au Dr Liu, une experte internationale en matière d’épidémies et de pandémies, qui a vu venir le désastre. Legault n’en voulait pas car elle lui aurait fort probablement tenu tête et n’était pas manipulable par le politique. Le bon Dr Arruda a fait ce qu’il a pu mais il était coincé par le politique et le grand timonier Legault qui en réalité n’en faisait qu’à sa tête. On peut toutefois lui donner qu’il est un grand communicateur de propagande.
Enfin, ce sont aussi les politiciens qui sont responsables du désastre dans notre système de santé. Ce sont eux qui l’ont démembré pendant les dernières décennies et l’ont rendu là où il est, proche du point de rupture. On dit rendez à César ce qui appartient à César… alors il est temps que les politiciens de tout acabit rendent des comptes pour ce qu’ils ont fait (ou pas fait).
Bien entendu, les experts de toutes sortes ont bien le droit de donner un avis, de partager leur expertise. On reproche au gouvernement de manquer de cohérence, certainement que c’est le cas. Il n’y a pas qu’un seul angle pour voir le problème et les solutions. On reproche qu’il y a trop de gérants d’estrade, certainement, nous sommes dans un monde ou tout le monde donne son avis sur tout, c’est envahissant et j’en participe en écrivant ce mot. Moi qui suit l’actualité, je me sens un peu envahit et ça me rend confus quand le gouvernement prend des décisions, ce qui me rend confus c’est de lire ce que les experts peuvent en dire. Pour le retour à l’école, pour certains d’entre eux c’est essentiel, pour d’autres c’est donner du gaz à la pandémie. Lorsque vient le temps de fermer certaines choses, pour certains c’est nécessaire pour ralentir la progression, pour d’autres c’est une atteinte aux droits et libertés, un mal pire que ce que l’on veut empêcher. Et, c’est ainsi pour n’importe quelle décision. Oui, à la fin je finis par penser qu’il y a trop de gérants d’estrade et que ça me rend confus, mélangé, incertain. Je comprends que dans cette « guerre » il faut faire des choix rapides et se serrer les coudes et, des fois, il y a des erreurs en lien avec la rapidité des décisions à prendre. À l’inverse, on pourrait inviter tous les partis concernés pour discuter sur ce qu’il y a de mieux à faire, les mettre dans une salle jusqu’à ce qu’il y ait un consensus. Par certain que tous en sortirait vivant étant donné les points de vue très différents ou, s’il y avait consensus, ce serait des décisions de compromis qui seraient également critiquées. Ça semble ainsi dans tous les pays que de critiquer les gouvernements pour leur manque de cohérence. Pendant ce temps, je me bouche le nez, rentre la tête entre les épaules et je tente de continuer d’avancer en appliquant les conseils qu’on me donne même s’ils ne sont peut-être pas les meilleur.
C’est bien dommage tout ça. Il y a deux ans et demi personne sur la Terre ne savait comment gérer une pandémie. Bien sur on savait comment contenir et soigner une épidémie. Mais c’est une pandémie. C’est partout. Ça va, ça vient, ça change de forme , ça revient et ça va continuer jusqu’à temps que ce soit devenu inoffensif. Aujourd’hui on sait que l’isolation est la solution mais notre monde ne peut pas survivre en isolement. Alors on est condamnés à laissé le virus finir son massacre. Les politiciens ne pense qu’a garder le pouvoir. Comment peut-on penser qu’ils sont qualifiés pour gérer une pandémie.